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16 février 2015 1 16 /02 /février /2015 23:37
La Lettre de Béthanie N°120
Gorze, février 2015

Chers Amis,

Nous voici aux portes du grand carême. Ce temps d’ascèse, c’est-à-dire d’exercices sur soi-même, sur les passions qui nous habitent, est justement un temps d’exercices pour nous en libérer, non pas seul bien sûr, mais avec la grâce de notre Seigneur Jésus Christ. Seul nous ne pouvons rien, ou si peu, mais sans l’engagement de notre liberté dans un libre effort, Dieu ne peut rien non plus pour nous. Vous le savez, il faut qu’il y ait une synergie, une volonté commune, une coïncidence entre notre décision libre et la grâce divine qui nous est aussi librement donnée par Dieu.

Pour vivre ce temps de combats avec le monde, au sens du monde de la chute, et avec nous-mêmes aussi qui sommes pleins de ce monde-là, la Tradition nous propose différentes méthodes, différents chemins. L’un d’entre eux est le jeûne.

A un premier niveau le jeûne est une privation, mais on peut aussi le qualifier à un autre niveau non plus de privation mais d’intériorisation. En Occident, pendant le carême, on jeûne notamment de l’alléluia c’est-à-dire qu’on ne le chante plus pendant quarante jours et qu’on l’intériorise.

Allelu Yah, c’est-à-dire Louez Yah, louez le tétragramme, louez le Nom imprononçable, le Nom intériorisé. Louez Dieu ! Bien sûr qu’on ne va pas tout d’un coup arrêter de louer Dieu, mais, et c’est un exercice, une pédagogie, on va cesser de le louer extérieurement pour aller plus loin, beaucoup plus loin, en le louant intérieurement.

Nous garderons l’alléluia dans notre cœur, dans notre souvenir, comme le peuple juif en exil gardait le souvenir de Sion, mais aussi comme Marie gardait tout dans son cœur. Marie est la mère de l’intériorisation. Vous avez remarqué comme elle parle peu dans l’Evangile. Elle garde tout dans son cœur, mais quand elle parle, quelle force ! C’est le « Magnificat » : « Mon âme, bénis le Seigneur ! »

Pendant quarante jours nous allons intérioriser la louange ultime, l’alléluia, afin qu’elle nous pénètre par tous les pores de notre peau et dans toutes les parties de notre corps, de notre âme, de notre esprit. Alors, elle résidera, comme un joyau sur son écrin, sur le trône de notre cœur. Alors, le soir de Pâques, après ces quarante jours d’exercice, de travail sur nous-mêmes et après aussi cette semaine sainte où nous allons suivre le Christ pas à pas dans sa passion librement consentie, après avoir vu le feu nouveau s’embrasé et l’avoir reçu, après avoir reçu l’annonce de la résurrection du Christ dans le chant de l’exultet, nous entendrons proclamer solennellement la bonne nouvelle : le retour de l’alléluia.

Une joie immense nous envahira et cela d’autant plus que nous l’aurons intériorisé pendant quarante jours. Joie qui s’allumera comme un feu de bengale et rayonnera tout autour de nous et en nous. A ce moment, il n’y aura plus d’intérieur et d’extérieur, nous vivrons cette expérience fantastique de ne plus chanter : alléluia mais d’être : alléluia, d’être : louange pour Yah, louange pour Dieu, flamme pour notre Dieu. Je vous souhaite une belle intériorisation et un bon carême !


Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !
 
Père Pascal
 

 

 

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14 février 2015 6 14 /02 /février /2015 23:04

cochon.JPG

[...] j'allais découvrir un étonnant texte de Jean consacré aux porcs, cet animal adulé par les uns et honni par les autres.

Nulle autre bête que le cochon, qu'il soit d'Inde ou de Bretagne, ne divise autant le monde.

A l'inverse, il semble bien que l'agneau, qu'il soit mystique ou comestible, unifie tous les mondes.

Personne ne tuerait son semblable pour un morceau de mouton jeté devant une mosquée, une église, une gompa, une synagogue.

Plus vont les temps, plus les religions se radicalisent, moins le cochon a sa place au soleil.

Bientôt, les porcheries, les charcuteries seront la cible des fanatiques et des kamikazes.

Le cochon explosera en gerbes de sang, aux quatre coins de l'univers.

La Voie lactée, elle-même, en sera toute rougie, toute coagulée. En dehors du Grand Nord et du Grand Sud, pas un seul peuple, pas un seul pays ne sera à l'abri des anticochons.

Ceux-ci couvent leur folie depuis des millénaires. Maintenant, ça y est, elle éclôt, elle éclate.

Tout cela à cause du sacrifice d'Abraham. Tout cela à cause de Dieu qui, dans sa bonté miséricordieuse, lui envoya un agneau au lieu de lui envoyer un cochon.

Mais Dieu a peut-être une excuse ? Qui sait, il n'avait peut-être pas encore inventé le cochon ?

