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6 mai 2019 1 06 /05 /mai /2019 22:55
Trois chanteurs pour trois religions à l'unisson

"Allahu Akbar", "Adonaï" et "Ave Maria" à l'unisson devant le Roi Mohammed VI et le Pape François. ☪️✡️✝️

Le samedi 30 mars 2019 à Rabat, l’Orchestre philharmonique du Maroc (OPM) a interprété un arrangement un peu spécial. Des représentants des trois religions monothéistes ont communié en choeur devant Le roi Mohammed VI et le Pape François.

Le muezzin Smahi El Hadni, a prononcé l’appel à la prière musulman (“Allahu Akbar”), accompagné par la chanteuse Françoise Atlan, qui a entonné la prière juive (“Adonaï”) puis rejoint par la chanteuse Caroline Casadesus, fille du chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus, qui a interprété l’“Ave Maria” de Caccini.
Ils ont conclu le concert main dans la main.

Cette oeuvre fait partie d’une série d'événements lancés par l'Orchestre philharmonique du Maroc en 2016 et baptisée “Les religions à l’unisson”. 

Trois Artistes, Trois Religions, pour un symbole fort d'ouverture, d'écoute et de respect entre les cultures Orchestre Philharmonique du Maroc Jean-Claude Casadesus, direction Françoise Atlan et Caroline Casadesus, sopranos Smahi El Harati, ténor 

Eloïse Bella Kohn et Dina Bensaïd, Yadaïn Piano Duo
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5 mai 2019 7 05 /05 /mai /2019 22:55

 

Aujourd’hui la cathédrale Notre-Dame de Paris fut engloutie par les flammes. On veut la rebâtir, mais on ne pourra jamais la reproduire parfaitement.

A seulement parler des vitraux, par exemple, pour ceux qui ont fondunous ne savons ni comment ce verre a été fabriqué, ni comment recomposer sa fameuse couleur bleu.

Ce sera forcément une autre cathédrale, et non plus cette merveille gothique du xiie siècle. Elle a été construite pendant deux siècles, à partir de 1163, mais il n’a fallu que trois heures pour qu’elle s’écrase sous les flammes. C’est une perte catastrophique qui nous perce le cœur.

Mais ce n’est pas uniquement le choc de perdre un magnifique trésor d’art, un temple de sainteté où notre Mère du ciel a été aimée et priée pendant presque neuf siècles, c’est aussi une compréhension en profondeur qui nous éclaire sur la fragilité de toute choses sur la terre, y inclus nos propres corps.

La beauté sous toutes ses formes, nous l’aimons passionnément, mais ce n’est pas encore la Beauté de Dieu qui nous embellira divinement pendant toute l’éternité.

Notre-Dame, c’est la douloureuse vision de la temporalité, mais en même temps une forte poussée vers notre destin, notre unique et vrai destin, vivre sur le plan divin, vivre dans la volonté de Dieu.

Qu’est-ce qui ne périra pas éventuellement sur la terre ?

Les temples, les villes, les empires, tout est appelé à disparaître.

Cette cruelle perte d’une église que nous avons tant aimée et où les vérités du Christ étaient enseignées, par sa tragique destruction elle nous enseigne, comme jamais, le Parole de Dieu.

Nous devons en être reconnaissants.

Du milieu de ces décombres de perte incalculable, nous te vénérons, nous te louons, nous t’aimons, ô notre Mère, ô Notre Dame.

Paul de Jésus

Acathiste orthodoxe

 

Le pardon de Notre-Dame

 

Kondakion I

 

« Nous tenant dans le temple de ta gloire nous croyons être au Ciel. Mère de Dieu, céleste Portail, ouvre-nous la porte de ta miséricorde! », à nous qui te chantons : Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

 

 

Ikos I

 

La France des cathédrales est la perle du monde. Les Notre-Dame de la France sont l’écrin de notre foi. Notre-Dame de Paris est le diamant du trésor ancestral. Aussi, la voyant sous la cendre et l’humiliation, nous lui crions avec larmes :

 

Pardonne-nous, Beauté humiliée !

Pardonne-nous, Gloire crucifiée !

Pardonne-nous, Amour désavoué !

Pardonne-nous, Colonne ébranlée !

Pardonne-nous, Forteresse invaincue !

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

 

Kondakion II
 

Le Christ Sauveur entra dans Jérusalem pour y offrir par amour sa Passion victorieuse. Sa Mère très pure le suivait, prenant sa part de ses libres souffrances. Aussi devant la Croix de Notre-Dame nous chantons un paradoxal Alléluia!

 

Ikos II

 

Au terme de ce Carême, faisant route vers la Pâque du Sauveur, nos cœurs brisés de chagrin ont vu l’embrasement de Notre-Dame, et nous lui chantons avec deuil :

 

Pardonne-nous, Arche d’Alliance où repose l’Évangile !

Pardonne-nous, Jérusalem où brille la Résurrection !

Pardonne-nous, Temple de l’unique Testament divin !

Pardonne-nous, Embrasement de nos cœurs desséchés !

Pardonne-nous, Sinistre de nos esprits sans foi !

Pardonne-nous, Espérance inconsumée !

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

Kondakion III
 

Ô Vierge souveraine, tu es la protectrice de tous les hommes, les croyants et les incroyants. De ton regard maternel, ô notre Dame, tu vois en chacun le meilleur de lui-même et nous t’offrons un vibrant Alléluia!

 

 

Ikos III

 

Le cours paisible de la Seine éteint le feu par l’eau. Feu pour feu, amour pour haine, sagesse pour folie, joie pour tristesse, nous apportons le cierge de notre prière, et nous chantons, la gorge serrée :

 

Pardonne-nous, Icône de la prière des peuples !

Pardonne-nous, Confiance de ceux qui ne croient pas encore !

Pardonne-nous, Merveille pour l’ignorant touriste !

Pardonne-nous, Joie et Consolation de ceux qui croient !

Pardonne-nous, Pèlerinage éternel aux sources du Salut !

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

 

 

Kondakion IV
 

À la vue de Notre-Dame, nos cœurs, ô Christ Sauveur, se brisent par la grâce du repentir. Nous prosternant devant la Cathédrale en flammes, nous demandons le pardon de tous nos péchés et nous te chantons un confiant Alléluia!

 

 

Ikos IV

 

Les nations visitent par millions la sainte Cathédrale ! Paris sans Notre-Dame est impensable. Aussi, sentant l’odeur terrible du feu, nous lui disons avec crainte :

 

Pardonne-nous, Rendez-vous des peuples !

Pardonne-nous, Fenêtre vers l’éternité !

Pardonne-nous, Vitrail par où vient la Lumière dans le monde !

Pardonne-nous, Encens parfumé de la prière !

Pardonne-nous, Consécration des cœurs enflammés d’amour !

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

 

 

Kondakion V
 

Tu es la Femme transfigurée, o Marie en qui le Verbe s’est humainement conçu. L’Ange te salue d’un joyeux Réjouis-toi ! et nous te chantons avec allégresse : Alléluia!

 

 

Ikos  V

 

Sachant combien souffre l’humanité en notre temps, connaissant l‘humiliation de tant de femmes et d’enfants, la Mère de Dieu se penche vers le monde en sa cathédrale que nous invoquons dans notre chagrin :

 

Pardonne-nous, Demeure de la Souveraine !

Pardonne-nous, Cathédrale du Christ vainqueur !

Pardonne-nous, Trône du Roi des rois et de sa Mère très pure !

Pardonne-nous, Palais de l’amour immolé !

Pardonne-nous, Crèche de l’Agneau qui veut sauver le monde !

