1. L'homme a conscience d'une Puissance divine sur son existence et il organise une relation (religion) avec elle,
2. mais il l'organise spontanément selon le mode de relations humaines entre faible et puissant ;
3. le faible doit donc se faire valoir devant le puissant, agir sur (contre) le puissant pour le faire réagir favorablement. La religion devient ainsi une initiative, une action de l'homme sur Dieu en vue de provoquer une réaction de Dieu, si possible favorable et utile à l'homme ;
4. et parce que l'homme est faible et que le Puissant est exigeant, voilà que s'accumule le péché, cette action de l'homme qui provoque la réaction menaçante de Dieu. Avec le péché monte aussi la peur et l'angoissante tentative, jamais achevée, de payer pour le passé, de gonfler la valeur des sacrifices, pour pouvoir un jour, peut-être, satisfaire aux exigences du Puissant.L'homme le verrait alors sourire de satisfaction.Ainsi, spontanément, agit l'homme. Mais cette religion ne correspond pas du tout aux vues de Dieu.
La foi : Dieu fait valoir l’homme
Ce que Dieu attend de l'homme c'est qu'il accueille, qu’il ne cesse jamais d'accueillir de « reconnaître » et pour cela qu'il « se rappelle » sans cesse cette relation nouvelle, différente. C'est Dieu qui agit le premier l’homme, lui réagit, accueille et reconnaît. Ce n'est plus l'homme qui se fait valoir devant Dieu. C'est Dieu qui fait valoir l'homme, sans aucune considération pour le passé, le mérite ou le démérite de l'homme.
La foi : avec l’homme, Dieu fait valoir l’homme
Tel est l’espace nouveau que la religion humaine ne peut concevoir. Marquant une rupture totale, l’homme va prolonger vers les autres ce qu’il reçoit de Dieu, ouvrir aux autres le même espace de vie que Dieu lui ouvre. Il s’agit d’agir dans la justice, aimer avec tendresse, marcher humblement avec son Dieu. Non pas «devant», c'est-à-dire «contre» Dieu, pour triompher de ses exigences, pour ôter au Puissant toute raison d'écraser le petit. Mais « avec » Dieu. La « Justice » reçue sera identiquement une justice confiée : agir dans la justice, c'est agir honnêtement et plus encore, c'est faire vivre, libérer, aider, épanouir les autres. L'Amour reçu doit être prolongé dans la tendresse pour les autres. Et ne s'inquiétant plus du passé, d'un bilan à faire valoir ou à compenser, l'homme peut se découvrir marcheur, humble marcheur avec Dieu, sachant durer dans cette collaboration. Rejoint d'abord, l'homme ensuite marche-avec.Tout ce qui constitue la religion «objective» : les vérités, les rites, les commandements — croire, célébrer, agir — tout peut se vivre dans un contexte de religion humaine ou se convertir au contraire à la relation nouvelle de la foi : c'est une question d'esprit, de connaissance de Dieu. La foi fait tout redisposer ! La rupture établie ainsi entre le dieu que projette la religion humaine et celui qui se révèle au croyant est donc complète.
Le schéma récapitulatif suivant achève de le montrer concrètement, en même temps qu'il retient dans l'ordre logique les trois temps de l'expérience de la foi :
1. la révélation de Dieu qui fait vivre l'homme qui l'accueille ;
2. l'action de l'homme qui prolonge vers les autres la vie qu'il reçoit de Dieu ;
3. la reconnaissance par laquelle toute cette vie revient vers Dieu pour lui rendre grâce.
Extraits du livre de François Varone "Ce Dieu absent qui fait problème"
http://georgesheichelbech.blog.lemonde.fr/2011/01/06/foi-et-religion/
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