L'Occident me paraît avoir été très influencé par la théologie de la Rédemption, développée par Anselme de Canterbury au XIe siècle. Il considérait que le péché originel était une offense d'une portée infinie puisqu'elle était faite à Dieu. Il fallait donc les souffrances d'un Dieu incarné pour la réparer.
Ces idées ont conduit l'Occident à développer tout un culte des mérites et des souffrances du Christ, qui auraient changé les humeurs du Père et nous L'auraient rendu à nouveau favorable.
L'Orient n'a jamais défendu cette thèse. Il a gardé, notamment dans sa liturgie et chez les Pères de l'Église (ceux de l'Église de Rome ne sont pas différents à cet égard), cette vision très simple selon laquelle réparer le péché reste secondaire.
Il s'agit pour Dieu de réaliser son plan, qui est de déifier l'homme. Dieu s'est fait homme pour que l'homme puisse devenir Dieu. L'Orient n'ignore pas le mystère de la croix, à savoir que Dieu incarné descend dans l'abîme du mal et de l'enfer pour tout remplir de sa lumière.
Mais c'est cette lumière qui constitue l'essentiel. Aujourd'hui en Occident, la conception d'Anselme est abandonnée. La sensibilité populaire est cependant restée profondément marquée par toute cette histoire de souffrances nécessaires à la réparation.
Il y a là, je crois, quelque chose de grave et de très important. L'Occident a eu tendance a oublier l'ouverture sur la déification. Cette possibilité existe pourtant.
En Christ s'ouvre l'ère du Saint-Esprit. Son but est de transformer l'homme, de le pénétrer totalement par la lumière divine, de le transfigurer et de l'aider à devenir un homme qui va transfigurer le monde.
Olivier Clément
Extrait d'une interview d'Alain Valade et >Jean Puy pour "Nouvelles Clés"
http://www.cles.com/debats-entretiens/article/orthodoxie-le-mystere-de-la-personne/page/0/5
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