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14 décembre 2006 4 14 /12 /décembre /2006 22:09

C'est en contemplant Le Retour du Prodigue peint par Rembrandt que j'entends le mieux la parabole,
que j'entre plus avant dans les chemins de la miséricorde, que je me laisse réconcilier avec Dieu. L'angoisse qui dénude féconde aussi l'absence et fait monter son cri aux accomplis d'un chant.
Je regarde le Père.
Un visage d'aveugle ; il s'est usé les yeux à son métier de Père.
Scruter la route obstinément déserte, guetter du même regard l'improbable retour.
Sans compter toutes les larmes furtives : il arrive qu'on soit seul !
Oui, c'est bien lui, le Père, qui a pleuré le plus. Si c'était lui le vrai « prodigue » !
Je regarde le Fils.
Une nuque de bagnard et cette voile informe dont s'enclôt son épave.
Des plis froissés où s'arc-boute et vibre encore le grand vent des tempêtes.
Des talons rabotés comme une coque de galion sur l'arête des récifs, cicatrices à vau-l'eau de toutes les errances.
Le naufragé s'attend au juge : « Traite-moi, dit-il, comme le dernier de ceux de ta maison... » Il ne sait pas encore qu'aux yeux , d'un Père
comme Celui-là, le dernier des derniers est le premier de tous.
Il s'attendait au juge ; il se retrouve au port, échoué, déserté, vidé comme sa sandale.
Enfin capable d'être aimé.
Appuyé de la joue, tel un nouveau-né au creux d'un ventre maternel, il achève de naître. La voix muette des entrailles dont il s'est détourné murmure enfin au creux de son oreille. Il entend : « Lève les yeux, prosterné, éperdu de détresse, et déjà tout lavé dans la magnificence ; lève les yeux et regarde.
Ce visage, cette Face très sainte qui te contemple amoureusement.
Tu es accepté, tu es désiré de toute éternité.
Avant l'éparpillement des mondes, avant le jaillisse­ment des sources, j'ai longuement rêvé de toi et pro­noncé ton Nom. »
« Vois donc : je t'ai gravé sur la paume de mes mains. Tu as tant de prix à mes yeux. Ces mains, je n'ai plus qu'elles, de pauvres mains ferventes posées comme un manteau sur tes maigres épaules - tu reviens de si loin ! Lumineuses, tendres et fortes, comme est l'amour de l'homme et de la femme,
tremblantes encore, et pour toujours, du déchirant bonheur.»
Et d'une patience qui attend et d'une attente qui écoute, naît le dialogue insurpassable. Nous recevons de Dieu certitude et confidence ! Il faut misère pour avoir coeur. Notre assurance n'est plus en nous ; elle est en Celui qui nous aime.
Accepter d'être aimé... accepter de s'aimer...
Nous le savons, il est terriblement facile de se haïr.
La grâce est de s'oublier.
La grâce des grâces serait de s'aimer humblement soi-même, comme n'importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ. Encore faut-il avoir appris ce que tomber veut dire, comme tombe une pierre dans la nuit de l'eau.
Ce que veut dire «craquer», comme un arbre s'éclate aux feux ardents du gel, sous l'éclair bleu de la cognée.
Que peuvent savoir de la miséricorde des matins, ceux dont les nuits ne furent jamais de tempêtes et d'angoisse ?
Pour retentir à ces atteintes, il faut avoir vécu - et vivre encore - en haute mer, menacé sans doute, naufragé peut-être, mais à la crête des certitudes royales.
L'amour alors peut faire son oeuvre, nous féconder, nous rajeunir, nous re-joindre.
Que nous soyons dans l'inquiétude, le doute et le chagrin ; que nous marchions, le coeur serré, dans la vallée de l'ombre et de la mort ; que nos visages, n'aient d'autre éclat que ceux - épars - d'un beau miroir brisé. Un Amour nous précède, nous suit, nous enveloppe...
L'Inconnu d'Emmaüs met ses pas dans les nôtres et s'assied avec nous à la table des pauvres.
Malgré tous les poisons mêlés au sang du coeur, au creux de ces hivers dont on n'attend plus rien, rayonne désormais un invincible été.
Morts de fatigue, nous ne saurions rouler que dans les bras de Dieu.
Nous avons rendez-vous « sur un lac d'or » ! Le miroir est sans ride.
Du fond de toute détresse émerge un vrai Visage. Et l'icône est plus fine, plus précieuse, plus belle, quand l'homme qui l'a peinte est passé par l'enfer. Trinité de Roublev et « Trinité » Rembrandt...
Du fond des terres où rayonnent ces images, le Père des Miséricordes ne cesse de s'engendrer des fils, sous le couvert annonciateur et fécondant de mains plus vastes que des ailes.
L'ombre d'un grand oiseau nous passe sur la face. Les vrais regards d'amour sont ceux qui nous espèrent.

