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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 20:30
Théologie : Changement du pain et du vin en Corps et Sang du Christ

Y a-t-il une différence de doctrine sur le changement du pain et du vin en Corps et Sang du Christ pendant une messe ou une liturgie?

Extraits de discussions sur le sujet publiés sur le net

Les catholiques romains croient que la transsubstantiation est le « changement » qui se produit dans la « substance entière » du pain et du vin mis à part pour le mystère eucharistique. C’est un changement qui a lieu aux paroles de l’institution ou de la consécration (c’est-à-dire « Ceci est mon corps », etc.). C'est une position philosophique énoncée par St Thomas d'Aquin.

Dans la tradition orthodoxe , vous trouverez divers enseignements sur le fait que ce changement a lieu n’importe où entre la Proskomedia (la liturgie de préparation) et l’Epiklesis (« appel »), ou invocation du Saint-Esprit « sur nous et sur ces dons ici exposés » (comme dans la liturgie de Chrysostome).

Dans l'orthodoxie il n'y a pas d'essai d'explication mais un constat : le changement a lieu mais nous ne connaissons pas le moment exact et cela est laissé au mystère.

Ce point de vue est commun chez ceux qui, comme le père Alexander Schmemann, et d’autres, bien que beaucoup dans la tradition orthodoxe insistent également sur le fait que le changement a effectivement lieu sur les mots de l’institution.

Le point clé sur lequel la tradition orientale met l’accent n’est donc pas de savoir si un changement a lieu ou non (même si nous ne pouvons pas le comprendre ou le décrire précisément), mais qu’il a lieu avec emphase.

"Le pain et le vin trouvent leur plénitude (qui sera celle de l'univers dans le monde à venir) en étant assimilés par le Corps glorieux : transfigurés, plutôt que "transsubstantiés"." Olivier Clément, L'Eglise orthodoxe, PUF.

De la même manière, Jean Damascène, traitant des Saints et Immaculés Mystères du Seigneur, écrit ainsi : « C’est vraiment ce Corps, uni à la Divinité, qui a son origine dans la Sainte Vierge ; non pas comme si le Corps qui est monté descendait du ciel, mais parce que le pain et le vin eux-mêmes sont changés en Corps et en Sang de Dieu. Mais si tu cherches comment cela se fait, qu’il te suffise qu’on te dise que c’est par le Saint-Esprit ; de la même manière que, par le même Saint-Esprit, le Seigneur s’est fait chair pour lui-même, et en lui-même, de la Mère de Dieu ; et je ne sais rien de plus que cela, que la Parole de Dieu est vraie, puissante et toute-puissante, mais que sa manière d’opérer est insondable. (J. Damasc. Theol. lib. iv. cap. 13, § 7.)

Catéchisme plus long de l’Église orthodoxe, catholique et orientale par saint Philarète (Drozdov) de Moscou (1830)

Dans le catéchisme de saint Philarète, on nous donne la première distinction entre la description orientale et occidentale de la transsubstantiation que je connaisse.

Écrivant au XIXe siècle, Philarète dit que la transsubstantiation n’est pas une référence au changement lui-même – puisque personne ne peut comprendre exactement comment et quand cela se produit – mais qu’elle est simplement une référence à notre Seigneur étant « vraiment, réellement et substantiellement » présent dans l’Eucharistie.

En d’autres termes, il ne s’agit pas (dans l'orthodoxie) d’une référence à la philosophie métaphysique ou nominaliste (comme chez Aristote, par exemple), mais d’une référence à la réalité du changement, bien qu’elle dépasse notre compréhension.

Nous ne mangeons pas un corps cadavérique mais ressuscité. 

A propos de la célébration du Mystère de l'Eucharistie dans l'Eglise du Christ des temps Apostoliques, nous pouvons lire les Actes des Apôtres (2:42, 46; 20:6,7) ainsi que les dixième et onzième chapitres de la Première Epître de l'Apôtre Paul aux Corinthiens.

