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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 22:27
[...] non loin de la chapelle, le cirque Zavatta. J'en visitai la ménagerie en compagnie du frère Augustin juste avant d'aller faire cours sur le relativisme. Nous contemplions les chevaux sculpturaux et splen-dides, les chameaux résumant en eux les dunes du désert, les lions assoupis semblables à des sages tibétains, les éléphants balançant leur trompe comme un métronome, les autruches qui avaient l'air d'un montage ridicule avec leurs longs cils de coquettes au bout de ce tuyau ondulant planté dans une énorme boule de plumes noires...

« Quand je vois tous ces animaux, dis-je au frère, je songe à la fantaisie du Créateur. Comme il a dû jubiler en faisant tout cela. Il vit que cela était bon, oui, d'une bonté poétique où l'on voit la
liberté d'un génie suprême, l'amour dans l'invention, l'humour dans la construction rigoureuse... »

Or, Augustin compléta par cette remarque profonde : « C'est le même Dieu qui a fait ces animaux et donné ses commandements. Il faut donc voir dans le Décalogue au moins autant de liberté, autant de fantaisie que dans la stupéfiante variété de la faune et de la flore. Ces commandements, vous me direz, sont en petit nombre, ils semblent nous limiter. En vérité, ce sont des principes générateurs, des moyens d'empêcher que s'installe l'uniformité du mal. »


Devant moi, l'autruche faisait monter et descendre sa grosse tête qui, comme la Daisy de Disney, alliait le canard et la coquette et déployait tout le sens argotique de l'expression « poule de luxe ». Et je me dis : « C'est vrai : "Tu ne commettras pas d'adultère", quoi de plus original ? "Tu ne tueras pas", quoi de plus favorable à la diversité ? "Tu ne feras pas d'ouvrage le septième jour", quoi de plus moteur pour la gratuité de la joie ? »

 

Fabrice Hadjadj
Panorama Avril 2009
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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 22:21
Abba Poemen disait : Choisis de te taire
 
[...] Mais il y a en particulier un enseignement récurrent d'Abba Poemen que je voudrais souligner pour toi aujourd'hui, parce qu'il me semble très actuel. Tu peux le trouver résumé dans cette brève sentence : « La victoire sur toute peine qui te survient, c'est de garder le silence. »

Oui, sans faux spiritualisme, Poemen appelle chacun à choisir de se taire, plutôt que de parler. Non par discrétion ou par esprit de mutisme, mais pour redécouvrir la force qu'a celui qui ne cherche pas à s'imposer par des paroles grandiloquentes ou des tons sans répliques, mais témoigne de l'authenticité de sa personne à travers la
transparence de son attitude.

Poemen conseille ainsi : « Enseigne ta bouche à dire ce que contient ton cœur. » Il faudra peut-être que tu l'expérimentes poury croire, mais c'est la vérité : garder le silence donne vraiment la victoire sur toute peine qui nous survient.

Abba Poemen le répète à l'envi : « Si l'homme se souvenait de la Parole qui est écrite .- "Tu es justifié par tes paroles et tu es condamné par tes paroles", il choisirait plutôt de se taire » ; ou encore : « Si une personne domine son ventre et sa langue et mène la vie d'un étranger sur terre, aie confiance, elle ne mourra pas. »

A un visiteur surpris de se voir accueilli généreusement par Poemen en plein Carême, l'ancien déclare aussi : « Nous n'avons pas appris à fermer la porte de bois, mais plutôt la porte de notre langue. »

Ne pas répondre aux paroles mauvaises qui nous sont adressées, accepter de se taire devant la faute d'un autre, voilà des comportements qu'Abba Poemen loue.

En revanche, il est sans doute plus surprenant de l'entendre répondre à un frère venu l'interroger pour savoir s'il est bien de louer son prochain : « Il est mieux de se taire. »

Mais n'est-il pas vrai que nos paroles sont si souvent le reflet de notre désir d'être reconnus, appréciés, estimés et ne comportent qu'une toute petite part d'authenticité ? Les mots ne sont pas seulement des armes, ils peuvent aussi devenir des cadeaux empoisonnés que l'on fait au prochain pour recevoir, en réponse, notre propre part...

Souviens-toi alors de cette sentence d'un ancien Père du désert qui, joignant le geste à la parole, alors qu'on lui demandait « Où pourrions-nous fuir au-delà de ce désert », mit son doigt sur sa bouche en disant : « Fuyez cela ! »


Enzo Bianchi
Panorama Avril 2009
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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 22:18
Sans la prière, on ne peut pas aimer le Christ. Prie plus souvent, et de la prière naîtra en toi l'amour de Dieu. Prie dans la forêt, prie en poussant la charrue, prie aux champs, prie au fond des fossés,... mais prie de telle sorte que nul ne te voie.

Il faut encore que je te dise ce que l'Esprit me suggère : depuis l'instant de la Résurrection du Christ, toute la terre est devenue le trône du Dieu Sauveur. Le trône lui-même, là où le Ressuscité se montre, ce sont nos cœurs.

Oh, admirables sont les œuvres de Dieu ! Quand je prononce le nom du Christ Ressuscité, je deviens comme ivre de joie. Alors il me semble voir le Christ non pas tant dans le ciel, que vivant parmi nous sur la terre, vivant, véritable Roi de Gloire reposant dans nos cœurs.

Si nous avions un cœur pur, nous le verrions ! même avec les yeux de notre corps, comme le Fils Ressuscité de Dieu, vivant sur la terre avec nous, avec ses frères et ses disciples. O qu'il est admirable, le Christ, le Seigneur Ressuscité, notre frère en humanité et Dieu par Sa nature divine !


Archimandrite Spiridon
Mes missions en Sibérie
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