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1 janvier 2021 5 01 /01 /janvier /2021 20:30

Réflexion du théologien Jean-Claude Larchet dans le cadre des Eglises orthodoxes.

Extrait

Il est possible aussi de suivre la Liturgie transmise à la télévision ou sur Internet, comme le font habituellement beaucoup de personnes âgées ou de malades qui ne peuvent se déplacer, et certaines Eglises locales ont donné pour cela une bénédiction officielle[1].

Cela ne remplace pas une participation réelle, avec une présence physique au sein de la communauté, mais l’on peut néanmoins s’associer à la célébration et éprouver le sentiment d’une identité d’appartenance et d’action communautaire en une même période de temps, la communauté ecclésiale s’étendant au-delà du visible et des personnes présentes (c’est ce que l’on appelle « la communion des saints »).

Il est seulement indispensable qu’il s’agisse d’une transmission en direct, les transmissions en différé n’ayant pas les vertus que nous évoquons ici.

Il est également indispensable d’adopter une posture corporelle digne, comme à l’église, et de se mettre dans des dispositions intérieures, appropriées à un authentique service litur­gique, et non à un documentaire ou à un spectacle.

Pendant le confinement, presque tous les fidèles orthodoxes ont eu recours à ce moyen et ont expérimenté le fait que si l’on se tient dignement (en ayant de préférence devant soi, entourant le téléviseur ou l’ordinateur, quelques icônes, et en se concentrant — en s’aidant éventuellement de son livre de liturgie —, on s’intègre assez facilement à la Liturgie, au clergé et aux fidèles qui y participent, et on en ressent la grâce.

D’ailleurs, la grâce de chaque Liturgie célébrée dans le monde, s’étend invisiblement, mystiquement, à tout l’univers, car elle est en son centre l’anamnèse — l’actualisation — de l’unique Sacrifice du Christ dont les effets s’étendent pour tous les temps au monde entier.

Dans une interview récente, le métropolite de Pergame, Jean Zizioulas, condamnant la décision de certaines Eglises (dans la plupart des cas imposée) de fermer les lieux de culte et d’arrêter les célébrations, affirmait que lorsque la Liturgie n’est plus célébrée, il n’y a plus d’Eglise, mais cela n’a concerné que l’Eglise de Grèce et pour une courte durée.

En fait, pendant la période de confinement, dans la quasi-totalité des pays, la Liturgie a continué à être célébrée dans toutes les Eglises (dans les monastères, mais aussi en petit comité dans beaucoup d’églises). Et c’est cela qui est important.

Dans l’absolu, la valeur de la Liturgie ne dépend pas du nombre de participants présents, ni la valeur et la portée du Saint Sacrifice du nombre de Liturgies célébrées.

Lorsque des centaines de milliers d’églises célèbrent simultanément la Liturgie, elles actualisent, comme nous venons de le dire, l’unique sacrifice du Christ.

S’il n’y avait plus qu’une seule Liturgie qui soit célébrée, y compris par une seule des Eglises locales, cet unique Sacrifice serait célébré également, avec la même portée, car il embrasse tout l’univers.

En ce qui concerne les fidèles, il faut rappeler aussi que la Liturgie de saint Basile, que l’on célèbre pendant les dimanches du Grand Carême et en quelques autres fêtes, prévoit explicitement leur absence éventuelle, une prière demandant à Dieu de se souvenir de « ceux qui sont absents pour de justes raisons », ce qui les associe d’une certaine façon aux fidèles présents et à la grâce qui leur est dispensée.

La grâce de la Liturgie comme toute forme de grâce ne connaît aucune limite spatiale, n’est atténuée par aucune distance et n’est arrêtée par aucun obstacle maté­riel (on le constate aussi dans la prière que l’on fait pour quelqu’un qui vit dans une autre ville ou dans aucun pays, et qui en ressent les effets, et par les nombreux miracles faits à distance par les saints).

La privation de communion eucharistique

Il y a cependant une chose essentielle qu’une Liturgie retransmise, à laquelle on participe de loin, ne peut pas donner : c’est la grâce de la communion eucharistique.

