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20 juillet 2021 2 20 /07 /juillet /2021 19:25

 

En un commencement !

Elohim poétise et les cieux et la terre

Alors la terre grise était trouble et tourbière

Dessus un voile d'ombre enveloppait l'abîme

Et couvait sur l'eau sombre un souffle d'Elohim

Soudain dit Elohim

Que soit une lumière ! »

Et de son souffle intime il vient une lumière

Elohim voit alors quel bien est la lumière

Et Ils tranche son bord d'avec l'ombre première

Elohim s'écrie « Jour ! » vers ce bonheur qui luit

Et vers l'ombre alentour

Elohim s'écrie « Nuit ! »

Ils a crié Dès lors il y eut un déclin il y eut un essor et ce fut le jour un

Ils dit « Qu'un firmament vienne au milieu des eaux

Et qu'il vienne en tranchant les eaux d'entre les eaux ! »

Ils fait le firmament qui tranche les eaux-ci de celles d'outre-vent

Et il en fut ainsi

Au firmament Ils dit

« Ciel ! » et suivant son cours de minuit à midi c'est un deuxième jour

Elohim dit encor

« Que les eaux sous le vide en un lieu prennent corps et dévoilent l'aride ! »

Et il en fut ainsi

À l'aride Ils crie « Terre ! »

Et aux eaux que voici

Elohim s'écrie « Mers ! »

Une seconde fois Elohim voit quel bien

Et encore une fois

Elohim intervient

« Que la terre verdisse en herbe verte et dense

Que la sève jaillisse et sème sa semence

Que chaque arbre de fruit fasse fruit sur la terre avec sa sève en lui selon son caractère ! »

Et il en fut ainsi

De la terre prospère l'herbe avec son semis selon son caractère

Et l'arbre aussi fait fruit l'arbre aussi prolifère avec sa sève en lui selon son caractère

Elohim voit quel bien

Et ce sont tour à tour un soir et un matin c'est un troisième jour

Elohim dit encore

cieux que soient des lustres pour trancher une aurore entre l'ombre et l'illustre

Qu'ils soient des messagers pour les appointements

Qu'ils soient des horlogers pour les jours et les ans

Qu'au firmament céleste ils éclairent ici la terre d'est en ouest ! »

Et il en fut ainsi

Elohim fait alors les deux lustres les lourds

Un premier lustre un fort pour surveiller le jour

Un petit lustre intime pour surveiller le voile

Et dans l'ombre anonyme une légion d'étoiles

Elohim en fait don au firmament céleste

Pour qu'ils éclairent donc la terre d'est en ouest

Pour qu'ils veillent le jour et qu'ils veillent la nuit

Et qu'ils tranchent autour de l'ombre ce qui luit

Quel bien voit Elohim

Et ce faisant s'encourt entre vêpres et prime un quatrième jour

Puis Ils dit Que les eaux grouillent d'êtres vivants

Et que vole l'oiseau sur terre et face au vent ! »

Alors Ils crée les grands les dragons les chimères

Tous les êtres vivants qui rampent dans la mer

Tout leur foisonnement selon leur caractère

Et tout oiseau volant selon son caractère

Elohim voit quel bien

Il les bénit et dit

Fructifiez ô combien croissez à l'infini

Envahissez les eaux et remplissez les mers

Et que tous les oiseaux s'accroissent sur la terre ! »

Il y eut une veille et une matinée

Et grouillante s'égaye la cinquième journée

Ensuite Elohim dit

Que prospèrent sur terre ceux qu'anime la vie selon leur caractère

Le buffle la panthère et tout le ramassis selon son caractère ! »

Et il en fut ainsi

Ils fait les ruminants selon leur caractère

Ils fait les rugissants selon leur caractère

Et Ils fait tous les vers tout ce qui va-et-vient selon leur caractère

Et Ils voit que c'est bien

 

 

Essai de traduction poétique de Genèse 1 - 11

A l'instar de l'enfantement du ciel et de la terre, quoique modestement, la conception d'un poème requiert une matière première : ici le texte hébreu des onze premiers chapitres de la Genèse. Elle requiert ensuite quelques formes poétiques propres à ordonner le « tohu-bohu » de ses lettres et de ses mots : ici le quatrain, l'hexamètre et le croisement des rimes.

