Film russe réalisé par Pavel Lounguine
Avec Piotr Mamonov, Viktor Soukhoroukov, Dimitri Dioujev...
Un monastère orthodoxe sur une île du nord de la Russie. Un moine perturbe la vie de sa congrégation par son comportement étrange. En effet, selon la rumeur, l'homme posséderait le pouvoir de guérir les malades, d'exorciser les démons et de prédire l'avenir...
C'est en tout cas ce que croient les étrangers qui se rendent sur l'île. Mais le moine, qui souffre d'avoir commis une terrible faute dans sa jeunesse, se considère indigne de l'intérêt qu'il suscite...
Analyse de Carol Saba document pdf http://christophe.levalois.free.fr/fichier/ILE-Recension.pdf
Celui d’un jeune marin qui pendant la guerre, en 1942, tire sur un de ses compatriotes par lâcheté, et qui recueilli par des moines se transforme en starets et fol en Christ, taraudé par le remords mais animé de dons qui attirent des êtres en détresse.
Face au malheur du monde et de son cortège de maux, maladies, mort et misères, l’Homme tente d’entrer dans le Temps de Dieu instillé à travers sa nature y compris la plus désolée. Oui, face à la cruauté hallucinée des hommes, du climat et de la vie, comment ne pas répondre par une autre folie, parfois illuminée, dans tous les sens du terme. Celle de Dieu. Comment au gong de la pénitence ne pourrait répondre le son des cloches qui délivrent...
Jamais dans ce film le sentiment que le réalisateur «trahit». Après le si prodigieux et méditatif Grand Silence des Chartreux français, la spiritualité monastique montre qu’elle peut passer par le cinéma sans être dénaturée ou simplement documentarisée. Pour cela, sans doute la foi, la profondeur, le génie du réalisateur. De la lenteur, tant la prière s’y loge. De la nature, tant la voix des hommes est aussi l’écho du ciel, des pierres et des forêts. On y retrouvera pareillement la parole souveraine de la neige et de sa blancheur.
Pavel Lounguine, auteur de plusieurs films à succès sur la société russe récente a voulu faire œuvre de Foi «pour contrer le matérialisme ambiant». Et en tout cas, à sa sortie, L’Île a connu un grand retentissement en Russie.
On louera dans ce film sa puissance et sa prégnance. Le lyrisme épuré des images rappellera Tarkovski, Bresson, Dreyer... Le jeu inspiré de l’acteur, Piotr Mamonov, ex-chanteur rock converti, fera date. On se dira que L’Île évoque les tourments des Possédés de Dostoïevski, que les Fous de Dieu appartiennent à une longue tradition russe bien que présente sous diverses formes dans toutes les religions.
L’Île laisse en nous une trace profonde. De neige et charbon, de feu et glace, d’eaux gelée et incendies, mais au-delà, de possession et de grâce, de martyre et de pardon.
Ce film nous interroge sur le jeu terrible de la perte et du gain spirituel, sur la qualité de notre foi et de l’amour que nous disons porter aux autres ou à nous-même. Dans le donjon de l’âme, qu’est-ce qui se joue-là ? Face au péché qui nous oppresse y a-il une rédemption ? La vie demeure une interrogation !
Bande annonce en russe
Le film intégral