Avant d’aborder cette question, rappelons cependant que communiant ou non, tout fidèle reçoit une grâce de la Liturgie elle-même: outre la communion réelle au Corps et au Sang du Christ, il y a une communion au Saint-Esprit, que le célébrant demande ou évoque plusieurs fois au cours de la Liturgie : « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! » ; « Ayant demandé l’unité de la foi et la communion du Saint-Esprit, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres, et toute notre vie au Christ notre Dieu[2]. »

Pour les raisons que nous avons précédemment données, les fidèles qui s’associent pieusement à la Liturgie sans pouvoir y participer physiquement reçoivent cette grâce à la mesure de leurs dispositions spirituelles.

La communion eucharistique est quant à elle la forme la plus haute de communion, car elle est la communion au Corps et au Sang du Christ. Cette communion est irremplaçable, car elle suppose une réception concrète, physique des Saintes Espèces.

Lors du confinement, le pape et des évêques catho- liques-romains ont remis au jour la notion de « communion spirituelle ».

Un texte la présente ainsi : « La communion spirituelle est la communion de désir: je ne peux pas communier en recevant le Corps du Seigneur pour diverses raisons, mais je désire, au plus profond de mon cœur le recevoir, m’unir à lui qui se donne pleinement, de telle sorte qu’il vive en moi.

Beaucoup de saints, à diverses époques au cours desquelles la communion sacramentelle était peu pratiquée, ont vécu quotidiennement cette communion du désir. »

Une telle attitude est recommandable aussi dans l’Église ortho­doxe ; elle peut être préparée par un jeûne eucharistique, par les « prières avant la communion », et accompagnée par la consommation d’un fragment d'antidororù et d’eau bénite, symbolisant le Corps et le Sang du Christ.

Une grâce peut incontestablement en être reçue. De tout cela, l’higoumène Thékla, dans le texte cité ci-dessous, nous donne un vivant témoignage.

Mais il est excessif d’affirmer comme le fait le texte précédem­ment cité que « [la communion spirituelle] a l’immense grâce de produire en nous des fruits comparables à la communion sacramentelle », et plus encore, comme le fait Thomas d’Aquin, que « tout se passe comme si on avait reçu celle-ci ».

On ne peut évidemment accepter l’idée, avancée par certains[3], d’une communion virtuelle, le prêtre présentant les Saints Dons devant une caméra aux fidèles placés devant leur écran.

La communion eucharistique, n’est pas substituable, et sa réalité physique est essentielle. Le Christ dit: « Prenez et mangez, ceci est mon corps ; prenez et buvez, ceci est mon sang. »

Ceux qui sont habitués à communier chaque semaine (ou plus) et en tirent de grandes forces pour leur vie, ont beaucoup souffert de la situation créée par le confinement, où ils n’ont communié.

À titre de consolation (et de préparation pour l’occurrence possible et même probable d’une situation semblable dans le futur), on peut rappeler que sainte Marie d’Egypte, dont l’Église commémore solennellement la vie sainte le cinquième dimanche du Grand Carême, n’a communié qu’une seule fois au cours de sa vie de chrétienne (soit 46 ans), le dernier Jeudi Saint qui a précédé sa mort.

Son cas n’est pas isolé : par exemple, saint Cyrille de Scythopolis, dans sa Vie de sainte Cyriaque, rapporte le cas d’une moniale qui vécut 18 ans dans la solitude sans voir un prêtre, et la Vie de la solitaire sainte Théoctiste de Lesbos, relate qu’elle ne participa pas à l’eucharistie pendant 35 années.

A l’époque de sainte Marie d’Égypte (cela est rappelé dans sa Vie qui est lue à l’église à l’occasion de cette commémoration), la coutume était que les moines vivant en communauté se retirent individuellement dans le désert au début du Grand Carême, et ne reviennent au monastère que le Jeudi Saint pour recevoir la communion.

