Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 19:00

Si le mot fraternité y est rarement cité, l’Ancien et le Nouveau Testament recèlent d’histoires de fratries. Au-delà du lien du sang, la fraternité est un lien à la portée universelle.

Pourquoi la Bible relate-t-elle tant d’histoires de fratries ?

De Caïn et Abel (Genèse 4) à la parabole du fils prodigue (Luc 15), la Bible est « le grand livre des fraternités contrariées », écrit le père Philippe Abadie, bibliste, professeur honoraire à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon, dans son livre Ce que dit la Bible sur le frère (lire ci-contre).

Si certains récits apparaissent édifiants – comme Moïse et Aaron, dans le Livre de l’Exode, et David et Jonathan, dans le Premier Livre de Samuel –, la plupart mettent en scène des frères et sœurs divisés, des fratries déchirées par la convoitise, occasionnant viols et meurtres : Caïn tuant Abel (Genèse 4, 8), Abraham et Loth se séparant (Genèse 13), Jacob convoitant le droit d’aînesse d’Ésaü (Genèse 25), Joseph vendu par ses frères (Genèse 37)…

« La Bible nous montre l’humanité réelle, reprend le père Philippe Abadie, et enseigne que la fraternité n’est pas une donnée naturelle, mais se construit. Vivre en frères est possible, mais au terme d’un chemin exigeant, où nous devons dépasser notre propre violence. Même au sein des familles de sang, il s’agit de s’adopter, de se choisir, afin d’établir un lien d’amitié. »

Comment vivre en frères, selon ces récits ?

Ces récits mettent en valeur l’importance de la considération et de la parole. Le premier est celui d’un échec.

« Pour Caïn, Abel est une gêne qui le frustre dans son désir de toute-puissance », détaille le père Philippe Abadie. Malgré les invitations de Dieu, il refuse de le regarder, et finit par le tuer.

Un meurtre qui se déroule en silence : « L’absence de dialogue mène au meurtre ; seule la parole permet de sortir la violence de l’intérieur de soi-même », reprend le bibliste.

Lorsque Dieu cherche Abel, Caïn rétorque : « Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? (Genèse 4, 9.) » En creux, Caïn décrit là ce que c’est qu’être frère : « Avoir le souci de l’autre, se regarder, se considérer, c’est-à-dire se respecter, et se parler, résume le père Abadie.

C’est précisément ce qu’ont réussi à établir Moïse et Aaron : ils se sont acceptés, et existent dans un rapport de complémentarité : l’un reçoit la parole de Dieu, l’autre la traduit. »

Le récit mettant aux prises Joseph et ses frères, fils de Jacob, montre que la réconciliation peut mettre un terme à la violence.

Deux années après s’être débarrassés de Joseph en le vendant, ses frères se retrouvent face à lui, sans le savoir, puisqu’il est devenu premier ministre de Pharaon, en Égypte, où ils ont été poussés par la famine. Joseph les jette en prison.

Mais sa colère s’apaise lorsque les frères reconnaissent leurs torts : « Hélas ! nous sommes coupables envers Joseph notre frère : nous avons vu dans quelle détresse il se trouvait quand il nous suppliait, et nous ne l’avons pas écouté (Genèse 42, 21). »

Sur quoi la fraternité est-elle fondée ?

« Dans la Genèse, Dieu crée l’humanité à son image. C’est ce qui fonde la fraternité : être frère, c’est reconnaître en l’autre l’image de Dieu », souligne Philippe Abadie.

D’emblée, la fraternité dépasse ainsi le lien du sang. « Le projet de Dieu, dès avant la Création, est d’adopter l’humanité, poursuit le dominicain François-Dominique Charles, bibliste et théologien.

Selon saint Paul, c’est pour cela que le Christ est venu, afin d’être frère de tous – “le premier-né d’une multitude de frères” (Romains 8, 29) –, que tous soient réconciliés et se reconnaissent “fils adoptifs” d’un même père (Éphésiens 1, 5). »

Une notion de fraternité universelle présente dès l’Ancien Testament, puisque Israël, défini comme une communauté de frères, est appelé à accueillir « le lévite et l’immigré, l’orphelin et la veuve (Deutéronome 16, 14). »

« L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un Israélite de souche, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Égypte (Lévitique 19, 34). »

Comment le Christ parle-t-il de la fraternité ?

