Extrait de l'entretien de Mgr Vingt-Trois à Radio Notre-Dame le 12 novembre.
Radio Notre-Dame : Faut-il que les catholiques continuent à soutenir cette opération ?
Monseigneur Vingt-Trois : Le Téléthon est une entreprise généreuse. Il a permis de grands progrès, d’abord dans la prise de conscience de l’existence des enfants myopathes et dans leur prise en charge, et ensuite dans la recherche contre la myopathie. Mais cela ne lui donne pour autant pas un chèque en blanc, en particulier quand sont privilégiées des pistes de recherche passant par la destruction d’embryons humains.
Radio Notre-Dame : L’interrogation est donc légitime ?
Monseigneur Vingt-Trois : Que des gens qui financent la recherche de leur propre poche posent des questions sur les conditions éthiques dans lesquelles elle se déroule, je ne vois pas ce qu’il y a d’extraordinaire. On peut même considérer que c’est un service que l’on rend. Si le Téléthon est une opération spectaculaire, il y a cependant d’autres moyens d’aider la recherche. D’autre part, des groupes se mobilisant pour le Téléthon pourraient dire : « Nous voulons bien contribuer à la collecte, mais pas pour faire n’importe quoi ».
Le jeudi 15 novembre 2006 Le Téléthon en question
Ces jours-ci, le Téléthon est l'objet d'un débat public. Par le passé, la critique a pu venir d’un scientifique comme Jacques Testard, exprimant ses doutes sur « la mise en scène triomphaliste de victoires toujours promises »1. Depuis ces dernières années et aujourd’hui, elle émane de plusieurs associations et de catholiques.
Les chrétiens se sont associés dès le départ à cette œuvre généreuse. Des congrégations qui prennent en charge les handicapés ont aidé à la réalisation initiale, en particulier les frères de Saint Jean de Dieu. Depuis, la plupart se sont retirées de l’opération car les fonds recueillis étaient de plus en plus destinés à des travaux scientifiques éthiquement discutables.
Quels sont les problèmes ?
1/ Le Téléthon finance l'institut I-STEM qui est le premier centre français de recherche sur l'embryon humain. Or l'utilisation des cellules embryonnaires à des fins de recherche nécessite la destruction de l'embryon humain. Par ailleurs, il existe une alternative thérapeutique qui a déjà fait ses preuves : l'utilisation des cellules souches adultes prélevées sur le patient lui-même et des cellules du cordon ombilical prélevées à la naissance du bébé. Ces cellules, dont l'emploi ne pose aucun problème éthique, ont été déterminantes pour guérir des maladies du sang et 58 maladies répertoriées ont été traitées par leur biais.
2/ Les « bébéthons » qui sont présentés comme un grand succès thérapeutique ne sont pas le fruit d'une guérison due à la recherche sur le génome, comme on aurait pu l'espérer, mais le fruit d'une sélection embryonnaire. On pratique une fécondation in vitro de plusieurs embryons et on sélectionne l'embryon sain en éliminant les autres. Ce n'est donc pas un bébé « guéri » mais un bébé « survivant ».
3/ Le Professeur Marc Peschanski, directeur de l'institut I-STEM financé par le Téléthon, milite activement pour le clonage rebaptisé pudiquement « transposition nucléaire ». Devant le scandale provoqué par les falsifications du Professeur coréen Hwang, le but avoué du clonage n'est plus l'éventualité de guérison de maladies graves mais l'utilisation du clone pour la recherche fondamentale ou même pour l'industrie cosmétique. On est bien loin des objectifs initiaux et on comprend les sérieuses réserves de ceux qui posent la question : « La médecine est-elle au service de l'homme ou l'homme est-il au service de la médecine ? ».
Il convient de saluer l’admirable générosité qui se déploie dans la préparation et le déroulement de cette grande opération annuelle ! Mais, au-delà de la nécessaire transparence sur la destination des fonds, il est légitime de faire part ouvertement de questions de conscience face à une opération aussi médiatisée. Oui, il faut aider la recherche. Mais lorsqu’elle porte sur l’être humain, elle doit plus encore que jamais accepter une réflexion éthique approfondie. Il s’agit de garantir la finalité humaine de la science.
