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1 février 2020 6 01 /02 /février /2020 23:55

Lorsque l'on étudie la correspondance du bienheureux staretz Joseph, la première chose que l'on remarque est son désir, sa nostalgie, son désir pur de dire à celui qui est son semblable, de s'adonner à la prière de Jésus.

Parce que lorsqu'il vint à l'Athos, il se fixa pour objectif de vivre comme les anciens ascètes comme il l'avait lu dans le livre de cette époque, Kalokairini, qui contenait les vies des saints.  

L'ensemble de la vie du vénérable staretz fut sa méditation continuelle de la prière de Jésus. Il essaya d'appliquer le commandement de [saint] Paul: "Priez sans cesse".   

Chaque soir, il avait comme règle de s'adonner à la prière de Jésus résolument pendant six heures d'affilée. Il a laissé cette méthode précise dans une de ses lettres. "Je connaissais un frère, qui pendant six heures amena son esprit vers le bas dans son cœur et ne lui permit pas de sortir de la neuvième heure de l'après-midi (environ 3 heures) jusques à la troisième heure de la nuit (environ 21 heures).

Il avait une horloge qui sonnait les heures. Et il est devenu couvert de sueur. […] "Cette manière de labeur spirituel, appris des Pères, montre une grande force mentale et un état spirituel élevé. Car il est vraiment rare, surtout de nos jours, de trouver un esprit qui peut prier résolument pendant une si longue période.

Le bienheureux staretz dit que pour accomplir un si grand exploit spirituel, une personne doit se forcer à dire la prière et il souligna: "Dites la prière tout le temps. ne laissez pas votre bouche se reposer. Ainsi, elle deviendra habituelle en vous, et l'esprit l'acceptera."

Le staretz hésychaste est l'un des startsy contemporains du Mont Athos qui a enseigné les détails de la pratique de la prière noétique, non seulement pour les moines, mais également pour les laïcs.

Selon le staretz, toutes les personnes, sans égard à leur mode de vie, où qu'elles se trouvent, et quoi qu'elles fassent, peuvent entreprendre la prière noétique.

Le bienheureux staretz a écrit à ce sujet, "La pratique de la prière noétique est de vous contraindre à dire sans cesse la prière avec vos lèvres. Prêtez seulement attention aux mots "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi". Et vous ferez l'expérience de la douceur comme si vous aviez du miel dans la bouche ".

Introduction

Quelques mots d’introduction me paraissent utiles aux lettres du père Joseph portant sur la prière de Jésus.

" La prière intérieure pour moi est comme l’art de chacun... ", c’est ainsi que le père Joseph décrit " son rapport " avec la prière du cœur voulant de cette manière montrer qu’il s’est mis à l’apprentissage auprès d’un maître tout comme un jeune apprenti se met à l’école d’un artisan pour apprendre l’art du métier.

Or après de nombreuses années dans l’ascèse de la prière du cœur, le père Joseph est devenu à son tour un " maître ". Par " maître " nous ne voulons pas dire qu’il a acquis " la maîtrise " de la prière intérieure, mais c’est plutôt elle qui a fini par maîtriser les mouvements de son esprit.

Le père Joseph n’est pas un théoricien parmi beaucoup d’autres qui ont écrit sur la prière de Jésus. Bien que ces lettres soient de véritables traités de la prière du cœur dignes d’égaler ceux des Pères neptiques, le père Joseph se révèle plus un guide sûr qu’un théologien pour ceux qui veulent apprendre à prier la prière de Jésus : " Dieu, dit-il dans une lettre, est l’origine et le tout " de la prière intérieure.

Et si quelqu’un trouve qu’il insiste sur la technique, il remarquera que le père Joseph a simplifié la forme, mais que l’intention fondamentale n’a pas changé : arriver par la prière de Jésus à un état où la grâce descend dans le cœur : " Car le but de la prière intérieure est la descente de la grâce ".

Or quand la grâce prend possession du cœur, non seulement elle le renouvelle, mais elle le transforme en un Temple vivant où la Sainte Trinité vient habiter (Lettre 64). Dès lors nous ne sommes plus soumis à nous-mêmes mais à la prière de Jésus. Bienheureux est celui en qui régnera la prière intérieure car il ressentira une joie et une paix permanentes.

" O la joie ! O la joie ! qui remplit notre être façonné de terre ! " À un moment donné, on sent dans les lettres l’impuissance du père Joseph à trouver les mots ou à les inventer pour exprimer ce bonheur qui par sa nature transcende toute expression.

Le père Joseph considère – et ceci pourrait surprendre certains – que la prière de Jésus est la seule qui assure sans faille la garde du cœur contre l’imagination alors que les autres formes de prière, même si elles sont bonnes, ne sont pas toutes imperméables à l’égarement de l’esprit.

" O combien est effrayant l’égarement de l’esprit ! " Pour cette raison, il met en avant la valeur sûre de la prière intérieure : " La prière circulaire du cœur ne craint pas l’égarement. ". […]

Un petit-fils du Père Joseph l’Hésychaste.

***

Lettre 1. À un jeune homme qui demande
de quelle manière s’appliquer à la prière du cœur.

Mon Bien-aimé en Christ,

J’espère que tu te portes bien. Aujourd’hui, j’accuse réception de ta lettre et je réponds aux choses que tu m’écris. Les informations que tu me demandes n’exigent ni temps ni peine de ma part pour te les donner.

La prière intérieure pour moi est comme l’art de chacun puisque je m’y exerce depuis plus de trente-six ans. Quand je suis arrivé à la Sainte Montagne, je me suis sans tarder mis à la recherche d’ermites qui s’appliquaient à la prière [dans ces lettres la prière veulent dire la prière intérieure ou du cœur]. En ce temps, ils étaient nombreux – avant quarante ans – et ils étaient pleins de vie. Hommes de vertus. Des pères spirituels chevronnés. Nous avons choisi l’un d’entre eux mais nous les tenions tous pour nos guides.

Pour ce qui est de la prière, son activité (praxis) consiste à se faire continuellement violence pour la répéter sans relâche avec la bouche. Rapidement, au début, pour ne pas laisser le temps à l’esprit (noûs) de former une quelconque idée de grandeur.

Tâche seulement d’appliquer ton attention aux mots : " Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi. " Après un assez long temps dans cette activité, l’esprit finira par s’y habituer et les récitera [sans effort]. Il y prendra plaisir car il y goûtera comme à du miel. Et il cherchera à la pratiquer continuellement. S’il l’abandonne, il éprouvera de la peine.