« Jésus se refuse à donner une définition du frère, car celle-ci serait nécessairement restrictive, analyse Philippe Abadie. C’est pour cela qu’il retourne la question posée par le légiste qui lui demande : “Et qui est mon prochain ?” (Luc 10, 29.)

Par la parabole du bon Samaritain, Jésus indique que la fraternité est une attitude : il ne s’agit pas de savoir qui est mon frère, mais de qui je peux me rendre proche ? »

Pour Jésus, qui élargit le commandement de l’amour du prochain à l’ennemi, l’adversaire qui nous persécute, lui aussi est un frère. « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.

Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux », écrit l’évangéliste Matthieu (5, 43-45).

Quelle est l’importance de la « fraternité » pour l’Église ?

Dans le Nouveau Testament, la fraternité apparaît comme constitutive de l’Église. « Les deux seules fois où l’on trouve le mot “fraternité” (en grec, adelphotès), c’est dans la Première Épître de Pierre. Et il y est employé comme synonyme d’Église (1), rappelle François-­Dominique Charles.

Afin de suivre le Christ, la communauté chrétienne doit avant tout être fraternelle. » Être disciple, c’est devenir frère et sœur, jusqu’à être « unis les uns aux autres par l’affection fraternelle », selon saint Paul (Romains 12, 10).

Cette optique s’appuie sur la pratique de Jésus, qui nomme « frères » ceux qui le suivent : « Va trouver mes frères », dit-il à Marie Madeleine, au matin de la Résurrection (Jean 20, 17). Sans toutefois les nier, « Jésus relativise les liens familiaux afin de privilégier la relation fraternelle avec ceux qui le suivent », explique François-Dominique Charles.

Une relation établie par la foi : « Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère (Matthieu 12, 49-50). »

« Nous sommes ainsi frères par la foi, relève Philippe Abadie, par l’adhésion à une parole commune. »

Ce qu’il faut retenir
De la fratrie à la fraternité
La Bible recèle nombre d’histoires de frères et sœurs. Des récits de fratries souvent déchirées qui indiquent combien la fraternité n’est ni naturelle ni évidente. Devenir frères s’apprend, se construit, à condition de dépasser la violence.

Fondée sur la présence de l’image de Dieu en chaque membre de l’humanité, la notion de fraternité se détache du lien du sang, et revêt une dimension universelle pour le peuple juif. La prédication du Christ reprend cette universalité, en ouvrant le commandement de l’amour du prochain à l’amour de l’ennemi, faisant de tout homme un frère.

Sans nier les liens familiaux, le Christ désigne la véritable fraternité comme établie par la foi, l’adhésion à la parole de Dieu. Le Christ est venu au monde pour réconcilier l’humanité et être frère de tous, enfants adoptifs d’un même Père. Après sa mort, les Apôtres exhortent les premières communautés chrétiennes à vivre des relations fraternelles. La fraternité est constitutive de l’Église.

Le livre :

Ce que dit la Bible sur le frère
de Philippe Abadie

Nouvelle Cité, 128 p., 13 €

Philippe Abadie, passionné par la Bible, docteur en histoire des religions, anthropologie religieuse et science théologique, élève titulaire de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, propose dans ce livre d’entretiens, réalisé avec Bénédicte Draillard, directrice littéraire des Éditions Nouvelle Cité, un parcours aussi riche qu’abordable.

Dans un style léger et vivant, agrémenté de nombreuses citations bibliques, le prêtre lyonnais y explore ces histoires de frères, sœurs et parents qui jalonnent les Écritures. Histoires souvent terribles, mais dont l’issue n’est pas toujours fatale, parmi lesquelles l’on n’a pas oublié les femmes, à l’image de Léa et Rachel, ou Marthe et Marie, sœurs de Lazare. Ce livre est le 20e numéro d’une belle collection qui en compte désormais 42, et dont l’objectif est de susciter l’envie d’ouvrir les Écritures.

Adrien Bail

(1) 1 Pierre 2, 17 ; 5, 9.

