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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 13:18

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Gorze, décembre 2012


Chers Amis,

Aux époques de crise et de hautes turbulences comme nous en traversons, il est vital de retrouver la genèse première des choses pour se laisser illuminer par l’essence des “ pourquoi ” et s’enraciner dans le centre du cyclone. Ancré dans l’éternité immuable on ne se laisse plus impressionner par les vicissitudes de l’histoire, même si on est ahuri à juste titre d’y voir nié des pans entiers de l’Ecriture Sainte...

L'amour est la voie même de la sainteté, car Dieu seul est Amour et Lui seul est Saint. Quand un homme et une femme s'aiment et que cet amour aimante toute leur vie, c'est Dieu Lui-même qu'ils se communiquent et par là ils se sanctifient. "En Lui", les deux communient et deviennent un, parce qu'en réalité ils sont trois : "à l'Image de Dieu" car Dieu est un en trois Personnes, et Il se réfléchit, comme un miroir se réfléchit, en créant l'homme et la femme.

Cette prise de conscience du couple, toujours renouvelée et sans cesse approfondie, est le tout du Chemin : leur Amour c'est Quelqu'un ! Vivre à deux est la garantie de l'échec... La véritable icône du couple, son modèle unique, c'est la Divine Trinité. Vivre à deux n'est possible qu'en entrant toujours davantage dans la circulation d'Amour des trois Personnes Divines. S'en écarter, c'est mourir d'inanition, par le vide ; s'en approcher, c'est guérir de toutes les blessures et croître vers l'inouï.

Il est important pour un couple de contempler longuement le mystère trinitaire, de s'en laisser imprégner jusqu'à la moelle et qu'il devienne une expérience consciente et réellement ressentie dans la relation. C'est un esprit à acquérir, "l'atmosphère" que respirent deux êtres qui s'aiment.

En créant le couple "à son Image", Dieu inclut donc d'emblée l'Homme dans ce mouvement circulaire d'Amour. Vivre d'amour, c'est laisser cet amour trinitaire s'incarner en nous, devenir notre chair et notre sang et s'exprimer à travers nos mœurs. Là est le lieu de notre naissance, de notre Chemin en tant que naissance de soi. Car l'Image de Dieu en nous doit s'accomplir par la Ressemblance à Lui, le "programme" doit devenir réalité, comme le gland devient un chêne. Cette naissance, c'est l'avènement de la personne, le passage de la nature humaine, du composé biopsychologique commun à tous, à ce qui est unique en nous, le mystère de notre être, notre identité.

La première étape de cette Alliance, c'est bien sûr la création elle-même, acte d'amour de Dieu qui pose le passage du non-être à l'être. Le signe du commencement c'est l'Arbre de Vie qui trace le Chemin de l'inaccompli vers l'accompli, de l'Image vers la Ressemblance, par la réalisation de la clause donnée par Dieu : "Tu fais ma volonté, moi je ferai la tienne". L'Alliance est d'abord et toujours un échange de foi, c'est-à-dire un échange de volontés, un accord réciproque.

Or la volonté de l'homme, c'est d'être heureux : il ne cherche et ne veut que cela ! Durant toute l'histoire de l'Alliance, Dieu communiquera donc à l'homme le véritable bonheur et l'homme Lui fera un crédit total pour cela : Ma joie, dit Dieu, c'est ton bonheur (Dt 30, 9).

A cet effet, Dieu sépare l'Homme en homme et femme, car l'Homme seul n'est pas heureux (Gn 2, 18). Puis, littéralement traduit : Dieu façonne la femme tirée du côté de l'Homme et la planta en vis-à-vis de l'homme (Gn 2, 22).

Le premier bonheur incommensurable de l'Homme, c'est la conscience d'être, d'être soi, dans l'expérience jamais achevée du mystère de l'identité personnelle et unique. Cela n'est d'abord possible que dans la séparation et la différence. La fusion mène à la confusion et à la mort.

C'est dans le vis-à-vis de l'homme et de la femme que les deux sont "plantés" dans la différence. L'autre est le tout-autre, le jamais vu, l'inédit radical au sein de l'histoire.

Pendant le temps des fiançailles et parfois encore bien après, c'est la fusion. Etape importante mais seulement préliminaire. Quand on ne veut pas en sortir l'amour meurt, car il cueille le "Fruit", comme Adam et Eve, sans avoir fait le Chemin. Dans le "coup de foudre", les fiancés font l'expérience de l'Amour comme d'une Réalité éblouissante et achevée, mais celle-ci n'est qu'une promesse à conquérir par le long périple de l'ascèse.

Cette foudre d'émerveillement tombe sur Adam quand, dans le premier vis-à-vis avec Eve, il s'écrie : Ah! Voilà celle qui est l'os de mes os, la chair de ma chair ! (Gn 2,23). Par ce cri de joie, le vis-à-vis de la séparation et de la distance indispensables devient un face-à-face où l'apprivoisement s'avère possible et ouvre le Chemin. L'amour, tout au long du Chemin, aura toujours ses racines dans ce cri primitif où il s'origine. Celui qui s'enthousiasme et s'émerveille est sur le chemin des grandes découvertes (M. Zundel). Cela, parce que l'émerveillement à la fois pose la différence radicale et contient la grâce de la connaissance la plus intérieure. Celui qui s'émerveille voit ce que personne ne voit ; soudain libéré de lui-même pour un instant, dépossédé de tout, il contemple par son amour émerveillé sur la face de l'autre l'icône des profondeurs invisibles. Là il s'abreuve aux sources de la personne et de toute Beauté. L'amant qui s'est laissé brûler une fois en ces sommets intérieurs y descendra souvent, face à face, visage contre visage avec sa bien-aimée, où le baiser créateur se perpétue dans l'engendrement mutuel. Cette joie est le vrai critère de la vie et de l'amour.

Avec toute notre affection, à bientôt !

Père Alphonse et Rachel

 

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