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22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 20:30
Tiens-toi droit et souris

Dans l’aise ou dans la gêne,
 dans la misère ou l’opulence,
 la maladie ou la santé
 Tiens-toi droit et souris.
Parmi ceux qui se précipitent,
 ceux qui s’agitent dans le vide,
 ou se cognent l’un contre l’autre
 Tiens-toi droit et souris.
Parmi les gens qui jouent des coudes,
 ceux qui tendent les mains pour prendre
 ou bien qui rampent et louvoient
 Tiens-toi droit et souris.
Parmi ceux qui discutent
 et ceux qui s’injurient,
 ceux qui serrent les poings
 et ceux qui lèvent les armes
 Tiens-toi droit et souris.
Au jour de la colère et de la débandade
 lorsque tout croule et flambe
 Toi seul debout dans la panique,
 Tiens-toi droit et souris.
Devant les justes au cou raide,
 les juges aux vertus sanglantes,
 les importants qui se démènent,
 Tiens-toi droit et souris.
Qu’on fasse ton éloge,
 Qu’on te crache à la face,
 Tiens-toi droit et souris.
Chez toi parmi tes proches
 Tiens-toi droit et souris.
 Devant ta bien aimée
 Tiens-toi droit et souris.
Dans les jeux et les danses
 Tiens-toi droit et souris.
 Dans la veille et les jeûnes
 Tiens-toi droit et souris.
Seul dans le haut silence,
 Tiens-toi droit et souris.
 Au bord du grand voyage,
 même si les gens pleurent,
 Tiens-toi droit et souris.

Lanza del Vasto

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7 novembre 2020 6 07 /11 /novembre /2020 20:30

Ne dites pas : mourir ; dites : naître.
Croyez.
On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;
On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ;
On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;
On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil,
La sombre égalité du mal et du cercueil ;
Quoique le plus petit vaille le plus prospère ;
Car tous les hommes sont les fils du même père ;
Ils sont la même larme et sortent du même oeil.
On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil ;
On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,
On monte.
Quelle est donc cette aube ?
C’est la tombe.
Où suis-je ?
Dans la mort.
Viens ! Un vent inconnu
Vous jette au seuil des cieux.
On tremble ; on se voit nu,
Impur, hideux, noué des mille noeuds funèbres
De ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;
Et soudain on entend quelqu’un dans l’infini
Qui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est béni,
Sans voir la main d’où tombe à notre âme méchante
L’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante.
On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent
Fondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant,
Tout notre être frémit de la défaite étrange
Du monstre qui devient dans la lumière un ange.

Victor Hugo, Les contemplations

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6 octobre 2020 2 06 /10 /octobre /2020 19:30

L’Amour sans qualificatif

Dans les conversations de Bénarès, un nom revient sans cesse : celui de Kabir, saint qui vécut au XVe siècle dans la Ville sainte. Chaque année, des concerts interprètent ses compositions pour le plus grand plaisir des auditeurs.

Pour attirer l’attention des passants, les mendiants ont toujours en réserve quelques-uns de ses bons mots. Dans les écoles, on grandit avec ses poésies et, au soir de la vie, on meurt accompagné par sa sagesse inaltérable.

En un sens, Bénarès, c’est Kabir.

Si la mémoire de cet homme est restée très vivante, c’est parce qu’il est un pont jeté sur les fractures religieuses de l’Inde. Fils adultérin de brahmanes hindous, il fut recueilli par un couple musulman.

Étant ainsi à la fois enfant de Rama – l’avatar de Vishnu – et d’Allah, il pouvait interpeller avec une souveraine liberté les tenants de l’orthodoxie en dénonçant leur fanatique hypocrisie :

« Si Allah est uniquement dans la mosquée, à qui appartient le reste du monde ?

Si Rama est seulement dans la statue que tu découvres au terme du pèlerinage, alors qui adores-tu là où il n’y a pas d’effigies ?

Cherche-le dans ton cœur, cherche-le dans tous les cœurs :

là est sa demeure et sa résidence ! »

Kabir était tisserand, membre d’un groupe social qui reste l’un des plus défavorisés de Bénarès. Dans ses poèmes, il fut l’indomptable défenseur des pauvres qui le reconnaissent encore comme leur meilleur avocat.

Kabir était aussi convaincu du lien amical qu’il faut patiemment tisser entre les différentes communautés religieuses.

À l’image du va-et-vient de la navette sur l’écheveau, il savait que toute quête spirituelle nécessite du temps avant de plonger définitivement en Celui qui est l’Amour sans qualificatif car Dieu n’appartient à personne – ni aux hindous, ni aux musulmans. Au contraire, c’est à nous de lui appartenir tout entier !

« Nulle part on ne voit de plaie : d’où vient donc la douleur.

En vain on examine le corps : la blessure est invisible !

Celui-là seul comprend ce mal, qui l’a éprouvé :

L’amour de Rama est un dard acéré ! », chantait ce pèlerin de l’Absolu.

En Inde, la voix de Kabir ne s’est jamais tue. Elle résonne toujours dans la prière des Sikhs car nombre de ses vers furent incorporés au Guru Granth Sahib – le livre saint de la nouvelle tradition religieuse apparue à la même époque.

De plus, quelques-uns de ses disciples ont créé la lignée spirituelle des Kabir panthis afin de transmettre la sagesse inaltérable du Maître.

À Bénarès, on les rencontre au monastère de Kabir Chaura où j’ai eu le privilège de me lier d’amitié avec de talentueux jeunes moines d’une grande ouverture spirituelle.

L’un d’eux, Umesh Pratap Singh, a récemment créé un groupe de musique qui se produit sur les scènes fréquentées par la jeunesse.

Ainsi, grâce à son lointain héritier, le divin tisserand continue de former les cœurs d’une nouvelle génération en enseignant à dépasser les haines ancestrales qui font toujours rage entre l’hindouisme et l’islam.

Pour cela, il n’est pas d’autre chemin que de reconnaître en l’autre croyant son propre frère car

« il n’y a qu’un seul Nom, infini, insondable :

là se tient Kabir, inébranlablement ».

Par Yann VagneuxPrêtre des Missions étrangères de Paris vivant en Inde (1)

(1) Il a raconté son expérience dans Prêtre à Bénarès, Lessius, 304 p., 27 €.

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