Trois formes donc, auxquelles cet « essai de traduction poétique » fut astreint, au détriment parfois de la richesse de la rime ou de la pureté de son genre ; trois formes qui visent à instaurer un ordre et à imprimer un rythme auxquels la poésie et le théâtre classiques nous ont accoutumés.

Toutefois, dès leur mise en œuvre, la rigueur de ces règles de forme a contrarié une règle fondamentale de la traduction, fermement prescrite par le Deutéronome « Tout ce que je vous commande, vous le garderez et le pratiquerez sans y ajouter ni en retrancher » (Dt 13-1). L'infortune du verset 16 du chapitre 3 de la Genèse, dont tant de traductions ont oublié la conjonction "et" ou le nom "fils", est exemplaire de l'incompréhension que peut susciter l'ignorance de cette règle de fond.

Ce danger d'incompréhension est ici accru par les fréquentes ambiguïtés du texte original et par la polysémie de ses mots ; il l'est aussi, sur la forme, par l'inégale longueur de ses versets, qui ont souvent peiné à rentrer dans le "moule" de tels quatrains, de leur mètre et de leurs rimes.

Fallait-il dès lors renoncer à ces formes classiques pour le vers libre de la Nouvelle Traduction des Editions Bayard voire renoncer « dès le commencement » à cette entreprise, au risque sinon de trahir le Livre de la Genèse et son auteur ? Il a semblé que non, car déjà au temps du Second Temple la Bible était traduite et commentée en araméen et en grec, comme elle le sera bientôt en latin et plus tard dans tant de langues vernaculaires.

S'il est donc nécessaire, et partant légitime de traduire la Bible pour qu'elle soit et reste comprise en tous temps et en tous lieux, que convient-il de ne point « y ajouter ni en retrancher » : est-ce un mot, voire une lettre ? Selon Voltaire, qui faisait écho à saint Paul (2 Cor. 3-6) : « Malheur aux faiseurs de traductions littérales, qui en traduisant chaque parole, énervent le sens ! C'est là qu 'on peut dire que la lettre tue et que I 'esprit vivifie ».

Dont acte, mais qu'importe ici les querelles d'érudits ; en effet, quoiqu'il tente de respecter autant la lettre que l'esprit du texte, le présent « essai de traduction poétique » ne prétend à aucune autorité ni exclusivité. 11 convient dès lors son lecteur le confronte, sinon à l'original qu'il trouvera en regard que cas à une, voire plusieurs autres traductions, notamment celles Meschonnic, d'André Chouraqui ou des Editions Bayard qui l'ont inspiré. Une telle confrontation lui permettra de considérer comment ces onze

chapitres sont rentrés dans le « moule » imposé ; de vérifier si leur lettre nouvelle respecte l'esprit du texte originel ; d'apprécier si elle en conserve le

Considérant en définitive que ces onze chapitres comptent près de 300 versets qui ont été traduits en quelques 400 quatrains, cet essai aurait plutôt « ajouté » que « retranché ». En effet, lorsque le texte était répétitif, il fallut s'employer à l'être également, notamment aux chapitres 5, 10 et Il. Parfois, pour compléter un vers ou un quatrain, il parut nécessaire de répéter, d'étoffer, d'expliciter, voire prudemment, d'interpréter le texte.

Le parti fut pris par ailleurs, mais pas toujours, de traduire les noms propres, car en hébreu ces noms ont souvent un sens qui aide à comprendre le texte ; par exemple Adam est « le terreux » ; Eve « la vivante » ; Abel « le vent » et Seth « la relève ». A cet égard, la transcription coutumière de ces noms en français a été conservée : Eve plutôt que Hava ; Abel plutôt que Havel ; Noé plutôt que Noah' ria.

Le texte hébreu aime aussi jouer avec les noms communs des choses dont il parle ; il fallut donc s'employer, autant que notre langue française le permettait, à restituer ces jeux de mots et de sens ; par exemple : « errer et se terrer », « nouer les nuées » ou « faire dam à l'adam ».

Il fallut aussi s'employer, avec un succès inégal, à « rendre la même racine hébraïque par une racine (française) identique ».