Quand l’esprit s’y habitue et s’en rassasie – en assimilant bien la méthode – il l’envoie au cœur. Car l’esprit est le fournisseur du cœur et son travail principal consiste à y faire descendre tout ce qu’il trouve de bon ou de mauvais ; car le cœur est le centre de la puissance spirituelle et corporelle de l’homme, le trône de l’esprit. Ainsi, lorsque celui qui prie garde son esprit à l’écart de toute imagination, et applique son attention aux paroles de la " prière ", en aspirant légèrement avec un certain effort et avec sa propre volonté, il pousse son esprit vers son cœur, le tient à l’étroit, en retenant son souffle et dit avec rythme la prière : " Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi ! "

Au début, il répétera la prière plusieurs fois avant de prendre une respiration. Ensuite, quand l’esprit s’accoutumera à se tenir dans le cœur, il prononcera avec chaque respiration la prière : " Seigneur Jésus Christ " en aspirant et " aie pitié de moi " en expirant. Cette façon de faire durera jusqu’à ce que la grâce descende dans l’âme et s’active. Puis vient la contemplation (théoria).

La " prière " est donc récitée en tout lieu et en diverses postures : assis comme couché, en marchant ou en se tenant debout. " Priez sans cesse et rendez grâce en toutes circonstances ", dit l’apôtre (1 Th 5, 18). Il ne suffit pas seulement de prier couché au lit. Il faut lutter. Debout – assis. Quand tu te fatigues, assieds-toi. Et encore debout. Ne cède pas au sommeil.

Tous ces exercices portent le nom de praxis. Tu montres ainsi à Dieu ta disposition intérieure ; car le résultat dépend de lui. De lui provient la force nécessaire. Dieu est l’origine et la fin [de la prière du cœur]. Sa grâce opère tout. Elle est la force motrice.

Or l’amour apparaît et opère en celui qui garde les commandements : quand tu te lèves la nuit pour prier, quand tu es mû de compassion pour un malade, et quand tu te montres miséricordieux envers la veuve, les orphelins et les personnes âgées, alors Dieu t’aime.

Et toi, à ton tour, tu lui montres ton amour. C’est lui qui t’a aimé le premier et répand sa grâce. Et nous, nous lui rendons " ce qui est à toi, le tenant de toi. " Quand tu cherches Dieu par la seule " prière ", ne laisse pas sortir un souffle de ta bouche sans l’associer à elle.

Tâche encore une fois de garder ton esprit loin des chimères. Car le divin est sans forme, sans figure et sans couleur. Il est plus que parfait. Il rejette toute forme de syllogisme. Il opère et agit comme une brise légère sur notre esprit.

Quant à la componction, elle vient quand tu médites sur les choses qui ont attristé Dieu. Alors qu’il est tellement bon, doux, miséricordieux, qu’il est le bien et la plénitude d’amour, et qu’il a été crucifié et a enduré toutes les souffrances ; si tu médites sur toutes ces choses et sur combien d’autres encore, ton cœur se remplira de componction.

Si donc tu le peux, applique-toi à la prière à haute voix et incessamment. Tu t’y habitueras en deux ou trois mois. La grâce te couvrira et te rafraîchira. Et lorsque l’esprit recevra la prière, tu ne la diras plus par la bouche. Tu auras alors du répit.

Et encore de nouveau, lorsque l’esprit l’abandonnera, la langue la reprendra. La violence envers soi doit porter sur l’effort vocal de dire la prière jusqu’à ce que l’habitude s’installe. Ensuite, ton esprit prononcera la prière sans peine tout au long de ta vie.

Lorsque tu viendras, comme tu nous l’annonces, à la Sainte Montagne, viens nous voir. Mais alors nous parlerons d’autres choses. Tu n’auras pas de temps pour la prière. Tu ne t’y mettras que lorsque tu auras réalisé la paix (hésychia) en ton esprit. Ici, tandis que tu visiteras les monastères, ton esprit sera occupé à écouter et à regarder.

Je suis certain pourtant que tu réussiras à te former à la prière. N’en doute pas. Seulement frappe à la porte de la divine miséricorde et le Seigneur t’ouvrira. Aime-le beaucoup, pour recevoir beaucoup. Car c’est selon le degré d’amour que nous lui montrons, que nous recevrons peu ou prou.

 

Lettre 2. Au même, encore sur la prière
et plusieurs autres thèmes.

Je suis heureux de constater ton ardeur qui ne peut que profiter à ton âme. Et moi, de mon côté, j’ai la soif d’être utile à chaque frère qui veut être sauvé. Alors, mon bien-aimé et plus que tendre frère, ouvre bien grandes tes oreilles. La prédestination de l’homme, depuis qu’il est né dans cette vie, est de trouver Dieu.

Il ne peut y arriver que si Dieu l’ait en premier cherché. " En lui nous vivons et nous nous mourons ", mais les passions nous ont clos les yeux de l’âme et nous empêchent de voir. Lorsque le plus-que-bon Dieu tourne son regard sur nous, nous nous réveillons comme d’un sommeil et nous commençons à quêter notre salut.

Quant à ta première question : Dieu maintenant t’a vu, t’a illuminé et te guide. Travaille à faire sa volonté là où tu es. Dis sans relâche la prière avec la bouche et avec l’esprit. Quand ta bouche se fatiguera à force de dire la prière, l’esprit prendra la relève.

Et de nouveau, quand l’esprit se lassera, la bouche recommencera. Seulement ne t’arrête pas. Fais beaucoup de métanies.

Veille la nuit autant que ta force te le permet. Lorsqu’une flamme s’allumera dans ton cœur et qu’un amour envers Dieu l’embrasera, lorsque tu chercheras l’hésychia, parce que tu ne pourras plus rester renfermé dans le monde – car la prière brûle dans ton for intérieur, dès que tu éprouveras tout cela, écris-moi et je te dirai quoi faire.

Si toutefois, la grâce ne s’active pas de cette manière, mais que toi tu ne relâches pas ton zèle et pratiques les commandements du Seigneur à l’égard de ton prochain, alors trouve en cela ton repos car tu es bien comme tu es. Ne cherche pas à recevoir plus...

Sur le sens de la différence entre les trente, soixante et cent [deniers], tu le liras dans l’Évergetinos. Tu y trouveras aussi bien d’autres choses fort utiles.

Réponse à tes autres questions : la prière en principe devrait être pratiquée mentalement. Mais parce qu’au commencement l’esprit n’en a pas l’habitude, il oublie. C’est pourquoi il est nécessaire d’alterner et de réciter la prière tantôt avec la bouche tantôt avec l’esprit jusqu’à ce qu’il en soit rassasié et qu’elle devienne activité [énergia].

On appelle activité la sensation de joie et d’allégresse que tu éprouves à l’intérieur de toi pendant la prière. Lorsque donc l’esprit entre " en possession " de la prière, celle-ci devient l’émotion de joie dont je viens de parler et se dit continuellement sans effort de ta part.