__________________________________
 

277163 234956736553388 1210667500 qSi vous souhaitez recevoir chaque jour un texte spirituel choisi par le diacre Marc abonnez-vous à son blog (et regardez votre dossier spam ou indésirable pour valider ensuite votre inscription envoyée par Feedburner) :

 

Enter your email address:

Delivered by FeedBurner

 

Partager cet article
Repost0
11 septembre 2020 5 11 /09 /septembre /2020 19:25
Un nouveau livre du frère Jean : Art sacré au skyte Sainte Foy
Parution d'un magnifique ouvrage qui est en lui-même une oeuvre de beauté. Des textes à méditer illustrés par les photos du frère Jean qui a su saisir le beau qui émane du travail des artistes et de la nature.
 
L’Art sacré n’est pas la description du spectacle du monde, il est une création au sens absolu du mot. Seul celui qui a purifié l’intelligence de son cœur, peut réaliser une œuvre sacrée et contribuer par Grâce à l’Action divine.

Des artistes et des artisans sont venus pour donner vie au skite dans le respect de la tradition : Iaroslav Dobrynine (fresque), Père Zénon (Porte Royale), Claude-Dominique Béguin (icône), Emmanuelle Vernoux (broderie), Henry Guérin (vitraux), Michel Patrizio (mosaïque)… De nombreux textes témoignent d'une foi vivante et profondément enracinée dans la tradition : Higoumène Basile, Père André Gouzes, Bertrand Vergely, Henry Guérin, Michael Lonsdale…

 

 

Table des matières

  • Bénédiction du Métropolite Jean de Doubna . 
  • Avant Propos 
  • Historique du skite
  • Icône, article par l'Archimandrite Basile du Mont Athos 
  • Témoignage de Iaroslav Dobrynine, fresquiste .
  • Témoignage de Matthieu Dollfus, architecte .
  • Témoignage de Claude-Dominique Béguin, iconographe
  • Interview du Père Zénon, iconographe en Russie
  • Témoignage de Bertrand Vergely, philosophe
  • Témoignage de Jeannine Krasnikowa-Kosak, doreur
  • Perspectives de l'icône, par le Frère Jean
  • Témoignage du Frère Joseph, moine
  • Interview de Michaël Lonsdale, comédien
  • Témoignage d'Henri Guérin, maître-verrier
  • Inépuisable Beauté, interview du Père André Gouzes, dominicain, compositeur
  • Témoignage d'Emmanuelle Vernoux, brodeuse
  • Le geste, lettre du Frère Jean
  • Témoignage de Michel Patrizio, mosaïste Art Sacré par le Frère Jean 
EXTRAITS

Regarde le soleil à travers la peau de tes paupières closes et tu comprendras ce que tu perds en imaginant que tu es, toi, Lumière. L'œil ouvert du cœur perçoit une invisible Présence qui incite l'Homme à agir conformément à sa destinée. Moi qui suis corruptible, comment puis-je toucher le feu sans m'y dissoudre ?

En devenant Feu, tout Feu, pas le feu qui se consume mais ce Feu humide des noces.

NS : Que signifie pour vous le Beau ?

NI. L. : Le Beau touche. Mais je suis prudent face à la beauté extérieure car elle est trompeuse. Nous devons nous ouvrir à la Beauté intérieure c'est-à-dire quand l'émergence du cœur est palpable. Les gens qui poilent la Beauté respirent le Seigneur, ils vivent par Lui. S'ils ont l'Amour du prochain, cela transparaît en eux. La beauté artistique c'est quand l'œuvre est juste : un rapport de couleur, un signe de joie, d'harmonie...

Chez le Titien par exemple, il y a l'amour de la matière. La matière qui n'est qu'un pauvre élément de rien du tout : un peu de poudre, de couleur, un peu d'huile... Dans cette pauvre petite matière s'inscrit l'Esprit. Quand vous regardez à la loupe une toile, la matière est caressée, déposée avec respect, aimée d'une façon prodigieuse.

Combien d'œuvres contemporaines sont nées de révoltes, de crachats, de matières jetées, vomies, habitées par rien ? Combien d'œuvres aujourd'hui témoignent du mépris ? Mais qui pouraient devenir belles, si elles se considéraient comme la création de Dieu, transparentes à l'Esprit. Le Beau c'est un profond respect de la Création.

