Jésus te donnait un nom de tendresse.
Il murmurait les premières syllabes
de l'enfant qui tend les bras vers son Père :
"Abba" ... "Abba" ...
Aujourd'hui dans notre français,
faudrait-il t'appeler "Papa"?
Aucun traducteur ne l'a jamais osé.
On continue de te dire : "Père",
avec une réserve qui semble creuser la distance.
Les mots sont pétris d'attitudes et de regards.
Quand Jésus balbutiait : "Papa",
il inventait un coeur à coeur,
une liberté, une joie inconnue.
Le rapport des hommes avec toi se transformait soudain.
Nous n'avons pas été capables de continuer le chemin
en fredonnant "papa".
Nous en sommes toujours aux raideurs et aux politesses.
Dis, faut-il se risquer aux jours de soleil,
aux heures laborieuses, aux nuits de tristesses,
à chuchoter :
"Papa"?
GB in Fêtes et Saisons N°456