La Toussaint est la fête de tous ceux qui sont entrés dans l’amour éternel de Dieu. Nous en ignorons les noms et le nombre : Dieu seul les connaît. En eux, c’est l’Église parvenue à son aboutissement, c’est-à-dire la sainteté. Celle-ci n’est pas un horizon vague, mais un appel pour nous qui sommes encore en chemin.
Dans la lettre qu’il a écrite Au début du nouveau millénaire (1), le pape Jean-Paul II écrivait : « Je n’hésite pas à dire que la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté » (n° 30). Plus loin, il ajoute que la sainteté est à comprendre « au sens fondamental d’appartenance à celui qui est par excellence le Saint, le trois fois Saint ».
Ce don de la sainteté est offert à chaque baptisé, mais il se traduit en une tâche qui incombe à chacun.
En effet, un texte du concile Vatican II précise bien que « tous les fidèles du Christ, quel que soit leur état ou leur rang, sont appelés à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité » (Lumen gentium, n° 40).
Ainsi, la vocation chrétienne ne consiste pas à nous contenter d’un minimum !
La foi, prise dans toutes ses dimensions, est une rencontre de Dieu qui appelle à vouloir ressembler au Christ Jésus. Avancer sur le chemin de sainteté, c’est laisser agir en nous le don que Dieu nous a fait depuis notre baptême. Il est vrai que la faiblesse humaine est toujours présente et que le péché fait son œuvre. Mais si l’on tombe des milliers de fois, la grâce de Dieu nous remet debout.
La sainteté, c’est la réussite du projet de Dieu ! Dieu nous a fait à son image et le but de toute vie chrétienne est de se laisser transformer pour que se réalise cette ressemblance.
Si le texte des Béatitudes nous semble souvent impossible à mettre en œuvre, ce qui est vrai si nous sommes réduits à nos seules forces, il importe de voir comment Jésus l’a réalisé. Il résume en effet le comportement de Jésus tel que les Évangiles le présentent.
Dans notre route vers la sainteté, nous ne sommes pas seuls. Nous sommes entourés d’une foule de témoins qui prient pour nous. Ils sont arrivés au terme de leur chemin et ils nous attendent. Ils intercèdent auprès de Dieu pour que nous n’arrêtions pas notre marche.
Le projet de la nouvelle évangélisation concerne chacun des baptisés. Il n’est pas question d’imaginer une entreprise extraordinaire pour laquelle des capacités exceptionnelles seraient nécessaires.
À plusieurs reprises, ces derniers temps, le pape François a cité une parole de saint François d’Assise disant à ses frères : « Prêchez toujours l’Évangile et, si c’est nécessaire, aussi par les paroles. »
La pédagogie de la sainteté qui est proposée par l’Église, à la suite des témoins du Christ que sont les saints, peut se résumer en quelques lignes.
Elle implique d’abord de chercher à vivre une relation habituelle et familière avec le Christ. En un mot, il s’agit de prendre conscience qu’il demeure en nous et de demeurer en lui.
Cette intimité est entretenue par la prière et la lecture fréquente des Saintes Écritures. C’est parce que nous ressentons en nous le feu de son amour qu’il devient possible, comme par rayonnement, de réchauffer le cœur des autres.
La prière chrétienne demande donc de savoir persévérer et d’apprendre à se laisser regarder par le Christ.
Il convient ensuite, à la manière du Christ, de sortir de soi pour aller vers les autres, tout spécialement ceux qui sont en situation de souffrance ou de fragilité. C’est dans la mesure où le Christ se trouve au centre de la vie chrétienne que l’on devient capable, comme lui, de donner sa vie et de se tourner vers le service désintéressé de ceux que le Seigneur met sur notre route.
On a souvent fait remarquer que le texte des Béatitudes ne met pas en avant des gestes religieux, mais des attitudes de vie qui concernent les relations avec les autres. C’est là, en effet, que se vérifie la qualité de la relation à Dieu.
Enfin, Jésus nous redit qu’avant tout, c’est la grâce de Dieu qui agit !
Certes, il nous demande d’agir, mais avec la conviction que notre action est une réponse à l’action de Dieu qui est première.
Sans cesse, Dieu nous devance. Voilà pourquoi la route de la sainteté est d’abord celle de la confiance répétée à celui qui veut notre bonheur.
J’aimerais citer ces quelques lignes du testament spirituel d’un prêtre : « J’aurais voulu venir à toi, Seigneur, le cœur débordant d’amour. J’avais rêvé de servir et d’aimer mes frères d’un amour gratuit, comme toi. J’ai l’impression que c’est complètement raté. Je viens à toi les mains vides et le cœur vide. Et je n’ai rien à te donner ! Mais toi, tu donnes tout, tu te donnes. Alors je viens à toi dans la confiance et la paix. Merci Seigneur. »
N’est-ce pas le vrai chemin vers le bonheur du ciel ?
(1) Janvier 2001.
Mgr Pierre-Marie Carré Archevêque de Montpellier
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