Parmi les moines et les moniales qui vivaient constamment dans le désert, mais avaient néanmoins la possibilité de se rendre dans une église, beaucoup refusaient de quitter leur solitude pour participer à la Liturgie du dimanche et y communier[4].

Le fait que le confinement, dans bon nombre de pays, ait, dans sa plus grande période, coïncidé avec le Grand Carême, a rendu les chrétiens orthodoxes particulièrement attentifs à ce fait, et le patriarche Cyrille de

Moscou lui-même, dans son homélie pour le « dimanche de sainte Marie d’Egypte », l’a cité en exemple pour exhorter les fidèles à la patience dans cette épreuve de privation de communion[5].

On peut rappeler aussi que beaucoup de Pères retirés dans le désert ne communiaient, au plus, qu’une fois par an.

Aujourd’hui encore, il y a dans les déserts (notamment ceux du Mont-Athos) des moines qui ne sont pas prêtres et qui n’ont pas la possibilité non seulement de célébrer la Liturgie, mais d’y participer régulièrement et de communier.

Les chrétiens, par la force des choses, ont été soumis au même éloignement de la communion eucharistique pendant la période du confinement et aussi parfois pendant une partie de la période de dé-confinement.

Ils ont pu dans leur maison ou leur appartement (qui est devenu pour beaucoup, dans notre monde de mouvement incessant et d’occupations extérieures, aussi austère qu’un désert) partager un peu l’expérience de ces pères et de ces soeurs.

Cette expérience n’est pas totalement négative; il est possible d’en tirer certains bénéfices.

Tout d’abord aujourd’hui, dans la diaspora surtout, la communion est devenue fréquente pour ne pas dire systématique (alors qu’il y a quelques décennies, dans les pays orthodoxes, elle était au contraire rare), à tel point qu’il y a un risque qu’elle se banalise.

Alors que la préparation à la com­munion est traditionnellement exigeante, notamment par la confession, le jeûne et le grand nombre de prières prérequis la veille et le jour même, dans beaucoup de paroisses orthodoxes occidentales elle s’est allégée et a même parfois disparu[6].

Il y a quelques années, l’évêque serbe bien connu MgrAthanase Jevtic disait qu’il est utile de jeûner périodiquement de la communion, afin de retrouver le sens de sa gravité, et de s’approcher d’elle en en ressentant véritablement le désir et le besoin.

Un autre argument qui peut aider les fidèles à supporter un délai dans la réception de la communion est que les effets de celle-ci ne se dissipent pas après l’avoir reçue. Ceux-ci sont proportionnels à la qualité de notre réceptivité[7], et cette réceptivité concerne non seulement notre état de préparation à la communion, mais notre état à son égard après l’avoir reçue.

Pour nous aider, l’Eglise nous fournit une série de prières avant la communion et après la communion.

Certains pères spirituels incitent leurs enfants spirituels à lire chaque jour les « prières après la communion » jusqu’à la communion suivante, de manière à garder la conscience « des dons précieux qui ont été reçus » et à continuer à actualiser la grâce qu’ils ont apportée.

Comme conclusion à ces réflexions sur la privation temporaire de services liturgiques et de communion, je voudrais citer le beau texte de consolation écrit par Mère Thékla, fille spirituelle du Père Éphrem de Philothéou et d’Arizona, et higoumène, au Canada, du monastère de la Protection de la Mère de Dieu. Son expérience est celle de beaucoup de monastères féminins dans les pays orthodoxes mêmes, où les Liturgies sont souvent espacées et la plupart des offices célébrés sans prêtre, parce que les desservants viennent de l’extérieur et ont le plus souvent par ailleurs la charge d’une paroisse.

Il nous montre comment il est possible d’assumer avec grâce et profit spirituel le manque de Liturgie et de communion eucharistique, et comment la fermeture des églises peut être l’occasion d’une floraison d’« églises domestiques » et de l’application de ce conseil de saint Jean Chrysostome: « Fais de ta maison une église[8]. »

« Entré dans la quatrième semaine du Grand Carême, et en vue de la venue des jours saints de Pâques, le stress et la peur qui nous sont imposés, la pression qui se développe en essayant de gouverner le monastère dans de telles circonstances et la profonde tristesse qui remplit mon cœur de la douleur et de la tristesse des gens autour de nous, en raison de leur manque de certaines nécessités de base mais surtout en raison de la privation de la consolation et de la force offertes par la fréquentation de l’Église et la médecine la plus forte, la Sainte Communion, m’ont amené à l’isolement et à la prière.

