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20 septembre 2024 5 20 /09 /septembre /2024 19:30
Mémoriser la Parole

Aujourd’hui, la Parole de Dieu s’offre à nous sous la forme d’un livre ou d’autres outils (téléphones portables, internet) et on ne peut que s’en réjouir.

Alors pourquoi la mémoriser quand on sait lire ? « Se souvenir », « garder », « ne pas oublier » : ces recommandations sont fréquentes dans les Saintes Écritures.

« Que ces paroles que je te dicte aujourd’hui restent dans ton cœur » (Dt 6, 6), est-il dit à Israël, avec le grand commandement de l’amour de Dieu.

« Et maintenant, mon enfant, rappelle-toi ces commandements et ne les laisse pas s’effacer de ton cœur » (Tb 4, 19), conseille Tobie à son fils. Et Jésus dit aux siens avant son départ : « Si quelqu’un m’aime il gardera ma parole » (Jn 14, 23).

Pourquoi ?
Cette Parole a été comparée par certains Pères à une « lettre d’amour » envoyée par Dieu. Quelle est la fiancée éprise qui ne finirait par savoir par cœur les lettres qu’elle reçoit, alors qu’elle attend depuis si longtemps de voir enfin le visage du Bien-Aimé ?

Notre temps de Lectio étant relativement court, si nous voulons demeurer dans la Parole, la mémorisation peut être un moyen d’y revenir en cours de journée – pendant certains travaux manuels par exemple – et de nous en imprégner davantage.

La Parole mémorisée demeure en nous, quand nous nous rendons à l’adoration : si nous ne sommes pas immédiatement en contemplation, elle nous aidera à être présents devant le Seigneur.

Quand nos pensées s’égarent, nous pouvons revenir par elle à la prière.  Elle exercera sa puissance de guérison, elle remplacera peu à peu les paroles négatives que nous avons enregistrées (sans aucun effort !), qui affectent notre vie intérieure. 

Parfois elle nous reviendra d’elle-même, comme un chant profond qui nous habite. Ce sera comme le soubassement de notre maison intérieure, comme une « cave » que nous pouvons remplir de « vins au parfum suave, qui réjouissent le cœur de l’homme », selon la belle image de Jean Cassien. 

N’oublions pas que si nous mémorisons la Parole du Seigneur, c’est pour vivre en cohérence avec elle ; sinon ce travail n’aurait guère d’intérêt : « La Parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, pour que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 14).

Par ailleurs, la mémorisation de passages bibliques donnera certainement de l’aisance dans l’annonce de l’Évangile car « de l’abondance du cœur, la bouche parle » (Mt 12, 34).

Au sujet de celui qui a pratiqué longuement la « méditation » (au sens biblique de : « répétition », « manducation » de la Parole, qui imprègne la mémoire), le père Matta El Maskîne dit : « S’il ouvre la bouche, les mots de l’Écriture en sortent sans fard ni affectation, et, avec eux, les pensées divines s’écoulent comme des vagues de lumière, qui éclairent l’esprit de l’auditeur par la connaissance divine, touchent son cœur et embrasent ses sentiments. » 

Quelques exemples
La mémorisation des Pères du désert, partie intégrante de leur vie de prière, est impressionnante.

Chez saint Pacôme, la Parole enveloppe le travail, les repas et même les déplacements des frères. Avant d’être autorisé à entrer au monastère, le candidat, debout devant la porte pendant quelques jours, devait mémoriser d’abord « l’oraison dominicale et puis autant de psaumes qu’il en pourra apprendre » (précepte 49).

Une fois admis, on lui donnait à apprendre « vingt psaumes ou deux épitres de l’apôtre ; ou une partie d’un autre livre de l’Écriture » (précepte 139). Enfin, personne ne pouvait rester au monastère « sans apprendre les lettres, ni sans retenir quelque chose de l’Écriture : ne serait-ce qu’au minimum le Nouveau Testament et le Psautier » (précepte 140) !

Plus près de nous, le père Matta El Maskîne, à l’origine d’un renouveau contemporain du monachisme en Égypte, faisait mémoriser à ses moines les psaumes, les Évangiles et le livre d’Isaïe.  Nos contextes et modes de vie sont évidemment très différents, mais nous avons bien la même pâte humaine qu’eux.

Comment faire ?
Nous avons une immense mémoire en nous, cadeau de Dieu sans doute en partie inconnu de nous-mêmes ! Elle peut être envahie par les soucis et les préoccupations du moment, par les mille pensées qui traversent nos journées, mais elle est bien là !

Pendant la Lectio, nous sommes conduits vers une phrase ou un mot, par lesquels le Seigneur nous parle aujourd’hui : notre cœur est alors ouvert et disponible pour les accueillir, et les retenir plus facilement.

« Il faut chaque jour détacher quelques bouchées de la lecture quotidienne et confier à l’estomac de la mémoire un passage que l’on digère mieux, et qui, appelé à la bouche, fera l’objet de fréquentes ruminations », conseille Guillaume de saint Thierry.

Nous pouvons aussi choisir de mémoriser volontairement, dans la durée, certains textes particulièrement riches : le « Shema Israël », le Sermon sur la montagne, le discours de Jésus après la Cène, etc.

Il ne s’agit pas de « savoir par cœur » le maximum de textes, mais de faire descendre dans notre cœur, pour qu’elles y restent, des paroles porteuses de vie. 

Si cette faculté n’a pas beaucoup travaillé, nous pouvons la remettre en route par des passages que nous connaissons déjà à peu près, ou que nous avons mémorisé autrefois.

Répéter par petits fragments, en les prononçant avec attention, travailler lentement sans se décourager. Il suffira de nous y tenir chaque jour un court moment pour en goûter rapidement les premiers fruits : entre autres le bonheur de garder en nous des paroles d’amour, sûres et stables.

Un texte une fois mémorisé : nous le redire de temps en temps, lentement, en l’écoutant attentivement, est certainement un moyen d’unification intérieure.

Ce qui a été mémorisé avec un rythme, un chant et des gestes, s’inscrira plus profondément. C’est l’expérience de l’enfant juif qui apprend la Torah en se balançant, et l’inscrit ainsi dans ses rythmes fondamentaux ; ou celle de la mémorisation gestuée de la Parole, par Marcel Jousse en particulier. Chacun peut la faire en chantant un passage biblique qu’il aime, et en le rythmant.

Dans ce domaine aussi, Marie est notre modèle. Il nous est dit qu’elle « retenait tous ces évènements dans son cœur », parfois sans les comprendre. À sa mémoire aimante, nous devons sans doute bien des passages de l’Evangile de Luc (L’Annonciation, les évangiles de l’enfance, Jésus perdu et retrouvé au Temple).

Confions-lui notre mémoire, et demandons-lui de nous guider sur ce chemin !

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