On donne à cet état le nom de sensation – activité [énergia] – parce que la grâce opère sans le concours de la volonté de l’homme. Celui qui a atteint cet état, marche, dort, se réveille et à l’intérieur de lui-même a la prière incessante. Celui-là est rempli de paix et de joie.

En ce qui a trait aux heures de la prière, puisque tu vis dans le monde et que tu as maintes préoccupations, lorsque tu trouveras quelque temps de libre, adonne-toi à la prière. Fais-toi violence pour ne pas la négliger. Quant à la contemplation, c’est chose très difficile car elle exige que l’on ait la paix intérieure absolue.

La condition spirituelle se divise en trois états selon l’activité de la grâce en chaque homme. Le premier état est celui de la purification où la grâce purifie l’homme ; toi, tu te trouves dans cet état-là.

Chaque élan que tu ressens pour les choses spirituelles est tributaire d’elle. Aucune initiative dans ce domaine ne t’appartient en propre ; la grâce mystiquement opère tout.

Cette grâce, donc, lorsque tu te fais violence, élit domicile en toi pendant un certain nombre d’années. Et lorsque l’homme progresse dans la prière intérieure, il reçoit une autre forme de grâce, de beaucoup différente de la précédente.

Donc, le premier état s’appelle sensation-énergie et il est identique à la grâce purificatrice, car l’orant ressent à l’intérieur de lui-même une motion-énergie divine.

Le deuxième état correspond à celui de l’illumination ; car on reçoit la lumière de la connaissance qui amène à la contemplation de Dieu.

Il ne faut pas la confondre avec " les lumières ", les fantaisies, les diverses représentations. Mais elle éclaire l’esprit, le rend limpide et lumineux, elle opère la purification des pensées, elle ouvre l’intelligence aux pensées élevées.

Pour acquérir cette grâce, l’orant doit être dans un état parfait de paix intérieure (hésychia) et avoir un guide expérimenté.

Le troisième état - la descente proprement dite de la grâce [dans le cœur] – est celui de la grâce qui parfait et qui est un grand don. Je ne t’écris pas davantage là-dessus car ce n’est pas nécessaire.

Si toutefois tu désires lire à ce sujet, j’ai écrit, malgré mon ignorance, sur les énergies opérantes de la grâce, une œuvre intitulée " Trompette spirituelle ". Essaie de la trouver. Achète aussi les écrits de saint Macaire chez l’éditeur Schinias, et ceux de l’abbé Isaac [Saint Isaac le Syrien] et tu en tireras beaucoup de profit. Écris-moi sur les transformations [spirituelles] que tu éprouveras et moi je te répondrai avec beaucoup d’empressement.

Ces temps-ci, je ne m’arrête pas de répondre aux lettres que je reçois. Cette année, des personnes sont venues d’Allemagne dans le seul but de connaître la prière du cœur. Je reçois des lettres d’Amérique qui décèlent un empressement, comme de Paris et, dans toutes, les auteurs s’enquièrent de la prière intérieure.

Mais ici, chez-nous, c’est le contraire. Est-ce une corvée que d’invoquer sans relâche le nom de Jésus pour nous attirer sa miséricorde ?

Pour finir, une idée erronée qui provient du malin, prédomine : à savoir qu’en pratiquant la prière, on tombe dans l’erreur alors que c’est le contraire.

Celui qui en sent le désir, qu’il s’y applique. Et lorsque l’activité dela prière aura duré longtemps, celui-là deviendra lui-même un paradis. Il se libérera des passions, il se transformera en un homme nouveau. Et si celui qui s’adonne à la prière vit dans le monde, il en recevra beaucoup plus de bienfaits que celui qui a choisi le désert.

Reproduit de Contacts, Vol. 43, No 154, 1991.

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31 janvier 2020 5 31 /01 /janvier /2020 23:55

Un film documentaire sur saint Joseph l’Hésychaste paraîtra prochainement aux États-Unis. Son auteur est Jonathan Jackson, un acteur, chanteur et guitariste américain. En 2012, lui et sa famille se sont convertis à l’orthodoxie.

Jonathan Jackson a reçu cinq fois les « Emmy Awards », des récompenses qui honorent chaque année, depuis 1949, les meilleures émissions et les meilleurs professionnels de la télévision américaine.

Dans son discours de réception de ce prix, Jonathan Jackson avait déclaré au sujet des moines du Mont Athos : « Ces gens consacrent leur vie à prier, non pas seulement pour eux-mêmes mais vraiment pour nous tous. Et je pense, en voyant toute la destruction, le chaos et la folie qu’on observe dans le monde, que si leurs prières n’étaient pas là la situation serait pire.

J’ai ressenti le besoin de les remercier parce que je crois vraiment que leurs prières comptent ». 

Dans ce nouveau film est décrite la vie de saint Joseph l’Hésychaste, avec des scènes sur l’enfance du saint sur l’île de Paros, sa vie à Athènes, puis sur le Mont Athos, où il prononça ses vœux monastiques en 1921.

Le film évoque également les disciples du saint, qui ont fondé plusieurs communautés monastiques aux États-Unis.

On peut visionner ci-dessous une annonce de ce film, avec de magnifiques vues du Mont Athos

Une interview de son auteur
 

Le skite où vivait le starets Joseph sur le Mont-Athos

 

Joseph l'Hésychaste

L'Ancien Joseph l'Hésychaste (1898-1959) est l'une des figures majeures de la spiritualité orthodoxe au XXe siècle. Il est considéré comme l'équivalent grec du célèbre Starets Silouane.

Menant, lors de sa vie terrestre, une existence discrète, il eut cependant un rayonnement immense dont les effets continuent à se faire sentir.

Il fut lui-même au Mont-Athos au XXe siècle le principal restaurateur du mode de vie hésychaste, en particulier de la « prière de Jésus » (encore appelée « prière du cœur »).

Ses disciples ont, après sa mort, répandu, par leur activité et leur rayonnement, son enseignement et sa pratique au Mont-Athos, puis dans toute la Grèce, à Chypre et jusqu'en Amérique du Nord.

***

Quand je le connus, c'était un authentique théophore et un général spirituel de premier ordre, bien aguerri dans la lutte contre les passions et les démons. On ne pouvait pas s'approcher de lui, quelque passionné que l'on fut, sans être guéri. Il suffisait seulement de lui faire obéissance.

Pour les moines, il plaçait au-dessus de tout l'obéissance, à l'imitation du Christ. Quand aux laïcs, il préférait mettre en avant la Prière mentale, mais toujours sous la direction de guides éprouvés.