J’ai imploré et j’im­plore continuellement Dieu d’envoyer Son ineffable miséricorde au monde, de guérir les malades pour les fortifier, de réconforter les personnes âgées et celles qui sont frappées par la solitude et vivent des situations difficiles.

Je me sentais en quelque sorte coupable parce que nous, au monastère, en ces temps, nous sommes réconfortés par la vie sacramentelle, alors qu’au contraire nos frères en manquent, et je cherchais un moyen de les réconforter.

Puis j’ai entendu une voix qui me disait: « Tu te souviens de ce que tu faisais ? » Alors, comme si mon esprit s’était ouvert, j’ai vu et, croyez-moi, j’ai revécu, en les ressentant, ces moments uniques.

Lorsque je suis entrée en 1975 au monastère, qui était un métochion[9] du saint monastère de Philothéou au Mont Athos, ce dernier ne comptait pas beaucoup de moines et il avait très peu de prêtres.

Il n’y avait donc pas assez de prêtres pour desservir les métochia. Donc, pendant de nombreuses années, nous n’avions pas de prêtre pour répondre à nos besoins.

Quelqu’un venait - très rarement - tout au long de l’année, mais jamais lors des grandes fêtes, c’est-à-dire la Nativité du Christ, la Pâque, l’Annonciation, la Pentecôte. On nous laissait toujours sans prêtre pour ces jours saints.

Si une telle situation se produisait dans une paroisse, les paroissiens se plaindraient, crieraient, utiliseraient des mots indécents, peut-être même maudiraient, et le seul à être heureux de tout cela serait le « Tentateur » avec ses anges.

Pour nous, c’était le contraire. Nous jeûnions comme pour préparer la Sainte Communion, nous nous réunissions dans notre chapelle qui était une extension d’un couloir. Nous lisions les offices, et à la fin, notre très sainte Gerondissa[10] Makrina nous « communiait » en nous donnant de la grande eau bénite[11] et de Yantidoron.

Elle nous disait toujours que « si nous étions spirituellement comme il se doit, il serait alors possible de recevoir la Sainte Communion de la main des saints anges, comme nous l’avons lu à maintes reprises dans les Vies des Saints ».

Croyez-moi, à l’époque, nous avons vécu de nombreux moments célestes que nous n’avons jamais revus, même après avoir eu un prêtre permanent et

avoir servi les Liturgies de quarante jours[12].

Maintenant; je me rends compte qu’en raison de la privation mais aussi du grand zèle et de la patience dont nous faisiom preuve, le Seigneur nous bénissait avec la Grâce qui accompagne le martyre.

La chapelle était parfumée comme si quelqu’un l’avait aspergée de myrrhon. A nos yeux coulaient de larmes sans fin. Notre cœur bondissait avec la grâce de Dieu.

Les jours où nous étions censées « communier », sans même nous en rendre compte, nous parlions doucement parce que nous avions l’impression d’avoir participé à une cérémonie sacrée.

En disant la prière, notre bouche avait le goût d’un bonbon très parfumé. Nous ressentions la Présence de la Sainte Communion, même si nous ne l’avions pas reçue, et tout au long de la journée, nous faisions attention à ne pas cracher, ni mâcher de chewing-gum et le jeter. Le sentiment de la présence de la Sainte Communion était si grand!...

Peu importe ce que j’écris, il n’est pas possible de décrire le sentiment de grâce du Christ que nous avons vécu à l’époque des privations, car il n’y a pas de mots pour l’exprimer.

Quelques années plus tard, au saint monastère de Philothéou, le nombre de prêtres a augmenté et nous n’avions plus de problème pour avoir un prêtre desservant ; tout a trouvé sa place dans notre monastère.

