Le Sauveur répond au diable : « Ce n'est pas de pain seulement que vit l'homme, mais de toute parole de Dieu ».[...]
Adam a perdu le Paradis à cause de la nourriture, Ésaü a perdu son droit d'aînesse pour un plat de lentilles, et Judas a renoncé à son rang d'apôtre pour une bouchée : car, au moment où il a pris une bouchée, il a cessé d'être un apôtre pour devenir un traître...
La nourriture qu'il nous faut prendre est celle qui ouvre la route au Sauveur, non au diable, celle qui transforme celui qui l'absorbe en confesseur de la foi et non en traître.
Le Seigneur a raison de dire, en ce temps de jeûne, que c'est le Verbe de Dieu qui nourrit, pour nous enseigner que nous ne devons pas passer nos jeûnes en soucis de ce monde, mais à la lecture des textes sacrés.
En effet, celui qui se nourrit de l'Écriture oublie la faim du corps ; celui qui s'alimente du Verbe céleste oublie la faim.
Voilà bien la nourriture qui alimente l'âme et apaise l'affamé...: elle confère la vie éternelle et éloigne de nous les pièges de la tentation du diable. Cette lecture des textes sacrés est vie, comme l'atteste le Seigneur : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie » (Jn 6,63).
Saint Maxime de Turin (?-v. 420), évêque
Sermon 16 ; PL 57, 561, CC Sermon 51, p. 206 (trad. Migne 1996, p. 85 rev.)