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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 23:37

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Chers Amis,

Lors de la création première, Dieu a déposé dans l'homme un désir unique pour l'Unique Désiré qu'il est Lui-même ; mais coupé de Dieu par la chute, l'homme cherche à satisfaire ce désir ailleurs, son désir s'atomise dans le multiple et quête dans les innombrables facettes du relatif une réponse à sa soif d'Absolu. 

Voilà pourquoi le désir est le puissant symbole de notre moi et le vrai baromètre de notre vie spirituelle. Tant qu'il n'est pas centré en Dieu seul, le désir est l'ennemi par excellence du Chemin. Il faut une extrême vigilance pour le débusquer sous toutes sortes de déguisements et le déceler derrière tous ses masques, constamment à l'affût de satisfactions obscures et de plaisirs. Lorsqu'il a perdu Dieu, l'homme éprouve un état de manque permanent.

Mais pour celui qui a compris par expérience qu'au fond de chaque désir, jusqu'au moindre, il y a en réalité le désir de Dieu, celui-là peut devenir pauvre de tout le reste. Sa conscience se tourne vers la Présence divine qui est au creux de cet élan intérieur, et non plus vers les objets de sa convoitise. Un jour il sera possédé par Dieu au lieu d'être possédé par les choses. 

A la fin il retrouve l'unique désir qui rencontre Dieu à l'intérieur de tout, même des satisfactions et des plaisirs, mais ceux-ci seront des lieux d'alliance avec Lui, non plus des prisons de l'ego. La pauvreté de cet homme peut devenir absolue. Elle se traduit concrètement par une égalité d'âme totale devant tous les résultats, toutes les réactions, toutes les circonstances : est-ce la bonne ou la mauvaise fortune, le respect ou l'insulte, la renommée ou le blâme, la victoire ou la défaite, la santé ou la maladie, les événements agréables ou pénibles... 

La seule chose qui compte pour lui c'est ce que Dieu veut ici et maintenant. Il ne veut que ce que veut Dieu à tout moment et tout ce qui lui arrive, il l'accepte indifféremment de sa main. La plus infime réaction dans son cœur face à ce qui arrive est la preuve d'une non-pauvreté et d'un attachement à la vieille nature.

L'enjeu de la pauvreté c'est d'abord de devenir libre de tout, car cette liberté est le grand signe de la personne. Quand l'homme s'éveille à elle, il naît seulement à lui-même, à son vrai mystère, son identité. C'est un immense lâcher prise; un saut dans une confiance totale où un Autre que l'ego devient le guide conducteur de tout parce que le désir repose en Lui seul.

Tout cela se dit facilement, alors que c'est le combat d'une vie... Mais le chemin peut être rapide pour quelqu'un qui en a décidé ainsi et en paye le prix. L'amateurisme dans ce domaine est une voie sans issue ! Celui qui ne s'exerce pas avec acharnement et tout le temps n'arrive à rien...

Cependant là même il faut faire très attention, car le désir unique peut cacher encore une volonté de puissance, un orgueil d'autant plus subtil qu'il est spirituel, la recherche d'un accomplissement de soi, fût-ce en Dieu ! 

Le “moi” doit disparaître: après ses attachements aux choses, il est lui-même sa propre richesse, l'auteur d'un rapport à Dieu; il est source de ce désir, tout à fait légitime à ses yeux, donc il se sent exister. Or il faut mourir à soi, totalement, sinon rien ne se passe ! Même un moi avide de Dieu est encore égocentrique, il a son autonomie indue et continue à vivre dans son royaume de désir...

Pour le désir égoïste il ne peut y avoir aucun accomplissement. La libération (le salut) ne se trouve qu'en se perdant Soi-même. Dieu ne vient en nombre avec rien, même pas mon propre moi. Tant qu'il y a un “moi” il n'y a pas de place pour un “Toi”.

Et même s'il y avait une place, elle serait de trop ! On a généralement tendance à imaginer que, si l'homme était vide du moi et de toutes choses, il y aurait alors toute la place pour que Dieu vienne l'occuper. C'est là une grande erreur, disent les Pères. Maître Eckhart par exemple a sous ce rapport une vue pénétrante de ce qu'il appelle la pauvreté vraiment authentique : la pensée même, si légère soit-elle, de faire de la place se présente comme un avoir, c'est une richesse.

Si un homme est vide de toutes choses, de toutes créatures, de lui-même et de Dieu, dit Eckhart, et si Dieu pouvait encore trouver place en lui pour agir, nous dirions : tant que cette place existe, cet homme n'est pas pauvre de la pauvreté la plus intime...

L'homme ne doit pas “ avoir” une place mais “être” lui-même la place dans laquelle Dieu agit, et cela Il aimerait le faire... C'est ici, dans cette pauvreté, que l'homme recouvre l'être éternel qu'il fut, qu'il est et qu'il sera à jamais.

On doit donc ne posséder et ne conserver absolument rien, pas même un moi permettant de recevoir la visitation de Dieu, pas même une absence de moi, encore objet possible de fierté ! La similitude entre Dieu et l'homme alors est totale: l'homme est un avec Dieu, identifié avec Dieu, et désormais il ne connaît plus rien d'un moi séparé. Il a trouvé son véritable moi parce qu'il est perdu en Dieu (voir à ce sujet Le chemin n° 20, “ La Vie en Christ ”, p. 23).

Bon carême

Avec toute notre affection, à bientôt !

 

Père Alphonse et Rachel

http://www.centrebethanie.org

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