Enfin, malgré « baptiser », « trouvère » ou « légionnaire », il fallut se garder des anachronismes et des mots incongrus, à consonance érudite ou étrangère, grecque notamment.

Un dernier point, sur la ponctuation ; elle est ici réduite à quelques signes ; pour aider néanmoins à marquer le rythme, les majuscules en début de vers indiquent le plus souvent qu'un point final, sinon un point-virgule, devrait les précéder.

Quelles que soient néanmoins ces règles et ces précautions, l'ambition de cette entreprise n'est pas d'être une traduction scientifique » mais bien un « essai poétique » ; dès lors, les écarts qui ont pu être commis en cas de nécessité ou d'opportunité, devraient pouvoir bénéficier de la licence que le genre poétique autorise. Les notes ci-après signalent quelques-uns de ces écarts ou expliquent certains choix de traduction.

Fort en définitive de ces précisions et malgré ces écarts, l'espoir de cet essai », toujours perfectible, est qu'il soit resté « fidèle », sinon toujours à la lettre, du moins, et c'est l'essentiel de son but, tant à la poésie, qu'à l'esprit du texte original.

Nancy, 30 juin 2021

Philippe Bertaud

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23 mai 2021 7 23 /05 /mai /2021 19:30
Frères, avant la fin venez tous voir notre poussière,
la faiblesse de notre nature et notre insignifiance.

Considérons la fin et les organes de ce vase de la chair

L'homme est poussière, nourriture des vers et corruption

Nos os sèchent et n'ont plus de souffle

Regardons les tombeaux.

Où est la gloire ?

Où est la beauté de la femme ?

Où la langue éloquente ?

Où les sourcils ?

Où est l'œil ?

Tout est poussière et ombre, Sauveur épargne nous tous.

Pourquoi l'homme se trompe en son orgueil ?

Il ne sera bientôt que de la boue

Pourquoi la boue se trouble-t-elle en vain ?

Pourquoi l'argile ne pense-t-elle pas qu'elle est pétrie de poussière et qu'elle doit rejeter la souillure et la corruption ?

Hommes, si nous sommes de la boue, que ne sommes nous fondus à la terre ?

Et si nous sommes de la nature du Christ, que n'allons nous à Lui ?

Laissant toute la vie qui coule et meurt, suivons la vie incorruptible qui est le Christ, l'illumination de nos âmes.

Sauveur, de Ta main Tu as formé Adam

Tu as tracé la frontière, la frontière de l'incorruptibilité, de la mort et de la vie dans la grâce

Tu l'as délivré de la corruption et ramené à la vie première

Maître, à Tes serviteurs que Tu reçois d'entre nous, donne le repos avec les justes dans le chœur des élus, écris leurs noms dans le livre de la vie et à la voix de l'Archange au son de la trompette ressuscite les, ouvre leur Ton Royaume céleste.

Christ est ressuscité

Il a délivré des liens Adam la première créature et Il a détruit la force de l'enfer

Courage, tous les morts, la mort est abolie et l'enfer avec elle est dépouillé

Il nous a donné l'incorruptibilité de la chair

Il nous relève, Il nous apporte la Résurrection et Il nous rend dignes de cette gloire dans la joie tous ceux qui d'une foi inflexible ont cru ardemment en Lui.

Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit

Comme se fane la fleur et passe le rêve tout homme a une fin

Mais au son de la trompette, quand la terre tremblera pour aller à Ta rencontre, Christ, Dieu, tous les morts ressusciteront

Alors, Maître, mène dans les demeures des saints ceux que Tu as fait partir d'entre nous les esprits de ceux qui Te servent toujours.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen

Réjouis toi, Marie Mère de Dieu, temple que rien ne peut détruire et plus encore, temple saint, comme dit le Prophète : Saint est Ton temple, merveilleux dans la justice.

 

(* Matines * Stichères des Laudes ton 8)

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16 avril 2021 5 16 /04 /avril /2021 19:19

Viens, lumière véritable.

Viens, vie éternelle. Viens, mystère caché.

Viens, trésor sans nom. Viens, réalité ineffable.

Viens, félicité sans fin. Viens, lumière sans couchant.

Viens, réveil de ceux qui sont couchés.