Père Michel Aupetit
http://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?t=2367
FONDATION JEROME LEJEUNE […] - les survivants de l’avortement, les «bébéthons», ont servi à l’appel à la générosité du public. http://www.fondationlejeune.org/content/Fondation/articles/eclairage_ethique_telethon.asp http://www.genethique.org/revues/revues/2006/novembre/20061110.1.asp Téléthon, "ce qu'on ne nous dit pas": un ancien responsable parle […] "L'embryon devra être défendu dans son intégrité [...] comme tout autre être humain" (cardinal Ratzinger, Donum Vitae). "L'Eglise soutient et respecte la recherche scientifique, lorsque celle-ci conserve une orientation authentiquement humaine, en se gardant de toute forme d'instrumentalisation ou de destruction de l'être humain et en conservant son indépendance, vis-à-vis des intérêts politiques et économiques" (Jean-Paul II, discours aux membres de l'Académie pontificale pour la Vie, 24 décembre 2003). […] Ne nous méprenons pas! La manipulation génétique n'est pas un soin. Et le bébéthon, dans ce contexte, n'est que le produit d'une sélection d'embryons humains dont les malades (ses petits frères ou petites sœurs, diront certains) sont purement et simplement éliminés comme de vulgaires plans de tomate en devenir. Or, dans l'inconscient collectif, et c'est malheureux, il est si facile d'associer "bébéthon" et "thérapie". Quant à la légalité, est-telle un gage de moralité? Certainement pas: les philosophes et les juristes le savent bien. DIDIER SICARD, PRÉSIDENT DU COMITÉ NATIONAL D'ÉTHIQUE […] L'intervention de l'Eglise catholique me paraît à la fois malencontreuse et extraordinairement malvenue. Elle a bien évidemment le droit de porter un jugement. Pour autant, elle n'a pas vocation à l'imposer dans l'espace public, ce qu'elle fait aujourd'hui. [...] Il n'est pas bon que les scientifiques affirment ou laissent penser que les embryons humains ne sont que de simples producteurs de cellules souches. Mais il n'est pas bon non plus que l'Eglise catholique s'insère dans cette manifestation. Réponses aux objections faites aux catholiques qui refusent de financer le Téléthon Après avoir étudié les réactions des instances dirigeantes de l’AFM et des divers courriers qui lui ont été adressées, la Commission Bioéthique et Vie humaine du diocèse de Fréjus-Toulon tient à répondre aux six principales objections faites aux catholiques qui, en conscience, veulent s’abstenir de participer au Téléthon. […] OBJECTION N° 6 http://www.libertepolitique.com/public/decryptage/article-1732-Reponses-aux-objections-faites-aux-catholiques-qui-refusent-de-financer-le-Telethon.html L'AFM
[…] « L'AFM a toujours eu comme politique de se conformer à la loi, et rien qu'à la loi.»
L’influence de l'association française contre les myopathies (AFM), organisatrice du Téléthon, est devenue importante dans la politique de recherche de l'Etat. Mais ce pouvoir n'a pas de contrepoids éthique suffisant. En effet, les seules prétentions éthiques de l'AFM sont de se conformer à la loi, même quand celle-ci ne respecte pas la vie humaine avant la naissance. Il suffit dès lors à l'AFM d'orienter la loi selon ses objectifs, ce qu'elle fait…
Déjà le Pr. Jacques Testart avait mis en garde : « La mise en scène triomphaliste de victoires toujours promises sur le malheur est un argument qui ne correspond pas à la rigueur scientifique. Le Téléthon a d’abord présenté des enfants myopathes, appelant à la solidarité des téléspectateurs. Après quelques années, on a pu voir apparaître à l'écran des enfants heureux d’être normaux dont l’existence était annoncée comme consécutive à la générosité du public : ces « bébéthons » étaient en réalité les survivants du diagnostic prénatal, lequel les avait démontrés normaux in utero malgré leur conception par des «couples à risques13.»
[…] Pour l'AFM, il n'y a pas de raison à s'opposer au diagnostic préimplantatoire (DPI) et à la recherche sur les embryons car ces pratiques sont légales depuis 1999 pour le DPI et 2004 pour la recherche sur l'embryon.
http://www.fondationlejeune.org/Content/Fondation/default.asp
[…] Mais le problème est survenu lorsque l'A.F.M. a commencé à envisager de faire pratiquer des manipulations génétiques sur l'embryon et a fait voter en été 2004 (période de vacances!) une loi novatrice l'y autorisant.