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

 

 

Kondakion VI

 

« Écoute, mon peuple, et Je te parlerai ! » dit le Seigneur (Ps. 49). Attentifs à ce qu’Il nous dit par la Cathédrale incendiée, prêts à changer nos voies, nous lui disons d’un cœur unanime : Alléluia ! 

 

 

Ikos VI
 

Le Verbe a composé les mondes. Il a établi le cours des planètes et la position des astres. Contemplant en Notre-Dame l’image de la Créature blessée par le péché et l'erreur humaine, nous lui chantons:


Pardonne-nous, Océan souillé par la négligence!

Pardonne-nous, Terre polluée, forêts ravagées, destruction des espèces!

Pardonne-nous, Architecture sainte et Patrimoine de l’Europe!

Pardonne-nous, Mémoire de nos peuples, Icône de l’Histoire universelle!

Pardonne-nous, Rosace théologique éclatée, dentelle mystique de pierre!

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi!

 

 

 

 

Kondakion VII

 

« Ils virent et furent frappés de stupeur ; le trouble les saisit, ils chancelèrent » (ps. 47). Bouleversés par le spectacle de feu que donne la Cathédrale écrasée, les hommes se lamentent et qui crient : Miséricorde ! Alléluia !

 

Ikos VII
 

Pour ceux qui veulent contempler les signes des temps, le Seigneur parle dans chaque moment de l’Histoire. Voyant saccagé le monument de notre civilisation, avec repentir nous lui crions:


Pardonne-nous, Monument de notre impénitence!

Pardonne-nous, Stigmate des violences sociales, Honte de nos négligences !

Pardonne-nous, Exploitation des hommes, Humiliation des femmes, Souillure de nos enfants!

Pardonne-nous, Martyre de nos iniquités et de notre inconscience!

Pardonne-nous, Appel grand et sans voix au repentir!

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi!

 

 

Kondakion VIII

 

« Du ciel, Dieu a regardé les fils des hommes, pour voir s’il en est un qui ait l’intelligence, et qui cherche Dieu » (Ps.52). De l’orbe de ses grands vitraux Notre-Dame prête ses deux yeux au Créateur, et les hommes répondent : Alléluia !

 

Ikos VIII

 

Le feu de l’enfer ne prévaudra pas contre la Foi. Voyant debout dans l’épreuve la grande Dame couronnée de flammes, à travers le brouillard de nos larmes, nous la savons victorieuse de la mort, et lui chantons avec nostalgie :

 

Pardonne-nous, Souveraine et Princesse de la vie !

Pardonne-nos, église icône de l’Église !

Pardonne-nous, ta  toiture écrasée rappelle le Christ ton seul Chef !

Pardonne-nous, la tête est détruite mais ton corps est vivant !

Pardonne-nous, Corps de l’Église ciselé dans la pierre !

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

 

 

 

Kondakion IX

 

Des hommes et des femmes de tous les milieux et de toutes nations ont vu la Cathédrale au supplice. Se frappant la poitrine, sans même savoir s’ils croient, ils se lamentent avec un grand Alléluia !

 

 

Ikos IX

 

Toute l’histoire du Salut est inscrite dans la cathédrale comme dans une mémoire de pierre et de verre. Nous contemplons les grands mystères portés par les prophètes, les patriarches, les justes et les saints de tous les temps. Les Apôtres et les Pères se joignent à tous ceux qui furent agréables à Dieu depuis le principe des temps. Nous joignant à eux tous, nous te crions, ô notre Souveraine :

 

Pardonne-nous, Notre-Dame, Bible de Paris !

Pardonne-nous, Parole faite chair et pierre, le Verbe s’est incarné !

Pardonne-nous, Psalmodie sculptée, hymnes en couleur, talent de l’Esprit !

Pardonne-nous, David est ton architecte et tu chantes en silence !

Pardonne-nous, les bâtisseurs de cathédrales ont Salomon pour maître !

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

 

Kondakion X

 

Ta passion, ô Notre-Dame, tire de nos cœurs le meilleur de nous-mêmes. Elle renouvelle en nos cœurs les sources de l’amour. Nous ne pensions pas t’aimer autant, ô Mémorial d’espérance et nous murmurons un doux Alléluia !

 

 

Ikos X

 

Le noble écrivain a vu en toi la protection divine et la consolation des pauvres et des humiliés. À notre tour, contemplant ta propre humiliation, nous te prions, le cœur broyé:


Pardonne-nous, Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de France, Notre-Dame du monde!
Pardonne-nous, Notre-Dame des pauvres, des riches et des sans-abris!

Pardonne nous, Havre des Quasimodo et des Esméralda!

Pardonne-nous, Notre-Dame de grâce, Notre-Dame de miséricorde!

Pardonne-nous, Notre Dame du pardon de nos péchés sans nombre!

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi!

 

Kondakion XI

 

Les rues de nos villes de France ont souffert de violence. Le bonheur a déserté nos cités ; la guerre est dans la ville ; nos chefs légitimes s’interrogent ; Notre-Dame tricolore, reçoit nos supplications de paix et de réconciliation pour notre peuple et cette acclamation : Alléluia !

 

Ikos XI

 

Sur toute la terre, des hommes et des femmes ont versé des larmes et pris le deuil devant la grande blessure de notre Souveraine. Les cœurs sont touchés et de partout jaillit ce cri:


Pardonne-nous, Renouveau de la Foi!

Pardonne-nous, Résurrection de l’amour!

Pardonne-nous, Mère de consolation

Pardonne-nous, Sanctuaire baptismal, Porche de la sainte Croix!

Pardonne-nous, Guérison des maladies de l’âme et du corps!

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi!

 

 

Kondakion XII

 

Notre-Dame est la figure protectrice de notre ville et de notre pays. De partout, elle attire ceux et celles qui cherchent sa consolation. En elle habite le Christ Sauveur et sous son porche tous les hommes viendront à lui avec un glorieux Alléluia !

 

 

Ikos XII

 

La Vierge et Mère de Dieu a son sanctuaire à Paris. La Seine se boucle en procession pour elle. Mère au pied de la Croix du Fils, nous t’honorons, Beauté féminine:


Pardonne-nous, Femme de douleur et de compassion!

Pardonne-nous, Joie et Regard lumineux d’amour tourné vers le Peuple!

Pardonne-nous, Flèche d’intercession bientôt redressée pour montrer le Ciel à tous!

Pardonne-nous, Entrailles féminines où croît l’Homme nouveau!

Pardonne-nous, Tabernacle sans semence, Sein où se sème le Verbe!

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi!

 

Kondakion XIII

 

Notre-Dame, figure emblématique et temple prophétique, reçois l’hymne de supplication et de repentir que nous t’adressons (3 fois). La Vierge et Mère dont tu es le Tabernacle et le Portique intercède pour la protection de notre temps et de tous les peuples de la terre qui ne savent encore crier vers Dieu : Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !

 

 

Ikos I

 

La France des cathédrales est la perle du monde. Les Notre-Dame de la France sont l’écrin de notre foi. Notre-Dame de Paris est le diamant du trésor ancestral. Aussi, la voyant sous la cendre et l’humiliation, nous lui crions avec larmes :

 

Pardonne-nous, Beauté humiliée !

Pardonne-nous, Gloire crucifiée !

Pardonne-nous, Amour désavoué !

Pardonne-nous, Colonne ébranlée !

Pardonne-nous, Forteresse invaincue !

 

Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

 

 

Kondakion I

 

« Nous tenant dans le temple de ta gloire nous croyons être au Ciel. Mère de Dieu, céleste Portail, ouvre-nous la porte de ta miséricorde! » à nous qui te chantons : Réjouis-toi, Notre-Dame, Écrin de la Foi !