NS : Comment passer de la Tradition à la modernité ?

p. Z. : Ce qui est le plus actuel, c'est la Tradition avec un grand T. Il ne faut pas la confondre avec les coutumes et les traditions locales. La Tradition, c'est la foi vivante. Foi qui est révélée pour tout le monde, toujours et partout. La Tradition ne doit jamais céder face à la modernité. Elle n'est pas figée, elle se situe dans un immuable présent. L'essentiel dans la Tradition d'aujourd'hui est de sentir, de ressentir, d'apprendre à écouter, à connaître, à reconnaître. En parler ne suffit pas, il faut la mettre en pratique pour témoigner au monde de sa vérité. Ceux qui parlent de Dieu et ne le rencontrent pas, engendrent la polémique.

AS : Comment montrer Dieu ?

p. Z. : Par le rayonnement de notre vie, de nos regards, de nos gestes. Par le témoignage concret de notre foi. Nous pouvons lire dans Ezéchiel...

Après avoir fait un signe de croix, il ouvre sa Bible, lentement, il commence à lire d'une voix grave : La parole de Dieu me fut adressée, en ces mots : Fils de l'homme, je t'établis comme sentinelle sur la maison d'Israël.

Tu écouteras la parole qui sortira de ma bouche, et tu les avertiras de ma part. Quand je dirai au méchant : Tu mourras ! si tu ne l'avertis pas, si tu ne parles pas pour détourner le méchant de sa mauvaise voie et pour lui sauver la vie, ce méchant mourra dans son iniquité, et je te redemanderai son sang.

Mais si tu avertis le méchant, et qu'il ne se détourne pas de sa méchanceté et de sa mauvaise voie, il mourra dans son iniquité, et toi, tu sauveras ton âme.

Si un juste se détourne de sa justice et fait ce qui est mal, je mettrai un piège devant lui, et il mourra ; parce que tu ne l'as pas averti, il mourra dans son péché, on ne parlera plus de la justice qu'il a pratiquée, et je te redemanderai son sang. Mais si tu avertis le juste de ne pas pécher, et qu'il ne pèche pas, il vivra, parce qu'il s'est laissé avertir, et toi, tu sauveras ton âme .»

Ezéchiel 3, 16 à 21.

Le Seigneur insiste auprès d'Ezéchiel, lui disant que chacun demeure responsable de son action, mais qu'il aura à rendre compte de son témoignage auprès des méchants et des justes. Va vers mon peuple et parle lui... »

 

Le Skite Sainte Foy est un lieu de retraite et de prière orthodoxe dans les Cévennes. Il dépend canoniquement de l'Archevêché des Eglises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale /Patriarcat de Moscou/
 
Art Sacré - Frère Jean - Editions Art Sacré – prix public : 20 € + 5€ port = 25€

Format 160 mm x 240 mm - 156 pages – avec de nombreuses photos

Parution septembre 2020

Contact : Frère Jean - Tél : 04 66 45 42 93

E-mail : skite.saintefoy@wanadoo.fr 

 

 

 

 

 

__________________________________
 

277163 234956736553388 1210667500 qSi vous souhaitez recevoir chaque jour un texte spirituel choisi par le diacre Marc abonnez-vous à son blog (et regardez votre dossier spam ou indésirable pour valider ensuite votre inscription envoyée par Feedburner) :

 

Enter your email address:

Delivered by FeedBurner

 

Partager cet article
Repost0
16 février 2020 7 16 /02 /février /2020 23:55
Le théologien Bernard Sesboüé propose une fine relecture de l’histoire et du sens de ce sacrement.

Les sociologues le répètent, enquête après enquête, la crise du christianisme se caractérise en France par une désaffection profonde et désormais installée pour la messe. Mais comment avoir goût pour ce que l’on peine à comprendre, voire ce que l’on ne comprend plus du tout ?

C’est avec ce paysage en toile de fond que Bernard Sesboüé, jésuite, théologien aguerri, a rassemblé dans cet essai une présentation du mystère de l’eucharistie en ce qu’il a d’essentiel.

