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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 23:13

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C’est à la fin du IVe siècle que Jean Cassien, qui eut plus tard une grande influence sur saint Benoît, introduisit l’usage d’un verset de prière dans le monachisme occidental. Ayant lui-même reçu cette pratique des saints moines du désert, Cassien la faisait remonter à l’époque de Jésus et des apôtres. Il recommandait à toute personne désireuse d’apprendre à prier de prendre un unique et court verset, et de le répéter sans discontinuer.
Dans sa Dixième Conférence sur la prière, il conseille vivement d’utiliser cette méthode de répétition simple et constante pour chasser les distractions et le bavardage stérile du mental, afin de pouvoir demeurer immobile en Dieu.

 

 

Il faut avoir un modèle que vous puissiez regarder sans cesse, méditer et vous approprier de manière à vous élever peu à peu à des pensées plus parfaites.
Voici cette règle que vous cherchez , cette formule de la prière , que tout religieux qui désire se souvenir continuellement de Dieu, doit s’accoutumer à méditer sans cesse dans son coeur, en en bannissant toute autre pensée ; car il ne pourra jamais la retenir s’il ne s’affranchit de toute inquiétude et de tous soins corporels.
C’est un secret que nous ont laissé quelques-uns de nos anciens Pères, et que nous ne disons qu’au petit nombre de personnes qui le désirent avec ardeur.

 

Cette formule qui vous rappellera toujours Dieu, et dont vous ne devez jamais vous séparer , est celle-ci :

 

« Mon Dieu, venez à mon aide ; hâtez-vous, Seigneur, de me secourir. »

 

Ainsi, nous devons sans cesse adresser à Dieu cette courte prière, afin de n'être pas abattus par l'adversité, ou orgueilleux dans la prospérité.

 

Oui , méditez sans cesse ce verset dans votre coeur, récitez-le pendant votre travail , au milieu de vos occupations et lorsque vous êtes en voyage.

 

Que votre esprit s'en nourrisse  en dormant, en mangeant, en subissant toutes les nécessités de la nature; que sa méditation devienne pour vous comme une formule puissante et salutaire qui non-seulement vous préservera de toutes les attaques du démon, mais encore vous purifiera des vices et de la contagion de la terre, pour vous élever à la contemplation des choses invisibles et célestes, et vous faire arriver à cette ineffable ardeur de la prière, que bien peu connaissent.

 

Endormez-vous en récitant ce verset , de manière que, par habitude , vous le disiez encore pendant votre sommeil ; et lorsque vous vous réveillerez, que ce soit la première chose qui se présente à votre esprit. Dites-le en vous agenouillant, dès que vous quittez votre lit, et qu'il vous accompagne ainsi d'action en action pendant tout le cours de la journée.

 

Méditez-le selon le précepte divin : « soit que vous reposiez dans votre maison, soit que vous soyez en voyage , soit que vous dormiez , soit que vous vous leviez. Ecrivez-le sur vos lèvres et sur votre porte ; gravez-le sur les murs de votre demeure et au plus profond de votre âme», afin qu'il en découle naturellement, lorsque vous vous mettez en prière, et qu'il vous accompagne ensuite comme une oraison fervente et continuelle dans toutes les occupations de votre vie.


Saint Jean Cassien
Dixième conférence sur la prière

 

 

Plus sur l'enseignement de Saint Jean-Cassien

http://www.scholasaintmaur.net/apprendre-a-prier/le-souvenir-continuel-de-dieu/

Dixième conférence sur la prière

http://www.orthodoxievco.net/ecrits/peres/cassien/confer/1-10.pdf

 

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 22:32

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Nous sommes tous confrontés à un gros problème, décider de ce qui est vraiment important, et de ce qui est accessoire, dans notre vie, apprendre à faire la différence entre ce qui passe et ce qui demeure. Comme le notait Jean de Salisbury, un auteur anglais du Moyen Âge :

Il est impossible à une personne qui cherche la vérité de tout son cœur de cultiver ce qui est vide.

Voilà la difficulté pour chacun d’entre nous : ne pas cultiver ce qui est vide parce que nous cherchons la vérité, l’amour, de tout notre cœur.

