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21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 19:30

Comment faut-il comprendre le verset des Psaumes (81,10) : « Qu'il n'y ait point en toi de dieu étranger. »

Savez-vous quel est ce dieu étranger qui siège dans le corps de l'homme ?

Eh bien c'est l'instinct du mal.

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20 octobre 2021 3 20 /10 /octobre /2021 19:30
Fêtée le 15 octobre, la réformatrice du Carmel était une maîtresse de vie spirituelle. Son chef-d’œuvre, « Le Château intérieur », reste accessible à tout chrétien.

Dans quel contexte Thérèse d’Avila a-t-elle écrit « Le Château intérieur » ?

En juin 1577, lorsque Thérèse d’Avila commence à écrire Le Château intérieur ou le Livre des Demeures, elle vit une période extrêmement troublée. Victime de tensions politico-religieuses et de dissensions à l’intérieur de l’ordre, la réformatrice du Carmel est sommée d’arrêter toutes ses fondations.

Son livre autobiographique, Le Livre de la Vie, a été confisqué par l’Inquisition. Jérôme Gratien, un carme humaniste devenu son père spirituel, lui demande d’écrire un nouveau livre dans lequel elle présente un itinéraire spirituel sans mentionner son expérience.

Thérèse obtempère depuis Tolède, en Espagne, où elle s’est retirée : « L’obéissance m’a imposé peu d’ordres qui m’aient paru aussi difficiles », confie-t-elle au début du prologue du Château intérieur (1). L’ouvrage, achevé le 29 novembre 1577, est considéré comme son chef-d’œuvre. 

« C’est un livre écrit d’un premier jet en un temps record, deux mois, sans compter une période d’interruption où elle se rend à Avila. En le lisant, on ne peut imaginer au milieu de quelle tempête elle écrit tant elle semble profondément en paix », commente le frère Olivier-Marie Rousseau, carme déchaux, prieur d’Avon (Seine-et-Marne).

Que représente le symbole du château ?

Thérèse d’Avila propose de considérer « notre âme comme un château, fait d’un seul diamant ou d’un cristal parfaitement limpide, et dans lequel il y a beaucoup d’appartements, comme dans le ciel il y a bien des demeures ». 

Certaines de ces demeures sont « en haut, les autres en bas, d’autres sur les côtés. Enfin, au centre, au milieu de toutes les autres, se trouve la principale, où se passent entre Dieu et l’âme les choses les plus secrètes ». 

Depuis l’enfance, l’imaginaire de Thérèse d’Avila est peuplé de chevalerie. Sa ville natale est entourée de murailles. « L’image du château lui permet de parler de la construction de son être spirituel. Ce que saint Paul appelle l’homme intérieur », explique le frère Philippe Hugo, également carme déchaux.

Cette image repose sur les paroles de Jésus rapportées par l’évangéliste Jean : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures » (Jn 14, 2), et « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jn 14, 23).

Pour Thérèse, le but de la vie spirituelle est cette union intime avec Dieu. « On est alors au tournant anthropologique de la Renaissance. Dieu n’habite plus le ciel cosmologique, mais le cœur humain. Le propos du livre, c’est que Dieu habite le cœur de l’homme, créé à son image et à sa ressemblance, par amour et par joie. Et l’homme est appelé à vivre cette communion », expose le frère Olivier-Marie Rousseau. Pour l’expérimenter, Thérèse propose un itinéraire dont les portes d’entrée sont la prière d’oraison et la connaissance de soi.

Que désignent les sept demeures ?

Au XVIe siècle, il est habituel de parler de la vie spirituelle comme d’une ascension avec des étapes successives, mais il ne faut pas rester prisonnier de cette image.

Thérèse elle-même reconnaît que l’âme peut circuler librement dans le château, passer d’une demeure à l’autre.

Dans chacune, elle va expérimenter un aspect de la vie spirituelle. Ainsi, dans les premières demeures, la personne découvre qui elle est et qui est Dieu, elle reconnaît son éloignement de Lui.

Dans les deuxièmes demeures, elle entend l’appel à suivre le Christ. « Mais c’est aussi une étape de lutte pour ne pas retourner en arrière », souligne le frère Philippe Hugo. La personne a décidé de prier, mais elle doit persévérer pour être fidèle à cette décision.

Les troisièmes demeures sont celles de la vie vertueuse. La personne a mis de l’ordre dans sa vie, elle prie régulièrement. Mais le piège serait qu’elle se croit arrivée !

C’est pourquoi elle expérimente des moments d’aridité et des distractions dans la prière. Celles-ci sont l’occasion de se reconnaître humble devant Dieu.

Les quatrièmes demeures marquent une étape importante : la personne goûte une forme de paix intérieure. « Pour la première fois, elle expérimente la vie de Dieu en elle de manière prégnante. Cela la met dans un silence intérieur », précise le frère Olivier-Marie Rousseau.

Dans les cinquièmes demeures, elle reçoit une grâce d’union à Dieu. Celle-ci lui tombe dessus et elle transforme sa vie.

