15 janvier 2010
5
15
/01
/janvier
/2010
00:01
Ignace d'Antioche disait : « Aie le souci de l' unité ! »
À la fin de ce mois, du 18 au 25 janvier, les Eglises célébreront la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens. C'est l'occasion pour moi de revenir sur une figure importante de l'histoire de l'Église : l'évêque Ignace d'Antioche, qui a subi le martyre pour sa foi chrétienne, à Rome, sous l'empereur Trajan autour de l'an 110.
Nous ne possédons que peu de témoignages directs de lui : seules sept émouvantes lettres à des Églises nous sont parvenues, qu'Ignace a rédigées au cours du voyage qui le menait de la Syrie, son siège épiscopal, à la capitale de l'Empire, où il connut une mort cruelle sous les dents des bêtes féroces. Ignace d'Antioche, enchaîné et en route vers le martyre, a écrit que « ce n'est pas une oeuvre de persuasion que le christianisme, mais une œuvre de grandeur. »
Le christianisme ne s'affirme pas par son éloquence ou par des paroles qui en prendraient la défense, mais il se manifeste à travers la grandeur d'âme ; il se manifeste, oserai-je dire, par la beauté des gestes. Oui, le chrétien est appelé à mener une vie belle, où ce terme désigne avant tout la qualité des relations tant avec Dieu qu'avec les hommes et les femmes, avec les réalités de la terre et toutes les créatures : la foi, en effet, implique les relations !
C'est dans ce cadre qu'il faut situer la passion d'Ignace d'Antioche pour l'unité de l'Église. Pour lui, cette unité passe d'abord, au sein de chaque communauté locale, par l'évêque qui est le garant de la communion. Ignace écrit ainsi aux chrétiens d'Éphèse : « Quel n'est pas votre bonheur d'être unis à votre évêque comme l'Église l'est à Jésus-Christ et Jésus-Christ à son Père, afin que toutes choses soient en accord dans l'unité. » La communauté chrétienne, qui se rassemble « devant cet autel unique qu'est le seul Jésus-Christ », ne s'exprime dès lors que par « une seule prière, une seule supplication, un seul esprit, une seule espérance, dans la charité, dans la joie toute pure : tout cela c'est Jésus-Christ. »
Lorsque Ignace d'Antioche lance cet appel : « Soyez tous unis, d'un cœur que la division n'entame pas ! », il le fait en sachant que cette communion se fonde en premier lieu sur le mystère éternel de la communion qui est la vie même du Dieu trinitaire. Mais Ignace d'Antioche est certain également que cette communion, en tant que chrétiens, nous avons tous part dans le corps du Christ, dans le sang du Christ. En d'autres termes, la vie du chrétien et de l'Église doit tout naturellement se distinguer par la communion ; cette dernière n'est pas une option, ni une découverte récente de la théologie, mais une réalité constitutive de l'Église !
Assurément l'unité des chrétiens entre eux et avec Dieu sera toujours fragile, continuellement mise à l'épreuve et souvent même contredite. Cette communion tendra à la plénitude, mais elle ne sera jamais pleine, si ce n'est dans le Royaume éternel. Du reste, on voit qu'elle apparaît blessée, offensée, dès les commencements de l'Église déjà, comme en témoigne le Nouveau Testament.
Néanmoins, aujourd'hui comme aux premiers siècles, l'Église continue à poursuivre la volonté de Dieu, qui demande sans cesse que soit réalisée la communion visible du corps du Christ. C'est ce à quoi encourageait Ignace d'Antioche, lorsque, en chemin vers le martyre, il demandait encore : « Aimez l'unité, fuyez les divisions ! »
Tu l'auras saisi : si l'on ne veut pas l'unité, il n'est pas possible d'être chrétien. C'est pourquoi les croyants doivent mettre en œuvre tout ce qui est possible en vue de la communion. En effet, celui qui agit et vit pour la communion avec le Christ ne peut pas à la fois ne pas agir et vivre pour la réconciliation et la communion avec ses frères, membres de son propre corps.
