J’ai compris plus tard et je continue d’apprendre que c’est en vivant pleinement la vie terrestre qu’on parvient à croire.
Quand on a renoncé complètement à devenir quelqu’un – un saint, ou un pécheur converti, ou un homme d’Église (ce qu’on appelle une figure de prêtre), un juste ou un injuste, un malade ou un bien-portant – afin de vivre dans la multitude des tâches, des questions, des succès et des insuccès, des expériences et des perplexités – et c’est cela que j’appelle vivre dans le monde – alors on se met pleinement entre les mains de Dieu, on prend au sérieux non ses propres souffrances, mais celles de Dieu dans le monde, on veille avec le Christ à Gethsémané ; telle est, je pense, la foi, la metanoia. C’est ainsi qu’on devient un homme, un chrétien.
D. BONHOEFFER, Résistance et soumission,
La mort
Approche, fête suprême sur le chemin de l’éternelle liberté,
Mort, romps les chaînes et les murs importuns
de notre corps passager et de notre âme aveugle
pour que nous puissions voir enfin ce qu’il nous est refusé de voir ici-bas.
Liberté, nous t’avons cherchée longuement dans la discipline, l’action et la souffrance.
Mourants, nous te reconnaissons dans le visage de Dieu.
D. BONHOEFFER, Résistance et soumission,
Devant la progression des alliés, certains détenus, dont Bonhoeffer, furent conduits à Flossenbürg et c’est là que le 9 avril 1945, il sera pendu, nu, par les nazis.
La veille de ce jour, il avait dit :
« C’est la fin, pour moi c’est le début de la vie »
et nous terminerons par le témoignage du médecin du camp :
Par la porte entrebâillée d’une chambre dans le baraquement, j’ai vu, avant qu’on enlève leurs vêtements aux condamnés, le pasteur Bonhoeffer, à genoux devant son Dieu dans une intense prière. La manière parfaitement soumise et sûre d’être exaucée dont cet homme extraordinairement sympathique priait m’a profondément bouleversé. Sur le lieu de l’exécution, il a encore prié, puis il a monté courageusement les escaliers du gibet. La mort eut lieu en quelques secondes. En cinquante ans de pratique, je n’ai jamais vu mourir un homme aussi totalement abandonné entre les mains de Dieu.
BETHGE, op. cit., p. 848.
Extraits de la conférence Théologie et spiritualité de Dietrich Bonhoeffer par Louis Schweitzer
http://www.flte.fr/pdf/pdf220.pdf
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