Car il avait vu beaucoup d'illusions spirituelles et il les redoutait. Il disait : "Si tu vois quelqu'un qui ne sollicite pas de conseils ou qui ne met pas en pratique les conseils qu'on lui donne, attends-toi à ce que d'ici peu il tombe dans l'illusion spirituelle".

Extrait de la préface de l'Archimandrite Ephrem, dans Lettres spirituelles.


L'Ancien Joseph l'Hésychaste (1898-1959) est un peu l'équivalent grec du starets Silouane (1866-1938). Discret, caché dans la solitude et le silence de l'Athos, l'Ancien Joseph a été au XXe siècle le restaurateur de la vie hésychaste et, plus particulièrement, de la prière de Jésus, dite prière du coeur.

Après sa mort, ses disciples ont contribué au rayonnement de son exemple et de son enseignement. Parmi eux, il faut citer le P. Joseph de Vatopaidi, auteur de cet ouvrage.

À l'heure actuelle, il semble bien que ces disciples de l'Ancien Joseph soient présents dans un quart environ des monastères athonites. Ils y ont rétabli la vie cénobitique et la véritable tradition hésychaste.

Cette restauration n'a pourtant pas été un retour au passé, mais un renouvellement dans l'Esprit Saint.

J.-Cl. Larchet caractérise leur esprit par un profond sentiment de repentir, l'humilité, la simplicité d'esprit et de coeur, la douceur, la compassion pour le prochain, l'oubli de soi, l'attachement total à Dieu et l'abandon à sa volonté. Joseph de Vatopaidi a vécu aux côtés de l'Ancien Joseph jusqu'à la mort de ce dernier.

Il l'a observé, il a noté son enseignement, il l'a compris de manière intérieure, faisant sienne son expérience spirituelle. Trois parties dans ce livre: la vie de l'Ancien, son message, le texte de l'une de ses plus belles lettres.

On y retrouve la substance de la tradition patristique sur le combat spirituel et la garde du coeur: l'Ancien se l'était assimilée et la rejoignait par une identité de vie. Sur le discernement, sur la prière continuelle, sur l'humilité et le repentir, on découvre dans ce livre des pages lumineuses, en écho à l'Évangile.

En particulier, on appréciera chez l'Ancien Joseph, comme chez Silouane, sa très grande douceur et son indulgence envers ses frères humains, considérant l'amour des ennemis comme «le sommet de la perfection». - H. Jacobs S. J.

Rappelons que les « Lettres spirituelles » du saint ont été publiées en français dans la Collection « Grands spirituels orthodoxes », dirigée par J.C. Larchet.

Télécharger ci-dessous une vie de Saint Joseph l'hésychaste

Apolytikion du staretz Joseph

 Ô Père tu t'es révélé comme la progéniture de l'Athos,
la fierté des moines, le champion de l'ascèse,
 et un havre de tranquillité,
 Par ta vie tu as montré les voies de la grâce;
 par tes prières, tu sauves ceux qui  fidèlement font appel à toi.
 Ô saint Père Joseph, prie le Seigneur pour nous.

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24 janvier 2020 5 24 /01 /janvier /2020 23:57

Père Yakinthos, higoumène et starets
10 septembre 1924 – 23 juin 1998

Le Père Yakinthos fut un guide missionnaire et un témoin du Christ dans des temps très difficiles, lorsque le régime communiste athée mettait l’accent sur la doctrine matérialiste-scientifique, niant l’existence de Dieu.

Avec la sagesse, le père entremêlait la veine historique avec la sainte Écriture. Le Père Yakinthos a été guide de musée pendant 20 ans, higoumène pendant 15 ans, aussi starets… une vie dédiée à l’Église.

Le 23 juin 1998, le père Yakinthos reposa dans le Seigneur assis dans le fauteuil de la confession, la tête penchée vers son cœur, indiquant qu’il priait, et avec sa main droite tendue, purifiant sincèrement les péchés des gens dans l’éternité.

Maintenant, il repose dans la Lumière du Christ. Il priait sans relâche.

C’était un modèle d’amour et de vie responsable, montrant une dévotion profonde pour l’histoire du peuple roumain.

Il incarnait un haut niveau de conscience nationale et une vie spirituelle distinguée.

Voix du père Yakinthos

Enregistrement audio d'une visite guidée de l'église et du musée du monastère de Putna

Nous ne devrions jamais oublier qu'un jour, peut-être plus tôt que prévu, nous allons nous déplacer – et non pas mourir. Le Christ ne trompe pas et Il ne peut pas être trompé. Ceux qui ont fait de bonnes œuvres vont à la vie éternelle et ceux qui ont fait de mauvaises actions vont vers la punition. Tout est relatif dans ce monde: la vie dans la lutte contre la maladie et la mort, la vérité dans la lutte contre l'erreur et le mensonge, la lumière dans la lutte contre les ténèbres et finalement le bien dans la lutte contre le mal. Tous sont mélangés. Pourquoi? Dieu a-t-il fait l'homme seulement pour le laisser combattre entre le bien et le mal? Oui, c'est le moment où nous pouvons gagner notre éternité heureuse ou malheureuse selon la façon dont nous l'aurons créée pour nous-mêmes, selon la manière dont nous l'aurons faite selon nos actes. Car la justice divine ne manque jamais, la justice divine demeure souveraine.

Pendant plus de cinq siècles, le monastère de Putna, fondation bien-aimée de saint Etienne le Grand, a maintenu en vie la lumière du souvenir, la lumière éternelle sur l'autel de cette "Jérusalem du peuple roumain". Les Roumains grandissent en apprenant à connaître saint Etienne  le Grand et  Putna. Prince victorieux dans les guerres, fondateur des lieux de culte, père de son peuple et de son pays, protecteur de la foi orthodoxe dans toute l'Europe, le saint et brave Etienne le Grand choisit un lieu au milieu des bois de Bucovine, où il continuerait à garder au long des siècles, le peuple qu'il aimait plus que lui. La foi, la culture et l'histoire s'unissent à Putna, inspirant l'amour de Dieu à tous ceux qui visitent l'endroit.

A la plénitude du temps historique et spirituel, le monastère de Putna, par ses habitants, a toujours eu la sagesse d'honorer ses prédécesseurs, ses fondateurs et tous ceux qui ont ajouté une pierre à la muraille d'or de ce lieu saint historique. Parmi eux, l’archimandrite Yakinthos - higoumène de Putna et starets de toute la Bucovine au 20ème siècle.

«Le Père Yakinthos était un homme qui avait reçu de nombreux dons de Dieu (...).

Son labeur s'est transformé en repos auprès des justes, des saints vénérables qui ont fait de la vie éternelle, du bonheur dans la Sainte Trinité, l'aspiration de leur vie entière (...) ».