Tu comprends alors qu'Ignace d'Antioche n'exagérait pas lorsqu'il écrivait : « Aie souci de l'unité, car rien ne la dépasse ! »
Ton ami EnzoÀ la fin de ce mois, du 18 au 25 janvier, les Eglises célébreront la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens. C'est l'occasion pour moi de revenir sur une figure importante de l'histoire de l'Église : l'évêque Ignace d'Antioche, qui a subi le martyre pour sa foi chrétienne, à Rome, sous l'empereur Trajan autour de l'an 110.
Nous ne possédons que peu de témoignages directs de lui : seules sept émouvantes lettres à des Églises nous sont parvenues, qu'Ignace a rédigées au cours du voyage qui le menait de la Syrie, son siège épiscopal, à la capitale de l'Empire, où il connut une mort cruelle sous les dents des bêtes féroces. Ignace d'Antioche, enchaîné et en route vers le martyre, a écrit que « ce n'est pas une oeuvre de persuasion que le christianisme, mais une œuvre de grandeur. »
Le christianisme ne s'affirme pas par son éloquence ou par des paroles qui en prendraient la défense, mais il se manifeste à travers la grandeur d'âme ; il se manifeste, oserai-je dire, par la beauté des gestes. Oui, le chrétien est appelé à mener une vie belle, où ce terme désigne avant tout la qualité des relations tant avec Dieu qu'avec les hommes et les femmes, avec les réalités de la terre et toutes les créatures : la foi, en effet, implique les relations !
C'est dans ce cadre qu'il faut situer la passion d'Ignace d'Antioche pour l'unité de l'Église. Pour lui, cette unité passe d'abord, au sein de chaque communauté locale, par l'évêque qui est le garant de la communion. Ignace écrit ainsi aux chrétiens d'Éphèse : « Quel n'est pas votre bonheur d'être unis à votre évêque comme l'Église l'est à Jésus-Christ et Jésus-Christ à son Père, afin que toutes choses soient en accord dans l'unité. » La communauté chrétienne, qui se rassemble « devant cet autel unique qu'est le seul Jésus-Christ », ne s'exprime dès lors que par « une seule prière, une seule supplication, un seul esprit, une seule espérance, dans la charité, dans la joie toute pure : tout cela c'est Jésus-Christ. »
Lorsque Ignace d'Antioche lance cet appel : « Soyez tous unis, d'un cœur que la division n'entame pas ! », il le fait en sachant que cette communion se fonde en premier lieu sur le mystère éternel de la communion qui est la vie même du Dieu trinitaire. Mais Ignace d'Antioche est certain également que cette communion, en tant que chrétiens, nous avons tous part dans le corps du Christ, dans le sang du Christ. En d'autres termes, la vie du chrétien et de l'Église doit tout naturellement se distinguer par la communion ; cette dernière n'est pas une option, ni une découverte récente de la théologie, mais une réalité constitutive de l'Église !
Assurément l'unité des chrétiens entre eux et avec Dieu sera toujours fragile, continuellement mise à l'épreuve et souvent même contredite. Cette communion tendra à la plénitude, mais elle ne sera jamais pleine, si ce n'est dans le Royaume éternel. Du reste, on voit qu'elle apparaît blessée, offensée, dès les commencements de l'Église déjà, comme en témoigne le Nouveau Testament.
Néanmoins, aujourd'hui comme aux premiers siècles, l'Église continue à poursuivre la volonté de Dieu, qui demande sans cesse que soit réalisée la communion visible du corps du Christ. C'est ce à quoi encourageait Ignace d'Antioche, lorsque, en chemin vers le martyre, il demandait encore : « Aimez l'unité, fuyez les divisions ! »
Tu l'auras saisi : si l'on ne veut pas l'unité, il n'est pas possible d'être chrétien. C'est pourquoi les croyants doivent mettre en œuvre tout ce qui est possible en vue de la communion. En effet, celui qui agit et vit pour la communion avec le Christ ne peut pas à la fois ne pas agir et vivre pour la réconciliation et la communion avec ses frères, membres de son propre corps.
Tu comprends alors qu'Ignace d'Antioche n'exagérait pas lorsqu'il écrivait : « Aie souci de l'unité, car rien ne la dépasse ! »
Enzo Bianchi
fondateur de la communauté oecuménique de Bose en Italie
Panorama Janvier 2010