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23 février 2022 3 23 /02 /février /2022 20:30

Gorze, Février 2022

  Chers amis,

  Ce mois-ci l’Eglise nous invite à nous préparer au carême. En effet, nous entrons dans cette période liturgique que l’on appelle en occident les Gésimes, temps de préparation à cette grande période d’exercices spirituels que sont les quarante jours avant la Pâque dans la Tradition chrétienne !

  Nous sommes ici mis une fois de plus en face des enjeux de notre vie et de nos responsabilités, et invités à une réflexion sur la stratégie qui s’impose à chacun de nous pour faire progresser notre conversion à l’Amour divin…, et cela en vérité, en profondeur et avec efficacité.

  Réfléchissons-nous à notre stratégie de carême ? Nous percevons souvent au loin cette nécessité dans nos vies d’une conversion à l’Amour divin, mais avons-nous conscience de l’urgence ? « Aujourd’hui peut être mon dernier jour ! » répétait souvent Rachel Goettmann à la communauté de Béthanie ou pendant les sessions. Elle nous interpellait ainsi à ne pas remettre à plus tard ce qui doit être posé dès aujourd’hui !

  Jésus est allé vers sa Pâque d’un pas résolu, nous enseignant le chemin par des paraboles, des actes, des guérisons et il est finalement monté à Jérusalem pour être livré, bafoué et outragé, couvert de crachats, flagellé et tué, pour ressusciter le troisième jour ! Il nous a montré toute la perspective de ces quarante jours qui vont s’ouvrir devant nous.

  Mais nous sommes souvent aveugles spirituellement ! C’est pourquoi nous ne voyons pas, nous ne comprenons pas, ou si peu, la Parole de Dieu, c’est-à-dire le message de Jésus, le Dieu incarné. Ne sommes-nous pas souvent spirituellement des survivants ? Il nous est nécessaire pourtant, c’est une question vitale, d’approfondir notre connaissance de l’Evangile, notre connaissance de Jésus, de Dieu, de la Divine Trinité !

  Certes nous savons que Jésus existe, que Jésus est près de nous, mais alors pourquoi ne nous écrions-nous pas comme l’aveugle de Jéricho dans l’Evangile : « Jésus Fils de David, aie pitié de moi ! », car voilà bien l’attitude fondamentale que nous propose l’Evangile ? Confesser notre foi et appeler la miséricorde de Dieu sur nous.

  Aujourd’hui nous pouvons, avec la Tradition des Pères de l’Eglise, aller plus loin que l’aveugle au temps de Jésus et dire : Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur. C’est-à-dire confesser la divinité de Jésus, son engendrement du Père, sa filiation divine et la manifestation de l’Esprit Saint en Lui, en un mot confesser la Divine Trinité. Et ensuite, comme l’aveugle de Jéricho, dire « aie pitié de moi », c’est-à-dire appeler l’ouverture des entrailles de miséricorde de Dieu sur nous qui sommes pécheurs, tellement emplis de maux, et spécialement de cécité spirituelle, que nous sommes empêchés de voir Dieu.

  De « Voir Dieu tel qu’Il est »(1) selon le beau titre d’un livre très important de saint Sophrony de l’Athos, c’est-à-dire, être en communion profonde avec Lui, en nous et autour de nous, car c’est la source de la vraie joie et de l’épanouissement véritable.

Cette prière va de pair, particulièrement en ce carême qui s’envisage, avec le jeûne et l’effort ascétique qui consiste à combattre les tendances les plus nocives de notre moi : notre convoitise insatiable, notre désir de puissance, notre besoin d’être estimé, notre besoin d’être admiré, de nous imposer aux autres, bref tout ce qui ferme notre regard à la vision de Dieu !

A chacun bien sûr ici de scruter comment cela se concrétise pour lui dans sa vie !

  Mais alors nous expérimenterons, c’est inévitable, ces petites voix qui nous susurrent ou ces grosses voix qui nous hurlent de ne pas prier car ça ne sert à rien et que nous n’avons pas le temps, de ne pas jeûner car nous travaillons et sommes faibles, de ne pas combattre notre moi car il faut qu’il s’épanouisse ! Je ne vous fais pas de dessins, vous avez bien compris de quoi il s’agit, nous les expérimentons chaque jour ces voix.

