Lorsque, par un don accordé d'En-haut, je fus jugé digne de voir la Lumière incréée de la Divinité, je reconnus avec joie dans le ciel d'azur de notre « planète bleue » un symbole du rayonnement de la gloire divine.
Ce rayonnement est partout présent ; il remplit tous les abîmes de l'univers. Pourtant, il demeure à tout jamais insaisissable, inaccessible pour la créature. Le bleu est la couleur de l'au-delà, de la transcendance.
[...]
Lorsqu'elle se manifeste avec puissance, cette Lumière apporte l'humble amour, bannit tout doute et toute crainte, laisse loin derrière elle toutes les relations humaines établies, toute la pyramide des conditions sociales et des rangs hiérarchiques.
L'homme cesse alors, pour ainsi dire, d'être « quelqu'un » ; il ne se trouve pas sur la route de ses frères, ne brigue aucune place pour lui-même en ce monde.
Cette Lumière est en elle-même la vie incorruptible que traverse la paix de l'amour.
Elle fait connaître à notre esprit un autre Etre, qui échappe à toute description ; notre intellect s'immobilise, car il se trouve au-dessus de la pensée discursive par son entrée dans une nouvelle forme de vie.
[...]
Cette Lumière, inhérente au Père des lumières (voir Je 1, 17), nous régénère et même nous crée à nouveau. L'orientation de notre attention change radicalement : auparavant, elle était attirée vers la terre et les choses temporelles ; sous l'influence de la grâce, elle se fixe à l'intérieur et, de là, monte dans la sphère spirituelle de «l'invisible et de l'éternel» (voir2 Co4, 18).
Ce qui autrefois nous semblait important et même fondamental devient insignifiant pour notre esprit : richesse, pouvoir, gloire de ce monde et autres réalités de ce genre perdent tout leur attrait. Même la science, qui ne nous donne pas la connaissance la plus essentielle -celle de Dieu -, ainsi que les spéculations philosophiques, privées qu'elles sont de la vie authentique, n'apparaissent plus que comme des valeurs passagères.
Lorsque la Lumière - inviolable par nature et innommable - nous enveloppe et pénètre dans notre âme, nous sortons en quelque sorte du temps.
Cette Lumière, qui procède du Père, est lumière de l'amour et de la connaissance. Un amour et une connaissance particuliers qui, en fusionnant, deviennent un ; en fait, ils sont un dans l'éternité. L'amour unit dans l'Être même, avec l'Être même.
Voici que, demeurant en cet Être, nous le connaissons par notre union avec Lui - mais quant à formuler cela en paroles, il faut y renoncer.
L'amour nous attire si fort que notre esprit n'arrête son attention sur rien de ce qui nous arrive, bien qu'il vive au sein même de cette réalité.
Il n'y a aucun retour sur soi-même ; notre esprit est tout entier tendu dans un élan pour saisir l'Insaisissable, étreindre Celui que rien ne peut contenir, comprendre l'Inconcevable - être seulement en Lui, et ne plus rien voir d'autre."
Père Sophrony
La veille de Pâques, en 1924, juste après la communion, l’archimandrite Sophrony put contempler la Lumière incréée de Dieu : « Je la perçus comme une touche de l’éternité divine sur mon esprit. Douce, remplie de paix et d’amour, elle demeura avec moi pendant trois jours. Elle dissipa les ténèbres du néant qui se dressaient devant moi. Je ressuscitai et, en moi et avec moi, le monde entier était ressuscité. Le seul véritable esclavage est celui du péché. La seule véritable liberté, c’est la résurrection en Dieu ». Dans son ouvrage «Voir Dieu tel qu’il est», l’archimandrite Sophrony revient sur cette expérience.
Les Editions du Cerf - Coll. Le Sel de la Terre - 2004
http://www.seraphim-marc-elie.fr/
___________________________________________________________________________________________
Si vous souhaitez recevoir chaque jour un texte spirituel choisi par le diacre Marc abonnez-vous à son blogue