"Quand l'exclu devient l'élu." C'est cette capacité à aimer en acte et en vérité qui nous émerveille, qui rend la vie extra-ordinaire. Mais ne vous y trompez pas, ce n'est pas réservé à une élite, aux bons petits catholiques modèles. Non, à tout le monde, à condition d'accepter notre incapacité totale à aimer et à se laisser guider par Dieu, qu'il soit Allah, Yahvé ou Shiva...
Le droit de nous plaindre nous est définitivement ôté dès le franchissement d'un slum. Le devoir d'aimer en acte et en vérité nous est impérativement dicté des que nous croisons le regard d'un pauvre. Mais, en mauvais élève - les pauvres sont nos maîtres - nous n'arrivons pas à donner la pleine mesure à l'Amour qui est d'aimer sans mesure. C'est là que nous nous sentons plus pauvres que celui qui est en face de nous et qui est dans le besoin. Nous constatons, avec une peine douloureuse, notre pauvreté de coeur.
Après tous ces itinéraires sur des tracés de bitume, de terre ou de sable qui semblent parfois côtoyer le bord du monde, après toutes ces errances entre les aubes pluvieuses et les cieux à mousson, entre les élans de fraternité et la fatigue qui renvoie brutalement à une solitude pauvre comme un mendiant au bord du chemin, alors surgit cette certitude le plus court chemin de soi à soi passe par les autres.
Texte lu dans une revue thérésienne et écrit par un routard à l'occasion d'une traversée de l'Inde.