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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 22:38

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Nous sommes tous à la recherche de quelque chose. Certains le sentent très clairement ou, au moins, ils ont conscience d’un manque.

Mais la plupart du temps et pour la plupart d’entre nous, on ne ressent qu’une douleur sourde et un vague désir qui perdurent dans les bons comme dans les mauvais moments. « Mon cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en Toi » disait saint Augustin, exprimant ainsi cette aspiration à la plénitude, à la résurrection qui transcende le cycle de la naissance et de la mort du désir. Considérée de cette façon, cette aspiration est un don et non un malheur, car le fait de la voir et de la reconnaître constitue un tournant dans la vie spirituelle. De nos jours, dans la culture consumériste qui nous conditionne depuis l’âge le plus tendre, cette compréhension du désir devrait être au cœur de toute éducation religieuse.

Les librairies regorgent d’ouvrages donnant les conseils les plus récents en matière de développement personnel. Les best-sellers, en général, nous proposent les listes suivantes : poser ses limites, gérer l’autocritique, exprimer ses sentiments, développer l’équilibre, s’affirmer, bien manger et faire de l’exercice.

La meilleure liste que je connaisse se trouve dans un livre qui ne figure pas en tête des meilleures ventes, mais qui est constamment réédité depuis 1500 ans. Au chapitre quatre de sa Règle, consacré aux « instruments pour bien agir », saint Benoît énumère 75 courtes prescriptions qu’il qualifie d’« instruments de l’art spirituel » et qui, appliquées sérieusement, conduisent à la réalisation transcendante des promesses du Christ : « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, voilà ce que Dieu a préparé à ceux qui l’aiment ».

Les Instruments commencent par les Dix Commandements, parce que la vie morale est le fondement du chemin contemplatif. Puis viennent les œuvres matérielles de miséricorde, l’effort minimum que l’on attend de nous aux fins du bien-être d’autrui. Vient ensuite la garde du cœur contre les pensées de colère, de revanche ou de tromperie. Comme Benoît vivait en communauté, il a compris qu’il était important de pratiquer l’amour des ennemis et que le contrôle de soi, dans ses paroles comme dans ses comportements habituels, facilite cette pratique chrétienne de base.

Avoir chaque jour devant les yeux la mort qui nous guette aide à vivre en pleine conscience et procure ainsi un degré plus profond de paix et de joie. Benoît reconnaît également les tentations de l’égoïsme spirituel qu’il compense par l’injonction de désirer la vie en plénitude de toute l’ardeur de son âme.

Ces instruments du bien agir permettent également de prendre soin de soi. Chaque forme de soin est une énergie de la foi. Il détourne notre attention de nos propres sentiments et manques pour la porter sur un bien supérieur. C’est donc une voie de dépassement. Il dure dans le temps, ce qui met à l’épreuve sa sincérité et son authenticité. C’est donc une voie de transformation, car la persévérance dans un acte de foi nous transforme.

Tous les instruments de Benoît, et le soin lui-même, visent à libérer notre capacité d’amour. La répétition du mot de prière unifie ces multiples formes de soin… Elle les concentre au cœur du cœur où l’amour de Dieu… pénètre…

Laurence Freeman o.s.b., extrait du Bulletin trimestriel 2011‑2 CCMC.

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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 22:27

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Un vieil homme sage est interrogé sur la trajectoire de son existence jusqu'à ce jour.

Et voilà comment il en résume les trois étapes :

« A vingt ans, je n'avais qu'une prière : mon Dieu, aide-moi à changer ce monde si insoutenable, si impitoyable. Et vingt ans durant, je me suis battu comme un fauve pour constater en fin de compte que rien n'était changé.

A quarante ans, je n'avais qu'une seule prière : mon Dieu, aide-moi à changer ma femme, mes parents et mes enfants ! Pendant vingt ans, j'ai lutté comme un fauve pour constater en fin de compte que rien n'avait changé.

Maintenant je suis un vieil homme et je n'ai qu'une prière : mon Dieu, aide-moi à me changer - et voilà que le monde change autour de moi ! »

Et pas de malentendu ! Ce n'est pas d'un renoncement à l'action qu'il s'agit mais bien au contraire d'une action neuve dans un esprit libre (...)

 

Christiane Singer

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 20:09

chapelle_bethanie_p.jpg

 

Chers Amis,


Si la fin de l’Année liturgique trouve en ce mois de septembre toute sa profondeur dans la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, c’est parce que, à la base de tous les combats pour la vie, il y a d’abord l’ascèse : la croix est l’unique chemin qui mène à la résurrection. Le Christ nous l’a montré et nous devons faire nôtre ce chemin. Nous n’arriverons à bout de notre égoïsme et de toutes les formes d’injustices extérieures qu’en commençant par un rude travail sur soi pour extirper l’orgueil démoniaque et son cortège de passions. Seule cette mort à nous-mêmes et au péché qui nous sépare de Dieu libère en nous et autour de nous son énergie de vie.


