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16 février 2022 3 16 /02 /février /2022 20:39

Le Temps de la Septuagésime comprend la durée des trois semaines qui précèdent immédiatement le Carême.

Il forme une des divisions principales de l’Année liturgique, et il est partagé en trois sections hebdomadaires, dont la première porte seulement le nom de Septuagésime, la seconde celui de Sexagésime, et enfin la troisième celui de Quinquagésime.

    On voit, dès le premier abord, que ces noms expriment une relation numérique avec le mot Quadragésime, dont notre mot Carême est dérivé.

Or, le mot Quadragésime signifie la série des quarante jours qu’il faut traverser pour arriver à la grande fête de Pâques.

... Au XII° siècle, Pierre de Blois exprimait ainsi la pratique de son temps : « Tous les religieux commencent le Carême à la Septuagésime, les « Grecs à la Sexagésime , les Ecclésiastiques à la Quinquagésime ; enfin, toute l’armée des chrétiens qui milite sur la terre, le Mercredi suivant. »

...  Le temps où nous entrons renferme de profonds mystères ; mais ces mystères ne sont point propres seulement aux trois semaines que nous devons traverser pour arriver à la sainte Quarantaine ; ils s’étendent sur toute la période de temps qui nous sépare de la grande fête de Pâques.

 Le nombre septénaire est le fondement de ces mystères

Saint Augustin nous servira d’introducteur à tant de merveilleux secrets. « Il y a deux temps, dit ce grand Docteur dans son Enarration sur le Psaume CXLVIII : l’un, celui qui s’écoule maintenant dans les tentations et les tribulations de cette vie ; l’autre, celui qui doit se passer dans une sécurité et dans une allégresse éternelles.

...  Ces deux temps, nous les célébrons, le premier avant la Pâque, le second après la Pâque.

Le temps avant la Pâque exprime les angoisses de la vie présente ; celui que nous célébrons après la Pâque signifie la béatitude que nous goûterons un jour.

Voilà pourquoi nous passons le premier de ces deux temps dans le jeûne et la prière, tandis que le second est consacré aux cantiques de joie ; et, pendant sa durée, le jeûne est suspendu. »

L’Église, interprète des saintes Écritures, nous signale deux lieux différents qui sont en rapport direct avec les deux temps dont parle saint Augustin : ces deux lieux sont Babylone et Jérusalem.

Babylone est le symbole de ce monde de péché, au milieu duquel le chrétien doit passer le temps de l’épreuve ; Jérusalem est la patrie céleste au sein de laquelle il se reposera de tous ses combats.

Le peuple d’Israël, dont toute l’histoire n’est qu’une grande figure de l’humanité, fut littéralement exilé de Jérusalem et retenu captif à Babylone.

    Or, cette captivité loin de Sion dura soixante-dix ans ; et c’est pour exprimer ce mystère que, selon Alcuin, Amalaire, Yves de Chartres, et généralement tous les princes de la Liturgie, l’Église a définitivement fixé le nombre septuagénaire pour les jours de l’expiation, prenant, selon l’usage des saintes Écritures, le nombre ébauché pour le nombre parfait.

    La durée du monde lui-même, comme portent les antiques traditions chrétiennes, se partage aussi selon le septénaire.

La race humaine doit traverser sept âges, avant le lever du jour de la vie éternelle.

Le premier âge s’est étendu depuis la création d’Adam jusqu’à Noé ;

le second depuis Noé et le renouvellement qui suit le déluge jusqu’à la vocation d’Abraham;

le troisième commence à cette première ébauche du peuple de Dieu, et va jusqu’à Moïse par les mains duquel le Seigneur donna la loi ;

le quatrième s’étend de Moïse à David, en qui la royauté commence dans la maison de Juda ;

le cinquième embrasse la série des siècles puis le règne de David jusqu’à la captivité des Juifs à Babylone ;

le sixième est la période qui s’écoula depuis le retour de la captivité jusqu’à la naissance de Jésus-Christ.

Vient enfin le septième âge, qui s’est ouvert à l’apparition miséricordieuse du Soleil de justice, et doit durer jusqu’à l’avènement redoutable du Juge des vivants et des morts.

Telles sont les sept grandes fractions des temps, après lesquelles il n’y a plus que l’éternité.

    Pour encourager nos cœurs, au milieu des combats dont la route est semée, l’Église, qui luit comme un flambeau au milieu des ombres de ce séjour terrestre, nous montre un autre septénaire qui doit faire suite à celui que nous allons traverser.

Après la Septuagésime de tristesse, la radieuse Pâque viendra avec ses sept semaines d’allégresse nous apporter un avant-goût des consolations et des délices du ciel.

