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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 22:54

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Photo montage Aurore

Chers Amis,

L’instrument par excellence pour nous exercer à la nouvelle vie, c’est la louange, l’action de grâce. Elle est l’exercice même de la pure gratuité et nous introduit donc dans la dimension non-conditionnée, c’est-à-dire divine. Vivre, c’est louer Dieu, et seulement celui qui loue Dieu vit pleinement. Ce n’est pas le shéol qui te loue, ni la mort qui te célèbre, dit Isaïe le prophète, ils n’espèrent plus en ta fidélité, ceux qui descendent dans la fosse. Le vivant, le vivant lui seul te loue. (38, 18-19)

Ce thème est la trame de fond de toute la Bible, que le Christ portera à son accomplissement par sa résurrection même. Il est le béni du Père, l’essence de son être est action de grâces. Par sa parole et sa vie, Il nous montre que là est le Chemin d’une vie en plénitude pour nous aussi, une vie qui ne connaîtra plus la mort. Les Apôtres en font le cœur de leur message, c’est pourquoi il est une « Bonne Nouvelle », saint Paul en remplit ses épîtres : Rendez grâces en tous temps et en tous lieux…Soyez toujours joyeux (1Th 5,16), et saint Pierre en fait à proprement parler la vocation de tout homme : Bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés ! (1P 3,9). Déjà le juif pieux portait en germe cette vie de ressuscité : Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse en ma bouche ! (Ps 34,2).

En communiant au corps et au sang du Christ dans l’Eucharistie, nous devenons à notre tour par essence des êtres d’action de grâces et sommes transformés en une pure louange de gloire (Eph 1,12). Ici est le fondement d’une vie totalement nouvelle, d’un être nouveau. Ainsi toute mon existence peut devenir pascale : par l’action de grâces incessante, je transforme de moment en moment la vie en Vie, les ténèbres en Lumière ; des situations de mort jaillissent la vie, comme à l’Eucharistie : le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ ressuscité.

Si le Christ a dit, après l’institution de l’Eucharistie : Faites ceci en mémoire de moi, c’est qu’Il se rend vraiment présent par l’action de grâces, et cela non seulement dans la célébration, mais dans toute la vie, en tant que manière d’être. Nous l’avons dit : Le Christ est notre Pâques et Il est venu pour nous apprendre à vivre pascalement, en nous unissant à Lui. La Pâques, c’est la mort et la vie en une seule réalité. Le Christ n’écarte pas la mort pour la remplacer par la vie, Il transforme la mort elle-même en vie.

C’est pourquoi, mourir, pour Lui, est une « gloire » (Jn 17,1). Et lorsque nous faisons nôtre ce message, quand nous rendons gloire à Dieu par l’action de grâces, le pendule de mon horloge ne me dit plus à chaque battement : « Tu meurs… ! », mais « Tu ressuscites… ! »

Dans cette lente alchimie de mon être, ce qui tombe et meurt, c’est le « petit moi », l’ego, comme le cocon d’une chrysalide tombe pour permettre au papillon d’accéder à la vie. Même si la chrysalide se tord dans ses souffrances, il s’agit d’un processus de vie et de joie. Ainsi, quand nous nous exerçons à la joie et que nous rendons grâces « en tous temps et en tous lieux », c’est-à-dire même quand cela va mal, notre ego meurt. Cette joie est un grand acte, c’est l’acte le plus élevé du détachement de soi, le plus opposé à l’égoïsme et, simultanément, un acte créateur.

L’ego meurt si nous sommes vraiment heureux, car il n’existe qu’en se plaignant, qu’en étant contre, toujours replié sur lui-même, marinant dans ses problèmes. Si notre ego résiste tellement à la gratitude, c’est parce que celle-ci l’oblige à disparaître. Là où est Dieu, là est la Joie, car Dieu est la Joie en Personne. C’est pourquoi, Jésus a pu dire : Celui qui veut me suivre, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Etre heureux ou être en Christ est la même réalité, mais cette joie d’être en Christ signifie la crucifixion de l’ego ou du mental.

De là, en même temps, l’acte créateur le plus élevé, car Dieu est la plus haute possibilité de l’homme, et la béatitude en est l’expression qui ne trompe personne : c’est par elle que l’homme ressemble à Dieu. Ainsi, faire de sa vie une Pâque incessante, c’est rendre grâces en tous temps et en tous lieux, c’est-à-dire mourir et ressusciter inséparablement ici et maintenant. C’est pourquoi, comme disait Maurice Zundel, l’authenticité d’une vie spirituelle se mesure au degré de joie qui l’habite !

Cela est si vrai que l’austère théologien qui a le plus marqué tout l’Occident depuis le 13ème siècle, saint Thomas d’Aquin, affirme sans ambages : Il n’y a pas de progrès spirituel sans la joie. Rien n’est évidemment plus cohérent avec l’approfondissement du mystère pascal au quotidien. Plus on ressent de la gratitude en son cœur, plus on se rapproche de Dieu. Cela explique le fait bien connu par toutes les Traditions, que les sages sont des gens heureux comme des enfants et qu’un saint triste est un triste saint ! Si j’ai la plénitude du Christ ressuscité au fond de moi, la tristesse est un blasphème et une trahison, la joie, elle : ma plus grande responsabilité et mon seul devoir (P. Claudel).

Avec toute notre affection, à bientôt !

Père Alphonse et Rachel

animateurs du centre spirituel Béthanie
http://www.centre-bethanie.org

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