Un jour Dieu convoqua Saint Pierre.
- Pierre, Je t'ai vu tout à l'heure refuser l'entrée de mon royaume à un homme. Tu l'écoutais, rouge de confusion et de fureur, toi d'habitude si attentif et maître de toi. Quel était donc son crime?
- Il parlait dans un langage qui ne peut qu'avoir été inventé par le démon. D'ailleurs, il lui arrivait même de parler à l'envers, comme les suppôts de Satan.
- Et quel était donc ce langage?
- L'argot, Seigneur.
- Je vois. N'est-ce pas la langue du petit peuple de Paris ?
- La langue des voyous, des prostituées
- Comme tu y vas, Pierre! Mais dis-Moi, cet homme, blasphémait-il contre Moi?
- Disons qu'il riait de Toi et de Ton fils.
- Non, Pierre, Je pense plutôt qu'il riait de lui car le rire est souvent la seule richesse des déshérités. Et même s'il riait de Moi, que M'importe le rire quand il n'est pas ricanement.
D'ailleurs, dans quelle autre langue que la sienne veux-tu qu'il parle de Moi?
Y-a-t-il un seul homme sur terre qui parle la langue des anges ? Non, Pierre, Je préférerai toujours un homme qui rit de Moi dans sa langue d'origine à celui qui dit m'adorer dans une langue empruntée.
- Mais Seigneur...
- Je n'ai pas fini, Pierre. Ne suis-Je point le Verbe? et le Verbe ne contient-il pas toutes les langues que parlent les hommes? Et dans le brouhaha de ces milliers de langues qu'ils se sont données, comment veux-tu que je distingue celles qui ont la grâce et celles qui ne l'ont pas.
En vérité, aucune ne l'a, pas plus la langue du clerc que celle du voleur.
Pas plus celle du sauvage qui vit isolé sur son île que celle d'un quelconque maître du monde; lequel a tort de s'imaginer qu'il M'est plus intelligible donc plus cher à Mon coeur.
- L'est-il moins que cet homme que j'ai chassé? La qualité d'un homme n'est-elle point reflétée dans son langage ?
- Que m'importe! Le langage n'est que l'outil que se sont donné les hommes pour communiquer entre eux, pas pour communiquer avec Moi.
Bien présomptueux celui qui prétend détenir la vraie langue. Non, toutes les langues me sont indifférentes. Autre chose. Tu me parlais tout à l'heure des voyous et des prostituées.
N'est-ce point justement chez ces gens-là, ainsi que chez les pauvres et les déshérités que j'ai envoyé Mon fils? Dans quelle langue supposes-tu qu'il parlait pour se faire comprendre d'eux?
Dans quelle langue crois-tu qu'il a pardonné aux deux larrons qui l'ont accompagné au supplice? Dans la langue des clercs et des instruits?
Mon Fils ne pouvait moins faire que Saint François d'Assise qui plus tard a parlé aux oiseaux dans le langage des oiseaux.
- Seigneur, j'ai accompagné Christ dans son prêche, et j'ai beaucoup trop d'amour pour lui pour me le rappeIer parlant une autre langue que celle de la grâce!
- Soit. Mais toi-même Pierre, quand tu étais humble pêcheur en Galilée, les seules fois où tu criais mon nom, n'était-ce pas quand tu te cassais un ongle sur une maille de tes filets?
En y ajoutant même parfois une cinquième lettre, si tu vois ce que Je veux dire. Puis Christ est venu à toi, il t'a parlé dans ta langue d'humble pêcheur, il t'a dit "Suis-moi" et tu l'as suivi.
Puis vous êtes allés tous deux à la pêche aux autres humbles, vous êtes attablés avec les voleurs, les mauvaises femmes, leur avez parlé dans leur langue.
Ils vous ont écoutés, vous ont compris, et ils ont aimé Christ, et Moi à travers lui. L'auraient-ils fait si Christ leur avait coupé la langue ? La grâce se serait-elle installée?
- Je ne crois pas Seigneur.
- Alors rappelle cet homme que tu as chassé. Et si cela peut t'aider, imagine qu'il ait un jour rencontré Christ comme toi tu l'as rencontré.
Et qu'après Jean, Luc, Mathieu et Marc, il ait eu lui aussi ressenti la nécessité de raconter cette rencontre, de la faire partager aux hommes de sa condition.
- Je n'ose imaginer un pareil évangile, Seigneur!
