Dans un premier temps, il nous faut transpirer en faisant de bonnes œuvres, pour nous reposer ensuite dans la paix de notre conscience... C'est la célébration joyeuse d'un premier sabbat où l'on se repose des œuvres serviles du monde...et où l'on ne transporte plus les fardeaux des passions.
Mais on peut quitter la chambre intime où on a célébré ce premier sabbat et on peut rejoindre l'auberge de son cœur, là où on a coutume de « se réjouir avec ceux qui sont dans la joie, de pleurer avec ceux qui pleurent » (Rm 12,15), « d'être faible avec ceux qui sont faibles, de brûler avec ceux qui sont scandalisés » (2Co 11,29).
Là on sentira son âme unie à celle de tous ses frères par le ciment de la charité ; on n'y est plus troublé par les aiguillons de la jalousie, brûlé par le feu de la colère, blessé par les flèches des soupçons ; on est libéré des morsures dévorantes de la tristesse.
Si on attire tous les hommes dans le giron pacifié de son esprit, où tous sont étreints, réchauffés par une douce affection et où l'on n'est plus avec eux « qu'un cœur et qu'une âme » (Ac 4,32), alors, en savourant cette merveilleuse douceur, le tumulte des convoitises fait aussitôt silence, le vacarme des passions s'apaise, et à l'intérieur s'opère un total détachement de toutes choses nuisibles, un repos joyeux et paisible dans la douceur de l'amour fraternel.
Dans la quiétude de ce deuxième sabbat la charité fraternelle ne laisse plus subsister aucun vice...
Imprégné de la douceur paisible de ce sabbat, David a éclaté en un chant de jubilation : « Voyez comme il est bon, comme il est doux d'habiter en frères tous ensemble » (Ps 132,1).
Aelred de Rielvaux (1110-1167), moine cistercien
Le Miroir de la charité, III, 3,4 (trad. cf. Brésard, 2000 ans B, p. 80 et Bellefontaine 1992, p. 186)