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23 juillet 2006 7 23 /07 /juillet /2006 18:07

Le Dieu des chrétiens

Le Dieu des chrétiens est distinct de sa créature. Tout panthéisme est évacué dans l’hébréo-christianisme.

Toutes les gnoses actuelles, héritières des métaphysiques grecques, considèrent la création comme une émanation de la divinité. Pour elles, la création est « un état dégradé et provisoire » de la lumière divine.

Pour les chrétiens, Dieu est le tout Autre, distinct de sa créature. Il est incréé, sa créature est créée. Le Dieu des chrétiens n’est pas l’aboutissement d’un raisonnement intellectuel. Le Dieu des chrétiens est un Dieu qui se révèle à l’homme pour lui communiquer des informations essentielles. Sans cette révélation, l’homme aurait été incapable d’appréhender la structure de l’Essence de Dieu.

Dieu vient donc vers l’homme (c’est toujours Lui qui fait le premier pas) pour lui révéler la structure de son essence, ainsi que son plan pour lui. Dieu est Amour et son dessein est de faire participer l’homme, par le Christ, à sa vie divine.

La singularité et le but de la création divine

Dieu crée ex nihilo nous enseigne la tradition. C’est strictement irreprésentable. Ce qui est intéressant dans cette formule, c’est qu’elle met la création par Dieu dans un monde qui est absolument transcendant par rapport à toutes les opérations humaines.

Le monde sensible est créé. Le récit de la Genèse distingue sans ambiguïté le créateur, incréé, de sa création.

Le coeur du message chrétien sur la création, nous disent les théologiens, est l’incarnation. Les Pères grecs disaient que l’incarnation était la communication des idiomes. Le propre de l’homme est devenu le propre de Dieu pour que le propre de Dieu devienne le propre de l’homme. Le Fils éternel vient ressembler à l’homme historique pour que, dans l’histoire, l’homme de création soit capable d’entrer dans la vie de Dieu.

L’incarnation est la raison d’être de la création. On ne peut comprendre la création qu’en fonction d’une incarnation qui aboutit à la résurrection de l’homme mortel que Dieu voit selon l’image du Fils éternel.

Eléments d’interprétation, à partir du texte hébreu, du Béréshit et des versets 26 et 27 de Genèse 1

Béréshit

Selon Rachi, et à sa suite toute une chaîne de commentateurs, la Thorah commence par une faute de syntaxe : Béréshit. Ce terme doit normalement se traduire par « Au commencement de ». Devrait donc suivre, après ce terme, un substantif et non un verbe (Bara = Créer).

La première lettre de Béréshit, le « Beth », ouvre la série des 58 lettres anormales de l’ancienne Alliance. C’est un grand Beth.

Cette anomalie morpho-syntaxique du Béréshit nous enseigne deux choses : la première est que la création est essentiellement duelle, c’est-à-dire que tout va par deux (les cieux et la terre ; la lumière et les ténèbres, le soir et le matin, l’onde et le corpuscule, l’homme et la femme, etc.) ; et la deuxième invite à une lecture plus symbolique du début du premier verset de la Thorah.

La lettre préfixe « Beth » peut être traduite par : dans, parmi, à l’intérieur, sur, au moyen de, pour’

La traduction du Béréshit doit donc contenir deux aspects intimement liés : « Par » (ou dans) et « Pour » (le « comment » et le « pourquoi »). Par Réshit et Pour Réshit. La racine « Roch » (tête) du terme Réshit représente tout ce qui est premier, principe, primordial, etc.

On peut donc proposer les éléments de traduction suivants : par et pour le principe (la tête) créa Elohim’ ; par et pour le primordial, créa Elohim’, etc.

Deux passages de la Nouvelle Alliance éclairent ce Béréshit : le Prologue de Jean « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Tout a été fait par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui’ » et l’épître de Paul aux Colossiens 1 à partir du verste 15 « Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Il est la tête du corps de l'Église; il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin d'être en tout le premier »

Verset 26
Les traductions des versets 26 et 27 par Chouraqui sont très proches du texte hébraïque.