Après 19 ans, lorsque l’obéissance nous a amenées, sœur Ephraïmia et moi, ici au Canada, nous avons de nouveau rencontré le même problème : le manque de prêtres.

Pendant 7 ans, notre monastère n’a pas eu de prêtre. Mais alors, ce n’était pas si grave, car les prêtres ici avaient reçu l’ordre de l’archevêque de venir pendant la semaine et d’y servir la Divine Liturgie, afin que nous puissions communier.

Cependant, les samedis, dimanches et jours de fête, nous n’avions pas de prêtre: les prêtres devaient officier dans leurs propres paroisses et communautés.

Ainsi, nous lisions les offices, nous décorions nous-mêmes les icônes, la Croix pour l’élévation de la Sainte Croix et pour le dimanche de la vénération de la Croix pendant le Grand Carême; nous sortions la Croix du Seigneur le Jeudi Saint; et nous essayions de remonter le moral des jeunes novices, qui n’avaient aucune expérience de ces choses.

Ces expériences, ainsi que bien d’autres, sont maintenant une richesse qui existe en nous et, chaque fois que c’est nécessaire, nous ouvrons la « boîte aux trésors » des expériences et nous choisissons ce qui est nécessaire en fonction des circonstances.

Puis soudain, comme si mon esprit s'ouvrait et que je revivais très intensément tout cet état spirituel, comme s’il était une réponse à ma prière, le message étant que quiconque se prépare avec humilité, sans gronder ni protester, mais avec beaucoup de prières et de foi en la Providence de Dieu, et reçoit de l’eau bénite et du pain bénit en remplacement de la Sainte Communion, et considère que Dieu ne m’a pas permis de recevoir la Sainte Communion, comme étant “indigne et non préparé”, alors cette personne sera comblée par la grâce de Dieu, comme de l'endurance du martyr, selon ce que disait saint Luc le Chirurgien : “J’ai beaucoup aimé la grâce du martyr, qui purifie si merveilleusement l’âme.”

Le Tentateur voulait fermer les églises; transfor­mons nos maisons en églises. Il a fermé 11 églises; ouvrons-en 11000.

Que chaque maison devienne une église; que la prière s’élève comme un flambeau de feu vers le Ciel; que l’encens embaume tous les quartiers; que le cierge et la lampade soient tou­jours allumés.

Assistons aux offices par les médias numériques, en priant ensemble, et non en nous allongeant, en mangeant ou en fumant.

Si nous faisons cela, au lieu de fermer les églises, elles se développeront et se répandront et des villes entières deviendront des églises[13]. »

 

[1]  Voir par exemple le Communiqué du Saint-Synode de l’Église orthodoxe serbe du 28 mars 2020 : « Nous donnons notre béné­diction à nos fidèles, avec amour paternel, pastoral et responsable, pour suivre les offices sacrés diffusés en direct à la télévision, à la radio ou sur les sites internet ecclésiastiques. » Voir aussi le message aux fidèles du métropolite Hilarion, primat de l’Église Russe Hors- Frontières du 1er avril 2020: « Nombreux sont ceux qui unissent leur prière et se joignent aux services divins transmis en direct sur internet, créant ainsi une atmosphère de prière dans leurs propres maisons. J’ai même entendu dire que certains fidèles allument chez eux des bougies et des lampes et, se tenant debout dans leur “beau coin”, suivent l’office en direct et y joignent leur prière. Je pense qu’une telle “présence” à l’église a pour eux une vertu équivalente à celle d’une présence effective, et incline vers eux la miséricorde de Dieu » (texte sur le site orthodox-europe.org le 02.04.2020, trad. fr. sur orthodoxie.com).

[2] Liturgie de saint Jean Chrysostome et Liturgie de Saint Basile.

[3]   Entre autres, le diacre Aiidré Kuraev dans son Livejournal le 13 mai 2020.

