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20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 23:00

Les saints vivent par l'amour du Christ ; cet amour est la force divine qui a créé le monde et qui le maintient, et c'est pourquoi leur prière est si lourde de sens. Saint Barsanuphe (moine de Palestine, mort vers 540) par exemple, témoigne que de son temps la prière de trois hommes sauva le monde de la catastrophe. Grâce à des saints, inconnus du monde, le cours des événements historiques et même cosmiques se trouve modifié ; c'est pourquoi chaque saint est un phénomène d'une portée cosmique, et dont la signification dépasse le plan de l'histoire terrestre et rejaillit jusque dans la sphère de l'éternité. Les saints sont le sel de la terre ; ils sont sa raison d'être ; ils sont ce fruit grâce auquel la terre est sauvegardée. Mais lorsque la terre cessera d'engendrer des saints, la force qui sauve le monde de la catastrophe lui sera enlevée.

Chaque saint, comme Antoine, Arsène, Nicolas, Ephrem, Serge, Séraphin et ceux qui leur sont semblables, constitue le très précieux et l'éternel trésor du monde entier, et cependant le monde préfère ignorer et bien souvent tue ses prophètes.

Chose étrange, il y a des hommes qui ne comprennent pas que la grandeur des actes religieux provient de leur enracinement dans le Mystère divin et sans origine. Ces gens conçoivent la vie religieuse, spirituelle, comme des expériences subjectives, psychologiques, et qui meurent aussitôt qu'elles cessent d'être perçues dans l'âme.

De nos longs contacts avec le Starets et de ses paroles rapportées plus haut, nous constatons qu'il attribuait une extrême importance aux états spirituels à cause de leur signification ontologique éternelle. Il ressentait la prière pour les ennemis et pour le monde entier comme vie éternelle, comme action divine dans l'âme de l'homme, comme grâce incréée et don du Saint-Esprit. Et tant que le monde se montrera capable de recevoir ce don, il continuera d'exister ; mais dès que sur terre, parmi toute la multitude des hommes, il n'y aura plus de porteurs, même isolés, de cette grâce, aussitôt l'histoire de la terre prendra fin, et aucune science humaine ni aucune culture ne pourront empêcher cette catastrophe.

L'expérience quotidienne nous montre que même les gens qui acceptent dans leur for intérieur le commandement du Christ d'aimer les ennemis, ne le réalisent pas dans leur vie. Pourquoi ? Avant tout, parce que nous ne pouvons pas aimer nos ennemis sans avoir la grâce ; mais si les hommes, comprenant que cela dépasse leurs forces naturelles, demandaient à Dieu de les aider par sa grâce, comme dit le Starets, ils recevraient sûrement ce don.

Malheureusement, le plus souvent c'est le contraire qui se produit ; non seulement les incroyants, mais encore ceux qui se disent chrétiens, ont peur d'agir à l'égard de leurs ennemis selon le commandement du Christ. Ils pensent que cela ne profiterait qu'aux ennemis ; voyant leurs ennemis à travers le prisme déformant de la haine, ils se les représentent habituellement comme n'ayant en eux rien de bon, et pensent qu'ils profiteraient de leur « faiblesse », qu'ils répondraient à leur amour soit en les crucifiant, soit en les écrasant et en les asservissant sans vergogne, et qu'alors triompherait le mal, généralement personnifié par ces ennemis.

Archimandrite Sophrony
Starets Silouane
Editions Présence

http://seraphim.chez.tiscali.fr/silouane.htm

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19 octobre 2005 3 19 /10 /octobre /2005 23:00

Saint Silouane
1866 - 1938

Le bienheureux Starets (Saint Silouane) écrit : « Le moine est un homme qui prie pour le monde entier... Le Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, donne au moine l'amour du Saint-Esprit, et cet amour remplit le coeur du moine de douleur pour les hommes, parce qu'ils ne sont pas tous sur la voie du salut. Le Seigneur lui-même fut à tel point affligé pour son peuple, qu'il se livra à la mort de la Croix. La Mère de Dieu porta dans son coeur cette même compassion pour les hommes... Le Seigneur a donné le même Saint-Esprit aux Apôtres, à nos saints Pères et aux pasteurs de l'Eglise. C'est en cela que consiste notre service pour le monde. C'est pourquoi ni les pasteurs de l'Eglise, ni les moines ne doivent s'occuper des affaires de ce monde, mais ils doivent suivre l'exemple de la Mère de Dieu qui, au Temple, dans le Saint des Saints, étudiait jour et nuit la loi du Seigneur et demeurait dans la prière pour le peuple » (cf. chap. des Moines, p. 370).