Après avoir jeûné avec le Christ et compati à ses souffrances, le jour viendra où nous ressusciterons avec lui, où nos cœurs le suivront au plus haut des cieux ; et, peu après, nous sentirons descendre en nous l’Esprit divin avec ses sept dons.

Or, ainsi que le remarquent les mystiques interprètes des rites de l’Église, la célébration de tant de merveilles ne nous demandera pas moins de sept semaines entières, de Pâques à la Pentecôte.

...   Comme on le voit, le chrétien au temps de la Septuagésime, s’il veut entrer dans l’esprit de l’Église, doit faire trêve à cette fausse sécurité, à ce contentement de soi qui s’établissent trop souvent au fond des âmes molles et tièdes, et n’y produisent que la stérilité.

Heureux encore lorsque ces dispositions n’amènent pas insensiblement l’extinction du véritable sens chrétien !

Celui qui se croit dispensé de cette vigilance continuelle tant recommandée par le Sauveur, est déjà sous la main de l’ennemi ; celui qui ne sent le besoin d’aucun combat, d’aucune lutte pour se maintenir et pour cheminer dans le bien, à moins d’avoir été honoré d’un privilège aussi rare que dangereux, doit craindre de ne pas être dans la voie de ce royaume de Dieu qui ne s’enlève que de vive force; celui qui oublie les péchés que la miséricorde de Dieu lui a pardonnes, doit redouter d’être le jouet d’une illusion périlleuse.

Rendons gloire à Dieu dans ces jours que nous allons consacrer à la courageuse contemplation de nos misères, et venons puiser, dans la connaissance de nous-mêmes, des motifs nouveaux d’espérer en celui que nos faiblesses et nos fautes n’ont point empêché de s’abaisser jusqu’à nous, pour nous relever jusqu’à lui.

Dom Guéranger

Télécharger un document sur le temps de la Septuagésime

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14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 20:30

En quoi le déluge biblique se démarque-t-il des mythes mésopotamiens ?

Les premiers récits connus du déluge sont antérieurs de plus de mille ans à la rédaction de la Bible. C’est après leur déportation à Babylone en 586 av. J.-C. que les Hébreux y découvrirent des écrits mésopotamiens des IIIe et IIe millénaires av. J.-C.

Parmi ces mythes, les épopées d’Atrahasis et de Gilgamesh, redécouvertes au XIXe siècle, racontent un déluge commandité par les dieux pour engloutir une humanité devenue trop bruyante…

Cette histoire s’ancre dans une angoisse concrète pour les Mésopotamiens : le Tigre et l’Euphrate étaient en proie à des crues dévastatrices.

La dramaturgie du déluge biblique (Gn 6-9) reprend peu ou prou celle de ces mythes antiques : en protégeant un homme (Noé, dans la Bible), Dieu sauve in extremis l’humanité de l’extinction, et promet finalement de ne plus jamais recourir à une telle puissance destructrice.

Or contrairement aux dieux mésopotamiens, le Dieu unique de la Bible est décrit comme bon et source de vie : autrement dit, pas prédisposé à noyer sa propre Création.

« L’élément nouveau qu’apporte la Bible par rapport aux mythes antérieurs, c’est le constat d’une violence qui peut habiter l’être humain », explique Dany Nocquet, professeur d’Ancien Testament à l’Institut protestant de théologie de Montpellier.

Cette violence, partie de l’homme mais s’étant propagée comme par contamination à « toute chair » (Gn 6, 12), est ce qui pousse Dieu à décider du déluge. Pour Dany Nocquet, tout le début de la Genèse pose la question suivante : comment réguler la violence ?

« Les récits des commencements sont une grande introduction à ce qui va suivre : le don de la Loi. C’est par elle que la vie sociale – et donc la violence – pourra être régulée. »

Que dit le déluge de Dieu ?

Cet épisode donne à voir un Dieu intransigeant, qui ne supporte pas le mal (il lui préfère même, au moins au début, la destruction et la mort).

Mais aussi un Dieu qui semble se contredire lui-même, par deux fois : il regrette d’abord d’avoir créé un monde aussi corrompu, puis d’avoir voulu le supprimer.

« Cela tranche avec l’idée d’un Dieu infaillible, telle qu’elle s’est développée au Moyen Âge », souligne le rabbin massorti Yeshaya Dalsace.