Son Éminence Daniel, Métropolite de Moldavie et Bucovine, actuel Patriarche de Roumanie

Le père Yakinthos, dont le nom laïc était Ioan, naquit le 10 septembre 1924 dans le village de Mănăstirea du comté d'Iaşi. Il avait quatre frères: Ştefan, Leon, Elena et Alexandru, qui devint plus tard le hiéromoine Alexie. Ses parents Aneta et Anton l'envoyèrent à l'école de son village natal dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale. Il accomplit son service militaire dans l'aviation. Il fut diplômé de l'école de chantres d'Eglise de Roman, et entra au séminaire monastique de Neamţ. Le père Yakinthos peignait dans sa jeunesse, mais Dieu l'appela à l'art d'embellir les âmes des gens par les vertus. Dans un monde ravagé par la guerre et l'athéisme, le père Yakinthos aperçut la lumière du Christ qui le guiderait vers la vie monastique.

Archimandrite Arsenios Papacioc

(1914-2011)

J'étais à Sihăstria quand deux jeunes gens sont venus et nous avons eu une très longue discussion argumentée sur la beauté monastique, - enfin, j'ai eu avec qui parler. L'un d'eux était Yakinthos. Ils restèrent pendant deux ou trois jours et nous avons parlé tout le temps. Les années ont passé, il est allé au séminaire et j'étais son père [spirituel] tout ce temps, je l'ai trouvé étonnamment compétent. Quand je lui ai rendu visite ici, il était malade, le pauvre. Et la dernière chose que je sus à son sujet, venait du colonel Melinte, qui dirigeait l'hôpital militaire de Constanţa. Et comme je l'avais découvert, quelqu'un d'ici m'a envoyé une photo de lui sur le fauteuil où il mourut.

Le 23 juin 1998, le père Yakinthos reposa dans le Seigneur assis dans le fauteuil de la confession, la tête penchée vers son cœur, indiquant qu'il priait, et avec sa main droite tendue, purifiant sincèrement les péchés des gens dans l'éternité. Maintenant, il repose dans la Lumière du Christ. Il priait sans relâche. C’était un modèle d'amour et de vie responsable, montrant une dévotion profonde pour l'histoire du peuple roumain. Il incarnait un haut niveau de conscience nationale et une vie spirituelle distinguée.

Archimandrite Yakinthos Unciuleac

Interviewé en juillet 1996 par Mircea Motrici

Reporter, Radio România Actualităţi

(24.03.1953 - 16.05.2007)
Une merveilleuse nuit d'été au monastère Putna avec le père archimandrite Yakinthos

J'ai la satisfaction spirituelle, d’avoir depuis près de quarante ans, œuvré spirituellement, à élever la conscience de notre peuple avec les paroles que je prononce au tombeau d'Étienne le Grand. J'ai aussi travaillé dans la construction, parce qu'en 1956, lorsque je suis venu ici, les murs de Putna étaient toujours marqués par des balles et de nombreuses dégradations. Grâce à certaines personnes qui ont compris ce que Putna signifiait, nous, humbles moines, avons réussi à contribuer à la restauration de Putna comme nous le pouvions. Lorsque l'État ne pouvait plus offrir de soutien financier, le métropolite pouvait le faire et nous avons continué les travaux de partage des dépenses entre nous - autant que nous le pouvions - et le métropolite.

Le père Yakinthos n'a pas laissé beaucoup de paroles écrites, mais il a laissé beaucoup de souvenirs à ceux qui l'ont connu comme guide de musée, comme starets ou comme higoumène de Putna. Quand le fardeau de sa croix devint trop lourd, il demanda conseil à d'autres pères de l'Église, comme tout autre humble moine l’aurait fait.

Son Eminence Justinien Chira, Archevêque de Maramureş et Sătmar

J'ai des liens anciens avec Putna, des liens importants. Dans les moments les plus difficiles, le père Yakinthos est venu me voir. J'étais très jeune et spirituellement inexpérimenté à l'époque, alors que le père vivait une vie monastique. Il est venu à moi affligé, profondément attristé et très effrayé. Le père Yakinthos m'a dit: «Toutes les autorités me harcèlent et je risque de perdre ma liberté. Je suis venu ici pour m'éloigner de tout, pour cesser d'être une cible. J'ai pensé que je devrais venir à vous, à Rohia. " Je l'ai écouté et je lui ai dit: "Père Yakinthos, bienvenue! Je me réjouis de tout mon cœur. " Nous avons mangé ensemble et nous nous sommes promenés dans la forêt. «Père Yakinthos, maintenant laissez-moi vous répondre», ai-je dit. «Vous m'avez parlé de toutes vos épreuves, elles me sont familières: quand je vais me reposer le soir, je ne sais si je me réveillerai dans le même lit, mais tout le pays est dans la même situation. Voici mon conseil, ma bonne requête - et commandement spirituel pour vous, si vous voulez: revenez d'où vous venez, revenez à Putna. Si vous devez mourir, alors mourez à Putna. Ne le laissez pas, revenez là et souffrez, soyez silencieux et souffrez et ne dites pas un mot. J'ai appris ce secret et cette vertu de silence et d'obéissance; J'ai obéi en silence. Je ne pars pas d'ici, on peut me tirer devant le monastère, mais je ne le quitte pas tant que je suis vivant. Je n'ai pas pénétré dans le monastère après avoir laissé ma mère veuve pleurer et m’appeler dans tout le village pour fuir le danger maintenant. Je n'ai pas peur de vos armes, je n'ai peur de rien. Il n'y a qu'un seul ennemi dont j'ai peur et c’est moi-même. J'ai peur d’enfreindre la loi de Dieu et j'ai peur de Dieu, d’irriter le Bon Dieu. Ce sont les deux choses que je crains. Et c'est votre réponse, père Yakinthos. Allez en paix, ne vous inquiétez pas. Dieu veille, la Providence est liée à cela. Dieu ne vous a pas abandonné, tous ceux-là s'en iront, mais nous avons besoin de patience. »Puisque je ne pouvais qu'être d'accord avec lui, vous vous rendez compte quelle grave erreur j'aurais pu faire.

Le Père Yakinthos est revenu au monastère de Putna et a continué à servir l'Église de Christ encore plus diligemment. Il a été guide de musée pendant 20 ans et higoumène pendant 15 ans... aussi starets... une vie dédiée à l'Église.

La voix du Père Yakinthos à la Divine Liturgie

Enregistrement audio des archives du monastère de Putna

Le Père Yakinthos fut un guide missionnaire et un témoin du Christ dans des temps très difficiles, lorsque le régime communiste athée mettait l'accent sur la doctrine matérialiste-scientifique, niant l'existence de Dieu. Avec la sagesse, le père entremêlait la veine historique avec la sainte Écriture.