Sans méconnaître le détail des rites auxquels il accorde une juste importance, Bernard Sesboüé ne verse pas dans un ritualisme formel, qui risque toujours d’enfermer dans l’accessoire.

Au contraire, il replace l’eucharistie à sa juste place, majeure, celle de nouer le destin de l’homme à celui de Dieu et de construire l’Église.

« Si l’Église fait l’Eucharistie, l’Eucharistie fait l’Église », a écrit le père Henri de Lubac. Il insistait sur le fait que chaque célébration eucharistique a pour but de faire de l’assemblée présente le corps de l’Église qui constitue aussi le corps glorieux du Christ.

«Sacrement du sacrifice unique de Jésus», « sommet des sacrements », «mémorial» : ces synonymes de l’Eucharistie sont tour à tour présentés par Bernard Sesboüé, qui s’emploie à déjouer les fausses interprétations. Comme, par exemple, l’affirmation que l’Eucharistie serait une « répétition » de la croix.

« L’Eucharistie n’est en rien la “répétition” de la croix, dont le “une fois pour toutes” ne peut être répété (…) L’Eucharistie par contre est bien la “répétition” de la Cène», précise-t-il.

Tout au long de l’ouvrage, l’auteur nous fait bénéficier de sa grande connaissance des Écritures, de la tradition, mais aussi de l’histoire des Églises chrétiennes et du dialogue œcuménique, dont les avancées ont été l’occasion d’approfondir le sens de ce sacrement.

C’est certainement dans le chapitre consacré à la délicate question de la « présence réelle » que s’expriment le mieux sa finesse et son discernement théologiques.

Bernard Sesboüé commence par souligner l’importance des paroles de Jésus « Ceci est mon corps ; ceci est la coupe de mon sang», attestées dans les quatre versions de l’institution de l’Eucharistie présentes dans le Nouveau Testament.

« L’Eucharistie n’est donc plus une nourriture simplement humaine, elle est confectionnée par la toute-puissance de la parole de Dieu et elle comporte donc un élément proprement divin », souligne le théologien.

Les Pères de l’Église ne s’étaient guère posé de questions sur le « comment » de cette présence, mais nous avons hérité du Moyen Âge tout un langage philosophique, celui de la substance, qui nous est devenu obscur.

Avec pédagogie, Bernard Sesboüé en redonne le sens. Contre les lectures matérialiste ou physiciste, il rappelle que chez saint Thomas d’Aquin «la substance n’est pas le substrat, mais la raison d’être d’une chose et son sens».

« La substance, en tant que telle, n’est pas visible pour l’œil corporel, ni n’est sujet pour aucun sens (…) En conséquence, à parler de façon propre, le corps du Christ n’est perceptible que par le seul intellect, dit œil spirituel », écrit Thomas d’Aquin.

Si la présence du Christ est réelle – et non symbolique –, elle n’est ni géographique, ni physique, ni locale.

« Autrement dit, le corps du Christ n’est pas présent dans le tabernacle de la même manière que le ciboire y est présent », insiste Bernard Sesboüé.

Il signale tout autant la force de cette présence spirituelle, invitant à la considérer comme « une présence infiniment plus intime que la présence courante qui passe par nos corps non glorifiés».

Par-delà ces précisions importantes, Bernard Sesboüé veut tourner nos regards vers l’essentiel : « La visée de l’Eucharistie n’est pas le changement du pain et du vin (…) mais l’accès de toute l’assemblée au statut de corps du Christ par le don de l’Esprit», résume-t-il.

Cet aspect a été quelque peu oublié pendant le second millénaire. Retrouver cette visée de communion serait aujourd’hui salutaire.

Élodie Maurot

Comprendre l’Eucharistie

de Bernard Sesboüé

Salvator, 186 p., 18 €

 
__________________________________
 

277163 234956736553388 1210667500 qSi vous souhaitez recevoir chaque jour un texte spirituel choisi par le diacre Marc abonnez-vous à son blog (et regardez votre dossier spam ou indésirable pour valider ensuite votre inscription envoyée par Feedburner) :

 

Enter your email address:

Delivered by FeedBurner

 

Partager cet article
Repost0