 

 

Prière au Fils de la Vierge

 

Seigneur Jésus Christ notre Dieu, en ce temps de ta glorieuse Pâque, nous te prions ! Par les saintes prières de ta Mère très pure, notre Souveraine et notre Dame, brûle au feu de ta miséricorde toutes nos fautes volontaires ou involontaires ! Accorde-nous la grâce d’un vrai repentir ; renouvelle en nos cœurs la joie de ton incompréhensible résurrection, un amour enflammé pour le prochain et la ferveur de la foi en toi, en ton Père éternel et en ton Esprit très saint! Amen !

 

 

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« Un signe de Dieu »

Notre-Dame en feu, quel choc ! Pour moi, un désastre culturel, mais quel symbole que ces flammes…

Elles me ramènent à l’autre incendie, tellement plus grave, qui ébranle les structures de l’Église, en ces temps d’abus, de grandes souffrances et de doutes.

La métaphore est forte. La flèche qui tombe, c’est l’orgueil de l’Église mis à mal. La charpente est partie en fumée, les murs tiennent encore, mais instables, fragilisés.

Comme nos communautés. Je le vois comme un signe de Dieu. Il nous purifie et nous tient auprès de la seule chose qui reste : la croix. 

Isabelle Parmentier, théologienne, chargée de l’accompagnement des personnes homosexuelles dans le diocèse de Poitiers

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Charles Péguy évoque ainsi la Vierge et Notre-Dame de Paris :

« Et où il faut résolument faire ce qu’il faut faire…
Et s’adresser directement à celle qui est au-dessus de tout…
Parce qu’aussi elle est infiniment bonne,
A celle qui intercède,
La seule qui puisse parler avec l’autorité d’une mère.
S’adresser hardiment à celle qui est infiniment pure,
Parce qu’aussi est elle infiniment douce,
A celle qui est infiniment noble
Parce qu’aussi elle est infiniment courtoise …
A celle qui est infiniment jeune, parce qu’aussi elle est infiniment mère …
A celle qui est infiniment joyeuse,
Parce qu’aussi elle est infiniment douloureuse »

Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, Paris : Nouvelle Revue Française, 1916.
 

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Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église...

Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée.

Au-dessous de cette flamme, au-dessous de la sombre balustrade à trèfles de braise, deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure.

À mesure qu’ils approchaient du sol, les deux jets de plomb liquide s’élargissaient en gerbes, comme l’eau qui jaillit des mille trous de l’arrosoir.

Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées, l’une toute noire, l’autre toute rouge, semblaient plus grandes encore de toute l’immensité de l’ombre qu’elles projetaient jusque dans le ciel.

Leurs innombrables sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. La clarté inquiète de la flamme les faisait remuer à l’œil.

Il y avait des guivres qui avaient l’air de rire, des gargouilles qu’on croyait entendre japper, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée.

Et parmi ces monstres ainsi réveillés de leur sommeil de pierre par cette flamme, par ce bruit, il y en avait un qui marchait et qu’on voyait de temps en temps passer sur le front ardent du bûcher comme une chauve-souris devant une chandelle.

Sans doute ce phare étrange allait éveiller au loin le bûcheron des collines de Bicêtre, épouvanté de voir chanceler sur ses bruyères l’ombre gigantesque des tours de Notre-Dame."

Victor Hugo, Notre-Dame de Paris

NB Il n y a pas d incendie de ND chez Hugo,mais un feu de bois allumé par Quasimodo pour faire fondre le plomb qui se déverse alors par les gargouilles pour repousser l assaut.

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"Voici l'embrasement, Ô Notre Dame,

et tu étincelles de braise dans l'âtre de l'Éternité. 

En toi, la myrrhe de la terre s'élève

pour rencontrer l'encens du ciel."

Repris sur le blog du monastère Sainte-Clotilde

http://monastere-sainte-clotilde.over-blog.com/2019/04/o-notre-dame.html

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L’évêque Grégoire

à

Monseigneur Aupetit
Archevêque de Paris.

Bois-Aubry, le 17 avril 2019


Monseigneur et frère en Christ,

Dans la douloureuse épreuve qui frappe votre diocèse et, au-delà, notre pays tout entier, nos fidèles, notre clergé et nous-même désirons vous témoigner de notre totale solidarité et de notre compassion.  

Malgré la douleur et à travers les larmes, nous vous annonçons le message pascal d’espérance : 

Christ est ressuscité !

Puisse-t-Il vous apporter sa Consolation et sa Force vivifiante !

J’invite tous nos fidèles, en ces jours de la semaine sainte, à faire monter vers Dieu des prières instantes à votre intention.


+Grégoire, 
évêque d’Arles et de l’Eglise Orthodoxe des Gaules

 

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A l'Attention de S. Ex. Mgr L'archevêque 

Monseigneur Michel Aupetit.

Depuis la communauté monastique athonite  où je mène ma vie religieuse, je suis de pensée et de coeur par la prière  avec et auprès  de Vous, comme chrétien orthodoxe et comme parisien d'origine. 

Je vous assure simplement de cette proximité fraternelle, spécialement en cette Semaine Sainte catholique et face à la tragédie en cours en votre cathédrale Notre-Dame de Paris.

Je prie pour que les Pierres Vivantes que sont les baptisés réagissent par un élan de Foi authentique, un retour plus grand dans l'Esperance au Christ Ami Ressuscité par l'Amour indéfectible et renouvelé  au Dieu Tri-Unité et aux racines Chrétiennes de la France,  par l'intercession de la Toute Sainte Mère  de Dieu.

Je prie pour vous Père  et Pasteur, fils  et successeur de St Denys, que vous sachiez reconnaître le passage opportun du Temps de Dieu pour Paris et la France,  comme en chacune de nos vies.

Je compatis avec vous , avec Mgr Chauvet et tous les fidèles de Paris.

Je vous assure de ma fraternelle et respectueuse amitié  par et dans le Christ Ami Ressuscité.

Bon courage Monseigneur ! 
 

ΧΡΗΣΤΌΣ ΆΝΕΣΤΗ ! SURREXIT XTUS ! 
 

Hiéromoine Iakoboc

St Monastère  de Karakallou
Ste Montagne de l'Athos. Grèce. 

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Cher Monseigneur Aupetit et frère en Christ,

Chers frères et soeurs catholiques,

Chers Compatriotes,


Suite au très grave incendie de Notre-Dame de Paris qui a touché l’Église catholique de Paris et en France en cette période de Pâques, notre Archevêché, moi-même et les fidèles de notre cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky nous nous associons au traumatisme de chacun.

Cette tragédie nationale nous frappe nous chrétiens, et tous ceux qui sont attachés à ce symbole spirituel, culturel et historique du patrimoine de notre pays.

Je demande à cette occasion à tous nos fidèles d’élever leurs prières en demandant au Seigneur son aide et sa miséricorde pour Monseigneur Aupetit, archevêque de Paris et pour tout son diocèse.

Aussi j’invite toutes les personnes de bonne volonté à être généreux et à soutenir la reconstruction de Notre-Dame-de Paris et faisant leur don.

+ Archevêque Jean de Charioupolis

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Dans la France d’aujourd’hui, il est tellement rare de sentir une émotion unanimement partagée.

Lorsque les flammes, lundi soir, se sont emparées de la toiture de Notre-Dame de Paris, on a aussitôt perçu un partage profond du chagrin. Il se prolongeait encore au lendemain du drame.

Pour l’expliquer, on pourra invoquer l’imagination époustouflante de Victor Hugo et ses avatars cinématographiques ou musicaux ; cela ne suffira pas.

En voyant s’effondrer la flèche de la cathédrale, les Français de toutes convictions ont senti vibrer au fond d’eux-mêmes quelque chose d’unique venu du plus loin de notre histoire.