« Au cours des quatre chapitres consacrés au déluge, Dieu se reprend, évolue, et finit par accepter les défauts de sa Création et de l’humanité. »

Pour André Wénin, professeur émérite de l’Université catholique de Louvain (Belgique), cette concession finale ne fait que corroborer une idée qui parcourt la Bible : Dieu compose toujours avec les choix que font les humains dans leur liberté (en l’occurrence, la violence).

« Toute la Bible raconte comment Dieu, en raison de l’alliance, a les mains liées par la liberté humaine. »

L’autre grande leçon du déluge, c’est que Dieu ne veut pas la mort. Il a essayé cette solution, mais elle ne lui a pas convenu. Dieu est le premier à renoncer à la violence – appelant ainsi l’humanité à faire de même – quand il dépose son arc (donc ses armes) dans les nuages (Gn 9, 13).

Cet arc, souvent représenté par un arc-en-ciel, sera le signe de son alliance avec Noé et ses fils : donc le signe d’une relation renouvelée avec l’humanité.

Cette alliance (berith) – la toute première de la Bible – préfigure celles qui lieront Dieu à Abraham, Israël ou encore David.

Que représente Noé ?

Seul survivant humain du déluge avec « ses fils, sa femme et les femmes de ses fils », Noé est un nouvel Adam, une sorte d’ancêtre premier mythique.

Il est du même coup le dernier représentant de l’humanité antédiluvienne, à peine humaine, caractérisée par des âges insensés (Noé meurt à 950 ans, Adam à 930 ans).

Plus un archétype qu’un véritable personnage, Noé ne prononce presque aucune parole dans le texte biblique.

S’il est protégé du déluge, c’est parce qu’il est juste (tsadik), intègre (tamim) et qu’il marche (halakh) avec Dieu (Gn 6, 9).

Autant de qualificatifs qui seront par la suite attribués à Abraham – sauf que lui marche « devant » Dieu (Gn 17, 1), ce qui est connoté encore plus positivement.

Par rapport à Noé, dont la tradition juive l’a rapproché, Abraham présente davantage de finesse et de complexité.

Il cherche par exemple à négocier avec Dieu quand il apprend son intention de détruire Sodome.

« Noé, lui, se contente d’obéir en se mettant à l’abri avec les siens dans l’arche ; selon la Bible, il ne prévient même pas les humains qui vont finir noyés ! », remarque le rabbin Yeshaya Dalsace.

Bien sûr, qui dit Noé dit les innombrables couples d’animaux qu’il fait monter avec lui dans l’arche.

« En maîtrisant les animaux en douceur, sans même avoir à séparer le lion de la gazelle, Noé offre l’image d’un univers réconcilié », explique André Wénin.

Le jésuite Paul Beauchamp (mort en 2001) avait d’ailleurs vu en Noé « le pasteur de sa propre animalité » : un être capable de dominer les forces et passions qui sont en lui, pour conquérir ainsi son humanité.

Noé n’est toutefois pas exempt d’imperfections morales : il est même le premier, dans la Bible, à s’enivrer (Gn 9, 21) !

Mais en descendant de l’arche, son premier geste est de rendre un culte.

Cela plaît à Dieu et le conduit à prendre cette poignante décision : « Jamais plus je ne maudirai la terre à cause de l’homme » (Gn 8, 21).

Quel lien avec la crise écologique ?

Le monde fragile dépeint dans la Genèse, avec ses aléas climatiques capables d’anéantir l’humanité, fait écho à une angoisse très actuelle. Dieu avait pourtant « promis » que cela n’arriverait plus…

« Dieu a une capacité de salut sur la Création, mais cela ne peut nous déresponsabiliser : dans l’alliance, l’homme aussi est engagé », précise le père Étienne Grenet.

Dans son récent livre Le Christ vert (1), ce prêtre parisien avance une interprétation originale du déluge.

Pour lui, il ne s’agit pas tant d’un châtiment divin arbitraire que de « la propagation de la violence de l’ordre humain à l’ordre cosmique ».

Avec le déluge, Dieu ne fait qu’accélérer les conséquences du péché humain, générateur de chaos.

L’intervention divine la plus remarquable n’est donc pas tant, pour ce prêtre engagé dans l’écologie intégrale, du côté du « déclenchement » du déluge que dans le fait que ce monde tienne malgré tout, en dépit de l’injustice de l’humanité.

« Dieu fait tenir la maison commune. »

Ce qu’il faut retenir

La première alliance de la Bible

Le déluge biblique s’inspire largement de mythes mésopotamiens mis par écrit aux IIIe et IIe millénaires av. J.-C.

Si Noé est protégé du déluge, c’est parce qu’il est juste, intègre et qu’il marche avec Dieu. Ces qualificatifs seront aussi attribués à Abraham, qui sera le deuxième personnage biblique avec qui Dieu nouera une alliance.