- Fais un petit effort, Pierre. Crois-tu que la grâce ou la foi soient si petites choses pour craindre la langue des hommes, quelle qu'elle soit?
Et puis, Moi-même, qu'ai Je à craindre d'un argot qui peut être vulgaire, c'est à dire venu du peuple, mais jamais grossier, offensant ou blasphématoire?
La situation commande, Pierre. Christ, qui, ne l'oublie pas, est Dieu fait homme, s'il ne doit pas transiger sur le message dont il est porteur, est lui-même assez fort pour prendre l'homme tel qu'il est.
Il n'y a que les hommes pour être choqués par ce font ou disent d'autres hommes.
Moi, si Je les aime trop pour les accepter tels qu'ils sont, Je les aime trop également pour les rejeter.
- Je réfléchirai à tout cela, Seigneur.
- Allez, à la revoyure, Pierrot.
- A la revoyure, Grand Dab, heu, je veux dire, au revoir, Seigneur.
Voici comment le Vénéré Lardon est né. Marie, sa daronne, était la gonzesse à Jojo, mais avant qu'ils soillent à la colle, elle se retrouva en cloque par l'opération du Saint-Esprit. Jojo, plutôt à cheval sur les principes, mais choucard tout de même, ferma son claque-merde pour ne pas lui faire du tort: "Retourne chez ta vioque, qu'y jacta à Marie, et dégote-toi une autre pomme pour faire claper ton gniard". Mais pendant qu'il pionçait peinard dans sa carré, un ange muche se pointa en rêve et lui jacta dans les esgourdes: "Jojo, fiston de David, t'angoisse pas la tête, prends Marie comme régulière, son berlingot est intact, sans dec'!
C'est par la puissance du Saint-Esprit qu'elle porte un mirliton dans le tiroir. Aucun mec n'a mis la paluche sur elle, j'te l'jure. Elle va te pondre un gniard et tu lui donneras le blaze de Juju-les-Bons-Tuyaux, car il sauvera le populo de toutes ses conneries!"
Quand Jojo ouvrit les châsses, il fit ce que le céleste lui avait baragouiné dans la noille. Il se marida donc avec Marie, mais préféra se taper sur le bide durant toute la grossesse, ne tenant pas à faire de la balançoire à son âge.
Neuf mois plus tard, parut au baveux officiel une loi de César Auguste: Tous les mecs et gonzesses de Judée devaient se faire recenser.
Jojo, descendant de David, dut se rendre en Judée pour se faire recenser dans sa ville d'origine, Bethléhemuche. Il partit donc de Nazareth avec Marie, ballonnée jusqu'aux doudounes. Mais comme c'était jourdé de marché, il n'y avait plus un seul plumard de disponible dans les clapiers de Betléhem. C'est donc dans une étable que Marie pissa sa côtelette entre un bifteck à pattes et un têtu. Juju ouvrit donc les mirettes
dans une crêche, à vingt-quatre plombes précises, un soir de Noël pour pas râter le réveillon. Les rois mages furent les premiers à lui offrir ses jouets.
Huit jourdés plus tard, on amputa Juju d'un bout de zigounette comme le voulait la coutume et on lui donna officiellement le blaze de Juju les BonsTuyaux.
Ensuite, L'Esprit conduisit Juju dans le désert pour qu'y s'fasse quéque peu emmerdailler par le démon, histoire de le tenter. Après avoir passé quarante jourdés et quarante noilles sans becter, Juju eut la dalle. Le Cornu au pied bot se pointa et lui jaspina en ricanant: "Si t'es le lardon du Grand Boss,' ordonne à ces caillasses de se changer en brichetons et moi j'offre les rillettes et le jaja! "... Juju lui répondit: "Les mecs vivent pas seulement de casse-dalles, connard, mais de toute jactance que mon Dab prononce! "
Alors, le lance-flammes l'emmena dans la capitale des Feujs, le plaça sur le clocher de l'église et lui jacta: " Si t'es le gniard du Grand Boss, carre-toi la gueule en bas car il est écrit dans les Saintes-Bafouilles que les anges doivent t'empêcher de te rétamer la tronche sur les
pavetons". Juju répliqua: "Les Saintes-Bafouilles, tranche de cake, disent aussi: "Ne casse pas les balloches à ton Dab pour des conneries futiles! "
Le grand cornu le mena ensuite sur une montagne avec vue panoramique sur le monde et jacta: " J'te r'file tout çà si tu me lèches les pompes!" Alors, Juju, qu'en avait ras le cornet d'esgourder autant de bobards, lui jaspina dans les étagères à mégot: "Casse-toi, fils de pute! Retourne te faire cramer les burnes dans ton micro-ondes!
