Disons-le tout net : la plupart des prêtres n'ont jamais lu un peu sérieusement saint Jean de la Croix ou saint François de Sales, tandis que la grande majorité des séminaires ou des facultés de théologie ne prévoient aucune formation spécifique à la direction spirituelle, encore moins à l'oraison, comme si cela n'entrait que très marginalement dans le champ pastoral.[...]
«S'occuper des âmes», leur apprendre l'oraison, est pourtant la priorité des priorités dans le ministère apostolique : «Mes petits enfants, vous que de nouveau je mets au monde jusqu'à ce qu'en vous le Christ soit formé», nous dira saint Paul. «Hélas, il n'y a plus de directeur spirituel ! C'est le seul malheur dans l'Église !» s'exclamait il y a trente ans notre maître en ces matières, le Père Albert Deblaere, jésuite d'heureuse et sainte mémoire. Aussi voudrions-nous [...] recentrer le ministère apostolique sur l'éducation spirituelle comme fer de lance de l'évangélisation : être chrétien est un fait mystique, même si tous les chrétiens ne sont pas de grands mystiques, et si certains grands mystiques ne sont pas chrétiens.
En ces temps de disette sacerdotale, si les prêtres devaient abandonner la vie contemplative à la marge de leurs préoccupations pastorales, l'Église n'y laisserait-t-elle pas le coeur de son coeur ?
Max Huot de Longchamp