12 février 2009
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23:53
Avec sa lumière avare et son nombre de jours tronqué, février me déprime. Ce mois trop court ressemble tellement à notre séjour sur terre ! « Le temps d'un rêve et l'on est mort », résumait dans un brillant désespoir Jacques Brel.
Et encore, nous avons la chance de naître - sous nos latitudes - dans un siècle qui repousse tous les jours la frontière de l'âge. À tel point que les octogénaires s'imaginent centenaires. J'ai été éblouie, récemment, en entendant deux anciens, amoureux comme des tourtereaux, souhaiter vivre « encore vingt ans » et faire des projets de sorties et de plantations d'arbres. Je les envie car - trop souvent - c'est en amont, du côté des souvenirs, que j'avoue regarder. Les années s'écoulent et je ne peux qu'assister, impuissante, à leur tarissement.
Ce n'est peut-être pas un hasard si, en terminale, j'avais fait ce pari prétentieux - et du reste perdu : retenir par coeur les seize quatrains du poème « Le lac ». Les envolées lamartiniennes ont certes pris, dans le tréfonds de ma mémoire, du plomb dans l'aile, mais l'imploration continue de m'habiter : « Ô temps ! suspends ton vol... »
Pouvoir capturer l'insaisissable adversaire et même le dompter, vieux rêve des hommes.
[...]
« Pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour », nous rappelle la deuxième épître de Pierre. L'éternité ne se trouve pas forcément dans l'allongement mécanique et indéfini du temps mais dans sa fulgurance, son rayonnement. Pas besoin de huitième jour de la semaine, de vingt-cinquième heure ni de 30 et de
31 février, il devrait suffire de fleurir chaque seconde qui passe du nom d'immortelle... En attendant la venue des jours sans fin.
Et encore, nous avons la chance de naître - sous nos latitudes - dans un siècle qui repousse tous les jours la frontière de l'âge. À tel point que les octogénaires s'imaginent centenaires. J'ai été éblouie, récemment, en entendant deux anciens, amoureux comme des tourtereaux, souhaiter vivre « encore vingt ans » et faire des projets de sorties et de plantations d'arbres. Je les envie car - trop souvent - c'est en amont, du côté des souvenirs, que j'avoue regarder. Les années s'écoulent et je ne peux qu'assister, impuissante, à leur tarissement.
Ce n'est peut-être pas un hasard si, en terminale, j'avais fait ce pari prétentieux - et du reste perdu : retenir par coeur les seize quatrains du poème « Le lac ». Les envolées lamartiniennes ont certes pris, dans le tréfonds de ma mémoire, du plomb dans l'aile, mais l'imploration continue de m'habiter : « Ô temps ! suspends ton vol... »
Pouvoir capturer l'insaisissable adversaire et même le dompter, vieux rêve des hommes.
[...]
« Pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour », nous rappelle la deuxième épître de Pierre. L'éternité ne se trouve pas forcément dans l'allongement mécanique et indéfini du temps mais dans sa fulgurance, son rayonnement. Pas besoin de huitième jour de la semaine, de vingt-cinquième heure ni de 30 et de
31 février, il devrait suffire de fleurir chaque seconde qui passe du nom d'immortelle... En attendant la venue des jours sans fin.
Chantal Joly
Panorama, Février 2009