Rembrandt, le retour du prodigue
Paul Baudiquey

Le livre
Le film
l'Amour du Père

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13 décembre 2006 3 13 /12 /décembre /2006 23:58

La légende du Père Noël nous paraît intemporelle. Pourtant la représentation que nous en faisons est récente puisqu’elle remonte au XIXème siècle. Que savons-nous de lui et des personnages légendaires qui l’entourent ?
 
Saint-Nicolas
Saint-Nicolas est à l'origine un saint ayant réellement existé. Inspiré de Nicolas de Myre, un évêque d'Asie Mineure du IVème siècle, il est né à Patara, une cité de Lycie, entre 250 et 270 après Jésus-Christ. Ses convictions chrétiennes le pousse à effectuer des pèlerinages en Egypte et en Palestine, mais l'Empereur Dioclétien le fait emprisonner par mépris pour cette religion. Il meurt le 6 décembre 343 ou 345 à Myre, victime des persécutions sous l'Empire romain. Depuis sa mort, le personnage alimente les légendes en souvenir de sa bonté. Saint patron des enfants, sa fête est célébrée dans les pays nordiques le 6 décembre. Il distribue des cadeaux aux enfants méritant. Cette légende a été importée aux Etats-Unis par les Hollandais et les Allemands au XVIIème siècle.

Le Père Noël
Dès le début du culte de Saint-Nicolas, un personnage ressemblant au Père Noël est présent comme valet dans les pays de tradition germanique. Il prend de nombreux noms, tels que Knecht Ruprecht en Allemagne, Krampus en Bavière orientale et en Autriche ou Hans Trapp au Palatinat et en Alsace, avant de devenir la célébrité que l'on connaît aujourd'hui. La première évocation du Père Noël date de 1823 dans un poème américain de Clement Clarke Moore. Cette fable permit d'uniformiser les différentes traditions en coexistence. Ce conte décrit un vieil homme à la barbe blanche, à l'allure joviale et débonnaire, conduit par un traîneau tiré par huit rennes. La mitre de Saint-Nicolas est remplacée par un bonnet et la crosse par un sucre d'orge. En 1866, l'écrivain américain George P. Webster décrit les longs mois de l'été polaire, l'atelier et la maison du Père Noël enfouie sous les neiges du Pôle Nord. La représentation moderne du personnage apparaît pour la première fois en 1868 sur la couverture du "Harper's Magazine" dessinée par Thomas Nast, originaire du Palatinat. Le Père Noël est ainsi vêtu d'un costume rouge garni de fourrure. Il faut cependant attendre 1931 pour que son image devienne populaire. Haddon Sundblom propose sa version sur la célèbre affiche publicitaire de la compagnie Coca-Cola afin d'inciter les consommateurs à acheter cette boisson fraîche en plein hiver. L'illustration montre l'image du Père Noël que nous connaissons aujourd'hui et fut largement relayée par la presse écrite puis par la télévision ensuite.

