Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 octobre 2024 4 24 /10 /octobre /2024 19:30
La Lettre de Béthanie N° 215 Ecclesia domestica

Gorze, Octobre 2024

Chers amis,

 

Pour la plupart d’entre nous, aller à l’église tous les jours ; nous y venons généralement une fois par semaine le dimanche. Mais si nous ne pouvons pas y venir plus souvent, entre temps nous pouvons bien sûr continuer de prier à la maison, nous pouvons être Eglise à la maison.

 

Je suis d’accord avec vous : il est beaucoup plus difficile de prier à la maison qu'à l'église, car nous manquons du soutien visible de nos frères et sœurs dans la foi ; nous manquons du sentiment immédiat de contribuer à la liturgie, l’œuvre commune du peuple de Dieu, nous avons du mal à nous ressentir au sein de la communauté de l’Eglise.

 

Pourtant, si nous prions chaque jour à la maison ou ailleurs, cette prière est au sein de l’Eglise. L’Eglise domestique doit être une réalité pour chacun car nous sommes appelés à prier chaque jour et où que nous nous trouvions ! Non seulement pour ce don commun de la prière à l’humanité qui en a tant besoin, mais d’abord par amour pour Dieu, pour la Divine Trinité, pour notre Créateur, dans une action de grâce, une reconnaissance pour tous les dons reçus et en premier lieu celui dont nous jouissons en permanence : la vie !

 

Prier c’est avoir une relation avec Lui, notre Créateur, une relation d’amour qui se construit, qui nous construit, qui nous nourrit. Si nous oublions de prier, nous allons rapidement nous anémier, nous déconstruire, aller de plus en plus mal au fond de nous-mêmes, être de plus en plus la cible de toutes les passions par lesquelles le Malin, à travers le monde qui nous entoure, mettra la main sur nous, pour nous couper de la belle relation que nous avons avec Dieu qui nous crée en permanence.

 

N’oublions pas que sans cette relation avec nous, Dieu ne peut pas grand-chose pour nous ! En effet, son amour n’est pas possessif, il n’est pas contraignant, son amour est gratuit et nous veut libre de Lui. C’est ça le véritable amour ! Le seul ! Celui que nous avons tant de mal à vivre envers Dieu comme envers nos frères ! Un amour gratuit et respectueux jusqu’à l’extrême.

 

Mais si nous avons conscience de cela, notre vie spirituelle ne peut pas consister à aller à la messe le dimanche… et puis c’est tout. Il lui faut un continuum. Ce que je vous raconte là vous en avez sans doute fait l’expérience. L'Église sans prière régulière n'est pas l'Eglise. Notre vie, sans prière régulière, n’est pas dans l’Eglise. Pour regagner notre connexion perdue avec Dieu, sortir de notre exil, il nous faut prier. Prier n’est pas autre chose que cette relation avec Dieu et quand nous ne prions pas, je le répète, l’Eglise que nous sommes, cesse d'être l'Église.

 

Le psalmiste a dit : « Je Te loue sept fois par jour.» (Ps 118:164). C’est une façon de rythmer notre relation à Dieu pour raccourcir le temps, pour aller vers une relation continuelle. Quand on aime quelqu’un, on pense beaucoup à lui ou à elle, presque tout le temps, même si l’on est occupé à autre chose. Et c’est là-dessus que le monachisme s’est construit. C’est sur cette réalité que l’Eglise, notre Tradition vivante et créative, a produit tous les offices : Vêpres (à la tombée du jour), Complies (avant d’aller dormir), Matines (au milieu de la nuit), Laudes (au lever du jour), Tierce (avant le travail du matin), Sexte (au milieu du jour), None (avant le travail de l’après-midi).

 

Sans aller jusque-là, car nous ne sommes pas des moines, me direz-vous, et notre engagement dans le monde et la famille ne permettent pas des offices domestiques aussi importants et réguliers que ceux des moines, nous pouvons pourtant nous en inspirer, et trouver une manière de prier le cycle quotidien à notre mesure. 


 

Orante dans les catacombes de Rome

On peut dire un office de laudes, même très raccourci, pour commencer la journée et lui donner la juste tonalité. Au minimum, invoquons l’Esprit Saint, disons un trisagion, un notre Père et un Salut Marie. On peut aussi les remplacer par la Prière de Jésus qui n'est pas moins bénéfique pour nourrir notre esprit et notre relation à Dieu. On peut la dire partout à haute voix ou intérieurement.

 

Le soir avant de se coucher, disons les Complies courtes ou au moins la prière de bénédiction des Complies, ça ne prend pas de temps ! Avant de dormir bénissons nos proches, nos lointains, nos ennemis ! Confions nos soucis et nos angoisses à Dieu !

 

On peut faire aussi des prosternations : ce sont les reines de l'exercice physique puisqu’elles sont non seulement corporelles mais aussi spirituelles. C’est une posture très simple, très utile et universellement éprouvée. Agenouillons-nous sur le sol (un tapis aide, mais sinon n'importe quel endroit raisonnablement propre fait l'affaire), penchons-nous vers ce sol et touchons-le avec notre front puis levons-nous ! et répétons cela autant de fois que nous le sentons, aussi vite ou aussi lentement que notre corps le suggère. En plus de maintenir nos membres en exercice, affaiblis qu’ils sont par l'immobilité domestique aujourd’hui très générale, la posture de la prosternation est une prière cultivant notre aptitude à l’humilité et à laisser Dieu faire en nos vies.

 

Il y a aussi la lecture de la Bible. Je vous invite à reprendre ces Saintes Écritures que nous n'avons jamais le temps de lire... nous y feront plus amplement connaissance avec notre « amoureux », notre Créateur, avec ses mœurs, son amour et aussi ses exigences, car Il a une haute estime de nous ! En faisant cet effort, nous redécouvrirons avec joie que l'appétit vient en mangeant, et alors peut-être nous lirons aussi la vie des saints et les lectures ascétiques des Pères.

 

Chers amis, la prière domestique est fondamentale : chaque baptisé est membre du corps sacerdotal du Christ. Quand nous prions à la maison ou sur notre lieu de travail, ce sacerdoce est mis en œuvre. Aussi installons, si ce n’est déjà fait, notre petit autel sur lequel se trouve le livre de l’Évangile (pour le lire, pas pour faire beau !), où se trouvent les indispensables icônes (du Christ, de la Mère de Dieu, ainsi que, si possible, un ou plusieurs de nos saints favoris), la croix, une veilleuse pour l’offrande de la lumière, peut-être un brûle-parfum pour l’offrande de l’encens, ainsi que la liste des vivants et des défunts pour lesquels nous voulons prier chaque jour.

 

On devient chrétien en acquérant la conscience que l’Église prie par nous ; notre prière n’est pas individuelle ou isolée : ce n’est pas moi, pécheur, qui prie ; c’est l’Église qui prie par moi. Voilà une belle responsabilité ! Voilà aussi le moyen de devenir des hommes et des femmes en plénitude, sans crispation, mais sans relâchement, dans l’accomplissement de notre progressive déification.

 

 

Avec toute mon affection en Christ !

 

Père Pascal

S'abonner au Blog Seraphim

Cliquer ICI

Partager cet article
Repost0

commentaires