Écouter l'émission
Le dernier ouvrage de Jacqueline KELEN, « Parlez-moi je vous prie du Royaume des Cieux » (François Bourin éditeur) fait le constat que le clergé a oublié la parole originelle du Christ.
« Ce n’est pas une religion que je défends, c’est la liberté et la grandeur de l’être humain » précise l’auteur. Il s’agit d’élargir sa vision et son champ de conscience, et cela passe par le questionnement.
Pourquoi rapetisse-t-on l’être humain à un cadre de vie où seul l’existentiel prime.
L’être humain n’est-il que temporel et mortel ?
N’y a-t-il pas plutôt un sens de recherche, une soif d’autre chose ?
Toutes les civilisations sont nées d’une aspiration des êtres humains à un monde supérieur, et il y a civilisation s’il y a religion, philosophie et bien sûr arts et techniques.
Le livre s’interroge donc sur la désaffection des Chrétiens (catholiques, protestants, orthodoxes) pour la parole originelle du Christ et il nous encourage à nous intéresser à la conception du bonheur humain lié à l’acquisition de la sagesse telle que la définissait la philosophie antique.
Face à ce rapetissement des consciences de l’Homme, il s’agit de reconquérir le spirituel, la philosophie et la sagesse.
Jacqueline KELEN dénonce le fait que les religieux démissionnent de leurs missions spirituelles pour aborder des problématiques existentielles et des sujets dont on est abreuvé en permanence.
Jacqueline KELEN a rencontré des prêtres qui n’y croient plus. Elle n’hésite pas à affirmer que la plupart des chrétiens (et surout les catholiques) sont incultes, et en sont restés à leur petit catéchisme, au lieu de s’intéresser à tout ce qui concerne le Christ.
Ce dernier n’est pas un personnage historique, mais c’est un contemporain, « un vivant qui nous rend vivants ». Jésus ne doit être ni un copain ni un révolutionnaire, de même que Marie n’est pas la « patronne des indignés ».
Nul besoin de rajeunir l’Esprit pour être dans l’air du temps.
« Il est navrant […] que certains prêtres et passeurs n’aient aucune parole d’espérance et de résurrection à donner lors d’une maladie ou lors de la mort d’un proche. »
Que propose Jacqueline KELEN pour pallier les manques du clergé dans sa mission ? Revenir à la pureté du message transcendant du Christ, à l’étude et à l’intériorité. Et arrêtons de sanctionner les religieux qui, « intelligents, cultivés et portés à la mystique […] se trouvent rabroués, sommés de se taire, voire excommuniés. »
Et Jacqueline KELEN d’ajouter : « Si le clergé de l’Église catholique se montre usé et désabusé, […] eh bien que des laïcs vaillants et fervents viennent les soutenir, les secourir, qu’ils prennent le relais, qu’ils s’emparent du trésor et répondent de lui ! », car Dieu n’est pas le monopole du clergé : il est à tout le monde.
Ancienne productrice d’émissions à France Culture, Jacqueline KELEN, de formation universitaire Lettres Classiques, est écrivain. Paru en 1982, son premier livre avait pour titre « Marie-Madeleine, un amour infini » (Ed. Albin Michel). D’autres ont suivi (trente à ce jour): « Les Femmes de la Bible », « La Faim de l’âme. Une approche spirituelle de l’anorexie. », « L’Esprit de solitude » [ Prix 2001 des Libraires Mieux Être et Spiritualité ], « Lettre d’une amoureuse à l’adresse du Pape », « Impatience de l’Absolu. Vers le genre inhumain » (Ed. La Table Ronde).
Plus
Parlez-moi, je vous prie, du Royaume des cieux est centré sur les trois tentations du Christ. L’auteur veut ainsi montrer à l’homme moderne, repu et endormi, qu’il gagnerait, « pour éviter d’être happé par l’enfer », à « passer par le désert », à découvrir, dans le silence et la solitude, ce qui fait l’essentiel de la vie ; et « comment résonnent en notre temps ces trois tentations du Trompeur ».
Aujourd’hui, même chez les chrétiens, on s’évertue dans le social et l’humanitaire (1re tentation). En oubliant que « s’employer à résoudre le problème de la faim dans le monde est très respectable, et c’est un devoir humain, mais cela n’équivaudra jamais à en étancher la soif spirituelle ».
Ou bien on donne dans « la contamination psychologique » (2e tentation) et les techniques de développement personnel, qui font tourner l’homme autour de son nombril et noient le spirituel. Jusqu’à empêcher certains clercs de savoir dire à leurs fidèles dans l’épreuve des paroles d’espérance et de résurrection, ces décapantes paroles du Christ, qui ouvrent notre cœur au mystère de l’amour divin.
Ou encore, on tutoie les idoles du siècle (3e tentation). Par exemple, sous prétexte d’adapter l’Évangile, l’affadir en gommant son exigence ; ou bien rechercher pouvoir personnel, richesse et succès⦠Ou (4e tentation !), pour le chrétien, renoncer au combat spirituel, et choisir ce qui lui plaît dans le grand bazar religieux.
Résister à ces tentations, mieux encore, leur répondre, c’est ce que propose l’auteur aux chrétiens : par l’étude, l’intériorité â profonde, silencieuse, contemplative, fervente â, la quête mystique du Bien-Aimé du Cantique des cantiques, couronnement de toute vie chrétienne, et l’engagement des laïcs chrétiens. Deux livres propres à enflammer les cœurs.
Marie-Catherine d'Hausen
Si vous souhaitez recevoir chaque jour un texte spirituel choisi par le diacre Marc abonnez-vous à son blog :