1 juillet 2014
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22:25
Dans une minute pénible de la vie
Si la tristesse emplit le cœur,
Je récite sans cesse par cœur
Une invocation miraculeuse.
Il y a une volonté bienfaisante
Dans la musique des mots vivants,
Et en eux respire
Un délice inconnu, sacré.
Et l'âme se libère de son fardeau,
Le doute est lointain
Et il est facile d’avoir confiance, et de pleurer,
Et je me sens si léger, si léger...
Lermontov
Dans ces paroles belles et simples du grand poète, est décrit ce qui arrive à beaucoup de gens pendant la prière. On récite les paroles de la prière, peut-être familières depuis l'enfance, et tout à coup on ressent une sorte d'illumination, d’éclair, et [viennent] les larmes. Dans le langage de l'église, cette condition est appelée componction. C'est une condition qui est parfois donnée au cours de la prière, où l'on sent la présence de Dieu plus que d'habitude. C'est un état d'esprit, où la grâce de Dieu touche directement le cœur.
Rappelons le passage du livre autobiographique d'Ivan Bounine, La vie d'Arseniev, dans lequel Bounine décrit ses années d'adolescence et comment, alors qu'il était encore écolier, il a assisté à des offices divins dans l'église paroissiale de l’Exaltation de la Croix du Seigneur. Il décrit le début de l’agrypnie, dans la pénombre de l'église, où il y a très peu de gens:
"Comme tout cela me touche! Je suis encore un enfant, un adolescent, mais cependant, je suis né doté du sens de tout cela, et au cours des dernières années, j'ai tant de fois traversé cette attente, ce silence tendu qui précède l’office, tant de fois entendu les exclamations et le «Amen» qui les suit et les noie, devinant sans faille à l'avance chaque parole de l’office, donne maintenant une double réponse à tout, intensifié par son attente.
"Gloire à la sainte et consubstantielle... " j'entends la voix familière agréable venant légèrement de l'autel, et pour le reste de l’office je me tiens comme ensorcelé. "Venez, adorons Dieu notre Roi! Venez adorons... " "Bénis le Seigneur, ô mon âme," j'entends tout cela, tandis que le prêtre, précédé par le diacre avec un cierge, marche tranquillement dans l'église, la remplissant en silence de bouffées d'odeur d'encens, et s’inclinant devant les icônes; et les larmes obscurcissent mes yeux, car je sais déjà avec certitude qu'il n’y a, et peut être il ne peut y avoir, rien de plus beau ou plus élevé sur terre que tout cela.
Et ainsi continue à couler le saint mystère. Les Portes Royales sont fermées et ouvertes en alternance, symbolisant maintenant notre expulsion du Paradis que nous avons perdu, et maintenant la nouvelle contemplation de celui-ci; de merveilleuses prières de lumière sont récitées, donnant libre cours à notre conscience douloureuse de notre faiblesse terrestre, notre impuissance et notre empressement à être conduits sur le chemin de Dieu.
Et Bounine écrit qu'il a pu visiter de nombreuses églises occidentales où il y avait des orgues, qu'il est allé dans les cathédrales gothiques, mais qu'il "n'a jamais pleuré dans les cathédrales comme [il l’a fait] dans la petite église de l'Exaltation de la Croix, en ces soirées sombres et solitaires."
Ce n’est pas seulement aux grands poètes et écrivains de pouvoir décrire les effets pleins de grâce qui sont liés à la visite d'une église. Tout le monde peut en faire l'expérience. Il est très important que notre âme soit ouverte à de tels sentiments, de sorte que, en entrant dans l'église, nous soyons prêts à recevoir la Grâce de Dieu dans la mesure où elle nous est donnée.
Si un état rempli de grâce ne vient pas à nous, et que nous ne sommes pas gagnés par la componction, nous ne devrions pas nous inquiéter. Cela signifie que notre âme n'est pas mûre pour la componction.
Mais les minutes de cette illumination sont un signe que notre prière n'est pas stérile. Elles témoignent du fait que Dieu répond à nos prières et que la grâce de Dieu touche nos cœurs.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
PRAVMIR
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