[4] Voir R. Taft, A History ofthe Liturgy ofSt. John Chrysostom, vol. VI, The Communion, Thanksgiving, and Concluding Rites, Rome, 2008, p. 354-355.

[5]  Texte complet en traduction française sur le site egliserusse.eu.

[6]  Il y a certainement sur ce point une influence du catholicisme, où la communion se fait, depuis la débâcle qui a suivi le concile Vatican II, sans aucune préparation.

[7]  C’est une doctrine classique chez les Pères grecs, qui appellent cette proportionnalité analogia.

[8] Homélies sur la Genèse, VI, 7, SC 433, p. 296,

[9] Dépendance extérieure d’un monastère.

[10]        Higoumène du monastère.

[11]        Celle qui a été bénie à la fête de la Théophanie.

[12] Liturgies que l’on célèbre dans les monastères chaque jour pendant quarante jours en mémoire des défunts.

[13] Dans Pemptousia, 15 avril 2020.

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12 décembre 2020 6 12 /12 /décembre /2020 20:32

 

La conférence est reportée en février. 

C'est un thème inhabituel qui a été retenu pour la prochaine conférence de l'Institut EuropIA à la Maison de l'Intelligence Artificielle de Sophia Antipolis  : "Dieu et la Silicon Valley". Les organisateurs en ont conscience. Ils ont d'ailleurs noté expressément que "cette conférence n’a pas vocation à faire du prosélytisme mais à examiner les nouvelles technologies et leurs impacts d’un point de vue éthique tout en mettant en lumière la notion de transhumanisme, ses atouts et challenges".

Il faut dire que l'invité d'honneur de ce rendez-vous des #IADates organisés en partenariat avec le Département des Alpes-Maritimes est un personnage : Éric Salobir, à la fois prêtre, membre de l'ordre des Dominicains, Consulteur auprès du Saint-Siège depuis 8 ans, à la tête de la Human Technology Foundation et du réseau Optic qui œuvrent pour placer l’humain au cœur des technologies.

Ce réseau, créé en 2012, compte plusieurs milliers de membres dont des grandes figures de la Silicon Valley et déploie ses activités de recherches pour ramener de l’éthique dans le digital de San Francisco à Paris, Montréal, Genève, Rome, Oxford, Boston, Bruxelles et bientôt Toronto. Auteur du livre "Dieu et la Silicon Valley", Éric Salobir est ainsi en quelque sorte la courroie de transmission entre d'un côté l'église et de l'autre les nouvelles technologies que symbolisent la Silicon Valley et les grands patrons du digital.

Lors de la conférence, il se concentrera sur l’éthique et le transhumanisme. Comment profiter des progrès actuels et de la révolution technologique sans que l’Homme ne se perde ? Face aux deux chocs du XXIème siècle, la révolution numérique et le réchauffement climatique, comment l’éthique et la spiritualité peuvent-elles accompagner l’une et affronter l’autre ? Ce sont les questions qu'il abordera lors de son intervention et dans la table ronde qui suivra sur "Transhumanisme dans la Silicon Valley".

Interviendront également dans cette table ronde animée par Benjamin Ducongé de Radio Monaco:

  • Laurence Vanin, experte SMART Deal, Philosophe et Directrice de la Chaire SMART City Philosophie et Ethique à l’IMREDD
  • Marina Teller, professeur de droit privé à Université Côte d’Azur, Directrice de la Chaire Koyré « Droit économique et IA » du 3IA Côte d’Azur dans le cadre du projet DL4T
  • Pascal Staccini, enseignant-chercheur et professeur de santé publique, spécialiste en informatique médicale et biostatistique à l'Université Côte d'Azur
  • Brahim Belasri-Nogueira, président de Skema Conseil
  • Marco Landi, président du Comité d’experts SMART Deal et de l’Institut EuropIA
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11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 19:00

Si le mot fraternité y est rarement cité, l’Ancien et le Nouveau Testament recèlent d’histoires de fratries. Au-delà du lien du sang, la fraternité est un lien à la portée universelle.

Pourquoi la Bible relate-t-elle tant d’histoires de fratries ?

