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2 novembre 2018 5 02 /11 /novembre /2018 23:25

Dans Une saison en enfer, Rimbaud écrit que « le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes ».

Or, s’il est un lieu privilégié où se déroule ce combat spirituel, c’est bien l’oraison, appelée aussi prière contemplative ou prière de silence.

Que de chrétiens la commencent avec enthousiasme et l’abandonnent en cours de route.

Y a-t-il plus d’anciens combattants que de jeunes recrues pour cette forme de prière intérieure ? Ne nous décourageons pas, nous pouvons toujours reprendre les armes si nous le voulons, car c’est avant tout une question de désir, de volonté, d’amour, de foi.

L’oraison n’est pas une guerre pour surper héros, elle est au plus un combat spirituel pour les pauvres que nous sommes

Je veux ce que tu veux

Le père Henri Caffarel (1903-1996) a montré dans ses nombreux livres que l’oraison est une orientation libre de tout notre être vers Dieu.

« Seigneur, je veux de cette oraison ce que tu en veux ». Cet acte lucide de vouloir ce que Dieu veut dépasse les sensations, les sentiments, les distractions, les images, les idées que nous pouvons éprouver en priant.  

Dans Cinq soirées sur la prière intérieure, il écrit : « Mais alors si l’essentiel de l’oraison ne réside ni dans la stabilité de l’attention, ni dans le « je sens », ni dans le « je pense », où le trouver ?

Dans le « je veux », l’adhésion de ma volonté à la volonté de Dieu.

Ce qui revient à dire que l’oraison n’est pas affaire d’attention, ni de sensibilité, ni d’activité intellectuelle. Elle consiste en cette orientation que j’imprime volontairement à mon cœur profond. »

Ce « je veux », moteur du voyage intérieur avec le Christ qu’est l’oraison, devient le « pilote automatique », expression chère au père Caffarel, qu’il appelle aussi « intention ».

L’intention de se livrer sans réserve à l’amour de Dieu dans l’oraison commande tout le parcours, même si l’attention à Dieu n’y est pas toujours.

L’intention vient de nous et nous engage à continuer à prier, l’attention à Dieu est une grâce qui nous conduit à goûter son silence d’amour.

Dieu combat en nous par son Esprit, nous n’avons qu’à lui dire : « Je veux être tout à toi ». 

Laisser Dieu triompher en nous

Si l’oraison relève de la volonté, elle est de l’ordre du combat spirituel, comme Jacob avec l’ange, où nous laissons Dieu triompher en nous.

Être seul devant Dieu pour se recentrer en lui, cela ne va pas de soi.

Il ne s’agit pas tant de « lâcher-prise » - comme un effort illusoire de notre part -, mais de s’abandonner à Dieu en nous, nous recentrer sur sa présence aimante. 

Saint Nicolas de Flüe disait : « Il peut se faire qu'on aille à la prière comme à la danse, il peut se faire qu'on aille à la prière comme au combat ».

L’important est d’y aller, et de durer, sans faire de grands efforts, si ce n’est de laisser Dieu vaincre nos résistances en misant sur nos faiblesses. « Ma faiblesse, c’est ma force », disait saint Paul.  

Nous ne pouvons persévérer dans la prière que par l’ardeur d’un amour humble et confiant qui attend tout de Dieu. Si nous l’aimons vraiment, nous prierons.

S’il fait partie de notre vie, nous mènerons le combat de la prière avec la force de notre foi, la vigueur de notre espérance et la ferveur de notre amour.

Nous avons à combattre la lourdeur, la paresse, l’ennui, la routine, par la puissance de la Parole de Dieu qui soutient notre prière. 

L’oraison se nourrit à la méditation de la parole de Dieu, surtout l’Évangile, lieu privilégié de la rencontre du Christ.

Plus nous méditons l’Évangile, plus Dieu incline notre volonté à la prière profonde.