Cet épisode donne à voir un Dieu intransigeant, qui ne supporte pas le mal, mais qui ne veut pas non plus la mort. Après que Noé est sorti vivant de l’arche et lui a rendu un culte, Dieu renonce pour toujours à une telle puissance destructrice.

Mélinée Le Priol

(1) Artège/Le Sénevé, 336 p., 18,90 €.

 

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13 février 2022 7 13 /02 /février /2022 20:30

Ce texte de l’Evangile s’ouvre sur une image bien connue, extraordinaire, qui fait le diagnostic tout à coup de l’histoire humaine, parce que le nom de cette ville Naïm, (Naïn comme certains l’écrivent) signifie en français : le bonheur.

C’est la ville du bonheur. On voit une foule qui monte vers le bonheur, une foule qui en sort, portant la mort et c’est un diagnostic extraordinaire pour toute l’histoire de l’humanité, parce que ce soit l’histoire universelle ou l’histoire la plus personnelle, il n’y a que cela qui se passe à chaque instant – qu’on le sache ou qu’on ne le sache pas – qu’est ce que nous faisons ?

Nous cherchons qu’on le veuille ou non et nous le voulons même si ce n’est pas avoué. On cherche toujours le bonheur, à travers tout. 

On cherche la cité de la joie et combien prennent le sens inverse mais pour les mêmes raisons, parce que les moyens qu’ils utilisent sont porteurs de mort.

Et je dirais, qu’à chaque instant, et c’est l’importance de l’instant, c’est de savoir où nous allons.

Le Saint, et nous célébrons Saint Rémi, c’est quelqu’un qui par excellence a toujours su où se trouvaient ses motifs.

Quand on n’est pas motivé, quand on ne connaît pas foncièrement le motif pour lequel on fait une chose plutôt qu’une autre, on est toujours manipulé par les esprits, on est porteur de mort. Et bien cela, Jésus ne le supporte pas.

C’est la deuxième image de cet Evangile.

Jésus qui monte avec la foule vers la cité de la joie, Il est la direction vers la joie. Il emmène les disciples, tous ceux qui sont disciples sont cheminés par Lui qui est le chemin vers la joie.

Où voulez-vous qu’on aille ? puisque nous ne soupirons que vers cela.

Et bien, voilà, qu’Il croise l’autre foule, porteuse de mort et Il ne supporte pas cela,

Lui qui est Amour incarné , Lui qui est la Joie en personne. Il ne supporte pas que l’homme soit mort, qu’il pleure la mort, qu’il soit triste dans cette descente vers la vallée de la mort, alors qu’est ce qu’Il fait ?

Il arrête la procession funéraire et funèbre. Il l’arrête.

Le texte dit qu’Il est pris et c’est intraduisible toujours ce texte. On dit qu’Il est ému.

En hébreu c’est tout à fait autre chose : «  Il a les entrailles remuées » parce qu’Il ne supporte pas que l’homme souffre, que l’homme se perde, que l’homme meurt ; Il l’a créé pour la plus grande des plénitudes de joie et de bonheur.

L’homme n’est pas créé pour mourir et souffrir.

Il dit déjà, à travers le poète Isaïe :
« Est ce qu’une femme peut oublier son nourrisson ? Ne plus aimer le fils de ses entrailles ?

Même, dit Dieu, même si une femme était capable d’oublier, Moi, Je ne t’oublierai jamais.

C’est une impossibilité viscérale pour une mère parce que son enfant fait partie de sa chair profonde.

Son amour matrice est pour nous, pour chacun, le symbole de la certitude absolue que Dieu nous aime au delà de tout ce que l’on peut humainement concevoir. Ca n’entre pas dans notre petite conscience.

L’alliance que Dieu offre à l’homme est à jamais indéfectible, même si tout s’écroule, et certains jours on a l’impression que vraiment rien ne va plus autour de nous, et que nous sommes dans un univers de mort, que la mort nous emmène comme un fleuve. Jamais l’amour de Dieu nous abandonne.

Devant cette vie dans laquelle nous ne cessons de nous jeter, Jésus vit dans sa chair maternelle (Dieu est autant Père que Mère à travers tous les textes).

Dieu dans sa chair maternelle, qui est incarné en Jésus Christ, et bien Il vit ce que les grands prophètes nous ont annoncé, que ce soit Isaïe que je viens de citer, Osée, Moïse et tous les autres.