Si quelqu’un veut me suivre, dit le Christ, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (Mt 16,24). « Sa » croix : il doit être clair que la croix est intimement liée à la dimension de la profondeur de chaque être humain, elle est personnelle. Mon désir conscient ou inconscient de toujours contourner la volonté de Dieu, pour ne chercher que ce qui me plait, révèle la nature de mes résistances secrètes et de mes refus orgueilleux.


Seulement celui qui prend sa croix sur lui, en d’autres mots celui qui entre dans l’acceptation libre et totale de l’inacceptable ici et maintenant peut traverser la souffrance et accéder au mystère d’une vie autre. L’important c’est : ici et maintenant, car c’est là justement que la croix devient pour moi à la fois terriblement concrète et personnelle. L’instant présent c’est la croix, le croisement de l’éternité et du temps : si je reçois des mains de Dieu cet instant quel qu’il soit avec un amour inconditionnel, mon ego est crucifié, il peut souffrir mille morts, l’enfer même, mais c’est le seul chemin qui offre alors la Joie inconditionnelle, qui ne dépend plus d’aucune circonstance extérieure. C’est cela ressusciter…


C’est dans le « oui » à la souffrance et à la mort que se trouve la vie, c’est en consentant à descendre dans le tombeau des ténèbres qu’est si souvent mon « ici et maintenant » que Dieu le transforme en chambre nuptiale, c’est en communiant totalement à ma croix qu’elle devient Joie… S’imagine-t-on le Christ prendre sa Croix sans amour, à reculons ? C’est précisément parce qu’Il a étreint la souffrance et la mort avec un amour infini qu’Il y a déposé la Lumière et la Joie que nous y trouvons ! Dieu nous a caché la joie de mourir pour que nous ayons le courage de vivre.


L’amour est plus fort que tout ce qui lui est contraire et depuis que le Christ nous a révélé cette nouvelle approche de l’existence mortifère, la mort elle-même est devenue la grande initiatrice de la vie. Avec le Christ la mort a été métamorphosée et n’a plus rien de commun avec la conception païenne à son sujet. Saint François d’Assise appelait la mort avec une infinie tendresse : Ma sœur la mort et saint Séraphin de Sarov dit à la fin de sa vie : C’est la grande allégresse qui approche ! Les saints connaissent ce que la Tradition appelle le « joyeux mourir », car, en réalité, toute leur vie a été l’apprentissage de la mort. Cette pratique de la mort incessante est la pratique même de la vie en plénitude de la résurrection dès maintenant. Qui ne vit pas avec la mort tous les jours ne vit pas du tout, dit Graf Dürckheim, ce sage de notre temps ; ne vit vraiment que celui qui sait vraiment mourir…


Il n’y a finalement pas de Joie hors de la mort. Mourir n’est une obsession macabre et désespérante que pour celui qui est encore prisonnier de lui-même et de son avoir, de son moi psychique et mondain. Mais celui qui s’exerce à la mort plonge dans son esprit qui, lui, ne peut plus mourir depuis que le Christ l’a sauvé ; le soleil a-t-il peur de la nuit ? Et Dieu le Père infiniment bon qui nous donne la mort, donnerait-Il quelque chose de mauvais à ses enfants ? Et quand ce même Père, actif en tout, transforme la chrysalide en papillon, est-ce vraiment mourir de grande mort ? Voyez la joie du papillon… La certitude de l’Amour fou de Dieu pour nous ne fait-elle pas contrepoids à toutes nos peurs et questionnements ? La confiance totale, voilà le remède à tous les maux de la vie…


Nous pouvons, à tout instant, faire jaillir de notre cœur l’être nouveau, radicalement nouveau que le Christ ressuscité a recréé dans nos profondeurs. Si nous savions comme nous sommes heureux et quelle béatitude nous habite ! Nous n’en sommes séparés que par nous-mêmes, nos propres illusions et la crainte de la mort en est une… Qu’est- elle encore au milieu d’une telle plénitude ?


Devenir cet homme nouveau ne dépend que de ma décision immédiate et ferme qui dit : « oui » et se laisse empoigner par l’immense allégresse du Christ, notre Pâque. Tout est rempli de sa Lumière, le ciel, la terre et l’enfer, y compris nos enfers quotidiens : depuis la Résurrection chaque instant est un abîme ouvert sur l’éternité où Dieu m’appelle, il faut sauter. Là est le secret : mener une vie immortelle, une vie de ressuscité, tirer notre bonheur de toutes les circonstances.

Avec toute notre affection, à bientôt !

Père Alphonse et Rachel

 

Lire la suite de la lettre : http://www.centre-bethanie.org/lettre_95.htm

 

 

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