Cette fois, le diable, la queue molle les guibolles, décarra pour de bon, mais bien décidé à revenir à l'occase. Des angemuches se pointèrent aussitôt pour faire grailler Juju qui commençait à les avoir dans les talons.
Quand Juju esgourda que son pote Jeannot était encristé because l'avait critiqué Hérode Junior qui glissait régulièrement un nerf à sa belle-doche Hérodiade, il préféra mettre les adjas.
Il loua un meublé à Capernaüm avec vue sur le lac de Galilée, histoire de zieuter d'un peu plus près les pêcheurs. Il n'arrêtait pas de débagouler aux touristes qui se faisaient rôtir les miches et les roberts sur la plage. Il jactait comme son pote Jeannot: "Arrêtez vos conneries, changez de peau et de kelton, esgourdez la Bonne Jactance car mon Dab rallège bientôt, et c'est pas le taulier du Club Med, j'vous l'dis tel quel! "
Juju se pointa ensuite dans une ville au blaze de Naïm. Ses dissipés l'accompagnaient, ainsi qu'une foule de mecs, de gonzesses, de gniards et de pisseuses. En entrant dans le bled, il tomba sur un convoi de pompes funèbres. On emmenait au boulevard des allongés le lardon unique d'une veuve.
Juju, le coeur gros comme une pastèque, fut émotionné du chagrin de la gonzesse. Il lui dit: "Arrête tes chiâles, meuf, ça me déchire le palpitant. " Puis il s'approcha, toucha le pardessus en peau de sapin dans lequel les bloches commençaient à mettre le couvert, et il jacta: "Mec, redresse-toi!" Le clamsé se redressa comme un ressort, prit le couvercle en pleine gueule et se mit à gémir: "Où suis-je?" Ce qui était bon signe. On dévissa vite fait le couvercle et Juju remit le gniard à sa mère, toute joice de retrouver son môme indemne, avec juste une bosse en plus sur la tronche.
Quand Juju mata cette foule, il crapahuta sur une haute colline, posa son saint-siège sur une grosse caillasse et jacta à ses fans:
"Bonnards les ceusses qui sont faucheminces car la cambuse de mon Vieux est à eux!"
"Joices les caves, car mine de rien y décrocheront la timbale!"
"Bonnards les ceusses qui chiâlent car y se fendront bientôt la gueule! "
"Bonnards les gus qu'ont la dalle, car y baffreront à s'en péter la boîte à ragoût! "
Bonnards êtes-vous si des mecs vous crachent à la gueule, vous sacquent à coups de lattes, vous traitent de putes ou de pèdes à cause de mézigue!
"Joices les ceusses qui ne défouraillent pas pour un oui ou un non, because on réfléchira à deux fois avant de les rectifier! "
"Bonnards les mecs réglos car le Grand Dab les aura à la bonne! "
"Joices les ceusses qui se défoncent au Pentothal, le Grand Boss leur promettra du Nanan! "
"Mais que dale si vous êtes bourrés de tunes jourdhui! "
'Que dale si vous graillez comme des pourceaux!" "Que dale à vous qui vous fendez la gueule comme les baleines sauvées par B.B! "
"Oui, sans bobards, je vous le jacte à vous qui m'esgourdez: Aimez les connards, les ploucs. Rincez la gueule à ceux qui vous font chier, bénissez les locdus et priez pour les tantouzes! "
"Si un gonze te claquemuche une mandale dans les chicots, tend ton blaire. Si un connard te choure ton sonblou, file-lui ta limace et ton bène en prime! Si on te chourave ton pionneer dans ta caisse, porte pas le pet aux lardus. Si on t'emprunte dix sacs, donne-les, ne les prête pas, de toute façon tu te feras baiser tout de même!"
"Vous avez esgourdé qu'il a été jacté à vos vioques: 'Tu ne trucideras pas". Tout mecton qui rectifie un gonze se retrouve au placard pour un max de piges. Mais moi, je vous le jaspine: Tout trouduc qui se fout en rogne contre son frangin ira au mitard! Pour celui qui traite son frolot de "connard", idem au cresson!
Celui qui le traite de "schtarbé" " mérite d'aller se faire griller les agobilles en enfer!
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