20 janvier 2009
2
20
/01
/janvier
/2009
23:16
Le taoïsme n'est pas vraiment une religion, mais plutôt une voie, la Voie, un ensemble de croyances tioues, de pratiques et de rituels permet-:ant de vivre en harmonie avec les forces complexes qui animent l'univers. Il remonte à la nuit des temps chinois et a été codifié par Lao Zi au VIe siècle avant notre ère, peu avant que Confucius ne formalise les règles de la vie en société et recommande aussi avec conviction le respect des rites du Tao,
Plus tard, la Chine adopte le bouddhisme, dont la doctrine d'impermanence n'est nullement contradictoire avec les précédentes. L'alimentation chinoise idéale est conforme à ces valeurs spirituelles. Elle est destinée à fondre l'homme dans son environnement, à lui assurer l'apaisement. Il convient de faire le vide en-soi et, pour cela, de ne pas exciter ses sens de manière excessive et désordonnée. La fadeur des mets permet de s'oublier soi-même tout en accédant à la profondeur de l'Etre.
Ce concept de fadeur est essentiel pour comprendre la culture chinoise. Lao Zi écrit : « Quand le Tao est fade et sans saveur, il ne peut être aperçu, il ne peut être entendu, mais il est inépuisable. » Un goût fade n'est pas sans saveur, mais sans aspérité, obligeant à ressasser et mastiquer longuement les aliments jusqu'à y reconnaître leur infinie richesse cachée, leur authenticité. C'est un peu comme le silence de la nuit ou du désert qui se peuple de mille sons lorsqu'on y prête attention.
Les cuisiniers occidentaux d'aujourd'hui, qui usent et abusent de la juxtaposition d'ingrédients baroques, auraient intérêt à se rappeler la maxime de Curnonsky: « La cuisine, c'est quand les choses ont le goût de ce quelles sont. » Rien n'est plus Tao qu'un œuf d'une poule libre, cuit à la coque, accompagné de mouillettes de pain grillé recouvertes de beurre cru demi-sel.
Plus tard, la Chine adopte le bouddhisme, dont la doctrine d'impermanence n'est nullement contradictoire avec les précédentes. L'alimentation chinoise idéale est conforme à ces valeurs spirituelles. Elle est destinée à fondre l'homme dans son environnement, à lui assurer l'apaisement. Il convient de faire le vide en-soi et, pour cela, de ne pas exciter ses sens de manière excessive et désordonnée. La fadeur des mets permet de s'oublier soi-même tout en accédant à la profondeur de l'Etre.
Ce concept de fadeur est essentiel pour comprendre la culture chinoise. Lao Zi écrit : « Quand le Tao est fade et sans saveur, il ne peut être aperçu, il ne peut être entendu, mais il est inépuisable. » Un goût fade n'est pas sans saveur, mais sans aspérité, obligeant à ressasser et mastiquer longuement les aliments jusqu'à y reconnaître leur infinie richesse cachée, leur authenticité. C'est un peu comme le silence de la nuit ou du désert qui se peuple de mille sons lorsqu'on y prête attention.
Les cuisiniers occidentaux d'aujourd'hui, qui usent et abusent de la juxtaposition d'ingrédients baroques, auraient intérêt à se rappeler la maxime de Curnonsky: « La cuisine, c'est quand les choses ont le goût de ce quelles sont. » Rien n'est plus Tao qu'un œuf d'une poule libre, cuit à la coque, accompagné de mouillettes de pain grillé recouvertes de beurre cru demi-sel.
Jean-Robert Pitte
Membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques)
Article paru dans Le Monde des religions Janvier-Février 2009