Je pense à quelques beaux textes. On se réfère à la triste histoire et aux tribulations dont notre peuple a vécu. Et il a été écrit depuis longtemps dans le livre d'or: «Pièce de ciel cher à nos cœurs, jardin chanté par les poètes, terre sainte accueillant le repos du plus glorieux prince de notre nation roumaine. Ineffablement tendre est le ruissellement de tes sources et beaucoup est dit par la voix de tes bois. Tu es en effet l'un des plus beaux pays de la Terre, mais cela fait mal de prononcer ton nom... Et en marchant sur tes charmantes routes, nos yeux ne peuvent voir ta beauté qu’à travers un rideau de larmes.

Le Père Yakinthos forma [les êtres] par sa prière et il aimait les âmes qui s'étaient confiées à lui pour la direction spirituelle.

Voyez, mes enfants, le Christ Sauveur est invisiblement présent ici. Voyez, personne ne vous oblige à venir à cette vie. C'est de votre propre volonté que vous cherchez à vous promettre à la grande et angélique vie.

Il a enseigné à ses enfants spirituels à aimer Dieu, l'Église et les monastères et leurs pères spirituels.

Notre frère, le moine Théophile, est tonsuré au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et maintenant et pour l'éternité. Amen.

Il leur a appris à garder leur foi orthodoxe droite, au prix de leur vie. A rester constant dans leur patience jusqu'à la fin.
Dans cette vie que nous avons entrepris, les saints Pères de l'Eglise nous disent de respecter trois choses: avoir toujours Dieu devant nos yeux, tout faire et vivre en effet en nous basant sur la Sainte Écriture et les saints Pères, et éviter d'être inconsistant  (ce qui signifie vouloir le bien aujourd'hui et céder au mal demain). Ne pas céder au mal. Je crois qu'il n'est pas nécessaire de dire plus que ce qui a été lu, dit et promis par vos fraternités ici. Nous supplions le Dieu Bon et la Mère de Dieu, patronne de ce saint monastère, de vous garder et de vous donner la sagesse et la crainte de Dieu en vos cœurs, ce qui est le commencement de la sagesse, afin que, ayant accompli les vœux entrepris à présent, nous puissions dire avec l’apôtre Paul: ««J'ai combattu le bon combat, J'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi; désormais, il y aura pour moi une couronne de justice que le Seigneur, le juste Juge, me donnera en ce jour-là...»
Que  Dieu nous aide. Amen.

Le Père Yakinthos aimait le monachisme, le vivait pleinement et le protégeait de toutes ses forces, avec toute sa vertu contre ceux qui cherchaient à le diffamer.

Notre Sauveur Jésus-Christ, après avoir lavé les pieds de Ses disciples, leur a demandé: Avez-vous compris ce que je viens de faire? Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir et donner ma vie comme rançon pour beaucoup. Donc, que chacun serve, servons la société, mais servons d'abord notre famille, que les parents s'occupent de leurs enfants en premier lieu; Servons notre pays et donnons à César ce qui est à César; Mais n'oublions jamais ce qu'un chrétien véritable n'oublie jamais: donner à Dieu ce qui est à Dieu. Si nous ne faisons pas cela et si nous donnons à un seul maître et irritons l'autre, les choses ne fonctionneront pas bien.

Pendant des décennies, la voix du père Yakinthos résonna fermement et sans faille dans les oreilles des pèlerins, émouvant leurs cœurs. Le Père Yakinthos leur parla du bien et du mal, du Ciel et de l'enfer, de Dieu et du salut de nos âmes. Il n'oublia jamais les Roumains vivant au-delà des frontières du pays. Le Père Yakinthos aimait la Bessarabie et la Bucovine septentrionale, qu'il voyait comme des blessures ouvertes sur le corps de notre pays, comme une source de martyre promettant que les frères seraient ensemble à nouveau.

Je ne pourrais pas satisfaire tout le monde, il y a des gens qui ne comprennent pas le but de leur vie, qui n'ont aucun sens patriotique et ne réalisent pas ce que nous avons réussi à faire dans nos temps plutôt difficiles.

Pour tous ceux qui l'ont connu vivant, le père Yakinthos est resté «le père beau et  radieux ». Le père Yakinthos entra dans la vie monastique et fut tonsuré au monastère de Sihăstria du comté de Neamţ en 1953. C'est Sebastian Rusan, métropolite de Moldavie à l'époque, qui l'ordonna comme diacre. En 1955, il resta brièvement au monastère de Slatina. Le 21 mai 1956, il fut envoyé renforcer la communauté du Monastère de Putna avec d'autres moines de Sihăstria et Slatina, tous dirigés par le père Cleopa Ilie. Ayant de l'amour pour tout le monde, travaillant avec sa patience bien notoire, le père Yakinthos devint un véritable starets, digne d'être nommé parmi les grands starets roumains de la seconde moitié du 20ème siècle. Dans son itinéraire de vie avec Dieu, le père Yakinthos fut spirituellement lié avec les plus grands starets de la Roumanie de l'époque: les pères Cleopa Ilie, Paisie Olaru, Daniil Sandu Tudor, Ioanichie Bălan, Chesarie Albeaţă, Teodor Pavlo, Varsanufie et Simion Zaharia, Dosoftei Murariu, Arsenie Papacioc et d'autres encore. Les temps étaient durs, seule la prière et l’humble méditation pouvaient aider. Ces pères et beaucoup d'autres comme eux soutinrent par leurs prières les élites du peuple roumain qui mouraient en prison et dans des camps de travaux forcés, sous le joug du régime communiste athée.

Avec sagesse et patience, le père Yakinthos traversé l’océan de cette vie. La plus grande joie qu'il ait jamais eue dans cette vie passagère fut la canonisation du digne Prince Etienne le Grand, dont il servit le souvenir à temps et à contretemps à Putna.

Diffusion en direct le 2 juillet 1992 par Mircea Motrici, journaliste, Radio România Actualităţi

2 juillet 1992, 09h09. Chers auditeurs, Putna est en fête en cette merveilleuse journée et on confirme l'atterrissage de l'hélicoptère apportant l'épée de Saint-Etienne le Grand, qui a été un symbole de victoire et d'unité pour notre nation. L'épée d'Etienne le Grand est transportée vers le monastère de Putna. Elle est accompagnée d'une délégation turque et de représentants du Bureau des affaires étrangères de notre pays.