Sa parole épouse toujours notre silence, même s’il est inquiet et tapageur. « Cherchez en lisant, et vous trouverez en méditant ; frappez en priant, et il vous sera ouvert par la contemplation » (Catéchisme de l’Église catholique, no 2654).

Nous avons aussi à lutter contre cette vague impression que nous perdons notre temps dans la prière, que nous ne savons pas quoi dire et quoi faire lorsque les distractions nous talonnent.

Nous avons à combattre cette tentation qu’il ne se passe rien lorsque nous prions, que Dieu n’entend pas nos prières, qu’il ne nous exauce pas.

Dieu est toujours là, près de nous, présent en nous. Acceptons cette présence avec confiance et offrons-nous à son amour. Notre prière lui appartient.

C’est un don que nous lui rendons jour après jour. Il ne veut que la fidélité dans la prière. « Le juste vivra par sa fidélité » (Habaquq 2, 4).

C’est le grand combat à livrer, nous y arrivons en nous appuyant sur la fidélité de Dieu. 

Communier au Christ

Prier n’est pas faire le vide, c’est communier au Christ.

Celui ou celle qui prie mène à sa manière le combat du Christ au désert, où, pendant quarante jours, il a été tenté par le diable.

Il a lutté aussi à Gethsémani lorsqu’il a repoussé l’extrême tentation en acceptant jusqu’au bout la volonté du Père. Le priant est habité par la détresse du monde, il lutte avec le Christ pour intercéder auprès du Père.

L’oraison est l’arme efficace pour lutter contre le mal, l’orgueil, l’égoïsme, la haine, la violence.

Le pape François à montré dans son exhortation Gaudete et Exsultate, sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel, que la vie chrétienne est un combat permanent.

"Il faut de la force et du courage pour résister aux tentations du diable et annoncer l’Evangile. Cette lutte est très belle, car elle nous permet de célébrer chaque fois le Seigneur vainqueur dans notre vie." (no 158)

Pour lutter contre le démon, qui n'est pas un mythe, écrit le pape, nous avons les armes puissantes que le Seigneur nous donne : "la foi qui s’exprime dans la prière, la méditation de la parole de Dieu, la célébration de la Messe, l’adoration eucharistique, la réconciliation sacramentelle, les œuvres de charité, la vie communautaire et l’engagement missionnaire." (no 162)

L’oraison est une arme puissante pour progresser sur le chemin de la sainteté.

Elle varie selon les jours, mais celle que nous vivons aujourd’hui est celle qui nous convient, puisque c’est le Christ qui nous la donne au moment présent.

Ressuscité, il est toujours là, nous partageant sa paix comme à ses apôtres. Il nous donne l'Esprit Saint pour accomplir en nous sa victoire finale.

Article paru, en partie, dans Le Verbe, Québec, avril 2018.

Pour aller plus loin: Henri Caffarel, maître d'oraison (Cerf); La prière chrétienne, guide pratique (Presses de la Renaissance).

Jacques Gauthier

Jacques Gauthier est né à Grand-Mère en 1951. Il est marié et père de quatre enfants. Il a été professeur à l'Université Saint-Paul d'Ottawa pendant 20 ans et rédacteur aux éditions Novalis. Il se consacre maintenant à l'écriture et aux conférences qu'il donne autant en France qu'au Québec. Il est aussi chroniqueur de spiritualité à l'émission quotidienne C'est ça la vie de Radio-Canada. Poète et essayiste, il a publié plus de 50 ouvrages, dont plusieurs recueils de poèmes aux Écrits des Forges et aux Éditions du Noroît.

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1 novembre 2018 4 01 /11 /novembre /2018 23:58

Le Prix de la fraternité. Retrouver ce qui nous unit

de Guillaume de Tanoüarn

Tallandier, 334 p.

La fraternité est souvent invoquée comme un remède politique aux maux de notre société. Pourtant, elle ne se décrète pas.

Sur quoi donc la fonder ? comment la construire ?

C’est à ces questions que tente de répondre cet essai.