Par exemple : « Mon cœur se retourne en moi. »

Quand on laisse vivre cela, un peu dans sa méditation profonde, que Dieu a le cœur retourné, « Toutes mes entrailles frémissent » dit-Il « Avec une tendresse éternelle, j’ai pitié de toi », « J’ai vu la misère de mon peuple » dit-Il à Moïse déjà « J’ai prêté l’oreille à sa clameur », « Je connais ses angoisses », « Je suis résolu à le délivrer ».

Mais quand nous souffrons, quand nous portons un souci, un problème, quand quelque chose ne va pas, c’est cela qui arrive. Dieu me dit cela.

C’est aujourd’hui ou alors la Parole n’est pas éternelle, elle n’est pas de Dieu et cela suppose que nous sachions ces textes par cœur, par le cœur.

En Jésus, cet amour absolument fou de Dieu entre dans notre propre chair.

En Lui cette infinie tendresse divine nous enveloppe, nous pénètre.

En Jésus, on peut dire qu’on voit vraiment le cœur de Dieu à fleur de peau.
Jésus, c’est Dieu incarné : c’est dans sa chair, à fleur de peau, qu’on peut voir, maintenant toucher, contempler cet amour fou, quand Il me croise sur le chemin, et encore une fois c’est le sens dernier et profond de l’instant.

L’instant c’est la croisée de l’éternité et du temps.

C’est le point de croisement de toute croix, c’est la croisée des chemins, et à chaque instant, Jésus me croise, comme c’était le cas de la veuve de Naïm qui pleurait la mort, le Fils, c’est à dire tout ce qu’elle faisait.

Le Fils, c’est ce qui sort de nous. Ce sont nos œuvre, qu’on soit dans les grandes ou les petites choses : les casseroles, la cuisine ou notre profession.

Tout ce qui sort de nous, c’est notre filiation.

Et bien toutes nos œuvres sont mortes, si nous ne nous laissons pas visiter par cette Parole, ce regard d’amour de Jésus.

Il fait arrêter mon itinéraire de mort et plonge son regard non pas sur mon péché -  ça c’est notre vieille culpabilité qui remonte à chaque moment – non, Il ne regarde pas mon péché, mais bien plus profondément dans cet endroit en moi où je lui ressemble.

Et ce regard brûlant de tendresse, si je le laisse reposer sur moi,  transfigure mon péché, transfigurent mes opacités qui me mettent tellement en contradiction avec le meilleur de moi-même et me réconcilie alors avec moi-même, avec mon cœur profond, mon être, mon esprit.

Accueillir tous les jours ce regard de Jésus sur moi, longuement, tous les jours longuement, c’est ce qu’on appelle la prière ou la méditation ; puis vivre sous ce regard à longueur de journée, c’est cela qu’on appelle la sainteté.

C’est une thérapie non seulement pour la guérison de toute maladie, mais de la mort elle même. Il s’agit, sous ce regard, d’un renouvellement total de l’homme à la racine de l’être.

« Jeune homme, lève toi » dit Jésus au mort, au mort que je suis.
Mais pourquoi je suis debout, pourquoi ? ça c’est  le motif. Il faut s’interroger.

Pourquoi je suis debout demain à 9h ? après demain à 15 h ? pourquoi je suis debout ?

Je ne veux vivre debout que par la force du Christ. Il est mon unique parole. Par elle seule, je peux et je veux me lever  pour vivre pleinement.

Le grand péché, c’est la dispersion.

On est ici, on est là, on n’est nulle part. C’est la dispersion de la pensée et ceux qui se dispersent ainsi sont des cadavres effectivement où tout se décompose.

Nous sommes des morts vivants si souvent à cause de cela.

Il faut trouver le remède. Le Christ le donne dans l’Evangile d’aujourd’hui .

Il faut trouver dans la Bible une seule parole.

Peut-être l’avez vous déjà fait, parce que c’est une pratique tellement ancienne et traditionnelle.

Il faut trouver une seule parole vivifiante et la porter sans se lasser.

Cette parole est ce un morceau de psaume, est ce telle parole de l’Evangile, est ce par exemple «  Réjouissez-vous » nous qui sommes si tristes !

On peut prendre cette parole là que Saint Paul ne cesse de répéter. « Réjouissez vous » et on la porte, ou encore comme dit Jésus : « Demeurez en moi », une petite parole et on la porte en soi, ou celle que vous préférez.

Elle fait alors un chemin en nous, elle fait une percée vers l’au delà au fond de nous-mêmes et là nous ressuscitons dès maintenant.

Nous sommes déjà ressuscités et que Saint Rémi nous obtienne la grâce de le vivre à son instar.

Béthanie, 19 octobre 2002

Père Alphonse Goettmann

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