De Caïn et Abel (Genèse 4) à la parabole du fils prodigue (Luc 15), la Bible est « le grand livre des fraternités contrariées », écrit le père Philippe Abadie, bibliste, professeur honoraire à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon, dans son livre Ce que dit la Bible sur le frère (lire ci-contre).

Si certains récits apparaissent édifiants – comme Moïse et Aaron, dans le Livre de l’Exode, et David et Jonathan, dans le Premier Livre de Samuel –, la plupart mettent en scène des frères et sœurs divisés, des fratries déchirées par la convoitise, occasionnant viols et meurtres : Caïn tuant Abel (Genèse 4, 8), Abraham et Loth se séparant (Genèse 13), Jacob convoitant le droit d’aînesse d’Ésaü (Genèse 25), Joseph vendu par ses frères (Genèse 37)…

« La Bible nous montre l’humanité réelle, reprend le père Philippe Abadie, et enseigne que la fraternité n’est pas une donnée naturelle, mais se construit. Vivre en frères est possible, mais au terme d’un chemin exigeant, où nous devons dépasser notre propre violence. Même au sein des familles de sang, il s’agit de s’adopter, de se choisir, afin d’établir un lien d’amitié. »

Comment vivre en frères, selon ces récits ?

Ces récits mettent en valeur l’importance de la considération et de la parole. Le premier est celui d’un échec.

« Pour Caïn, Abel est une gêne qui le frustre dans son désir de toute-puissance », détaille le père Philippe Abadie. Malgré les invitations de Dieu, il refuse de le regarder, et finit par le tuer.

Un meurtre qui se déroule en silence : « L’absence de dialogue mène au meurtre ; seule la parole permet de sortir la violence de l’intérieur de soi-même », reprend le bibliste.

Lorsque Dieu cherche Abel, Caïn rétorque : « Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? (Genèse 4, 9.) » En creux, Caïn décrit là ce que c’est qu’être frère : « Avoir le souci de l’autre, se regarder, se considérer, c’est-à-dire se respecter, et se parler, résume le père Abadie.

C’est précisément ce qu’ont réussi à établir Moïse et Aaron : ils se sont acceptés, et existent dans un rapport de complémentarité : l’un reçoit la parole de Dieu, l’autre la traduit. »

Le récit mettant aux prises Joseph et ses frères, fils de Jacob, montre que la réconciliation peut mettre un terme à la violence.

Deux années après s’être débarrassés de Joseph en le vendant, ses frères se retrouvent face à lui, sans le savoir, puisqu’il est devenu premier ministre de Pharaon, en Égypte, où ils ont été poussés par la famine. Joseph les jette en prison.

Mais sa colère s’apaise lorsque les frères reconnaissent leurs torts : « Hélas ! nous sommes coupables envers Joseph notre frère : nous avons vu dans quelle détresse il se trouvait quand il nous suppliait, et nous ne l’avons pas écouté (Genèse 42, 21). »

Sur quoi la fraternité est-elle fondée ?

« Dans la Genèse, Dieu crée l’humanité à son image. C’est ce qui fonde la fraternité : être frère, c’est reconnaître en l’autre l’image de Dieu », souligne Philippe Abadie.

D’emblée, la fraternité dépasse ainsi le lien du sang. « Le projet de Dieu, dès avant la Création, est d’adopter l’humanité, poursuit le dominicain François-Dominique Charles, bibliste et théologien.

Selon saint Paul, c’est pour cela que le Christ est venu, afin d’être frère de tous – “le premier-né d’une multitude de frères” (Romains 8, 29) –, que tous soient réconciliés et se reconnaissent “fils adoptifs” d’un même père (Éphésiens 1, 5). »

Une notion de fraternité universelle présente dès l’Ancien Testament, puisque Israël, défini comme une communauté de frères, est appelé à accueillir « le lévite et l’immigré, l’orphelin et la veuve (Deutéronome 16, 14). »

« L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un Israélite de souche, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Égypte (Lévitique 19, 34). »

Comment le Christ parle-t-il de la fraternité ?