La méditation est très importante parce que nous vivons dans une société qui risque réellement de perdre sa santé mentale. Un esprit humain en bonne santé demande à s’élargir. Nous avons tous besoin d’espace pour respirer, pour nous dilater, pour remplir notre vie de vérité, d’amour. Et si nous sommes en bonne santé, nous savons que nous devons traverser toutes les frontières pour aller au-delà.

L’esprit qui est en bonne santé est un esprit d’explorateur : il n’est pas effrayé par l’au-delà, il n’est pas trop fatigué pour chercher ce qui est devant lui. L’esprit qui est vraiment en bonne santé sait qu’il n’y pas d’avenir pour lui s’il ne s’y engage pas sans réserve.

La méditation est un simple moyen pour parvenir à cette santé fondamentale de l’esprit, un état où l’esprit a de la place pour respirer, où il n’est pas assailli et alourdi par des futilités ou des choses simplement matérielles, un état où, parce que nous sommes ouverts à la vérité suprême et à l’amour suprême, nous sommes appelés à dépasser tout ce qui est futile. Nous sommes appelés à vivre la vie non pour des choses superficielles, mais à sa source.

La frontière suprême que nous sommes tous appelés à traverser est celle de notre identité, la frontière, en d’autres termes, de nos limites. Pour être un avec tout, un avec le Tout. Pour mettre en pratique dans les profondeurs de notre être ce que Jésus nous appelle à faire : qui veut trouver sa vie doit la perdre.

La discipline du mot de prière et la discipline du retour quotidien à la prière n’est que cet engagement à se détourner de tout ce qui passe pour vivre depuis la source de tout être. C’est pourquoi nous devons abandonner toutes les images, toutes les pensées, toutes les idées et imaginations ; et nous devons être silencieux, aussi profondément silencieux que nous le pouvons, dans la présence de l’auteur de la vie, l’auteur de l’amour.

 

John Main osb, « La santé de l’esprit » extrait de Fully Alive, Meditatio Talk Series 2011-D, oct-déc, Londres, WCCM, 2011, p. 9-10.

 

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 23:16

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Photo Aurore

 

Chers Amis

Par les trois sacrements de l’initiation chrétienne, baptême, chrismation, eucharistie, Jésus Christ a tout accompli en nous, il reste à nous de tout accomplir en Lui. C’est notre Chemin et sur ce Chemin, comme dit le Christ lui-même, nous tombons sept fois par jour, c’est-à-dire sans arrêt. Alors nous faisons vraiment l’expérience jour après jour, dans l’abîme de nos chutes, de ce que cela veut dire être séparé de Dieu, de trahir constamment l’amour fou de Dieu pour nous, et de voir, malgré tout, ses bras toujours ouverts pour nous accueillir à nouveau.

Pour cet immense travail de regard clair sur soi, d’éveil et d’approfondissement de notre conscience, de pardon et d’enracinement toujours plus décisif en Dieu, le Christ nous a donné le sacrement dit du pardon, au sens propre : de retour ou retournement. Avec Lui, le chemin spirituel, dans ses heurs et ses malheurs, l’instant présent dans l’épaisseur du quotidien, l’ascèse et la mystique deviennent sacrement : c’est-à-dire que nous avons toujours sur ce Chemin le maître spirituel avec nous, compagnon invisible sur notre route. Chemin faisant, nous mettons nos pas dans les siens, chaque chute nous fait tomber dans ses bras ouverts sur la croix et Il nous sauve à l’intérieur même de nos défaillances. Il n’y a pas d’enfer dans lequel Il ne soit descendu, si nous acceptons d’ouvrir nos yeux pour Le voir, et il n’y a pas de situation de laquelle Il ne cherche pas à nous tirer, si nous voulons bien Lui donner la main. Le « sacrement du pardon » n’est rien d’autre que cela, toujours et encore le retour au Christ, dans lequel nous a définitivement plongés le baptême, mais que nous trahissons sans cesse. Le Chemin est long, douloureux, et il est impossible à vivre si nous sommes seuls.

Le péché étant rupture avec Dieu-Source-de-Vie, est une maladie caractéristique de la mort de l’âme. Seul Dieu peut nous en guérir en nous redonnant la Vie. Par le sacrement, l’Esprit Saint infuse en nous le Christ Sauveur qui recrée l’âme, la vivifie, et la « restaure » pleinement, au double sens de ce mot, dans l’eucharistie.