L'Apôtre Paul écrit: N'est-il pas vrai que le calice de bénédiction que nous bénissons est la communion au Sang de Jésus-Christ, et que le pain que nous rompons est la communion au Corps du Seigneur ? Car nous ne sommes tous ensemble qu'un seul pain et un seul corps, parce que nous participons tous à un même pain (I Cor,10-16-17). Puis de nouveau : Car toutes les fois que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne. C'est pourquoi quiconque mangera de ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable du Corps et du Sang du Seigneur. Que l'homme s'éprouve lui-même, et qu'il mange de ce pain et boive de ce calice. Car quiconque en mange et en boit indignement mange et boit sa propre condamnation, ne faisant point le discernement qu'il doit du Corps du Seigneur. C'est pour cette raison qu'il y a parmi vous beaucoup de malades et de languissants, et que plusieurs dorment du sommeil de la mort (I Cor. 11:26-30).

Dans ces paroles, l'Apôtre nous enseigne avec quelle vénération et avec quelles épreuves préparatoires un Chrétien doit approcher l'Eucharistie, et il affirme que ce n'est pas une simple nourriture ou une simple boisson, mais la réception du vrai Corps et du vrai Sang du Christ.

Ce texte est extrait de la dogmatique du Père Pomazansky, 

Regardez comment cela se passe précisément. Vous avez d'abord les paroles de l'institution, c'est à dire celles qui ont été prononcées par Jésus le jeudi Saint. Elles sont un mémorial. Puis le prêtre prononce l'épiclèse, c'est à dire cette invocation à l'Esprit Saint pour qu'il transforme le pain et le vin en corps et sang du Christ. C'est l'Esprit Saint qui opère le miracle.

Cette prière est une des plus anciennes prières liturgiques et la plus sacrée de toute l'Eglise. Jamais les apôtres n'ont pensé qu'il ne s'agissait que d'un symbole, et les premières catéchèses que nous avons insistent bien sur la transformation des espèces.

L'évangile de Jean 6.53-54 proclame:
"Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour."

De même le récit de la Cène dans l’évangile de Matthieu 26,26-27:

Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps.
Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés.
Jésus ne dit pas : « ceci symbolise mon corps » ou « ceci symbolise mon sang »

Dans le livre de la Genèse1.3 Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut.

Lorsque Dieu dit, Dieu crée. Dire et créer est un même acte. La parole de Dieu est créatrice.

Le Christ n’a pas besoin de symbole. Quand il dit « ceci est mon corps, mon sang », ceci est effectivement, réellement, son corps, son sang. L’eucharistie est la transmission de la vie même du Christ.

Lorsque Rome était orthodoxe on parlait de transformation des espèces.

L'expression "transsubstantation" est postérieure au schisme de 1054. Elle appartient certes à la scolastique mais celle-ci est toujours en vigueur dans la théologie latine.

Il est dommage qu'alors Rome ait perdu l'usage de l'épiclèse.

Les Pères ont utilisé les mots μεταβολή, μεταποίησις,μεταστοιχείωσις, transformatio, etc. pour indiquer la «conversion» du pain et du vin sacramentels en Corps et Sang du Christ. Ces mots ne préfigurent pas celui de «transsubstantiation» (S.T. IIIa, q. 75 a 8) qui, non seulement prétend déchiffrer l'inexplicable, mais endosse une métaphysique aristotélicienne de «substance» et d' «accidents». D'un point de vue philosophique, il est discutable que le pain et le vin puissent remplacer les caractéristiques physiques du Christ; et il est également vrai que les «accidents» et la «substance», dans le Christ, ne devraient pas être inséparables de Lui, d'autant plus qu'ils sont déifiés. En fin de compte, si nous acceptons le schéma thomiste, nous pourrions valablement soutenir que l'humanité du Christ est un «accident» par rapport à la «substance» de Sa personne divine.
Father Michael Azkoul, Once Delivered To The Saints, Saint Nectarios Press, Seattle WA 2000, note 26 p. 176.

 

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