Viens, résurrection des morts.

Viens, ô Puissant, qui toujours tout fait et refais et transformes par ton seul vouloir.

Viens, toi qui toujours demeures immobile et à chaque instant tout entier te meus et viens à nous, couchés dans les enfers, ô toi au-dessus de tous les cieux.

Viens, joie éternelle.

Viens toi qu’a désiré et désire mon âme misérable.

Viens, toi le Seul, au seul, puisque, tu le vois, je suis seul.

Viens, toi qui m’as séparé de tout et fait solitaire en ce monde.

Viens, toi devenu toi-même en moi désir, qui m’as fait te désirer, toi l’absolument inaccessible.

Viens, mon souffle et ma vie. Viens, consolation de ma pauvre âme.

Viens, ma joie, ma gloire, mes délices sans fin.

Je te rends grâces d’être devenu un seul esprit avec moi, sans confusion, sans mutation, sans transformation, toi le Dieu au-dessus de tout, et d’être pour moi devenu tout en tous, nourriture inexprimable et parfaitement gratuite, vêtement éblouissant, purification qui me baignes de ces impérissables et saintes larmes que ta présence apporte à ceux que tu visites.

Je te rends grâces d’être pour moi devenu. Lumière sans couchant, soleil sans déclin ; car tu n’as pas où te cacher toi qui de ta gloire emplis l’univers ! non, jamais à personne tu ne t’es caché mais c’est nous qui toujours nous cachons de toi, en refusant d’aller à toi : pourquoi te cacherais-tu, toi qui ne te détournes pas d’un seul entre les êtres, qui n’en repousses pas un seul ?

 Viens donc, ô Maître, aujourd’hui dresse en moi ta tente ; fais ta maison et demeure continuellement, inséparablement, jusqu’au bout, en moi, ton serviteur, ô très bon, et que moi aussi, à ma sortie de ce monde et après ma sortie, je me retrouve en toi, ô très bon, et règne avec toi, Dieu qui es au-dessus de tout Oui, Maître, de même que tu t’es souvenu de moi quand j’étais dans le monde et qu’au milieu de mon ignorance, c’est toi qui m’as élu et séparé de ce monde et établi devant la face de ta gloire, de même, maintenant, garde-moi à l’intérieur, debout pour toujours, inébranlable, dans ta demeure en moi : qu’en te voyant perpétuellement, moi, le mort, je vive ; qu’en te possédant, moi, le pauvre, je sois toujours riche ; qu’en te mangeant et te buvant, en me vêtant à chaque instant de toi, j’aille de délices en délices en d’inexprimables biens : car c’est toi qui es tout bien et toute gloire et tout délice et c’est à toi qu’appartient la gloire sainte, consubstantielle et vivifiante Trinité, Toi que vénèrent, que confessent, qu’adorent et que servent dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit tous les fidèles, maintenant et toujours et aux siècles des siècles. Amen.

Saint Syméon le Nouveau Théologien d’après la Catéchèse de Benoît XVI lors de son audience générale du mercredi 16 septembre 2009 :

Chers frères et sœurs !

Aujourd'hui, nous examinerons la figure d'un moine oriental, Syméon le Nouveau Théologien, dont les écrits ont exercé une remarquable influence sur la théologie et sur la spiritualité de l'Orient, en particulier en ce qui concerne l'expérience de l'union mystique avec Dieu. Syméon le Nouveau Théologien naquit en 949 à Galatai, en Paflagonie (Asie mineure), dans une famille noble de province. Encore jeune, il partit pour Constantinople pour y entreprendre des études et entrer au service de l'empereur. Mais il se sentit peu attiré par la carrière civile qui l'attendait et sous l'influence des illuminations intérieures dont il faisait l'expérience, il se mit à la recherche d'une personne qui l'orientât dans le moment de grands doutes et de perplexité qu'il était en train de vivre, et qui l'aidât à progresser sur le chemin de l'union avec Dieu. Il trouva ce guide spirituel en Syméon le Pieux (Eulabes), un simple moine du monastère de Studios, à Constantinople, qui lui donna à lire le traité « La loi spirituelle » de Marc le Moine. Dans ce texte, Syméon le Nouveau Théologien trouva un enseignement qui l'impressionna beaucoup : « Si tu cherches la guérison spirituelle - y lit-il - sois attentif à ta conscience. Tout ce qu'elle te dit, fais-le et tu trouveras ce dont tu as besoin ». A partir de ce moment-là - raconte-t-il lui-même - il ne se coucha plus sans se demander si sa conscience n'avait pas quelque chose à lui reprocher.

