Toute la tradition chrétienne nous apprend que, pour devenir sages, il faut nous faire à l’idée que nous n’avons pas ici-bas de « cité permanente » (He 13, 14)…, mais la grande illusion qui anime l’esprit de ce monde procède d’un point de vue diamétralement opposé… [L]a sagesse de notre tradition enseigne que la conscience de notre faiblesse physique nous permet de voir aussi notre fragilité spirituelle.
Il y a en nous tous une profonde connaissance, si profonde en vérité qu’elle est la plupart du temps ensevelie, qu’il nous faut établir le contact avec la plénitude de vie et avec la source de vie. Il nous faut établir le contact avec la puissance de Dieu et, d’une manière ou d’une autre, ouvrir les fragiles « vases de terre » que nous sommes à l’amour éternel de Dieu…
La méditation est une voie qui donne de la force parce qu’elle est le moyen de comprendre notre nature mortelle. C’est le moyen d’avoir clairement conscience de notre propre mort. Ceci parce qu’elle est la voie qui transcende notre mortalité. Elle est la voie, au-delà de la mort, vers la résurrection, vers une vie nouvelle et éternelle, la vie qui jaillit de notre union avec Dieu. Dans son essence, l’Évangile chrétien proclame que nous sommes invités maintenant, aujourd’hui, à faire cette expérience. Nous sommes tous invités à mourir à notre vanité, à notre égoïsme, à nos limites. Nous sommes invités à mourir à notre exclusivisme. Nous sommes invités à tout ceci parce que Jésus nous a précédés dans la mort et a ressuscité des morts. Cette invitation à mourir est aussi une invitation à naître à une vie nouvelle, à une communauté, à une communion, à une vie pleine et sans peur. Il serait difficile, je présume, de déterminer ce qui fait le plus peur, la mort ou la résurrection. Mais, dans la méditation, nous nous défaisons de nos peurs parce que nous prenons conscience que la mort est mort à la peur et que la résurrection est naissance à une vie nouvelle.
Chaque fois que nous nous asseyons pour méditer, nous entrons dans cet axe de mort et de résurrection. Ceci parce que, dans notre méditation, nous dépassons notre vie et toutes ses limitations pour entrer dans le mystère de Dieu. Nous découvrons, chacun d’entre nous par sa propre expérience, que le mystère de Dieu est le mystère de l’amour, de l’amour infini, de l’amour qui dissipe toute peur. Telle est la résurrection, l’accession à la pleine liberté qui se lève en nous une fois que nos propres vies, mort et résurrection sont bien présentes à l’esprit.
La méditation est le grand moyen de centrer notre vie sur la réalité éternelle qu’est Dieu, réalité éternelle qui est à découvrir dans notre cœur. La discipline de la récitation du mot de prière, la discipline du retour quotidien, matin et soir, à la méditation n’a que ce seul et suprême but : nous centrer totalement sur le Christ avec une acuité de vision qui permette de nous voir, de voir toute réalité, telle qu’elle est. Écoutons saint Paul s’adressant aux Romains (14, 7-8) :
Aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur.
John Main o.s.b., extrait de Le Chemin de la méditation, « Mort et Résurrection », Bellarmin, 2001, p. 117-119.
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