Des lutins légendaires
Une croyance païenne fait référence au lutin de Noël. Il serait un défricheur dont la tâche essentielle consiste à maintenir l'ordre à la ferme et aux champs. Il se montre particulièrement coopératif si un bon repas lui est servi la veille de Noël. Dans de nombreuses fermes, un lit douillet lui était préparé pour la circonstance et la place d'honneur lui était réservée à table. Il est reconnaissable par son bonnet rouge et sa grande barbe blanche. Il est aussi équipé d'une épaisse fourrure de voyage pour se protéger des rigueurs hivernales. Cette histoire est en fait une allégorie du Père Noël. Clement Clarke Moore est le premier auteur à faire référence aux lutins dans un texte intitulé "A Visit From St Nicholas" (la visite de Saint-Nicolas) paru dans le journal "Sentinel" de New York en 1823. Il évoque des petites créatures qui secondent Saint-Nicolas dans la distribution des cadeaux aux enfants. Le récit est traduit en plusieurs langues et diffusé dans le monde entier.


La survivance du Père Fouettard
Le Père Fouettard est le sinistre personnage qui accompagne Saint-Nicolas dans ses déplacements le soir du 5 décembre afin de punir les enfants qui n'ont pas été sages pendant l'année. Son histoire perdure dans l'Est de la France. Le mythe du Père Fouettard prend son origine dans différentes fables. On croit souvent qu'il serait une invention des pédagogues du XVIIIème siècle pour effrayer les garnements et les paresseux. En fait, le personnage naquît lors du siège de Metz par les troupes de Charles Quint au XVIème siècle. Les habitants de la ville assiégée décidèrent de tourner en dérision l'image de l'empereur en brûlant un mannequin à son effigie et en le surnommant le Père Fouettard. L'influence de la presse américaine fit perdre progressivement les attributs moralisateurs de Saint-Nicolas avec l'abandon du Père Fouettard, mais les parents usent encore de cette légende pour menacer les petits garnements de ne pas recevoir de cadeaux le soir de Noël. 
 

Saint Nicolas 1
Saint Nicolas 2
Saint Nicolas 3
Père Noël
Lutin de noël

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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 19:05

Désolé, je vous dois une révélation sur le Père Noël. Vous tremblez ? Cela vous rappelle un mauvais souvenir? Ce jour, lorsque vous aviez sept ans, où des camara­des moqueurs vous révélèrent que le Père Noël n'existait pas. Tremblez, effectivement. Je viens vous apprendre que le Père Noël est un tueur.

Il ne tue pas les enfants. Il ne tue pas les hommes. Il tue les Dieux. Vous vous étonnez qu'un écrivain comme moi, qui par ailleurs aime tellement raconter des histoires, s'en prenne à une gentille légende inoffensive.
Légende, je n'en doute pas. Inoffen­sive, je suis sûr du contraire.

Dans ma famille athée, comme on ne célébrait en Noël que l'enfance et les valeurs familiales, on me fit croire très tôt à ce personnage retiré du monde qui, de ce lieu inaccessi­ble où il se trouvait, me regardait et m'entendait penser, pesait mes mérites et mes fautes, m'estimait digne ou non de ses cadeaux. J'avoue qu'aux premières tenta­tives qu'opérèrent mes parents pour me faire gober cette fiction je résistai fort; cela répugnait à mon rationalisme naturel mais, bon, puisque tout le monde le disait... J'arrivais donc à cet état inconfor­table des enfants qui savent que les Pères Noël rencontrés dans les rues ou les grands magasins ne sont pas des vrais Pères Noël mais que ces figurants payés par les commer­çants n'empêchent pas le vrai Père Noël d'exister quelque part. Ouf, quelle gymnastique... Dès novembre, inquiet d'obtenir mes cadeaux, je m'obligeai à un examen de conscience : avais-je été sage, poli, bon fils, studieux élève ?

