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27 janvier 2006 5 27 /01 /janvier /2006 11:15

 


En janvier 1971, il se rend en Suisse. Il en revient « exténué avec un fort refroidissement ».Un prochain séjour au Liban lui permettra, espère-t-il, de retrouver des forces. Il se traîne ainsi pendant plusieurs semaines.

Subitement en mars 1971, à la suite, semble-t-il, de vaccinations reçues en vue de son départ pour l’Orient, son état s’aggrave. Délirant, apparemment inconscient, en proie à une forte fièvre et à un « hoquet hurlant », il est admis à l’hôpital Saint-Charles de Londres. Les médecins diagnostiquent une crise d’urémie avec des complications vasculaires et cérébrales. Sa vie semble en danger. Pendant plusieurs jours, il reste plongé dans une sorte de coma. Quand il en émerge, il déclare que, « inconscient en apparence », il ne l’était pas « dans les profondeurs ». Ébranlé physiquement et spirituellement, « foudroyé et broyé », il s’est en même temps senti « comblé de grâces ». « La voix du Seigneur n’a cessé de se faire entendre. »

À travers l’événement de cette maladie, affirme-t-il, Dieu lui « a fait signe ». Sur le sens, pour lui, de ce signe, Lev Gillet s’expliquera quelques mois plus tard, dans une interview accordée à un chercheur du Religious Experience Research Unit de Manchester College à Oxford. Ce qui, observé du dehors, se présentait comme une discours délirant était en réalité, affirme-t-il, une « dialectique ». À l’origine se trouve un événement en apparence insignifiant mais qui, pour lui, revêt un sens profond. Dans l’après-midi qui a précédé la crise, Lev Gillet, accompagnant une amie, femme médecin indienne, a rendu visite à une famille persane dont l’enfant, indifférent à tout, semble plongé dans un état autistique profond. Soudain, à l’arrivée d’autres visiteurs, l’enfant se « réveille », demandant instamment du café pour les hôtes. C’est autour de cet « éveil altruiste » de l’enfant « spastique » qui l’a profondément touché que va s’organiser le délire de Père Lev. Voici comment ce dernier en fait le récit : « Je me suis vu couché par terre, dans une plaine très blanche, [par une nuit sombre]. Aucune lumière, aucune maison, ni à droite, ni à gauche. Rien. Seulement sortant de la terre, ici et là, de petits êtres spastiques, semblables à des vers de terre. Quelques-uns prononçaient le mot "café" (en persan kawe). Chacun d’eux est porteur d’une petite lumière comme celle des vers luisants. Soudain, j’ai eu l’impression d’avoir une vision de l’univers en sa totalité. Dans notre univers, nous sommes tous, dans un sens, des enfants spastiques. Chacun se meut selon son propre spasme qui est peut-être l’ambition, l’argent, le sexe ou encore autre chose. Chacun est prisonnier de son spasme, [comme cet enfant spastique]. Mais il arrive que l’un ou l’autre prenne conscience des réalités hors de son propre moi : alors il commence à demander du café pour les autres » (ibid., p. 31-32).

Ce rêve, assure Lev Gillet, a un sens profond : sauver le monde, sauver ces êtres spastiques que nous sommes, c’est les réveiller, nous réveiller, de notre délire autistique pour devenir enfin des hommes, « des êtres humains pour les autres ».

L’appel – il le sait – le concerne personnellement. Ce qui lui est demandé est une kénose totale : se vider de tout amour-propre, de tout sentiment de supériorité intellectuelle ou spirituelle : « J’ai compris, explique-t-il, que si je désirais voir les enfants spastiques émerger de la terre la seule chose à faire était de me mettre à plat, à même le sol, en perdant tout sentiment de mon importance en tant qu’individu. Réaliser que tout ce que je fais, tout ce que je dis, tout ce que j’écris n’a guère d’importance.

L’important pour moi est de m’étendre par terre. Alors je [serai peut-être en mesure de voir émerger ces personnes spastiques. Et la seule chose que je puis faire est d’aider de telles personnes] » (ibid., p. 33). Le message est clair, rigoureux et incontestable, comme l’était celui reçu jadis au lac de Tibériade. Il n’y a qu’à obéir. […]

Le message reçu à travers la maladie du printemps 1971 marquera profondément le climat spirituel des dernières années de la vie de Père Lev.

Extrait de
http://www.pagesorthodoxes.net/bulletin/archive.htm#25-perelev

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