Une cathédrale, depuis toujours, est une maison commune où l’on se réunit dans la joie comme dans la peine.

La foi chrétienne a offert à l’Europe ces lieux de rassemblement gratuitement ouverts à tous, sans distinction sociale.

Croyant ou non-croyant, chacun soudain a repris conscience de cet enracinement en voyant Notre-Dame frôler lundi soir la disparition.

Comme un trésor que l’on n’aurait pas su préserver.

Mais ce trésor est plus grand qu’un simple bâtiment, aussi magnifique soit-il.

Toute l’histoire des cathédrales est faite de destructions surmontées. À Reims, Coventry, Rouen, Dresde ou Turin, la foi et le courage des hommes ont fait renaître des édifices que l’on pouvait croire condamnés.

C’est la tâche qui nous attend pour Notre-Dame de Paris. Elle est magnifique. Car il ne s’agira pas seulement de reconstruire une charpente et de restaurer des œuvres d’art.

Les croyants auront aussi pour mission d’offrir demain une cathédrale encore plus largement ouverte, pour que chacun se souvienne de son émotion d’un soir et se sente accueilli comme dans sa propre maison.

Guillaume Goubert

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Et le Verbe s’est fait chair

 — et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire — 

gloire comme fils unique du Père, plein de grâce et de vérité.

Évangile selon saint Jean, Chapitre 1, verset 14

L’évangéliste saint Jean célèbre l’incarnation du Verbe — autrement dit l'Intelligence ou Raison ou Langage ou Parole de Dieu —,  Dieu Lui-même, par nature infini et intangible, en un homme, Jésus. C’est cette même incarnation que magnifient les rosaces de Notre-Dame de Paris. Une lecture symbolique aide à en comprendre le sens :

le carré est un symbole de l’espace limité (comme le monde avec sesquatre points cardinaux). L'espace qui entoure la partie basse de la rosace, constitue la surface d’une moitié de carré, carré qui  laisse place au seul cercle dans la moitié supérieure ;
 
le cercle, précisément, représente l’illimité – figure parfaite et sans fin — à l’image de Dieu.

Le mystère de l’Incarnation, où l’humanité finie (symbolisée par le carré)  concentre, en quelque sorte, l’infini de Dieu (symbolisé par le cercle) est ainsi symbolisé par une forme de géométrie sacrée, transfigurée par la Lumière, symbole universel du Bien, du Beau et du Bon.

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Un miracleUn miracle

Un miracle

Le coq de la flèche retrouvé parmi les décombres

Cette sculpture en bronze, contenant des reliques, a été emportée dans la chute de la flèche de la cathédrale. Personne n’imaginait pouvoir le retrouver jusqu’à ce qu’un entrepreneur spécialisé dans la restauration des monuments historiques le découvre dans les ruines.

Il semblait perdu à jamais avec la chute de la flèche de Notre-Dame, lundi soir, dans l’incendie qui a ravagé la cathédrale. Mais le coq qui surplombait la ville à plus de 90 mètres de hauteur a été retrouvé, mardi. L’information a été annoncée fièrement sur Twitter par le patron de la Fédération française du bâtiment, Jacques Chanut, photos à l’appui, puis confirmée par le ministère de la Culture.

Œuvre de l’architecte Viollet-le-Duc, le coq contient trois reliques: une parcelle de la Sainte Couronne d’épines, une relique de saint Denis et une de sainte Geneviève. C’est le cardinal Verdier, archevêque de Paris, qui les plaça, le 25 octobre 1935, afin de faire de la flèche «un paratonnerre spirituel». Patrick Chauvet, recteur de la cathédrale de Paris, a confirmé que le coq était bel et bien retrouvé mais ne pouvait assurer que les reliques s’y trouvaient encore. Selon une source au ministère de la Culture citée dans Le Parisien, «il est cabossé mais vraisemblablement restaurable. Comme, il est enfoncé, on n’a pas encore pu vérifier si les reliques s’y trouvent encore».

Après sa découverte, le coq a été remis aux pompiers.

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Pierres vivantes

Voici que, dans ma prière de croyant et d’architecte, je médite comme en un écho sans fin ces paroles bibliques, à commencer par la finale de l’évangile des Rameaux : « Je vous le dis, s’ils se taisent, les pierres crieront ! » (Luc 19, 40). J’y vois celles dont Jésus « déclare que de ces pierres Dieu peut susciter des enfants à Abraham » (Luc 3, 8).

Dès lors, comment ne pas répondre à cette invitation :

« Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu ; et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle… » (1 Pierre 2, 4-5) ? (…)

Fabrice Martin

Incendie de Notre-Dame de Paris : une théorie troublante sur ses causes
Notre-Dame de tous

France
Quand serai-je à nouveau autorisé à franchir, en toute sécurité, le porche de Notre-Dame de Paris ? Quand pourrai-je, en toute tranquillité d’âme, y faire brûler ces lumières qu’une habitude à la fois ancienne et récente me fait dresser, via des cierges à deux euros, dans toute église de France que croise ma déjà vieille existence, pour peu qu’on puisse y pénétrer ?

Un lumignon pour veiller sur une âme particulière, déjà là-haut, partie trop tôt. Un cierge qui veille sur elle tandis qu’elle veille sur moi, de plus haut que les voûtes percées en direction du ciel. Quel Français ne se pose pas, désormais, ce genre de questions, depuis ce sinistre lundi 15 avril 2019 où, plein de tremblements, des larmes jaillissant de ses yeux humides et incrédules, il a regardé durant des heures brûler Notre-Dame de Paris ?

Quel homme de bon vouloir et d’un peu de culture ne s’est pas rendu compte que, devant nous tous, des siècles entiers brûlaient vifs, comme dans un bûcher de l’enfer ? Des milliers de travailleurs, comme on ne disait pas encore à l’époque, avaient érigé dans la souffrance et la foi mêlées, pour nous la léguer, cette merveille, il y a près de mille ans, qui menuisier, qui sculpteur et tailleur de pierre.

Ils étaient morts avant son achèvement et eux non plus n’avaient plus eu le droit d’y entrer vivants. À chacun son souvenir personnel sur cette cathédrale située à la fois dans l’île de la Cité et fichée au centre de nos cœurs. Dans notre imagier familier, elle figurait en très bonne place, stable et définitive. Elle est devenue en une nuit Notre-Dame des gravats surmontée par ces échafaudages instables comme par une gigantesque couronne d’épines du métal le plus menaçant.

Il y a quelques années, nous avions­ eu l’insigne honneur d’être invité par Mgr Vingt-Trois, alors archevêque de Paris, à prononcer une « conférence de Carême » sur le thème, on n’ose dire éternel, « journalisme et vérité ». Il est, depuis ces heures inoubliables, passé beaucoup d’eau sous les ponts de la Seine aux pieds de Notre-Dame. Beaucoup trop de journalisme, pas assez de vérités, mais c’est un autre sujet.

Il reste de cette soirée, dans la mémoire, le souvenir très vif d’une grande fierté et la gratitude pour cet infini privilège d’avoir, placé devant l’autel face à la grande rosace ouest et à l’orgue, tricoté en toute liberté, mais comme en chaire, des phrases définitives sur le métier de toutes les fugitivités.

Vanitas vanitatum… Nous avions été exaucé à une hauteur indescriptible, tel l’enfant de 10 ans qui jouait dans sa chambre à dire la messe, sermon inclus, pour faire le malin devant ses petits-cousins admiratifs…

Le public de Notre-Dame, au pied des orateurs, a toujours été sage et bien rangé. Un moment, nous nous sommes senti important, l’égal de Bossuet, de Bérulle, de Fénelon. Ces moments ne sont pas près de revenir…

Chantier
Les péroreurs des ondes et des studios se demandent à longueur de temps d’antenne comment il se fait que les Français aient manifesté une émotion aussi immense, totale, unanime, comme si nous avions tous perdu la même mère, Notre-Dame protectrice de la France, consolatrice de tous les tourments.

