Bâyazid, une nuit sorti de la cité,
s'étonna de trouver la création muette.
La lune ce soir-là illuminait le monde
et ses rayons faisaient la nuit pareille au jour.
Le ciel était orné de la splendeur des astres,
dont chacun va suivant des desseins différents.
Le cheikh eut beau marcher à travers la campagne,
il ne vit dans la plaine nul être s'émouvoir.
Un trouble immense alors s'éleva dans son âme,
«Seigneur, s'écria-t-il, mon coeur est en émoi,
Quand ton trône apparait en pleine majesté,
de ne lui voir ici aucun adorateur.»
Une voix répondit: «Voyageur incertain,
le Roi ne donne pas audience à tout le monde.
Cette porte devait être trop haute pour que
le premier mendiant y pût venir frapper.
Si les intimes sont de grâce illuminés,
les insouciants qui dorment sont rejetés au loin.
Il faut que des années entières une foule
patiente pour qu'un seul soit élu entre mille.»
Poème de Attâr
in Anthologie de la Poésie Persane
http://fr.wikipedia.org/wiki/Farid_Al-Din_Attar
Bâyazid: célèbre mystique qui vécut au IXème siècle au Khorassam
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