« Jésus se refuse à donner une définition du frère, car celle-ci serait nécessairement restrictive, analyse Philippe Abadie. C’est pour cela qu’il retourne la question posée par le légiste qui lui demande : “Et qui est mon prochain ?” (Luc 10, 29.)

Par la parabole du bon Samaritain, Jésus indique que la fraternité est une attitude : il ne s’agit pas de savoir qui est mon frère, mais de qui je peux me rendre proche ? »

Pour Jésus, qui élargit le commandement de l’amour du prochain à l’ennemi, l’adversaire qui nous persécute, lui aussi est un frère. « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.

Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux », écrit l’évangéliste Matthieu (5, 43-45).

Quelle est l’importance de la « fraternité » pour l’Église ?

Dans le Nouveau Testament, la fraternité apparaît comme constitutive de l’Église. « Les deux seules fois où l’on trouve le mot “fraternité” (en grec, adelphotès), c’est dans la Première Épître de Pierre. Et il y est employé comme synonyme d’Église (1), rappelle François-­Dominique Charles.

Afin de suivre le Christ, la communauté chrétienne doit avant tout être fraternelle. » Être disciple, c’est devenir frère et sœur, jusqu’à être « unis les uns aux autres par l’affection fraternelle », selon saint Paul (Romains 12, 10).

Cette optique s’appuie sur la pratique de Jésus, qui nomme « frères » ceux qui le suivent : « Va trouver mes frères », dit-il à Marie Madeleine, au matin de la Résurrection (Jean 20, 17). Sans toutefois les nier, « Jésus relativise les liens familiaux afin de privilégier la relation fraternelle avec ceux qui le suivent », explique François-Dominique Charles.

Une relation établie par la foi : « Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère (Matthieu 12, 49-50). »

« Nous sommes ainsi frères par la foi, relève Philippe Abadie, par l’adhésion à une parole commune. »

Ce qu’il faut retenir
De la fratrie à la fraternité
La Bible recèle nombre d’histoires de frères et sœurs. Des récits de fratries souvent déchirées qui indiquent combien la fraternité n’est ni naturelle ni évidente. Devenir frères s’apprend, se construit, à condition de dépasser la violence.

Fondée sur la présence de l’image de Dieu en chaque membre de l’humanité, la notion de fraternité se détache du lien du sang, et revêt une dimension universelle pour le peuple juif. La prédication du Christ reprend cette universalité, en ouvrant le commandement de l’amour du prochain à l’amour de l’ennemi, faisant de tout homme un frère.

Sans nier les liens familiaux, le Christ désigne la véritable fraternité comme établie par la foi, l’adhésion à la parole de Dieu. Le Christ est venu au monde pour réconcilier l’humanité et être frère de tous, enfants adoptifs d’un même Père. Après sa mort, les Apôtres exhortent les premières communautés chrétiennes à vivre des relations fraternelles. La fraternité est constitutive de l’Église.

Le livre :

Ce que dit la Bible sur le frère
de Philippe Abadie

Nouvelle Cité, 128 p., 13 €

Philippe Abadie, passionné par la Bible, docteur en histoire des religions, anthropologie religieuse et science théologique, élève titulaire de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, propose dans ce livre d’entretiens, réalisé avec Bénédicte Draillard, directrice littéraire des Éditions Nouvelle Cité, un parcours aussi riche qu’abordable.

Dans un style léger et vivant, agrémenté de nombreuses citations bibliques, le prêtre lyonnais y explore ces histoires de frères, sœurs et parents qui jalonnent les Écritures. Histoires souvent terribles, mais dont l’issue n’est pas toujours fatale, parmi lesquelles l’on n’a pas oublié les femmes, à l’image de Léa et Rachel, ou Marthe et Marie, sœurs de Lazare. Ce livre est le 20e numéro d’une belle collection qui en compte désormais 42, et dont l’objectif est de susciter l’envie d’ouvrir les Écritures.

Adrien Bail

(1) 1 Pierre 2, 17 ; 5, 9.

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