Syméon entra dans le monastère des Studites, où, toutefois, ses expériences mystiques et son extraordinaire dévotion envers le Père spirituel lui causèrent des difficultés. Il partit pour le petit couvent de Saint Mamas, toujours à Constantinople, dont, après trois ans, il devint le chef, l'higoumène. Il y conduisit une intense recherche d'union spirituelle avec le Christ, qui lui conféra une grande autorité. Il est intéressant de noter qu'il lui fut donné le qualificatif de « Nouveau Théologien », bien que la tradition ne réserve le titre de « Théologien » qu'à deux personnalités : à l'évangéliste Jean et à Grégoire de Nazianze. Il endura des incompréhensions et souffrit l'exil, mais fut réhabilité par le patriarche de Constantinople, Serge II.

Syméon le Nouveau Théologien passa la dernière période de son existence dans le monastère de Sainte Marine, où il écrivit une grande partie de ses œuvres, en devenant de plus en plus célèbre en raison de ses enseignements et de ses miracles. Il mourut le 12 mars 1022.

Le plus connu de ses disciples, Niceta Stetatos, qui a recueilli et recopié les écrits de Syméon, en fit une édition posthume, en rédigeant à la suite une biographie. L'œuvre de Syméon comprend neuf volumes, qui se divisent en Chapitres théologiques, gnostiques et pratiques, trois volumes de Catéchèses adressées aux moines, deux volumes de Traités théologiques et éthiques et un volume d'Hymnes. Il ne faut pas non plus oublier les nombreuses Lettres. Toutes ces œuvres ont trouvé une place importante dans la tradition monastique orientale jusqu'à nos jours.

Syméon concentre sa réflexion sur la présence de l'Esprit Saint chez les baptisés et sur la conscience qu'ils doivent avoir de cette réalité spirituelle. La vie chrétienne - souligne-t-il - est une communion intime et personnelle avec Dieu, la grâce divine illumine le cœur du croyant et le conduit à la vision mystique du Seigneur. Dans ce sillage, Syméon le Nouveau Théologien insiste sur le fait que la véritable connaissance de Dieu ne vient pas des livres, mais de l'expérience spirituelle, de la vie spirituelle.

La connaissance de Dieu naît d'un chemin de purification intérieure, qui commence avec la conversion du cœur, grâce à la force de la foi et de l'amour; elle passe à travers un profond repentir et une douleur sincère pour ses péchés, pour arriver à l'union avec le Christ, source de joie et de paix, imprégnés de la lumière de sa présence en nous.

Pour Syméon, cette expérience de la grâce divine ne constitue pas un don exceptionnel pour quelques mystiques, mais elle est le fruit du Baptême dans l'existence de tout fidèle sérieusement engagé.

Un point sur lequel réfléchir, chers frères et sœurs ! Ce saint moine oriental nous rappelle tous à une attention à la vie spirituelle, à la présence cachée de Dieu en nous, à la sincérité de la conscience et à la purification, à la conversion du cœur, afin que l'Esprit Saint devienne réellement présent en nous et nous guide.

Si, en effet, l'on se préoccupe à juste titre de prendre soin de notre croissance physique, humaine et intellectuelle, il est encore plus important de ne pas négliger la croissance intérieure, qui consiste dans la connaissance de Dieu, dans la véritable connaissance, non seulement apprise dans les livres, mais intérieure, et dans la communion avec Dieu, pour faire l'expérience de son aide à tout moment et en toute circonstance.

Au fond, c'est ce que Syméon décrit lorsqu'il rapporte son expérience mystique. Déjà, lorsqu'il était jeune, avant d'entrer au monastère, tandis qu'une nuit, chez lui, il prolongeait ses prières, en invoquant l'aide de Dieu pour lutter contre les tentations, il avait vu la pièce emplie de lumière.