« L'intervention de l'Eglise dans le Téléthon est malvenue »
Article publié le 01 Décembre 2006
Par Propos recueillis Jean-Yves Nau
[…] [L'Eglise] a pleinement le droit de considérer l'embryon comme sacré mais elle n'a pas le droit d'en faire une manifestation publique qui rappelle de mauvais souvenirs. Je pense aux pires moments de la lutte contre l'interruption volontaire de grossesse".
Pierre-Olivier Arduin
OBJECTION N° 1
L’Église par cette prise de position ne prend pas en compte la souffrance des enfants atteints par des maladies particulièrement dramatiques. Elle s’oppose à la recherche.
L’Église a toujours encouragé la science pour hâter la guérison des malades. Le cœur de son message est la sollicitude absolue envers ceux qui souffrent et qui sont frappés par la maladie, fussent-ils à l’état embryonnaire. La véritable compassion comme son étymologie l’indique — souffrir avec — commande d’accompagner les malades et de ne pas se dérober à notre responsabilité face à la faiblesse d’autrui. Cette compassion, si elle ne veut pas dégénérer en pitié fallacieuse, considère tout être humain comme ayant une dignité infinie. À aucun moment, la vie humaine peut être sacrifiée parce que certains estiment qu’elle ne vaut pas la peine d’être vécue. C’est l’exact inverse qui est vrai : l’accueil et les soins prodigués sont d’autant plus inconditionnels que l’être humain est vulnérable et fragile.
C’est pourquoi l’Église souhaite que la recherche soit justement plus efficace au service des malades atteints par des maladies génétiques. Jusqu’à présent on a mis en avant les cellules souches embryonnaires, alors qu’il est montré qu’elles sont cancérigènes comme le confirment toutes les études animales, dont la plus récente remonte au mois d’octobre . De plus, il n’y a pas eu une seule avancée thérapeutique dans ce domaine en Angleterre par exemple, où cette recherche sur les embryons est autorisée depuis 15 ans.
Bien au contraire, la recherche sur les cellules souches adultes ou dans le sang du cordon ombilical engrange des résultats inattendus publiés dans les plus prestigieuses revues médicales et scientifiques. L’Église veut que l’État promeuve ces thérapies efficaces : certains pays en ont fait leur fer de lance pour une médecine très innovante tout en restant pleinement humaine.
Plusieurs diocèses dont celui de Fréjus-Toulon sont en contact avec l’équipe de Newcastle qui a découvert dans le sang du cordon des nouveau-nés des cellules souches qui ont les mêmes potentialités de plasticité que les cellules embryonnaires sans présenter de risque de cancérogenèse. Ces chercheurs viendront prochainement à l’invitation de certains évêques exposer leurs travaux en France. Nous tenons à votre disposition un document répertoriant toutes les recherches avec cellules souches adultes qui en sont déjà au stade de la thérapie sur l’homme.
L’AFM est une association laïque : pourquoi l’Église et les catholiques s’invitent-ils dans ce débat ?
C’est bien parce que l’AFM affirme que son engagement repose sur la laïcité qu’elle se doit d’écouter et d’accueillir avec sérénité une réflexion éthique qui engage la raison. Car c’est bien la raison de chacun que l’Église veut aider ici à mieux accomplir ce pour quoi elle est faite : reconnaître ce qui est juste ici et maintenant, et le mettre en œuvre. Les catholiques proposent un dialogue franc pour nourrir les consciences. Ils veulent contribuer à faire grandir la perception intuitive que nous avons tous concernant le respect de la vie des plus faibles. C’est d’ailleurs un devoir d’apporter cette contribution — en travaillant à ouvrir les intelligences et les cœurs — pour assainir la source des dérives actuelles, en faisant tout pour expliciter au mieux ces exigences éthiques pour qu’elles soient compréhensibles et réalisables.
C’est donc l’occasion de réfléchir sereinement pour instaurer une société toujours plus juste et respectueuse des plus petits. Car chacun sait que le degré d’humanité de notre civilisation dépend de la considération que nous avons à leur égard.
© Libertepolitique.com
Histoire du Téléthon
http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9thon
Créée en 1958 par des malades et parents de malades, reconnue d’utilité publique en 1976, l’AFM – Association Française contre les Myopathies – vise un objectif clair : vaincre les maladies neuromusculaires, des maladies qui tuent muscle après muscle.
Elle s’est fixé deux missions - guérir les maladies neuromusculaires et réduire le handicap qu’elles provoquent - et quatre axes prioritaires pour les maladies neuromusculaires : le développement des thérapeutiques, les actions vers les familles, la myologie et la revendication.
http://www.afm-france.org/