La pédagogie de Dieu fait Homme commence dans l’humilité et la fragilité de la crèche…
La nuit de Noël est une nuit étonnante. Dieu se fait homme, non en Superman musclé, bronzé et aux allures avantageuses. On se souvient pourtant des dieux antiques, puissants et terribles.
Non ! C’est un bébé qui naît dans un lieu pauvre, et il n’y a pas un chat pour l’acclamer, ni CNN ni chef d’État. Juste des marginaux mal vus, des bergers…
C’est un bébé fragile qui vient s’offrir au monde et pourtant tout est renversé en cette nuit.
C’est un Dieu qui sera plus tard obligé de se réfugier en Égypte, il obéira à ses parents, il se laissera baptiser, il lavera les pieds, il dira « heureux les pauvres », il se liera d’amitié avec des gens à la réputation douteuse…
La nuit de Noël nous invite à renverser toutes nos valeurs mondaines. Un Dieu soi-disant tout-puissant se rend vulnérable et devient comme nous ! Dieu veut se faire proche et, en se faisant proche, Il se limite pour que l’homme s’illimite.
Il est clair maintenant qu’Il a renoncé à Sa puissance pour respecter notre liberté, que le Logos a quitté la droite du Père pour s’incliner vers nous et mendier notre libre amour. Quelle leçon en tirer pour nous ?
Le temps de ma vie est le point d’intersection entre l’horizontalité de mon existence et la Présence divine. C’est précisément ce que nous célébrons à Noël. En somme, chaque instant de ma vie est Noël si j’ai la conscience, c’est-à-dire l’ouverture du cœur, pour y être attentif. C’est la vigilance, composante essentielle de la vie chrétienne.
Le Nouvel Âge aime parler de nouveau paradigme. Le voilà, il est couché dans une mangeoire au fond d’une grotte. « Ô quelle vision : un enfant plus ancien que le monde », chante saint Éphrem le Syrien…
Ai-je de la place dans mon hôtellerie pour la Présence divine ou suis-je complet, trop occupé ? La grandeur de l’homme est dans cette béance que l’on passe notre vie à remplir de pensées, d’actions, d’objets. On en a peur. Pourtant : « Élargis l’espace de ta tente et je raffermirai tes pas », nous promet le psalmiste.
Il nous faut nous inspirer de Jean Baptiste, être comme des héliotropes, tournés vers le soleil. Quand Jésus apparaît, Jean Baptiste s’efface et ses disciples le quittent. Cette attitude de réceptivité nous fait devenir nous-mêmes. En effet, nous ne trouvons notre identité véritable que lorsque nous nous recevons de l’identité de Dieu.
La naissance fragile du Christ me parle de son amour sans limites. Ma vocation est de répondre à cet amour-là. Et lorsque ma réponse n’est pas totale, mon identité est fragilisée, car incomplète.
Le péché est un manque d’excellence. Nous sommes appelés à l’excellence de l’amour sans limites, appelés à devenir poreux, transparents à la Toute-Puissance. Nous avons vocation à évoluer, à être des passants, de commencement en commencement.
Un rabbin à qui l’on demandait : « Pourquoi le Messie ne vient-il pas ? » répondait : « Parce que nous sommes aujourd’hui comme hier » !
L’inconfort de la maladie m’accule à ne pas trop stagner dans le jour précédent. Je suis constamment mis au défi d’accepter ce qui m’arrive.
Mais je sens bien que fondamentalement je suis encore « trop comme hier ».
Extrait du livre "Quand je suis faible, je suis fort" co-écrit par Thierry Verhelst et Anne Ducrocq Editions Bayard à paraitre le 13 mars.
http://memoire-thierry-verhelst.over-blog.com/
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