Au moyen-âge, la création d'un livre peut prendre des années.
Un scribe se penchait sur sa table, éclairée uniquement à la lumière naturelle - les bougies représentaient un trop grand risque pour les livres - et passait des heures chaque jour à former des lettres, à la main, en prenant soin de ne jamais faire d'erreur.
Être copiste, écrivait un scribe, était douloureux : « Il éteint la lumière des yeux, il plie le dos, il écrase les viscères et les côtes, il provoque des douleurs aux reins et de la fatigue à tout le corps. »
Compte tenu de l'effort extrême qu'a représenté la création de livres, les scribes et les propriétaires de livres avaient un réel intérêt à protéger leur travail.
Ils ont utilisé le seul pouvoir qu'ils avaient : les mots.
Au début ou à la fin des livres, les scribes et les propriétaires de livres écrivaient des malédictions dramatiques menaçant les voleurs de douleur et de souffrance s'ils devaient voler ou endommager ces trésors.
Il n'ont pas hésité à utiliser les pires punitions qu'ils connaissent : l'excommunication de l'église et la mort horrible et douloureuse.
Volez un livre, et vous pourriez être fendu par une épée de démon, forcé de sacrifier vos mains, de vous faire arracher les yeux ou de finir dans les « feux de l'enfer et du soufre ».
Un exemple connu de malédiction de livre censé se trouver sur un mur du monastère San Pedro à Barcelone peut se traduire ainsi :
« Celui qui vole, ou emprunte et ne rend pas, un livre à son propriétaire, que le livre volé se change en serpent dans sa main et le pique. Qu'il soit frappé de paralysie, que tous ses membres éclatent. Qu'il languisse dans la douleur, qu'il demande grâce en pleurant, et qui n'y ait de sursis à ses tourments avant qu'il ne soit anéanti. Que les vers lui rongent les entrailles, au nom du Ver qui ne périt pas. Et quand enfin il ira à son châtiment final, que les flammes de l'Enfer le consument à jamais. »
Dans ce cas précis, il convient toutefois de noter que cet exemple, souvent repris dans des ouvrages parfois sérieux, est en réalité un canular, écrit au début du XXe siècle.
Les exemples réels sont souvent plus courts mais ils contiennent la même violence:
« Si qui que ce soit, au moyen de n'importe quel dispositif, soustrait ce livre de cet endroit; puisse son âme souffrir, pour payement de ce qu'il a fait et puisse son nom être effacé du livre des vivants et ne pas être retenu parmi les bénis. »
« Ces malédictions étaient les seules choses qui protégeaient les livres », dit Marc Drogin, auteur d'Anathema !
Les scribes médiévaux et l'histoire des malédictions du livre.
« Heureusement, c'était à une époque où les gens croyaient en eux. Si vous arrachiez une page, vous alliez mourir dans d'atroces souffrances. Tu ne voulais pas prendre le risque. »
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