Ignoraient-ils, ces esprits forts, qu’il subsiste au tréfonds de la civilisation qui est la nôtre, dans nos tripes, nos gènes et nos cœurs, des traces vives de cette ancienne « chrétienté » aujourd’hui honnie par les modes, et que cette nostalgie licite pouvait voir la cathédrale de Paris comme symbole de pierre et de permanence ?

Ils étaient dans le déni « laïque », mais elle se tenait là, droite face à ses points cardinaux, elle démentait leur déni. Qu’on le veuille ou non, il reste une profonde nostalgie des temps chrétiens, de ces temps où cette nation de bâtisseurs était fière de son unité foncière, malgré les aléas des époques et les séquences massacreuses.

Il suffisait de regarder la France au fond de l’âme pour savoir qu’elle était pour partie toujours tournée vers ce passé dont Notre-Dame était le signe de pierre et de beauté. Mais les étrangers, dira-t-on ? Eux, ils savaient peut-être mieux que nous que Notre-Dame de Paris était en quelque sorte la preuve que ce pays admirable avait une âme et qu’il avait été capable de la conserver pendant les siècles des siècles.

Maintenant, il faut rebâtir dit le chef de l’État. Il a raison de nous le demander et de nous pousser à mettre de côté des bêtises plus ou moins graves. Les sujets annexes, et la main à la poche. La générosité n’a pas de frontières en l’occurrence, et le formidable élan de générosité qui a commencé à se manifester cette semaine a bien de quoi nous réconcilier avec ce sacré pays qui est le nôtre et qui ne cesse de se calomnier lui-même, jusqu’à la caricature, quand ses cathédrales ne brûlent pas.

La preuve est faite que la France d’aujourd’hui, entrelardée de courants hostiles les uns aux autres, aspire à des moments de communion intense où chacun pardonnerait, fût-ce momentanément, les haines et les sottises des uns et des autres. Merci, Notre-Dame de Paris !

Bruno Frappat

« Prendre conscience de l’importance des pierres »

Pour le frère Philippe Markiewicz, moine bénédictin à l’abbaye Notre-Dame de Ganagobie et architecte de formation, l’incendie qui a frappé la cathédrale Notre-Dame de Paris peut être l’occasion d’une expérience spirituelle, renforcée par le contexte de la Semaine sainte et des fêtes de Pâques.

Comment expliquer une telle communion dans l’émotion, lundi 15 avril au soir, parmi la foule qui contemplait l’incendie de Notre-Dame de Paris ?

Frère Philippe Markiewicz : Par l’équilibre des lignes de sa façade, l’élégance de son chevet, Notre-Dame de Paris est un chef-d’œuvre de l’art. Qui peut rester insensible à sa beauté quel que soit le point de vue choisi, depuis le parvis ou depuis la Seine ? Elle est précieuse pour son rôle dans l’histoire de notre pays – j’avais été frappé de voir la foule se presser lors de l’inauguration de ses cloches en mars 2013 – et comme symbole de stabilité aussi : elle occupe le cœur de l’île de la Cité depuis le IVe siècle.

Il est étonnant aussi de voir combien cet attachement dépasse nos frontières. En ce moment, nous accueillons au monastère un frère de l’abbaye de Keur Moussa au Sénégal : au moment de son départ, ses amis musulmans lui ont tous dit sa chance de pouvoir « aller à Notre-Dame ». Les orthodoxes russes, eux, sont fascinés par les reliques, et notamment la couronne d’épines qui y est conservée : ils sont nombreux parmi les millions de visiteurs qui s’y pressent chaque année. Le président américain Barack Obama, lui aussi, avait demandé à pouvoir s’y recueillir. De nombreux croyants y voient un lieu de référence pour leur vie spirituelle.

Pour les catholiques, le fait que cette tragédie ait eu lieu au début de la Semaine sainte ne lui donne-t-il pas une dimension particulière ?

F. P. M. : L’incendie a eu lieu à la veille du Mardi saint, jour de la messe chrismale. Cette messe n’est pas la « fête des prêtres » comme on le dit trop souvent, mais celle au cours de laquelle l’évêque consacre l’huile sainte qui servira pour les baptêmes et pour la consécration des nouvelles églises. Il est très beau de se souvenir que la même huile transforme une église de pierres inertes en pierres vivantes, et des baptisés en un peuple de prêtres, et donc en une Église.

Il est dommage que les paroisses oublient souvent de célébrer la fête de la dédicace de leur église : les lectures montrent bien qu’une église n’est pas seulement une boîte dans laquelle on célèbre la messe mais bien un « sacrement », c’est-à-dire un signe, de l’Église tout entière.

Le saisissement que nous avons tous eu en découvrant la première photo prise après l’incendie à l’intérieur de la nef calcinée, montrant cette croix lumineuse, toute en délicatesse, demeurée en place au-dessus de l’autel, nous le montre une fois de plus. Les journalistes des chaînes d’information en continu eux-mêmes ont été sensibles à cette image, et ils ont osé le dire.

Certains voient dans cette destruction partielle l’occasion de se détacher de ce qui n’est « qu’un bâtiment » et de vivre leur foi « de manière plus spirituelle ». Est-ce votre avis ?

F. P. M. : Pour moi, c’est au contraire l’occasion de prendre conscience de l’importance des pierres rendues vivantes par des siècles de prière. Une cathédrale n’est pas seulement un bel écrin pour honorer nos célébrations : comme la lumière qui filtre des vitraux, le parfum de l’encens, le goût du pain et du vin, elle fait partie intégrante de la liturgie. Tous ces signes sensibles nous mettent en contact avec le corps du Christ ressuscité. À travers eux, nos corps peuvent à leur tour s’ouvrir à la grâce de Dieu : plus le cadre est beau, plus nous nous ouvrons !

Si une architecture est soignée, ce n’est pas d’abord pour Dieu (ce qui relèverait plutôt d’une démarche païenne) mais pour nous, croyants. J’ai passé beaucoup de temps à l’intérieur de Notre-Dame pour un hors-série de la revue Arts sacrés, au point d’avoir l’impression d’en habiter les pierres. J’ai compris physiquement que nous communions au corps du Christ par tous les signes qui constituent une église, y compris ses pierres, y compris mon propre corps. C’est pour cela que nous souffrons devant ce spectacle désolant. Il faut nous laisser aller à la douleur, et bien sûr ne pas s’arrêter là mais faire de cette émotion une expérience spirituelle.

Le toit de la cathédrale de Paris s’effondre dans un moment de grande tempête à l’intérieur de l’Église catholique : faut-il y voir « la main de Dieu » ?

F. P. M. : Voir Notre-Dame blessée au moment où l’Église elle aussi est blessée a du sens. Je songe à cette phrase du pape adressée au clergé de son diocèse de Rome au début du Carême : « Le Seigneur est en train de purifier son épouse (…) surprise en flagrant délit d’adultère. » Une phrase très forte. Sans aller jusqu’à comparer cet incendie à un feu purificateur, je pense que nous vivons quasiment dans notre chair quelque chose de cette blessure dont parle le pape à propos du scandale des agressions sexuelles commises par des prêtres.