La prière pour le monde entier, pour l'Adam total, détourne dans bien des cas le moine d'un service déterminé des hommes. On pourra se demander : une telle abstention d'un service déterminé n'est-elle pas le refus d'une aide concrète au nom d'une abstraction ? Certainement pas, car l'Adam total n'est pas une abstraction, mais bien la plus concrète plénitude de l'être humain.

L'unité ontologique de l'humanité totale est telle que toute personne qui surmonte en elle-même le mal, inflige une si grande défaite au mal cosmique, que les conséquences de cette victoire se répercutent d'une manière bénéfique sur les destinées du monde entier. D'autre part, la nature du mal cosmique est telle que, vaincu dans certaines hypostases humaines (personnes), il essuie une défaite dont la porté et l'ampleur sont absolument disproportionnées au nombre de ces personnes. Un seul saint est un fait extrêmement précieux pour l'humanité tout entière. Par le seul fait de leur existence, même inconnue du monde mais connue de Dieu, les saints font descendre sur la terre, sur toute l'humanité, une grande bénédiction de Dieu. Le Starets écrit

« C'est grâce à de tels hommes, je pense, que le Seigneur garde le monde, car ils sont précieux aux yeux de Dieu ; Dieu, en effet, écoute toujours ses serviteurs humbles et, nous tous, nous vivons en paix grâce à leurs prières » (cf. chap. XIX, p. 436).

« Le monde subsiste grâce à la prière, mais quand la prière faiblira, alors le monde périra »... « Tu diras, peut-être, qu'il n'y a plus maintenant de ces moines qui prient pour le monde entier ; mais, moi, je te dirai que lorsqu'il n'y aura plus sur terre de tels hommes de prière, alors ce sera la fin du monde, de grandes calamités s'abattront sur lui ; et il y en a déjà maintenant » (chap. XIV, p. 371).

Archimandrite Sophrony
Starets Silouane
Editions Présence

http://seraphim.chez.tiscali.fr/silouane.htm

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18 octobre 2005 2 18 /10 /octobre /2005 23:00

Etant en oraison, je me trouvai en un instant, sans savoir de quelle manière, transportée dans l'Enfer. Je compris que Dieu voulait me faire voir la place que les démons m'y avaient préparée, et que j'avais méritée par mes péchés. Cela dura très peu, mais quand je vivrais encore de longues années, il me serait impossible d'en perdre le souvenir.

Je demeurai épouvantée, et quoique six ans à peu près se soient écoulés depuis cette vision, je suis en cet instant saisie d'un tel effroi en l'écrivant, que mon sang se glace dans mes veines. Au milieu des épreuves et des douleurs, j'évoque ce souvenir, et dès lors tout ce qu'on peut endurer ici-bas ne me semble plus rien, je trouve même que nous nous plaignons sans sujet.

Je le répète, cette vision est à mes yeux, une des plus grandes grâces que Dieu m'ait faite, elle a contribué admirablement à m'enlever la crainte des tribulations et des contradictions de cette vie, elle m'a donné du courage pour les souffrir, enfin, elle a mis dans mon coeur la plus vive reconnaissance envers Dieu qui m'a délivrée, comme j'ai maintenant sujet de le croire, de maux si terribles dont la durée doit être éternelle.

Je m'arrête souvent à cette pensée ; nous sommes naturellement touchés de compassion quand nous voyons souffrir une personne qui nous est chère, et nous ne pouvons nous empêcher de ressentir vivement sa douleur quand elle est grande. Qui pourrait donc soutenir la vue d'une âme en proie pour une éternité à un tourment qui surpasse tous les tourments ? Quel coeur n'en serait déchiré ? Emus d'une commisération si grande pour des souffrances qui finiront avec la vie, que devons-nous sentir pour des douleurs sans terme ? Et pouvons-nous prendre un moment de repos, en voyant la perte éternelle de tant d'âmes que le démon entraîne chaque jour avec lui dans l'Enfer ?

Sainte Thérèse d'Avila

 

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