Le père Guillaume de Tanoüarn, transfuge de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, et cofondateur de l’Institut du Bon-Pasteur en communion avec Rome, fait ici œuvre de philosophe.

Pour exister, la fraternité a besoin d’une foi « capable de fédérer ceux qui s’y rattachent », soutient-il. « Non pas une foi confessionnelle ou cultuelle. Ni une foi surnaturelle. Une foi humaine, qui est absolument naturelle », et sans laquelle l’appel à la fraternité ne peut que retentir dans le vide. Pour exister, la fraternité a besoin d’une « transcendance commune qui la fonde et la garantisse ».

Cette conviction de départ amène le père de Tanoüarn à revenir aux classiques de la philosophie politique moderne pour les interroger « sur les chances que possède la fraternité de se développer dans leur monde à chacun ».

Son parcours débute avec les premiers penseurs du libéralisme, Adam Smith et Mandeville, invitant à découvrir ce qui les distingue, au-delà de l’éloge de l’individu. Le premier croyait « à un ordre transcendant les individus, au sein duquel les injustices doivent peu à peu se résoudre ou se résorber », alors que pour le second, « au contraire, l’ordre se réalise de lui-même, mécaniquement sans aucune prétention morale ».

« Chez Mandeville, il n’y a plus de grâce. L’égoïsme reste seul », résume le philosophe. Il poursuit la même démarche en comparant Hobbes et Rousseau, Voltaire et Diderot pour montrer qu’au-delà des apparences ces couples de penseurs ne cultivent pas les mêmes valeurs. De fait, leur monde respectif ne donne pas les mêmes chances à la fraternité.

Mais la réunion des conditions d’existence de la fraternité ne suffit pas à garantir son existence ! Il faut faire un pas en amont, et s’interroger sur ce qui « fonde la possibilité, au-delà des rivalités et des désirs contradictoires, d’une véritable fraternité humaine » indépendante des liens du sang.

Et c’est chez Augustin que le philosophe dit trouver la « ressource intérieure » commune à tous, à partir de laquelle « peut s’élaborer humainement une fraternité politique ».

De l’évêque d’Hippone, un des rares théologiens « vraiment existentiels dont le message (…) reste accessible à tous au nom de cette existence commune », l’auteur retient la défense d’une foi naturelle dans le bien, un appel à « bien faire le bien » qui retentit dans la conscience de chacun, et qui est à l’origine d’une préférence pour la bienveillance sur le chaos qui se manifeste encore aujourd’hui :

« Il est frappant de constater que notre époque, qui semble avoir voulu se séparer définitivement du christianisme, a gardé cette valeur du service, comme un signe évident du bien.

Qu’est-ce que servir, sinon mettre quelque chose au-dessus de soi ? », relève Guillaume de Tanoüarn.

La réflexion se poursuit avec saint Thomas, « le premier théoricien de la fraternité », qui aide « à voir clair sur ce premier élan d’amour, sur cette fraternité native qui est en nous et qui attire comme malgré nous notre liberté vers un bien qui nous dépasse ».

Cette connaissance, aussi appelée “loi naturelle”, « est innée et elle n’a rien à voir ni avec l’intérêt ni avec un calcul rationnel du maximum de plaisir des individus. Tel est l’amour naturel, cet attrait pour le bien que chacun perçoit à sa hauteur », résume l’auteur.

La dernière partie du livre quitte « le point de vue de Sirius » pour se demander comment aujourd’hui « bâtir une nouvelle société de croyants » partageant un même élan de vie. Laïcité, multiculturalisme, dialogue des croyants…, les dossiers ne manquent pas où la fraternité est en jeu.

Le propos est toujours intéressant et bien informé, même si tout n’est pas également convaincant. En tout cas, le père de Tanoüarn invite à ne pas faire de la fraternité un slogan : elle exige un effort permanent des uns et des autres pour la raviver.

La tradition philosophique et théologique occidentale peut utilement y contribuer pour le bien de tous. Ce que montre avec brio ce livre.

Dominique Greiner

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31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 23:56

 

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