Traduction de Chouraqui du verset 26 : « Elohim dit : Nous ferons Adâm-le Glébeux- à notre réplique, selon notre ressemblance.  Ils assujettiront le poisson de la mer, le volatile des ciels, la bête, toute la terre, tout reptile qui rampe sur la terre »

Lorsque l’on part du texte hébreu, plusieurs choses sont à noter sur ce verset : l’utilisation du verbe « faire », le jeu, habituel en hébreu, du singulier et du pluriel ; « l’anomalie » sur le verbe « dominer » ; et l’utilisation insistante de la sixième lettre hébraïque (la lettre du Fils, le Wav conjonctif utilisé six fois !)

 
L’utilisation du verbe « faire » ici indique que Dieu ne crée pas de la « nouveauté », mais opère une réorganisation à partir d’un « matériau » existant.

L’utilisation de « adam » au singulier et sans l’article défini indique une représentation de tous les hommes et aussi un état d’inachèvement de ces hommes. Ceci est confirmé par le verbe « dominer » qui est à la troisième personne du masculin pluriel.

On peut donc proposer la traduction suivante :

« Et Elohim dit : Faisons homme (un homme, des hommes) à (dans) notre image, à (dans) notre ressemblance, et qu’ils dominent sur le poisson des mers (de la mer), et sur l’oiseau des cieux, et sur le bétail (l’animal), et sur toute la terre, et sur tout le rampant rampant sur la terre ».

Commentaires

Pour comprendre en quoi l’homme est à l’mage et à la ressemblance de Dieu, il faut remonter à la structure du seul absolu : le nom de Dieu (Yod Hé Wav Hé). Ces 4 grammes, ce Tétragramme est la structure de l’Essence divine, la structure de l’Amour.

Cette structure est l’entrelacement de deux duellités : d’une part le bipôle Père (Yod)-Fils (Wav) de genre « masculin », et d’autre par la double spiration de l’Esprit (les deux Hé) de genre « féminin ».

L’homme est à l’ « image » du Bipôle Père-Fils pour la procréation et à la « ressemblance » de la double spiration de l’Esprit pour la vie surnaturelle

Dans le terme hébreu « ressemblance », on trouve la racine bilitère Daleth-Mem (Dam) qui signifie « sang ou rouge » et fait penser au circuit sanguin qui unifie et vivifie naturellement ; alors que l’Esprit unifie et vivifie surnaturellement.

On peut oser dire ceci : l’homme est « comme consanguin » à Dieu par la double spiration de l’Esprit

Verset 27

Traduction de Chouraqui du verset 27 : « Elohim crée le glébeux à sa réplique, à la réplique d’Elohim, Il le crée, mâle et femelle, Il les crée »

Le texte hébreu frappe par la répétition (plutôt la reprise) de certains termes. Le verbe « créer » est utilisé. Il y a un jeu admirable des suffixes pronominaux. Lorsque ces suffixes sont analysés selon les méthodes d’exégèse numérale, on « voit » apparaître clairement le passage, par l’intermédiaire de la double spiration de l’Esprit, du vieil Homme vers l’Homme nouveau, de l’ancien Adam vers le nouvel Adam, de l’homme psychique vers l’homme pneumatique (pour parler comme Saint Paul)

Dieu crée du nouveau qui existait pas avant (utilisation du verbe « Bara »). Ici il s’agit de l’Homme bien défini (utilisation de l’article défini « Hé »)

On peut donc proposer la traduction suivante :

« Et Elohim créa l’homme à (dans) son image, à (dans) l’image d’Elohim Il le créa, mâle et femelle, Il les créa.»

Commentaires

L'Adam-Eve est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’Amour-Créateur unit les deux genres, masculin en le bipôle Père-Fils, et féminin en l’Esprit.

En exégèse numérale, on se rend compte que le duel « Mâle-et-femelle » possède les mêmes nombres que la définition de Dieu par Lui-même en l’Exode.

Le jeu des suffixes pronominaux indique que chaque couple doit constituer-dès ici-bas- un « noyau trinitaire » de base. L’amour inter-conjugal réalise la vie intime de la Trinité, par le double échange d’amour réunissant les deux pôles humains dans l’unité, s’élevant de « chair-une » à « esprit-un »

Roger Mounet
webmestre du site :
http://www.jeangastonbardet.org/

 

 

 

 

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