Puis, lorsqu'il entra au monastère, on lui offrit des livres spirituels pour s'instruire, mais leur lecture ne lui procurait pas la paix qu'il recherchait. Il se sentait - raconte-t-il - comme un pauvre petit oiseau sans aile. Il accepta cette situation avec humilité, sans se rebeller, et alors, les visions de lumière commencèrent à nouveau à se multiplier.

Voulant s'assurer de leur authenticité, Syméon demanda directement au Christ : « Seigneur, est-ce toi qui es vraiment ici ? ». Il sentit retentir dans son cœur la réponse affirmative et en fut réconforté au plus au point. « Ce fut, Seigneur - écrira-t-il par la suite -, la première fois que tu me jugeas, moi, fils prodigue, digne d'écouter ta voix ».

Toutefois, pas même cette révélation ne réussit à lui apporter la tranquillité. Il se demandait plutôt si cette expérience ne devait pas elle aussi être considérée comme une illusion. Un jour, enfin, un événement fondamental pour son expérience mystique eut lieu. Il commença à se sentir comme « un pauvre qui aime ses frères » (ptochós philádelphos).

Il voyait autour de lui de nombreux ennemis qui voulaient lui tendre des pièges et lui faire du mal, mais, en dépit de cela, il ressentit en lui un intense élan d'amour pour eux. Comment l'expliquer ? Bien sûr, un tel amour ne pouvait venir de lui-même, mais devait jaillir d'une autre source.

Syméon comprit qu'il provenait du Christ présent en lui et tout lui apparut avec clarté : il eut la preuve certaine que la source de l'amour en lui était la présence du Christ et qu'avoir en soi un amour qui va au-delà de mes intentions personnelles indique que la source de l'amour se trouve en moi.

Ainsi, d'un côté, nous pouvons dire que sans une certaine ouverture à l'amour, le Christ n'entre pas en nous, mais de l'autre, le Christ devient source d'amour et nous transforme. Chers amis, cette expérience reste véritablement importante pour nous aujourd'hui, pour trouver les critères qui nous indiquent si nous sommes réellement proches de Dieu, si Dieu est présent et vit en nous.

L'amour de Dieu croît en nous si nous demeurons unis à Lui à travers la prière et l'écoute de sa parole, à travers l'ouverture du cœur. Seul l'amour divin nous fait ouvrir notre cœur aux autres et nous rend sensibles à leurs besoins nous faisant considérer chacun comme nos frères et sœurs, et nous invitant à répondre à la haine par l'amour et à l'offense par le pardon.

En réfléchissant sur cette figure de Syméon le Nouveau Théologien, nous pouvons observer encore un élément supplémentaire de sa spiritualité. Sur le chemin de vie ascétique qu'il a proposé et parcouru, la profonde attention et concentration du moine sur l'expérience intérieure confère au Père spirituel du monastère une importance essentielle. Le jeune Syméon lui-même, comme on l'a dit, avait trouvé un directeur spirituel, qui l'aida beaucoup et dont il conserva une très grande estime, au point de lui réserver, après sa mort, une vénération également publique.

Et je voudrais dire que demeure valable pour tous - prêtres, personnes consacrées et laïcs, et en particulier les jeunes - l'invitation à avoir recours aux conseils d'un bon père spirituel, capable d'accompagner chacun dans la connaissance profonde de soi, et de le conduire à l'union avec le Seigneur, afin que son existence se conforme toujours plus à l'Evangile.

Pour aller vers le Seigneur, nous avons toujours besoin d'un guide, d'un dialogue. Nous ne pouvons pas le faire seulement avec nos réflexions. Et cela est également le sens du caractère ecclésial de notre foi de trouver ce guide.

En conclusion, nous pouvons résumer ainsi l'enseignement et l'expérience mystique de Syméon le Nouveau Théologien : dans sa recherche incessante de Dieu, même dans les difficultés qu'il rencontra et les critiques dont il fut l'objet, en fin de compte, il se laissa toujours guider par l'amour.

Il sut vivre lui-même et enseigner à ses moines que l'essentiel pour tout disciple de Jésus est croître dans l'amour et ainsi, nous mûrissons dans la connaissance du Christ lui-même, pour pouvoir affirmer avec saint Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).

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