  Dans ce cas il faut crier plus fort encore, et c’est à cela que l’Evangile nous invite en permanence : Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur ! Alors la Présence divine manifestée par le Saint Nom de Jésus nous « couvrira de ses ailes et sous son plumage tu espéreras, sa vérité est un bouclier et une cuirasse. »   (Ps 91)   

  En ce temps de préparation au combat du carême, posons un regard clair et honnête sur notre vie, réfléchissons à la stratégie à mettre en place très concrètement pour confesser notre foi dans les actes de notre vie et appelons la miséricorde de Dieu sur nous. Le chemin spirituel n’est pas une réflexion intellectuelle, la foi n’est pas un sentiment ou une ambiance mais une confession et une pratique, un combat pour réveiller en nous l’image divine et faire un pas de plus vers la ressemblance à la Divine Trinité.

             Avec toute mon affection en Christ !

                                                  Père Pascal

Voir Dieu tel qu'Il est par l’Archimandrite Sophrony, éditions du Cerf

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22 février 2022 2 22 /02 /février /2022 20:24

Le mot vient de l’italien putto, « l’enfant », terme lui-même dérivé du latin putare, « laver ». « Petit » est celui qui ne peut pourvoir à son propre soin.

C’est ainsi que l’entend la parabole dite du Jugement dernier, à propos de l’aide que l’on doit à l’homme nu, emprisonné, affamé : « Chaque fois que vous l’aurez fait au plus petit d’entre mes frères, dit Jésus, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

Si une vie mesure son humanité par le soin du plus petit, c’est vers lui qu’elle doit inlassablement converger. Vers lui aussi pourraient converger nos combats collectifs. Prenons deux d’entre eux : l’épineuse question des flux migratoires et celle controversée des « convois de la liberté ».

À l’heure où j’écris, des camionneurs canadiens occupent Ottawa parce que, en l’absence de vaccination ou d’un pénultième rappel, ils ne peuvent plus passer la frontière de leur propre pays, perdant ainsi leur droit de travailler.

Le migrant, quant à lui, est un être qui a passé une ou plusieurs frontières sans pourtant laisser aucune d’elles derrière lui. Comme dans un cauchemar, celles-ci lui collent à la peau. Là où il est, le migrant ne déclenche aucun droit.

Ce ne sont plus des frontières physiques, puisqu’il est là, mais des frontières impalpables, qu’ouvrent ou ferment des procédures administratives. La patrie du migrant se limite à son corps et son corps, n’étant d’aucun corps social, s’arrête à cette peau que chaque jour il doit sauver.

C’est ainsi que, à tort ou à raison, les « convoyeurs de la liberté » vivent les sanctions vaccinales. Ils sont dans un pays en perdant peu à peu le droit d’en être. Au Canada précisément, entre autres restrictions que nous connaissons, l’accès au culte est conditionné à la présentation d’un QR Code.

Qu’un camionneur canadien, bonhomme sous sa chemise à carreaux, puisse être assimilé à un migrant, cela révèle une des lois secrètes de notre vie commune : le mal que nous laissons faire aux plus petits, c’est cela qu’il nous arrivera bientôt.

Dans la suite de la parabole, le Christ ne dit pas autre chose (Mt 25, 45). Et en effet : perdre votre droit d’entrer dans vos lieux de vie habituels parce que votre QR Code n’a pas été initialisé, c’est, à la manière d’un migrant, voir votre peau devenir la limite de votre monde.

Si nous n’y prenons garde, si par exemple nous laissons dans l’indifférence le fait qu’aujourd’hui nombre d’adolescents n’ont plus accès à la bibliothèque ou à la piscine, la vie sous passe vaccinal ressemblera à une sorte de lèpre sociale.

Que conclure de cela ? Que le sort que nos politiques réservent aux moins puissants nous regarde tous ? Sans aucun doute.

Que la façon dont cela nous regarde doit nous inviter à mesurer les conséquences sociales et humaines de l’emprise technologique sur nos vies ?

Je le crois aussi. « C’est la marge qui tient la page », disait Godard. C’est aux petits d’aujourd’hui qu’on mesure les grands.

Par Martin Steffens, philosophe (1)

(1) Auteur de Faire face. Le visage et la crise sanitaire, avec Pierre Dulau, Première partie, 160 p., 17 €.

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20 février 2022 7 20 /02 /février /2022 20:22

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