L’émotion exprimée par tous ces fidèles réunis lundi soir aura peut-être un effet cathartique. Ces horribles nouvelles que nous entendons presque chaque matin risquent de glisser sur nous comme l’eau sur les plumes d’un canard. Nous tous qui avons communié devant la cathédrale en feu dans un très fort sentiment d’appartenance à l’Église sommes aujourd’hui dans une autre disposition : peut-être avions-nous besoin de cette tragédie pour être davantage à l’écoute ? C’est avec tout cela qu’il nous faut avancer durant cette Semaine sainte, jusqu’à Pâques et la croix glorieuse.

Devons-nous vivre désormais dans l’espérance d’une reconstruction qui effacerait finalement le drame de l’incendie ?

F. P. M. : Les dons qui affluent déjà de toutes parts marquent ce relèvement qui nous est promis et auquel participe déjà toute la société. Là aussi c’est une question de communion. Aujourd’hui cette souffrance partagée, et demain, cette reconstruction effectuée ensemble peuvent offrir une image de l’Église dans la France d’aujourd’hui. Je suis un amoureux fou de la laïcité à la française, qui est à mon avis un des plus beaux fruits de la pensée chrétienne.

Je vois dans ce drame un beau symbole de la place que doit occuper aujourd’hui l’Église dans le monde : non pas « au-dessus » et isolée dans sa fonction « d’enseigner » mais bien au milieu du monde. L’Église reçoit « du » monde, elle « scrute les signes des temps », selon la formule de Vatican II. Nous avons parfois mal interprété la phrase de saint Jean, selon laquelle « le Christ nous a retirés du monde » : ce n’est pas de la société que nous devons nous extraire mais seulement des compromissions et des péchés du monde.

Cette communion qui a été vécue très fortement pendant quelques heures me rend optimiste. Les chrétiens ont l’occasion de prendre mieux conscience qu’ils sont l’Église et qu’elle est en feu. Et pour tout le pays, ce moment très fort parce que très concret a permis d’exprimer ce que représente Notre-Dame de Paris pour chacun… et donc aussi l’Église catholique. Il peut se passer de très belles choses autour de la reconstruction, comme pour celle de la cathédrale de Reims après la Seconde Guerre mondiale et qui, elle aussi, a été hissée au rang de symbole national.

Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner

Source : Frère Philippe Markiewicz

Notre-Dame de Paris (dernière mise à jour du 5/5) - voir en fin d'article les nouveautésNotre-Dame de Paris (dernière mise à jour du 5/5) - voir en fin d'article les nouveautés
Deux cathédrales

J’ai vu, lundi dernier, les flammes monter des tours de Notre-Dame depuis le pont de la Concorde. C’était bouleversant. J’étais trop loin pour entendre les craquements de la charpente. Il régnait sur ce pont une sorte de silence stupéfait. Un mot, un seul, flottait sur toutes les lèvres : « Quelle horreur ! »

La logorrhée des commentaires n’est venue que plus tard, comme si les mots nous servaient à chasser nos émotions ou, pour certains, à cacher leur vacuité. « Symbole », « mémoire », « identité », « patrimoine ». Nous avons eu droit à tout. Ceux qui ont assisté et prié à l’occasion de l’ordination d’un prêtre de Paris sous les voûtes de la grande nef de Notre-Dame savent bien que ces mots-là sont insuffisants.

« Ils ont bombardé Reims, et nous avons vu cela », écrivait ­Albert Londres dans Le Matin, le 21 septembre 1914 à propos d’un autre incendie célèbre. Et Proust, ce grand lecteur de Ruskin, a des mots poignants sur le « désastre de Reims » dans une lettre à l’une de ses amies lorsqu’il compare les cathédrales à des « humanités de pierres ».

Nous ne sommes pas en guerre, personne ne nous bombarde, et nous allons devoir nous habituer à vivre avec ce grand vaisseau démâté au cœur de Paris. Les prières montent de partout comme des consolations en ce temps de Pâques. Lorsque nous le chanterons, nous entendrons peut-être mieux désormais, le Salve Regina de notre enfance : « Vers toi, nous soupirons (…) dans cette vallée des larmes. »

Paris a eu deux patronnes, sainte Geneviève et la Vierge Marie. La première s’était opposée aux barbares à l’époque ­d’Attila, Louis XIII avait consacré la France à la seconde en un vœu resté célèbre. Je ne sais pas s’il prie encore en face de son fils de part et d’autre de la Pietà qui compose le maître-autel de la cathédrale de Paris ou si ce dernier n’a pas survécu à l’incendie, mais je suis sûr que les barbares ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

Depuis huit siècles, depuis que Louis IX y a déposé la couronne d’épines avant de faire de la Sainte-Chapelle un reliquaire à sa mesure, Notre-Dame a échappé à tout, aux guerres étrangères et à nos divisions, à la folie des terroristes de 1793 et à celle des incendiaires de la Commune, et même aux fantasmes néogothiques de Viollet-le-Duc inspiré par Victor Hugo.

Elle s’est transformée peu à peu, à force de survie, en une sorte de lieu élu et mystérieux de nos réconciliations. Reims, Saint-Denis et même la Sainte-Chapelle sont restés du côté des rois. Comme sainte Geneviève et comme Jeanne d’Arc, Notre-Dame, elle, est devenue républicaine.

C’est là, depuis deux cents ans que nos gouvernants se souviennent que la France avait été autrefois la fille aînée de l’Église. Napoléon s’y est fait sacrer, des présidents y ont été commémorés, le général de Gaulle en sortait lorsque les Allemands ont tiré sur la foule le jour de la libération de Paris. Tout cela sentait parfois un peu la comédie mais tout de même. Notre capitale est pleine de monuments qui nous rappellent nos guerres et nos divisions : le monument à l’amiral de Coligny, le mur des Fédérés, le Vél d’Hiv. Même l’obélisque de la place de la Concorde cache mal les milliers de victimes qui y furent guillotinées sous la Terreur.

Notre-Dame est le contraire de tout cela. Tout s’est passé dans notre histoire comme si nous avions voulu déposer à ses portes nos haines et nos rancunes. Personne ne se souvient que le lendemain de la prise de la Bastille, le 15 juillet 1789, tout Paris s’y était rendu pour y célébrer la naissance de la liberté en un Te deum plein d’espoir et d’enthousiasme, présidé par l’archevêque de l’époque, Mgr Antoine de Juigné. Et lorsque ­Delacroix fera de cette dernière, quarante plus tard, l’allégorie que l’on sait, c’est encore Notre-Dame qu’il montre dans le lointain de sa barricade de Juillet, un drapeau tricolore planté en haut de l’une de ses tours.

Les tours resteront, nous le souhaitons tous, mais la cathédrale décoiffée demeurera longtemps le symbole à demi défait de ce que nous avons de mieux. On nous parlera sûrement d’acte intentionnel. On l’évoquera. Je n’y crois pas. Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie, disait ma mère dans un sourire un peu triste. La bêtise et la négligence ordinaire font parfois plus de ravages que toutes les haines du monde.

Emmanuel de Waresquiel

Après l’incendie, ce qui reste, ce qui peut renaître

L’artiste plasticien Marc Couturier a accepté de méditer sur les trésors miraculés qui ont survécu à l’incendie de Notre-Dame. Parmi eux, une de ses œuvres : la croix du chœur, encore debout, intacte, dans les décombres de la cathédrale.

L’image saisit tout le monde depuis le lendemain de l’incendie : la croix du chœur de Notre-Dame, intacte, bien dressée, resplendissante au milieu des décombres. Cette croix, c’est Marc Couturier qui l’a réalisée, en 1994, à la demande du cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris. Le plasticien contemporain de 72 ans a alors créé Croix et gloire, ainsi qu’il a nommé cette œuvre, composée de cette croix monumentale et de la « lame » qui la surplombe, comme une couronne suspendue. Parmi ses nombreuses créations, ce n’est pas la seule destinée à une église, puisqu’il a aussi réalisé des vitraux pour l’église d’Oisilly, dans sa Côte-d’Or natale, ainsi que l’autel d’une autre église parisienne, Saint-Denis du Saint-Sacrement.