Contrairement à ce que l’on croit souvent, la confession n’est pas un acte ponctuel, un sacrement que l’on reçoit quelque fois par an. Tout commence pour la confession, qui est un aboutissement et un nouveau départ, par un regard clair sur soi, précis et quotidien, devenant peu à peu un état de vigilance permanente. Il n’y a pas de vie spirituelle sans ce temps fort où l’on regarde tous les soirs la vie que l’on mène, pour l’apprécier sous la lumière du Christ. Non pas une analyse, mais une orientation de tout l’être vers l’unique nécessaire : comment le Christ est-Il présent dans ma vie ? Où penche mon cœur continument, mon désir profond ? Ma vie mène-t-elle quelque part ?

Au fond, il n’y a qu’une seule question : c’est celle de l’amour : C’est à l’amour qu’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples (Jn 15).

Ainsi, ce qui est au début un exercice ponctuel peut devenir ensuite un état presque continu que l’on appelle vigilance ou « la garde du cœur ». Elle est le tout du Chemin et l’une des plus grandes grâces que Dieu nous fasse en cette vie.

Dans ce cheminement, qui est un combat souvent douloureux, vient l’acte de la confession elle-même. Elle rend toute la démarche sacramentelle, c’est-à-dire accompagnée par la Présence et la Force divines. Avouer maintenant sa plus grande faiblesse, son péché, à Dieu par l’intermédiaire d’un prêtre, témoin du Christ et de la Communauté ecclésiale tout entière, c’est faire « une véritable opération chirurgicale ». S’arracher quelque chose, une passion à laquelle on s’était identifié, est vraiment une mort, une réelle mise en croix, impossible à réaliser tout seul. Tous ceux qui en appellent aux psychothérapeutes le savent bien… Cela échappe aux pouvoirs de l’homme, et voilà pourquoi c’est un sacrement où intervient la puissance de l’Esprit Saint. Celui qui dit son péché en confession, monte sur la croix avec le Christ par une mort volontaire.

Mort à la mort, cet homme ne meurt plus : il est déjà ressuscité. La seule façon pour nous de ne pas mourir, c’est d’accepter, de vivre ici et maintenant la mort librement, comme le Christ nous l’a montré. La confession devient ici un événement spirituel d’une portée insoupçonnée : ce qui pouvait être la fin de l’homme, définitive, se métamorphose en Vie définitive, éternelle, par la puissance de résurrection du Christ, sa folie d’amour. Le péché nous sépare de tout : de Dieu, de nos frères, de nous-mêmes, du monde et de la vie elle-même ; maintenant, parce que j’ai pu en parler au sein du sacrement, la Parole, le Christ mort et ressuscité, fait que la séparation devient communion.

Cet amour du Christ s’applique concrètement dans la vie de celui qui se confesse par les remèdes que le prêtre lui donne alors pour la guérison de son âme. Face à son mal, le prêtre lui conseille une attitude de vie nouvelle. Ce sera un instrument précieux pour son regard quotidien et la garde du cœur. Puis, à la fin de la confession, l’homme saisi par le désir de pardon et de repentir, reçoit du prêtre l’imposition des mains, geste du Christ et descente de l’Esprit. A ce moment-là, le pécheur est délivré de ses péchés, ils sont totalement anéantis et absorbés par la passion du Christ.

L’homme qui se relève de cet acte créateur n’est plus le même, il sent à nouveau couler les énergies divines en lui, il est entré dans la joie de son Maître (Mt 25,21) et tout le ciel se réjouit avec lui. Sa vie est redevenue une fête et il peut laisser jaillir l’action de grâce qui remet toujours le chrétien dans sa véritable tonalité. Il était désaccordé par la tristesse du péché, la joie de ressuscité le remet dans sa dimension « normale ». Seule la louange peut le maintenir dans cet accord juste, car elle prend appui en Dieu seul et fait taire toutes les fausses notes du péché…

Allez dire aux chrétiens qu’ils n’ont qu’un devoir au monde : la Joie ! (P.Claudel).

Que, grâce à notre démarche, Pâque nous accorde à nouveau à la Joie de Dieu !

Avec toute notre affection, à bientôt !

Père Alphonse et Rachel

Animateurs du Centre Béthanie

http://www.centre-bethanie.org

 

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