Par intérêt, je me forçais de donner un peu de fond à tout ça. J'étais d'ailleurs régulièrement paniqué à l'idée que ce Père Noël, s'il existait, m'entendit, au fond de mon cerveau, émettre autant de doutes et de réticences sur lui. En vérité, je le craignais plus que je ne l'aimais. Ou, plus exactement, je craignais juste qu'il existe. Aussi, lorsqu'un groupe d'enfants plus âgés me fit découvrir la supercherie, je demeurai furieux davantage que triste : comment les adultes avaient-ils pu se moquer autant de moi ? Je leur retirai toute confiance. Fini ! Je ne me fierai désormais qu'à mon bon sens !

Et sans jamais le violenter... Si mes parents avaient sottement perdu leur cré­dit, il y avait encore plus grave. Ce dont aucun de nous ne se rendait alors compte, c'est que la légende du Père Noël avait tué pour des années toute possibilité de croire en Dieu. Jusqu'à presque trente ans, je confondis le divin et le surnaturel, ou plutôt je rangeai le divin dans le sac à malice du surnaturel, une boîte de farces et attrapes. Toute révélation était ravalée au rang de fable. Je refusai même d'examiner la question. Car la place que j'avais tenté de faire au père Noël me semblait la place où ces pauvres croyants mettaient Dieu. Tant pis pour eux ! Moi, j'avais été abusé une fois, je ne le serai pas deux. Je subissais une sorte de traumatisme métaphysique. J'étais condamné à l'incroyance, au scepticisme, au déni, au refus d'envisager...

Spiri­tualisme et théologie étaient rangés sur le même rayon que « Fluide glacial » et poil à gratter. N'avez-vous pas remarqué que le culte du Père Noël s'est développé à mesure que le christianisme périssait ? Moins le 25 décembre était fêté comme l'anniversaire du Christ, plus le 24 décembre devint le jour où le Père Noël décollait avec son char de rennes volants pour distribuer ses millions de cadeaux dans les cheminées fumantes.

Aussi suis-je toujours effondré, au moment de Noël, lorsque je vois la même violence répétée sur les enfants : on les abuse et ils l'apprendront bientôt. Lors des émissions télévisées, des trauma­tisés mettent sur le même plan croyance et superstitions, spiri­tualité et occultisme, foi en une religion et foi en l'irrationnel. Hier soir, par exemple, je subis le spectacle d'un débat où des méde­cins et des physiciens opposaient leur scientisme à des choses aussi différentes que la voyance, l'astrologie, le magnétisme et la foi. L'un d'eux alla même jusqu'à dire que le christianisme n'avait aucune valeur puisque le suaire de Turin n'était qu'une peinture ! Je reconnus là un vieux gosse trahi, un vieux gosse blessé par les men­songes, un vieux gosse fermé et sourd. Encore un coup du Père Noël !

ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT
Panorama N° 427

La TV du père noël http://www.santatelevision.com/

La chanson qui illustre le propos d'Eric-Emmanuel Schmitt

"I Thought Santa Claus Was Christ" Parody by Paul Robinson

 
[Instrumental intro]
[During intro - to bass guitar notes]]
{Ho-ho-ho-ho, ho-ho-ho-ho, ho-ho-ho-ho}
{Ho-ho-ho-ho, Ho...Ho, I thought this so...I was a dope}

I thought Santa Claus was Christ
I was young; it was unclear
He brought gifts; Went "Ho-Ho-Ho"
and then later on he saved your soul
OK, that was really dumb
It made sense to me

I was real mixed up
think most likely it was because
each December both appeared
sure seemed like one guy to me
Man, that sure seems dumb today
It made sense then

In my silly, young child's mind
I had got it all mixed up
Might seem ridiculous today
I was only five years old
There was no reason to deny
Both he could be


{Went, "Ho-Ho-Ho"}

Made
sense
to me
{Then saved your soul}

{I was a dope}

Later on I realized
Just how big a dope I'd been
Must have been 'bout ten years old
Boy, did I feel like an asshole
I'd believed that crap at "nine"
What a dumb-sh*t
{dumb-sh*t kid, a real half-wit, that was me}

~ ~ ~ the end ~ ~ ~
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