Depuis quelques jours, le monde entier contemple cette croix, et bien des croyants voient dans son maintien en parfait état un signe clair d’espérance. Pour La Croix, l’artiste a accepté de méditer sur l’étonnant destin de son œuvre, et sur celui d’autres éléments de la cathédrale qui sont, comme elle, sortis indemnes du brasier.

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La croix
« La croix est intacte, mais aussi sa ”gloire” (cette lame circulaire qui flotte au-dessus de la croix comme une couronne, NDLR), ce qui est important car elles ont été conçues pour être ensemble. Je pense que dans l’incendie, la croix de gloire n’a fait que son devoir, c’est-à-dire de resplendir et d’apporter l’espérance dans la nuit et le chaos. Dans les décombres, elle n’a besoin de rien. Elle brille plus que jamais, pourtant privée de ses éclairages travaillés, reflétant seulement la lumière réelle qui lui parvient, sans doute, par le trou béant de la nef. Elle semble plus large que jamais, comme si elle avait écarté ses bras… »

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La Vierge du Pilier
« Étonnante, cette Vierge intacte malgré son apparente fragilité, en équilibre sur son pilier. On peut le dire aussi de la pietà, indemne aussi, malgré la finesse de ses deux mains écartées. La Vierge, celle à qui Louis XIII s’est consacré, lui-même et tous ses sujets, est toujours là. Tout cela, en pleine Semaine sainte, demeure incroyable… Beaucoup y voient des signes. C’est cela aussi, Notre-Dame : elle a toujours provoqué dans la population ces phénomènes de spéculation. Parce que Notre-Dame, c’est la France. »

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L’orgue principal et les vitraux des rosaces
« C’est l’architecture, mère de tous les arts, qui a protégé et sauvé tous les autres. Elle a protégé la sculpture, la musique, symbolisée par l’orgue, et le grand art du vitrail, qui est fusion de la lumière et de la peinture. Tout cela est dit, sans oublier le côté surnaturel inhérent à Notre-Dame de Paris, que l’on ressent surtout la nuit, lorsque l’on reste seul, et que les milliers de visiteurs laissent place au silence. C’est une expérience que j’ai faite souvent lorsque nous travaillions de nuit à l’installation de la croix, et qui permet de saisir toute l’épaisseur du monument. »

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Le coq de la flèche
« Ce coq, retrouvé dans les décombres au lendemain de l’incendie, contenant toujours ses reliques (une parcelle de la couronne d’épines, une relique de saint Denis et une relique de sainte Geneviève, NDLR), alors qu’on le croyait fondu, m’a fait penser à la boîte noire d’un avion. C’est la boîte noire de Notre-Dame. Et, puisqu’elle était au sommet de la flèche effondrée, on peut considérer qu’elle nous vient du ciel. »


Gauthier Vaillant

PLONGEZ AU COEUR DE LA CATHÉDRALE ENCORE INTACTE EN RÉALITÉ VIRTUELLE

En attendant sa reconstruction, il est possible de s'immerger dans ce qu'était ce lieu symbolique avant sa dévastation grâce à un documentaire en réalité virtuelle (vidéo 360° 3D) conçu par la jeune société française Targo et publié le 28 février 2019.

utilisez les flèches dans le coin haut à gauche de l'image pour voir à 360°

 

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3 mai 2019 5 03 /05 /mai /2019 22:55
La cathédrale Saint-Etienne de Metz

Le 5 juin 2015, le quotidien régional « Le Républicain lorrain », dans un article intitulé « La cathédrale Saint-Etienne attire davantage les touristes » de Fabien Surmonne, se félicitait de l’attrait touristique exercé par ce monument (650 000 visiteurs en 2014).

Or, très vite il relativisait ce même score en le comparant avec celui d’autres cathédrales situées au nord de la France et notamment sa voisine de Strasbourg qui voit passer 4 millions de visiteurs par an !

Pourquoi cette relative désaffection ?

Certes l’affluence de la cathédrale messine va crescendo depuis l’ouverture du Centre Pompidou-Metz qui a accueilli 350 000 visiteurs l’an dernier.

Mais apparemment cela reste nettement insuffisant et donc on peut légitimement penser que la cathédrale de Metz souffre d’un réel « déficit d’image ». Car même sans citer la cathédrale de Strasbourg, celle de Metz semble irrémédiablement installée   dans le peloton de queue des dix cathédrales les plus prestigieuses de France.

Qu’elle soit située loin derrière Notre-Dame de Paris qui bat tous les records avec ses 12 à 13 millions de visiteurs, on peut le comprendre. En revanche rien ne permet de justifier l’écart important avec Reims avec ses 1,5 million de visiteurs ou même avec Chartres (1,2 million).

Dans ce match des grandes dames du gothique, la cathédrale de Metz ne semblerait jouer que dans une catégorie inférieure.

Celle d’une seconde « division » dominée de peu par Amiens avec ses 710 000 visiteurs en moyenne. Et où Metz ne dépasserait que Rouen ou Albi.

Absente au patrimoine mondial de l’Unesco

Le journaliste du Républicain Lorrain pense avoir trouvé l’explication de ce désamour dans le fait que toutes les cathédrales les plus visitées qui ont été citées (Paris, Chartres, Reims, Amiens, Strasbourg) sont toutes classées au patrimoine mondial de l’Unesco.

Ce classement « constitue (selon lui) un énorme plus sur le plan touristique ».

Alors qu’elle jouit d’indéniables atouts…

Effectivement la cathédrale de Metz n’aurait pas à rougir d’elle-même car elle ne manque ni d’atouts ni de réelles qualités qui pourraient la placer objectivement parmi les monuments français les plus visités.

Déjà son lieu est hautement symbolique car elle fut construite à l’emplacement d’un oratoire du Ve siècle dédié à St-Etienne préservé lors du sac de la cité par Attila le 7/04/451 . En 1186, une collégiale : Notre Dame de la Ronde fut construite contre la cathédrale. Les deux furent ensuite réunies pour devenir la cathédrale gothique Saint-Etienne, (construite de 1220 à 1522).

Au soleil elle brille de mille feux car elle fut bâtie comme beaucoup de bâtiments messins en pierre de Jaumont ce qui lui donne cette incomparable couleur ocre/dorée. Elle n’est peut-être pas la haute de France, mais avec ses 93 m elle fait déjà partie des plus hautes.

Elle domine la cité messine à la manière d’un Parthénon sur son Acropole comme l’indique fort justement Jean-Jacques Aillagon, messin et ancien ministre dans la préface sur les vitraux de Jacques Villon (Christian Schmitt, Les vitraux de Jacques Villon, Cathédrale Saint-Etienne de Metz, Ed. Les Paraiges, 2014). Et il justifie cette position dominante sur la ville en ces termes :

« Elle la domine physiquement par l’impressionnante élévation de sa nef qu’accentue encore le défi d’une tour, la tour de la Mutte, qui est aussi le beffroi des liesses et des peines de la communauté des hommes qui s’est rassemblée à ses pieds. »

Déjà Verlaine, un autre natif de Metz, rendait hommage à cette même cathédrale pour son effet d’élancement grâce également à sa tour principale dénommée la Mutte qui s’élève à 88 m. Par ailleurs celle-ci contient une célèbre cloche du même nom qui pèse onze tonnes et mesure 2,32 m de diamètre.

Cathédrale tout en volute,

Où le vent chante sur la flûte,

Et qui lui répond par la Mutte,

Cette grosse voix du bon Dieu !