Séquence vidéo TVR (principale chaîne publique roumaine)

Le Moyen Age moldave se reflète ici à Putna. Ce bastion de la foi de nos ancêtres a duré cinq siècles et demi. Les gens sont toujours venus ici pour recevoir des énergies créatives, des réponses à leurs questions, la paix et la lumière - des dons qu'ils ont emmenés avec eux en des endroits plus proches ou plus éloignés de Putna, fondation bien-aimée du saint et brave Prince Etienne le Grand.

Le 2 juillet 1992

Cérémonie de canonisation du saint Prince Étienne le Grand

Bien-aimés fidèles, nous sommes réunis aujourd'hui au Saint Monastère de Putna, sur la tombe de saint Etienne le Grand, avec une synaxe d'évêques membres du Saint Synode des deux rives du Prut, avec des évêques et des prêtres de Bucovine, et des fidèles de partout; Nous nous sommes réunis pour honorer un jour unique dans la vie de notre nation, en célébrant la mémoire, la valeur et les actions d'Étienne le Grand, qui a été inscrit par le Saint Synode dans le calendrier de notre Eglise orthodoxe. Tout d'abord, nous nous sommes rassemblés avec foi en Dieu et avec beaucoup de dévouement, pour nous agenouiller et incliner la tête devant le tombeau de celui qui a conquis l'ennemi, qui a protégé la chrétienté et toute l'Europe, Étienne le Grand.

Chaque fois que nous faisons cela, nous nous sentons régénérés par l'exemple de nos ancêtres en termes de conscience nationale. Chaque fois que je fais une visite guidée à un groupe d'intellectuels, je me réjouis de voir des larmes dans leurs yeux. Nous disons souvent: Qu'est-ce que nous apportons maintenant comme un hommage de culte et de gratitude sur l'autel de notre conscience nationale? Nous apportons une larme, un cierge et une fleur. Eminescu était aussi un grand homme. Etienne a utilisé une épée, tandis qu'Eminescu a eu une autre épée, sa plume. La nation roumaine a toujours eu de grandes personnalités, -mais, ô Dieu  pardonne-moi - ils n'ont pas le courage de prendre le leadership et de prendre position.

Lorsque les chrétiens oublient l'obéissance au sein de l'Église, ils se divisent, ils se séparent de la foi droite [l’Orthodoxie] et vont vers les sectes. Quand l'obéissance manque comme vertu dans la société, elle est remplacée par le chaos et le désordre.

Et en parlant de la foi, c'est la seule explication pour que notre peuple ait gardé son identité nationale en dépit de tant de guerres et de difficultés. Parlant de la foi, l'historien roumain Nicolae Iorga dit que par notre foi nous sommes contemporains de nos ancêtres les plus dignes qui ont vécu avant nous sur cette terre, et nous avons beaucoup à apprendre de leur expérience. C'est par notre foi que nous parlons avec les ancêtres dans leur langue et c'est aussi par la foi que nous sommes frères en adoptant les mêmes solutions pleines d'espoir aux problèmes les plus difficiles de la vie, qui est pour la plupart un triste mystère. Et il y a la clé d'or pour résoudre ce mystère parfois triste: la foi en Dieu, la relation de l'homme avec la bonté absolue. Un jour on a demandé à quelqu’un: «Vous croyez en Dieu? Mais vous êtes un intellectuel! Et vous croyez toujours en Dieu? Ce sont des histoires de vieillards ". Il a répondu: «Non seulement je crois, mais je sens aussi que Dieu m'aide. Ce serait stupide de dire que je ne crois pas ". Nous savons que Dieu nous aide dans des épreuves difficiles, quand personne d'autre ne peut plus rien faire, qu'Il est le seul à dire: «Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde», et Dieu est le seul à dire: «Invoque-moi au jour de la détresse: je te délivrerai». C'est Lui Qui peut nous aider quelquefois, quand les gens ne peuvent ou ne veulent pas aider, alors c'est seulement Dieu Qui nous aide alors. Cette croyance a été bien éprouvée par nos ancêtres et ils ont prouvé combien Dieu les a aidés. Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le à eux aussi, car c'est la loi et la justice. C'est dans la Bible, bien sûr, nous le savons.

Le monastère de Putna a un protecteur dans les cieux, la très Sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, qui a reçu de nombreuses prières et de nombreuses larmes au cours des siècles.

Putna a toujours été «la Jérusalem du peuple roumain», où l'amour de notre prochain est aussi naturel que respirer. Aujourd'hui, le monastère de Putna continue l'héritage du Prince Etienne le Grand, qui est l'amour puissant de notre peuple et de notre pays, de Dieu et de l'Église.

Le 7 décembre 1992, le père Melkizedec Velnic a été nommé higoumène du monastère de Putna, enlevant cette lourde croix des épaules du père Yakinthos.

Très vénérable Père higoumène, vénérables pères et bien-aimés fidèles, le jour est venu pour mes épaules d'être soulagé d'une lourde croix. Je me rappelle être venu à Putna le 21 mai 1956, avec le père Cleopa, avec d'autres 13 moines du monastère de Sihăstria et huit du monastère de Slatina. Quand nous sommes arrivés à Putna, que je ne connaissais pas auparavant, je fus attristé de voir le village s'étendant jusqu'aux portes du monastère. Je me dis: «Je me demande quel genre de vie monastique je pourrai avoir ici». Mais il m'a été confirmé que les bonnes personnes sont partout et nous avons collaboré avec elles, nous nous sommes rejoints dans la fraternité et avons fait de bonnes actions. Cela a duré jusqu'en 1977, quand Son Eminence Gerasimos de Putna a été appelé à une mission supérieure, en tant qu'évêque d'Arad. Depuis, ma croix est devenue plus lourde. L’higouménat est l'obédience la plus difficile. Et l'higouménat de Putna est différent de tout autre. Putna a besoin de responsabilité, il faut de la capacité. C'est pourquoi aujourd'hui j’élève ma pensée et mon cœur vers Seigneur pour Le remercier de m'avoir aidé à porter cette croix comme je le pouvais. Je n’ai peut-être pas toujours atteint les normes élevées pour un tel appel, mais j'ai essayé, à la fois comme guide pendant 20 ans et comme higoumène et starets de remplir ma mission, tout comme le père higoumène l’a dit. Comme nous devions nous rencontrer et discuter de certaines choses, je fus heureux de voir le père Melkizedec agenouillé devant le Saint Sanctuaire... cela prouve qu'il est conscient de la lourde croix qu'il prend sur lui-même. Et c'est pourquoi j'espère que nous pourrons le faire avancer et, avec toute la force qui me reste, je vais aider cette communauté monastique à continuer sa marche sur la bonne voie, sur des chemins encore meilleurs que jusqu'à présent. J'espère que Putna pourra continuer à remplir sa mission spirituelle, administrative et culturelle. Putna est «le temple de notre conscience nationale», c'est «la Mecque des Roumains» et une académie des beaux-arts et elle doit rester ainsi. C'est pourquoi je suis satisfait des paroles que le père higoumène vient de dire. J'ai été bon tout le temps. Mais dernièrement, je suis arrivé à la conclusion que la bonté ne suffit pas; L'autorité est aussi nécessaire, ainsi que la dignité et l'obéissance, comme le père higoumène vient de le dire. Et s'il le faut, père higoumène, s'il vous plaît venez me voir chaque fois que vous avez besoin de conseils et je vous aiderai autant que je le pourrai, afin que nous puissions dire comme saint apôtre Paul: «J'ai combattu le bon combat, J'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi; désormais, il y aura pour moi une couronne de justice que le Seigneur, juge juste, me donnera en ce jour-là...»(2 Timothée 4,7-8)

