Tous nous savons bien que, dans nos relations humaines, amour et amitié n'atteignent leur profondeur que lorsque nous pouvons demeurer en silence avec l'autre. Tant que l'on a besoin de parler pour garder le contact, on peut présumer à coup sûr, et avec tristesse, que la relation est encore superficielle ; aussi, si nous voulons prier Dieu, devons-nous apprendre avant tout à nous sentir bien, dans le silence, auprès de lui. C'est là chose plus aisée qu'on ne le penserait d'abord ; il y faut un peu de temps, de la confiance et le courage de s'y mettre.
Le curé d'Ars demandait un jour à un vieux paysan ce qu'il faisait, assis durant des heures dans l'église, apparemment sans prier ; le paysan répondit : « Je l'avise et il m'avise et nous sommes heureux ensemble. » Cet homme avait appris à parler à Dieu sans briser par des mots le silence de l'intimité. Si nous sommes capables de cela, nous pouvons utiliser n'importe quelle forme de prière. Mais si nous essayons de créer la prière à partir des mots dont nous nous servons, nous deviendrons désespérément las de ces mots, car à moins qu'ils n'aient la profondeur du silence, ils sont superficiels et fastidieux.
Mais comme les mots peuvent être source d'inspiration dès lors qu'ils sont authentifiés par le silence et pénétrés de l'esprit qui convient !
« Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange. » (Ps 51, 17).
Antoine Bloom
Prière vivante
Cerf