   

« Ode à Metz » écrit à Paris le 17/09/1892

Au fond et au centre la façade occidentale d’Hermann de Munster avec sa rosace

Le plus étonnant aussi, comme le signale  encore Jean-Jacques Aillagon, c’est sa nef qui culmine à 41,41 m et la place troisième de l’hexagone derrière Beauvais et Amiens (42,3 m).

Mais en définitive c’est son architecture de verre qui va la distinguer véritablement de toutes les autres. Car fait unique et incomparable, cette cathédrale est dotée d’un immense espace vitré occupé par les plus grandes verrières d’Europe.

Elle est la première cathédrale de lumière de France

Metz peut s’enorgueillir d’avoir la cathédrale de France qui dispose la plus grande surface vitrée, près de 6 500 m2, mais également celle qui présente les plus grandes verrières gothiques d’Europe.

C’est pourquoi elle est familièrement surnommée la « lanterne du Bon Dieu »,

Jean-Jacques Aillagon l’évoque plus loin dans la même préface précitée (Les vitraux de Jacques Villon, Cathédrale Saint-Etienne de Metz, op.cit.):

« Dans la nuit, celle si précoce de l’hiver lorrain, celle du temps parfois aussi, elle (la cathédrale) n’a cessé de répandre sa lumière sur la civitas mediomatricorum Mettis encore appelée Metz.

Elle l’éclaire grâce à l’extraordinaire transparence d’une architecture si légère que la surface des verrières – la plus importante d’Europe – y laisse entrer généreusement la lumière et permet, la nuit venue, grâce au miracle de la fée électricité comme dirait Raoul Dufy, de transformer l’édifice en une lanterne, la fameuse « lanterne du Bon Dieu » dont les Messins sont fiers. »

Le croisillon sud de Valentin Bousch (vue extérieure)

A gauche, la chapelle du Saint-Sacrement avec les vitraux de Jacques Villon

(vue extérieure)

Avec ses grandes verrières gothiques

Le visiteur qui accède pour la première fois dans cet édifice est avant tout attiré par la façade occidentale d’Hermann de Munster (1384-1392) avec notamment sa rose monumentale du grand portail (350 m2) qui irradie tout l’accès principal.

Ensuite plus loin, le chœur est illuminé par Valentin Bousch, peintre verrier de la Renaissance (1521-1527) qui fait éclater les couleurs primaires avec ses rouges, ses jaunes or et ses bleus les plus intenses. Notamment dans la baie d’axe du chœur avec la lapidation de Saint Etienne.

Ce même artiste va s’illustrer également dans le croisillon sud avec une deuxième immense verrière.

En face dans le croisillon nord, c’est un autre maître de la Renaissance dénommé Théobald de Lixheim (1504) qui illuminera à son tour cet espace.

En réalité les deux verrières opposées de ces deux artistes de la Renaissance qui occupent respectivement les croisillons nord et sud et mesurant chacune 424 m2, constituent rien de moins que les baies vitrées les plus grandes du monde !

A gauche le croisillon nord de Théobald de Lixheim et au centre le chœur de Valentin Bousch

A droite le croisillon sud de Valentin Bousch

Mais elle est aussi la première cathédrale à accueillir des artistes contemporains

En plus d’offrir des surfaces vitrées impressionnantes et souvent inégalées, cette cathédrale compte également des vitraux contemporains.

En effet suite aux dégâts causés par le second conflit mondial et grâce à l’opiniâtreté éclairée de l’architecte en chef des Monuments historiques de l’époque (Robert Renard), on fit appel à des artistes de notre époque pour remplacer certains vitraux trop dégradés.

Au départ il était question de grands artistes comme Fernand Léger, Picasso et même Jean Cocteau. Mais le premier s’est désisté alors que les deux autres n’ont pas été retenus.

Cependant Robert Renard, malgré les réticences et les pressions exercées par les autorités civiles et religieuses, a réussi malgré tout à imposer trois signatures importantes de l’art moderne : Jacques Villon, Roger Bissière et Marc Chagall.

Jacques Villon et les cinq baies de la chapelle du Saint-Sacrement

Jacques Villon de son vrai nom Gaston Duchamp est le frère aîné du célèbre Marcel Duchamp. Même si le cheminement artistique des deux frères a suivi des voies différentes, chacun d’eux a paradoxalement réalisé une œuvre maîtresse grâce au verre, Marcel Duchamp avec son Grand Verre et Jacques Villon avec ses vitraux de Metz.

Figure de proue du cubisme, Jacques Villon a pris pour modèle la « Section d’or » et les théories du tracé pyramidal pour faire déambuler son œuvre vers un absolu.

Les vitraux qu’il a réalisés à Metz constituent, à l’évidence, son œuvre majeure au soir de sa vie.


Le face-à-face étonnant des deux verrières de Roger Bissière

Introduire dans une cathédrale l’art abstrait ou totalement non figuratif comme cela a été le cas pour Bissière conduit également à une autre révolution initiée par ce sanctuaire messin !

Une révolution qui a été rendue possible grâce également à la prouesse technique des maîtres verriers de Reims qui ont dû utiliser des échantillons de verre de très petites dimensions représentant 422 pièces au m2.

Les deux verrières de Bissière où prévalent le bleu dans le tympan nord et l’ocre dans le tympan sud nous invitent en permanence à contempler la nuit et le jour, la mort et la résurrection. C’est pourquoi, il est possible d’affirmer, sans prétention aucune, que ces deux baies vitrées peuvent revendiquer un rôle essentiel qui est celui d’être à la fois « source et sommet » de toute l’architecture de lumière de cette cathédrale.

Elles ont, en effet, cette particularité unique de rappeler les débuts de la création et notamment ce 4° jour dont parle la Genèse où apparaissent les deux luminaires au firmament des cieux pour séparer le jour et la nuit.

L’embrasement coloré de Marc Chagall

C’est Marc Chagall qui termine l’embrasement coloré déjà bien entamé dans le choeur grâce à ses deux vitraux du déambulatoire nord et à son vitrail du croisillon septentrional. La chimie de la couleur trouve ici un nouveau style dans ses œuvres. Ainsi la couleur enveloppe tout, le dessin et le sujet ; elle domine, mais elle exalte aussi chacune de ces trois baies vitrées.

A cet effet Chagall utilise les teintes les plus surprenantes comme ces bleus et ces jaunes les plus vibrants, les plus profonds mais aussi les plus sublimes, tous issus de sa célèbre épopée vétéro-testamentaire.

Plus haut dans le triforium, l’artiste s’adonnera même à une création florale digne du jardin d’Eden. Mais dans son univers où les personnages renoncent aux principes de la gravitation, le peintre, lui, ne renonce jamais à ses racines.

Dans ses visions énigmatiques, où se mêlent la culture yiddisch et l’art populaire russe, le judaïsme et le christianisme, le rationnel et l’absurde. Sa peinture est à l’image du yiddisch, une langue de métissage, sa langue maternelle qui lui sert par sa structure, de métaphore à son art pictural.

C’est pourquoi il n’est pas étonnant que la cathédrale Saint-Etienne de Metz puisse accueillir si bien son art. Car si ce lieu réussit à concentrer dans ses murs autant de richesses si différentes c’est grâce à sa capacité avérée de marier l’art et la spiritualité.

Maurice Barrès, ne s’y était pas trompé lui qui voyait cet édifice comme un facteur incomparable de transcendance qui relie et élève :

« Devant Metz, toute plate au ras de la plaine, et que spiritualise le vaisseau de sa haute cathédrale. »

Aussi dans le but de partager tout cela avec le plus grand nombre, nous devons sans plus tarder réveiller cette Belle Endormie !

Christian Schmitt

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