Nombreux sont les fruits de l'obéissance chrétienne, qui inclut aussi l'obéissance monastique. L'obéissance donne naissance à l'humilité, à la douceur, à la patience, à la vie sans tracas, à l'espoir de salut, à la prière en larmes, au mépris de la mort, à la joie spirituelle et à la paix du cœur. Quels autres dons plus grands devrions-nous souhaiter dans nos vies que ceux-ci? Et qui donc est spirituellement plus riche que celui qui aime obéir au Christ et à l'Église, à son père et à son confesseur? Le moyen le plus facile et le plus sûr du salut est de vivre sa vie dans l'obéissance, ce qui signifie faire tout sur les conseils [du père spirituel] et avec la bénédiction, après la prière et la demande. Et le salut le plus difficile est pour celui qui vit seul, sans église, sans pères, sans confesseur, sans livres saints, sans prière et sans joie spirituelle dans le cœur. La vie de cette personne sera l'enfer sur la terre.

Lorsque l'obéissance a été oubliée dans le Ciel, les anges sont devenus des démons, et les gens sur Terre, sont tombés dans l'esclavage de la mort. S'il n'y a pas d'obéissance dans la famille, les enfants deviennent méchants et les parents pleurent de douleur.

Il y a un dicton: «Les paroles sonnent, les actions tonnent!», Et je crois que c’est seulement par nos actions nous pouvons être décrits comme dignes descendants de nos ancêtres: ne soyons plus si égoïstes, ne nous attardons pas trop dans le passage. Nous pensons que bientôt nous entrerons dans l'éternité et nous serons dans le même lieu que nos ancêtres, ou même dans un meilleur endroit qu'eux, selon nos actions. Nous n'entrons pas dans ce monde quand nous le voulons et nous ne le quittons pas selon notre volonté!

Au-delà de l'horizon de ce monde, le père Yakinthos nous a laissé quelques enregistrements de son activité de guide touristique et d'higoumène. Ces paroles confirment sa vie spirituelle, sa profonde humilité et la délicatesse raffinée de son âme.

S’il n'y a pas d'obéissance dans le monastère, la communauté monastique sera divisée et déserte. Et là où règne la véritable obéissance - non par crainte de la loi et du châtiment, mais par amour chrétien - le Ciel descendra sur la terre avec la paix, l'harmonie et la vie heureuse où Dieu le Sauveur Lui-même habite, Celui Qui s'est humilié par l’obéissance au point d’accepter la mort sur la Croix. Que Dieu nous donne le don de la véritable obéissance, parce que celui qui aime tout le monde et qui vit dans l'obéissance ne peut pas aller en enfer.
Le Père Yakinthos repose maintenant dans la lumière du Christ. A ses funérailles, le 26 juin 1998, il y eut une procession spirituelle faite d'archiprêtres, de 41 prêtres, d’amis, de connaissances, de disciples, de fils et de filles spirituels de monastères moldaves, de Transylvanie, de Valachie et de la Sainte Montagne de l’Athos. Tous les présents chantaient avec des larmes aux yeux: «Mémoire éternelle !» et «Christ est ressuscité !»

Son Eminence Daniel

Métropolite de Moldavie et Bucovine

Patriarche actuel de Roumanie

Pour les moines de ce monastère et pour tous ses nombreux disciples - moines et moniales, laïcs de tous âges, de tous ministères et professions et de tous niveaux spirituels, le père Yakinthos reste une icône rayonnante bénie par Dieu. Il a enseigné chacun d'entre nous et nous tous ensemble...

«Heureux l'homme que tu choisis, afin qu'il demeure dans tes parvis» (Ps 64).

... l'icône du moine patient et de l’ascète, très patient, énormément patient. Patient dans l’épreuve et patient dans la souffrance et la maladie. Son long ascétisme, ses nombreux labeurs et sa longue patience ont passé le seuil de l'autre royaume, le Royaume de la vie éternelle. Le moine est appelé à sentir, même en ce monde, la douceur du Royaume de Dieu. Le Père Yakinthos fut missionnaire en restant dans le monastère. Il fut missionnaire par la façon dont il a reçu des gens au monastère. Tout son travail spirituel comme guide reflète ce travail missionnaire constant qui a créé un mouvement constant de personnes vers Dieu et l'Église, au lieu d'un mouvement seulement de l'Église vers les gens. Il fut un guide de monastère, un missionnaire et un témoin dans des temps très difficiles. Il fut un témoin de la foi orthodoxe, la foi en Dieu d'abord, pendant un régime athée où toutes les institutions sauf l'Église disaient qu'il n'y a pas de Dieu.

Une veilleuse est gardée allumée par les moines jour et nuit depuis le dernier arrêt terrestre du père Yakinthos, ancien higoumène et confesseur du monastère de Putna. L'amour de ceux qui le connaissaient alors qu'il était vivant, ne s'arrêta pas à sa tombe, après que la dernière poignée de terre l'eut recouvert. Le véritable amour spirituel va au-delà de l'horizon de ce monde, et les âmes communiquent par la prière avec ceux qui se sont déplacés vers les cohortes des justes.

Dans la joie de la résurrection, ici repose notre père, higoumène et starets l’archimandrite Yakinthos Unciuleac. 1924-1998

Chanteurs de chants de Noël de Câmpulung Moldovenesc

"Quelqu'un a demandé un jour au père Yakinthos pourquoi Dieu permet aux honnêtes gens justes d'avoir une vie pleine de souffrance. Le Père Yakinthos répondit: 'La souffrance est pour les élus!' "

Pour le 90e anniversaire de la naissance du père Yakinthos, ce film est un hommage reconnaissant de ses enfants spirituels et une exhortation à l'imiter, adressée aux moines que le Bon Dieu appellera pour servir dans ce lieu saint.

Narrateur: Père Bogdan Ţifrea
© Film du Saint Monastère de Putna, Suceava, Roumanie, 2014.

 

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