Et puis Dieu, par le geste d'Abraham, par ce tranchant retenu au dernier moment sur la gorge de son fils, ne voulait-il pas dire aux hommes : «Attention, respectez vos fils, cessez donc de les égorger. La vie d'un enfant est sacrée. Tuez plutôt l'agneau car il est innocent» ?

Extrait du roman Le Fils de l'Himalaya écrit en 1997 par Jacques Lanzmann. (texte d'une rare prémonition)

http://www.seraphim-marc-elie.fr/

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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 23:44

ferry.jpg

Avec 2 milliards de fidèles le christianisme reste la première religion au monde, loin devant toutes les autres. Question : pourquoi?

Depuis toujours, ma conviction est que le message de Jésus est le seul dans l'histoire de l'humanité qui fût au niveau du problème posé par la mort, notamment par celle des êtres que nous aimons.

Schopenhauer n'a cessé d'y insister dans son maître livre, Le Monde comme volonté et comme représentation (1818) : la mort est la muse de toute interrogation métaphysique. Sans elle il n'y aurait ni philosophies ni religions.

En effet, ces dernières ont en commun de proposer des doctrines du salut, des réflexions sur ce qui pourrait nous sauver de la finitude humaine. À l'appui de son assertion Schopenhauer cite Platon et son fameux « Que philosopher c'est apprendre à mourir », repris et popularisé beaucoup plus tard par Montaigne.

Pourtant, je crois bien que la philosophie a toujours échoué dans cette préparation, là où la religion chrétienne nous promettait de faire « mourir la mort ».

Pour permettre aux humains d'aimer sans crainte ni retenue, il faut, comme le dit l'un de nos plus profonds philosophes chrétiens, Denis Moreau, dans son beau livre sur ; Les Voies du salut (Bayard), que quatre conditions soient réunies : « Que la mort ne soit pas le terme ; qu'il y ait une persistance de l'identité personnelle après la mort ; qu'il y ait une relative hétérogénéité entre la forme d'être que nous connaissons actuellement et celle placée après la mort; qu'il soit permis d'espérer que cette continuation post mortems 'opère dans des conditions (...) très heureuses. »

En d'autres termes, nous ne serons pleinement sereins et libres que si nous avons la certitude qu'une autre vie reprendra après notre disparition, une vie dans laquelle nous resterons nous-mêmes, de vraies personnes, d'âme et de corps.

Bien entendu, il faut que cette vie future soit malgré tout différente de l'ancienne.

Il faut qu'elle soit plus heureuse, beaucoup plus heureuse, puisque la mort n'y aura plus sa place et que l'amour y régnera en maître.

C'est là, justement, ce que promet le Christ à ceux qui acceptent de le suivre, et cette promesse de résurrection personnelle bouleverse l'attitude existentielle du chrétien ici et maintenant, comme le précise encore Moreau: «L'existence du croyant est une existence caractérisée par la foi en la résurrection du Christ et par l'espérance en sa propre résurrection.

Si l'on prend au sérieux cette foi et cette espérance, elles ne sont pas quelque chose que l'on pourrait avoir parallèlement à d'autres idées, à titre d'ornement ou de consolation de la vie, mais elles déterminent l'être entier du chrétien et le placent dans un rapport spécifique avec le monde qui modifie son être au monde. »

Bien des philosophes, depuis Épicure et les stoïciens jusqu'à Schopenhauer en passant par les disciples de Bouddha ou de Spinoza, se sont efforcés de montrer que la mort n'est pas à craindre. On connaît, entre autres, la fameuse argumentation d'Épicure exposée dans sa Lettre à Ménécée : « La mort n'est ríen pour nous puisque, tant que je suis là, elle n'est pas là, et quand elle est là, c'est moi qui ne suis plus là ! »

Pourquoi, dès lors, s'en effrayer? Je doute que le raisonnement, pourtant logique en apparence, ait jamais convaincu qui que ce soit. Personnellement, je vous avoue qu'il me fait plutôt sourire, pour ne pas dire plus, et bien qu'amoureux de la philosophie, j'ai toujours un peu honte des philosophes quand je les vois céder à pareils sophismes.

Il y eut sans doute quelques disciples pour les prendre au sérieux, mais pas Lucrèce, trop profond et avisé pour se laisser persuader par un discours d'une aussi évidente platitude.

Voilà pourquoi j'aime cette réflexion de La Rochefoucauld : « Rien ne prouve davantage combien la mort est redoutable que la peine que les philosophes se donnent pour persuader qu'on la doit mépriser. On a écrit tout ce qui peut le plus persuader que la mort n'est point un mal. Et les hommes les plus faibles aussi bien que les héros ont donné mille exemples célèbres pour établir cette opinion. Cependant, je doute que personne de bon sens l'ait jamais cru. Et la peine que l'on prend pour le persuader aux autres et à soi-même fait assez voir que cette entreprise n'est pas aisée »

Bien dit, et je concède volontiers qu'à mes yeux seul le discours du Christ est propre à lever les doutes et dissiper les peurs.

A une condition, bien sûr : avoir la foi.

 

Luc Ferry

Le Figaro 26 décembre 2014

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