Chers amis,
Découvrir une autre manière d'être dans notre vie de tous les jours... prendre conscience que chaque instant de cette vie que nous sommes est le meilleur moment pour avancer sur le chemin de la joie ...d'être.
Au sein d'un monde hyper-rationalisé l'homme ne vit plus que dans sa tête, coupé de la réalité profonde du corps, exilé dans le bruit mental, bruit qui ressemble à celui que font des « singes ivres » disent certains maîtres zen ! Nous sommes coupés de nos racines vitales, devenus idolâtres bien souvent d'un « corps mensonge » qui nous sert de langage pour cacher, à nous-mêmes et aux autres notre profonde détresse.
L'homme est un tout inséparable. Tout ce qui se passe dans l'espace psychique et spirituel de l'homme s'exprime en même temps dans son corps. Être centré intérieurement signifie aussi être centré physiquement. Or le centre du corps est objectif et facilement repérable, il se situe très exactement quatre travers de doigts sous le nombril, au niveau de ce que les japonais appellent le « hara », et qui contient la notion de « centre vital. »
« Sans hara, pas de maturité pour l'être humain » dit Graf Dürckheim, et « garder le centre » est une question de vie ou de mort. « La force cosmique du hara est le moteur même de notre maturité humaine », dit-il encore. Vivre, c'est avoir un centre ...et s'y maintenir. Le hara est notre enracinement vital. Peu à peu, par ce travail du « haragei » (cultiver l'art d'être centré), avec constance et ténacité, à travers toutes nos activités, nous découvrons une tout autre manière d'être, d'abord en nous -même, puis au sein du monde, face à toutes les situations existentielles, et même face à la mort.
Le petit moi dominateur se met au service de la grande vie : c'est un long chemin de travail sur soi et d'inlassable exercice. Peu à peu la force de l'être se manifeste et agit à travers le moindre de nos gestes et fait du quotidien le lieu de l'exercice initiatique. « L'être humain n'est complet et toute action n'est parfaite qu'avec le hara...Rien n'y échappe ! » (G.D).
On peut penser, lire, parler, regarder, sentir, écouter, etc avec son hara. L'être humain entre alors en mutation. Il fait vraiment l'expérience comme dit le poète Novalis, que « toute surface visible a une profondeur invisible élevée à l'état de mystère. »
Ce qui est vrai pour le regard s'accomplit de la même façon pour les autres fonctions, en particulier pour la voix qui lorsqu'elle s'enracine dans le ventre manifeste que l'être humain s'ouvre à une tout autre puissance vocale... « Ainsi en est-il de chaque organe qui fonctionne à vide ou en roue libre tant qu'il ne reçoit pas sa substance et sa vie du hara. » (G.D)
Le hara est un des trois centres majeurs de l'être humain ; les deux autres sont le cœur et la tête. Le centre du hara est le centre « pré-personnel », de lui dépend l'ouverture des deux autres, et en particulier du centre « coeur-esprit » qui est à proprement parlé le centre de la personne, le centre « personnel » qui donne à chacun sa propre identité.
Par le cœur nous sommes invités à relier le ciel et la terre et ainsi à réaliser notre vocation de prêtre, roi et prophète. Nous devenons des célébrants de la vie, nous « présidons » à la vie comme disent les taoïstes et entrons dans l'apprentissage sans cesse renouvelé du « laisser se faire » au lieu de s'épuiser dans le « il faut faire », pour « laisser enfin advenir une autre force que notre volonté limitative et réductrice, qui accomplit la tâche à travers nous et pour nous, sans notre immixtion. » (G.D).
Mais la mise en œuvre de cette force n'est possible que dans un ancrage confiant, un abandon de l'être humain à son centre vital, le Hara.
Avec toute mon affection en Christ !
Père Francis
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