C’est pourquoi Thérèse utilise le symbole d’un ver à soie qui devient un papillon blanc. « Jusque-là, la personne faisait effort pour aller vers Dieu, maintenant elle est portée par la grâce. C’est l’envol. La personne a un brûlant désir d’être utile aux autres », poursuit le religieux.

Mais cette porte qui s’ouvre sur une vie nouvelle n’est qu’une grâce ponctuelle. Reste à apprendre à aimer Dieu et son prochain. Pour l’exprimer, Thérèse introduit une nouvelle image, celle du mariage spirituel, « non parce qu’elle aime ce symbole, mais elle n’a pas trouvé mieux ! ».

Ainsi, après la rencontre de l’époux dans les cinquièmes demeures, commence le temps des fiançailles dans les sixièmes demeures. Il aboutit dans les septièmes demeures à la pleine communion avec Dieu, symbolisée par le mariage spirituel.

La personne expérimente la présence continuelle de Dieu en elle. « Le papillon meurt : c’est la mort de l’ego. L’âme appartient au Christ pour être disponible à son œuvre et à sa mission », note encore le prieur d’Avon.

La finalité de cet itinéraire est d’agir en articulant contemplation et action, comme le rappellent les figures bibliques de Marie et de Marthe. « Il ne faut pas imaginer de grandes actions », rassure le frère Philippe Hugo.

Si Thérèse d’Avila a connu des phénomènes extraordinaires comme l’extase, Le Château intérieur n’est pas réservé aux mystiques, mais accessible à tout chrétien. « C’est l’ordinaire de la vie qui est transformé à partir d’une source intérieure. »

 

(1) Le Château intérieur, Thérèse d’Avila, Cerf, 2020, 8 €.

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19 octobre 2021 2 19 /10 /octobre /2021 19:34

Le génie de l’Occident est dans l’analyse, la séparation, le classement, la distinction. Ainsi, on oppose le corps et l’âme, le psychologique et le spirituel, la science et la foi, le profane et le sacré, le personnel et le collectif, l’individu et la planète. Celui qui invoque le besoin d’unité ou d’intégration ne tarde pas à être accusé de confusion, de syncrétisme ou de mélange des genres. Pourtant, toutes les réalités ont simultanément leur visible et leur invisible. Et il en est une en particulier pour laquelle le dualisme ne tient pas : je veux parler de la respiration.

Le souffle est ambivalent. Il est tangible et physiologique d’un côté, immatériel et spirituel de l’autre. La technique médicale contemporaine nous permet d’observer les effets de la respiration. Mais celle-ci n’est pas qu’une fonction physiologique mobilisant poumon, circulation sanguine et oxygène. Les grandes traditions spirituelles nous aident à accéder à sa « face cachée ». Elles se sont efforcées de dire combien le souffle est aussi ce qui rend l’homme vivant, de l’intérieur.

Les ruah, nephech et neshama hébreux, les pneuma et noos grecs, les spiritus et anima latins, le prana hindouiste, le qi taoïste, l’Esprit chrétien. Tous ces termes portent, comme le mot « souffle » en français, cette ambivalence entre une réalité physiologique et un sens figuré immatériel. Ils s’inscrivent dans une culture et une anthropologie propre, et sans être tous strictement synonymes les uns des autres, ils rendent compte de ce qui nous traverse en profondeur et qui est de l’ordre de l’inspiration, de l’énergie, de la force vitale, du souffle primordial, parfois considéré comme étant d’essence divine. Autrement dit, dans toutes les cultures, la respiration n’est pas que de la respiration, elle est aussi un souffle qui rend vivant.

Le souffle est le principe agissant de la vie. Mais s’il vient à manquer, je m’essouffle, j’étouffe, je suffoque et je peux expirer… mon dernier souffle. Ces verbes, on les emploie aussi pour décrire des réalités intérieures : « En ce moment, je manque de souffle dans mon travail » ; « dans ma vie de couple, j’étouffe carrément » ; « au secours, laissez-moi respirer, de l’air ! » et vous compléterez cette liste d’expressions qui traduisent combien notre souffle vital peut être altéré, affecté par notre environnement externe et interne.

Si le souffle est physique et spirituel, il est aussi personnel et universel. Ce souffle qui m’anime en profondeur est le même que celui habite l’univers. Il est celui qui me relie aux autres vivants, depuis l’origine du monde. Il est aussi le pont entre le monde visible et invisible. Depuis peu de temps seulement, l’Occident a appauvri l’humain en le soumettant à une vision qui le coupe de son souffle vital ou, pour le dire autrement, de sa réalité pneumatique.

Je fais régulièrement l’expérience qu’être davantage présent à mon souffle qui va et qui vient, c’est être davantage présent à la Vie qui circule. Cela me donne envie d’être davantage attentif à qui expire et qui inspire en moi…

Par Jean-Guilhem XerriPsychanalyste et essayiste

(1) Auteur de (Re)vivez de l’intérieur, Cerf, 224 p., 16 €.

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