Nous lisons les saintes Écritures. Pour moi, l’Évangile est le corps du Christ et les saintes Écritures, son enseignement. Et quand il dit : Qui ne mange ma chair et ne boit mon sang (Jn 6, 53-54), on peut y voir le sacrement de l’eucharistie, mais à dire vrai le corps du Christ et son sang, c’est la parole des Écritures, c’est l’enseignement de Dieu.
Quand nous allons communier au sacrement – les fidèles le savent –, si une miette vient à tomber, nous risquons une grande perte. Or quand nous entendons la parole de Dieu, que la parole de Dieu et la chair du Christ et son sang entrent dans nos oreilles, et que nous pensons à autre chose, que ne risquons-nous pas de perdre !
Il te rassasie de fleur de froment (Ps 147, 14). La parole divine est nourrissante entre toutes, il y a en elle tous les délices. Il naît de la parole divine tout ce que tu veux – c’est ce que racontent les Juifs : quand ils mangeaient la manne (Ex 16), dans la bouche de chacun elle avait la saveur qu’il voulait.
Par exemple, si en mangeant la manne on désirait une pomme, une poire, du raisin, du pain, de la viande, la manne prenait la saveur et la qualité voulues.
Il en va de même de la chair du Christ, qui est la parole d’enseignement, c’est-à-dire l’interprétation des saintes Écritures : en elle nous recevons la nourriture que nous voulons.
Si tu es saint, tu y trouves un rafraîchissement ; si tu es pécheur, tu y trouves ton tourment.
Jérôme (Ve s.), Traité sur le psaume 147 (CCL 78, p. 337-338), trad. inédite de Guillaume Bady pour Magnificat
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