Le Rêve de la Vierge de Michele di Matteo. Vers 1440, bois, 60 x 81 cm, Pesaro, Musei Civici.
Le Lignum Vitae (Arbre de vie), court traité mystique écrit par saint Bonaventure en 1260 et composé de quarante-huit méditations, eut une influence certaine sur l'iconographie religieuse de la fin du Moyen Âge. Le grand théologien y décrit un arbre symbolique dont la branche basse représente l'origine du Sauveur, les branches moyennes sa Passion, et les plus hautes sa glorification.
C'est la première grande expression littéraire de la dévotion franciscaine à l'humanité du Christ.
Le but est d'amener le lecteur à participer au mystère pascal de la mort et de la résurrection.
L'ancienne tradition réactualisée
À partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, ces méditations spirituelles de saint Bonaventure réactualisent l'ancienne tradition selon laquelle le bois de la croix de Jésus provient de l'Arbre du Bien et du Mal qui donna lieu au péché originel.
C'est ce que donne à voir ce panneau de Michele di Matteo, Le Rêve de la Vierge , en une image qui synthétise l'histoire chrétienne du Salut par la juxtaposition de ses deux phases essentielles, la Chute et la Rédemption.
Le peintre nous montre le péché originel : Adam et Ève s'apprêtent à consommer le fruit défendu, sur le conseil du serpent enroulé au tronc de l'arbre. Mais Jésus est crucifié sur les branches de cet arbre : on ne pouvait mieux figurer l'idée selon laquelle la croix provient de l'Arbre du Bien et du Mal.
Le péché racheté
Tout ceci se déroule sous les yeux clos de Marie allongée sur un lit, ce qui veut dire que ça se déroule dans son rêve. Marie, à une période de sa vie que le tableau ne nous laisse pas deviner (est-elle déjà annoncée ? Déjà mère ?), a la vision de la mission qui sera accomplie par son Fils, et donc de sa propre mission à elle. L'image illustre parfaitement l'idée selon laquelle Marie est la nouvelle Ève, et Jésus, le nouvel Adam, qui « renversent » l'ordre du monde instauré par la Chute, en « rachetant » le péché commis par les premiers aïeux du genre humain. Le fond d'or, expression matérielle de la lumière divine, situe la scène sur un plan théologique, hors du temps, de l'espace et de tout contexte historique.
Manuel Jover, journaliste
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